C’est un secret de polichinelle. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) traverse depuis un certain temps une zone de turbulence. En effet, l’organisation du 12ème congrès du parti doyen cristallise les passions. Les commentaires et surtout les prises de postions autour de l’évènement fusent. Dans cette atmosphère agitée de pré-congrès, c’est le président de la jeunesse du parti, Kouadio Konan Bertin alias KKB qui s’est le plus illustré par des sorties assez musclées contre le président du parti, Henri Konan Bédié qu’il soupçonne de vouloir tripatouiller, selon lui, les textes du parti pour se maintenir à la présidence du vieux parti, contre l’allié au sein du RHDP, le RDR qu’il accuse de se mêler des affaires internes de son parti… «Quelle est la réaction de la direction du PDCI face à ce qui convient d’appeler ‘’la guerre de KKB’’ engagé contre Bédié, le RDR et le RHDP?», s’interrogeaient nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne. Désormais, cette préoccupation à une réponse. Le secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady a tranché la question hier dans une interview accordée au confère pro-gouvernemental, Fraternité-Matin. Morceaux choisis : «Si nous sommes un parti démocratique, la libre expression doit être permise. Kouadio Konan Bertin est le président des jeunes. Il peut dire ce qu’il pense. Une personne plus âgée peut faire pareil. N’importe quel militant devrait pouvoir dire ce qu’il pense. Ce n’est pas de l’indiscipline. L’indiscipline, c’est lorsque le parti donne une ligne de conduite qu’on ne la suit pas. L’expression démocratique au sein d’un parti, ce n’est pas de l’indiscipline mais plutôt un signe de vitalité», a-t-il estimé. En clair, le N°2 du parti n’est nullement gêné par les attaques en règle contre son président, contre l’allié du PDCI dans la coalition des houphouétistes au pouvoir. Il met tout cela au compte de l’expression démocratique et de la vitalité de son parti. Certes l’expression dans un parti politique doit être permise, mais elle doit se faire avec une certaine élégance et non de façon ordurière comme c’est le cas avec KKB. En plus, KKB n’est pas une personne banale au PDCI. Sa parole en sa qualité de président de la jeunesse engage tous les jeunes du PDCI. Dans ce sens, faut-il comprendre que toute la jeunesse du PDCI suspecte Bédié de vouloir tenter ‘’un passage en force’’ comme le soutien KKB et son mouvement des ‘’bédéistes de 2000’’? Pas sûr. Car, après ses sorties, des sons discordants provenant du bureau national de la JPDCI ont été entendus. Les lieutenants de KKB estiment, en outre, que leur président est en plein dans une campagne visant à opérer un coup d’Etat à la tête du PDCI au profit des certains cadres tapis de l’ombre. Alors question : Pourquoi KKB qui veut donner une vitalité à son parti n’a pas pu convaincre les membres de son bureau sur la justesse de son combat de sorte qu’ils parlent de la même voix et qu’il est aujourd’hui taxé par ‘’ses hommes’’ de marionnette à la solde d’un groupe de cadre? L’autre question abordée par Djédjé Mady est la création du parti unifié des ‘’enfants’’ d’Houphouët Boigny. Sur ce sujet, le président du directoire du RHDP, on peut le dire, a louvoyé. «Si le PDCI doit fondre dans un parti unifié, il faut qu’il le décide avec son président et l’organe suprême de décision qui est le congrès. Si le PDCI doit être dissous pour un parti unifié, cela ne peut pas être fait par n’importe quel congrès. Il ne peut être dissous que par un congrès comprenant les 4 /5 des membres statutaires. Je ne suis ni pour ni contre», a-t-il affirmé. Une position qui n’est pas loin de celle de KKB qui a soutenu lors d’une de ses sorties que le parti unifié ne verra jamais le jour. On le voit au fil des jours, les nuages se dissipent sur les positions des uns et des autres relativement au 12è congrès du PDCI et à la survie du RHDP.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara