Redoutant que les fondements de l’alliance entre houphouétistes ne s’écroulent, notamment à la faveur du douzième congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), certains cadres et militants du Rassemblement des républicains (Rdr) ne verraient pas d’un mauvais œil qu’Alassane Ouattara se prépare à solliciter le suffrage des Ivoiriens, en se passant de son aîné, Henri Konan Bédié.
Ceux qui l’ont proclamé, n’ont pas tort. C’est aujourd’hui que se prépare la présidentielle de 2015. Car, au fond d’eux, au vu de ce qui se passe au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), les militants et même certains cadres du Rassemblement des républicains (Rdr) se sont posés mille questions. Au-delà des menaces que semblaient représenter les challengers d’Henri Konan Bédié, dans la course à la présidence de l’ancien parti unique, le discours du Sphinx de Daoukro est venu jeter le doute dans l’esprit de certains ‘’républicains’’.
« N’est-ce pas un chantage, quand ils annoncent qu’ils vont présenter un candidat en 2015 ? Car, à chaque fois, avant d’annoncer qu’ils (parlant des cadres et militants du Pdci, ndlr), vont présenter un candidat, ils nous accusent de tout prendre pour nous et de ne rien leur laisser », s’interroge Chérif Ouattara, qui se présente comme un sympathisant du Rdr. « D’ores et déjà, il serait bien que nos dirigeants songent à mettre sur pied une stratégie qui nous permettrait d’accompagner le Président Alassane Ouattara, sans tenir compte du soutien des autres partis du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, la coalition qui a soutenu M. Ouattara, au second tour de la présidentielle de 2010, ndlr) », propose-t-il.
Mais, le candidat déclaré du Rdr peut-il se passer de ses alliés d’aujourd’hui, dont le plus ‘’costaud’’, reste Henri Konan Bédié ? « Pourquoi voulez-vous qu’on sorte de notre coalition ? Les accords qui nous lient avec le Rhdp sont clairs: le premier du premier tour sera soutenu par ses autres camarades. Puisque les accords qui nous lient au sein du Rhdp ne sont pas mis en cause, il faut donner la chance à nos grands de se concerter pour qu’on ait une issue favorable en Rhdp. Cela va encore semer de la joie dans le cœur des Ivoiriens déjà habitués à la gouvernance de cette coalition, à la façon dont nous travaillons ensemble », répond indirectement à son camarade de parti, le député de Sandégué, Ouattara Aboubacar. Mais, s’empresse de relativiser le vice-président du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), « si les choses coincent et qu’il faut aller en rangs séparés, le Rdr va se donner les moyens de gagner au premier tour ».
Jean Blé Guirao, le secrétaire général adjoint de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) ne veut même pas envisager cette éventualité. C’est pourquoi, préconise-t-il, « avant qu’on arrive en 2015 et comme l’a dit le président Bédié hier (jeudi, Ndlr), que le Président Ouattara essaie avec ses pairs du Pdci, de l’Udpci, du Mfa, de revoir les réglages au sein du Rhdp pour rendre l’alliance plus fluide, plus vivace et plus dynamique ». Mais, au-delà de la coalition au pouvoir, cet enseignant de Sciences physiques, passé à la politique, propose au Président Alassane Ouattara de prendre les devants, concernant certains dossiers chauds. Et, au nombre de ces dossiers, Blé Guirao pense, par exemple, à celui de la réconciliation. « Je souhaite que le Président s’investisse lui-même dans la réconciliation et dans le retour des réfugiés.
En dehors de tout le tintamarre qu’on observe actuellement, je voudrais qu’il prenne un décret pour indemniser les victimes », encourage-t-il, persuadé que « si les réglages sont faits au sein du Rhdp et que les problèmes des Ivoiriens trouvent solution, vous verrez que l’élection présidentielle de 2015 sera remportée par un candidat de cette coalition.
Et si le candidat du Rhdp est le Président Ouattara, je pense qu’il n’y aura pas de problèmes ». Au-delà des soutiens que peuvent lui apporter ses alliés du Rhdp, la réalité est donc que la meilleure arme avec laquelle Alassane Ouattara ira pour solliciter le suffrage du peuple ivoirien, reste son bilan. Et, en la matière, selon plusieurs spécialistes, le chef de l’exécutif ivoirien doit songer à faire un peu plus de macro-économie. « Je dirais même qu’il va lui falloir faire davantage d’investissement dans l’action sociale. Les Ivoiriens ont besoin d’emploi, ils veulent manger à leur faim, ils espèrent se soigner dans les hôpitaux publics, sans grands frais, dans des conditions acceptables.
Certes, ils se réjouissent des projets infrastructurels initiés par le Président Alassane Ouattara parce que cela contribue à changer le visage du pays, mais, pour l’instant, ce dont ils ont besoin de toute urgence, est d’ordre social », est persuadé un cadre du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), anciennement ‘’allié’’ au Président Alassane Ouattara. Une analyse largement partagée par le juriste-politiste, Geoffroy-Julien Kouao. « Les pays qui sortent de crises, de l’envergure de celle que la Côte d’Ivoire a connue, ont eu besoin pour se redresser complètement, d’investir abondamment dans les actions sociales parce que les populations sortent particulièrement éprouvées de ces crises », explique-t-il, pour sa part.
Et, le cadre du Pit, joint par téléphone, de renchérir, à travers un exemple récent. « Si vous allez au Sénégal et, à la lumière de la pénurie d’eau à laquelle l’on vient d’assister à Dakar, vous comprendrez que ce sont ces détails qui ont valu à l’ancien président, Abdoulaye Wade, de perdre à la présidentielle de mars 2012. S’il partait confiant à cette élection, c’est parce qu’il a abondamment investi dans les grands chantiers.
Et, c’est au détriment de ce qui préoccupait les Sénégalais moyens, qu’il a initié ces grands projets. En fin de compte, ses compatriotes qui avaient besoin d’eau, de courant, d’emploi, l’ont sanctionné dans les urnes, quoiqu’il revendiquait un bilan globalement satisfaisant », ajoute cet enseignant à la retraite. Des observations qui ne semblent pas ‘’ébranler’’ outre mesure un proche parmi les proches d’Alassane Ouattara.
« Le Président sait où il va, il sait où il conduit les Ivoiriens. Ce que vous devez savoir, c’est qu’au lendemain de la crise postélectorale, il a initié la gratuité des soins dans les hôpitaux publics. Malgré les actes de sabotage, le bilan de cette opération est largement positif », clame cet ancien ministre. « L’autre action sociale sur laquelle le président de la République mise beaucoup, c’est l’école. Dans son programme de gouvernement, il avait annoncé qu’il ferait tout pour que la plupart des enfants atteignent au moins la classe de 3ème, avant de quitter l’école. Les actions qu’il fait mener à la ministre de l’Education tendent déjà vers cela », rassure encore notre interlocuteur, avant de brandir un autre argument de taille : « la plupart des grands chantiers devraient se concrétiser au plus tard en fin 2014.
Ce qui nous donne une marge de manœuvre que le Président mettra à profit pour permettre aux populations de souffler un peu. Mais en plus, tous les efforts qui sont faits actuellement, permettront, d’ici l’année prochaine, aux Ivoiriens de sentir dans leurs poches, dans leurs assiettes, les fruits de la croissance. Ce que nous disons, c’est qu’il faut donc un peu de patience », insiste-t-il.
Le bilan de M. Ouattara sera donc un argument de plus ? « Bien au contraire ! Ce sera l’argument principal. C’est l’élément sur lequel sera bâtie notre stratégie de campagne. C’est parce que le président aura réussi à reprendre et à terminer le troisième pont qui porte le nom de l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, que le Pdci et son président appelleront à nouveau à voter pour le Président Alassane Ouattara. C’est un homme capable, qui ne pose pas que les premières pierres », rembarre le cadre du Rdr.
Marc Dossa
Ceux qui l’ont proclamé, n’ont pas tort. C’est aujourd’hui que se prépare la présidentielle de 2015. Car, au fond d’eux, au vu de ce qui se passe au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), les militants et même certains cadres du Rassemblement des républicains (Rdr) se sont posés mille questions. Au-delà des menaces que semblaient représenter les challengers d’Henri Konan Bédié, dans la course à la présidence de l’ancien parti unique, le discours du Sphinx de Daoukro est venu jeter le doute dans l’esprit de certains ‘’républicains’’.
« N’est-ce pas un chantage, quand ils annoncent qu’ils vont présenter un candidat en 2015 ? Car, à chaque fois, avant d’annoncer qu’ils (parlant des cadres et militants du Pdci, ndlr), vont présenter un candidat, ils nous accusent de tout prendre pour nous et de ne rien leur laisser », s’interroge Chérif Ouattara, qui se présente comme un sympathisant du Rdr. « D’ores et déjà, il serait bien que nos dirigeants songent à mettre sur pied une stratégie qui nous permettrait d’accompagner le Président Alassane Ouattara, sans tenir compte du soutien des autres partis du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, la coalition qui a soutenu M. Ouattara, au second tour de la présidentielle de 2010, ndlr) », propose-t-il.
Mais, le candidat déclaré du Rdr peut-il se passer de ses alliés d’aujourd’hui, dont le plus ‘’costaud’’, reste Henri Konan Bédié ? « Pourquoi voulez-vous qu’on sorte de notre coalition ? Les accords qui nous lient avec le Rhdp sont clairs: le premier du premier tour sera soutenu par ses autres camarades. Puisque les accords qui nous lient au sein du Rhdp ne sont pas mis en cause, il faut donner la chance à nos grands de se concerter pour qu’on ait une issue favorable en Rhdp. Cela va encore semer de la joie dans le cœur des Ivoiriens déjà habitués à la gouvernance de cette coalition, à la façon dont nous travaillons ensemble », répond indirectement à son camarade de parti, le député de Sandégué, Ouattara Aboubacar. Mais, s’empresse de relativiser le vice-président du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), « si les choses coincent et qu’il faut aller en rangs séparés, le Rdr va se donner les moyens de gagner au premier tour ».
Jean Blé Guirao, le secrétaire général adjoint de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) ne veut même pas envisager cette éventualité. C’est pourquoi, préconise-t-il, « avant qu’on arrive en 2015 et comme l’a dit le président Bédié hier (jeudi, Ndlr), que le Président Ouattara essaie avec ses pairs du Pdci, de l’Udpci, du Mfa, de revoir les réglages au sein du Rhdp pour rendre l’alliance plus fluide, plus vivace et plus dynamique ». Mais, au-delà de la coalition au pouvoir, cet enseignant de Sciences physiques, passé à la politique, propose au Président Alassane Ouattara de prendre les devants, concernant certains dossiers chauds. Et, au nombre de ces dossiers, Blé Guirao pense, par exemple, à celui de la réconciliation. « Je souhaite que le Président s’investisse lui-même dans la réconciliation et dans le retour des réfugiés.
En dehors de tout le tintamarre qu’on observe actuellement, je voudrais qu’il prenne un décret pour indemniser les victimes », encourage-t-il, persuadé que « si les réglages sont faits au sein du Rhdp et que les problèmes des Ivoiriens trouvent solution, vous verrez que l’élection présidentielle de 2015 sera remportée par un candidat de cette coalition.
Et si le candidat du Rhdp est le Président Ouattara, je pense qu’il n’y aura pas de problèmes ». Au-delà des soutiens que peuvent lui apporter ses alliés du Rhdp, la réalité est donc que la meilleure arme avec laquelle Alassane Ouattara ira pour solliciter le suffrage du peuple ivoirien, reste son bilan. Et, en la matière, selon plusieurs spécialistes, le chef de l’exécutif ivoirien doit songer à faire un peu plus de macro-économie. « Je dirais même qu’il va lui falloir faire davantage d’investissement dans l’action sociale. Les Ivoiriens ont besoin d’emploi, ils veulent manger à leur faim, ils espèrent se soigner dans les hôpitaux publics, sans grands frais, dans des conditions acceptables.
Certes, ils se réjouissent des projets infrastructurels initiés par le Président Alassane Ouattara parce que cela contribue à changer le visage du pays, mais, pour l’instant, ce dont ils ont besoin de toute urgence, est d’ordre social », est persuadé un cadre du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), anciennement ‘’allié’’ au Président Alassane Ouattara. Une analyse largement partagée par le juriste-politiste, Geoffroy-Julien Kouao. « Les pays qui sortent de crises, de l’envergure de celle que la Côte d’Ivoire a connue, ont eu besoin pour se redresser complètement, d’investir abondamment dans les actions sociales parce que les populations sortent particulièrement éprouvées de ces crises », explique-t-il, pour sa part.
Et, le cadre du Pit, joint par téléphone, de renchérir, à travers un exemple récent. « Si vous allez au Sénégal et, à la lumière de la pénurie d’eau à laquelle l’on vient d’assister à Dakar, vous comprendrez que ce sont ces détails qui ont valu à l’ancien président, Abdoulaye Wade, de perdre à la présidentielle de mars 2012. S’il partait confiant à cette élection, c’est parce qu’il a abondamment investi dans les grands chantiers.
Et, c’est au détriment de ce qui préoccupait les Sénégalais moyens, qu’il a initié ces grands projets. En fin de compte, ses compatriotes qui avaient besoin d’eau, de courant, d’emploi, l’ont sanctionné dans les urnes, quoiqu’il revendiquait un bilan globalement satisfaisant », ajoute cet enseignant à la retraite. Des observations qui ne semblent pas ‘’ébranler’’ outre mesure un proche parmi les proches d’Alassane Ouattara.
« Le Président sait où il va, il sait où il conduit les Ivoiriens. Ce que vous devez savoir, c’est qu’au lendemain de la crise postélectorale, il a initié la gratuité des soins dans les hôpitaux publics. Malgré les actes de sabotage, le bilan de cette opération est largement positif », clame cet ancien ministre. « L’autre action sociale sur laquelle le président de la République mise beaucoup, c’est l’école. Dans son programme de gouvernement, il avait annoncé qu’il ferait tout pour que la plupart des enfants atteignent au moins la classe de 3ème, avant de quitter l’école. Les actions qu’il fait mener à la ministre de l’Education tendent déjà vers cela », rassure encore notre interlocuteur, avant de brandir un autre argument de taille : « la plupart des grands chantiers devraient se concrétiser au plus tard en fin 2014.
Ce qui nous donne une marge de manœuvre que le Président mettra à profit pour permettre aux populations de souffler un peu. Mais en plus, tous les efforts qui sont faits actuellement, permettront, d’ici l’année prochaine, aux Ivoiriens de sentir dans leurs poches, dans leurs assiettes, les fruits de la croissance. Ce que nous disons, c’est qu’il faut donc un peu de patience », insiste-t-il.
Le bilan de M. Ouattara sera donc un argument de plus ? « Bien au contraire ! Ce sera l’argument principal. C’est l’élément sur lequel sera bâtie notre stratégie de campagne. C’est parce que le président aura réussi à reprendre et à terminer le troisième pont qui porte le nom de l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, que le Pdci et son président appelleront à nouveau à voter pour le Président Alassane Ouattara. C’est un homme capable, qui ne pose pas que les premières pierres », rembarre le cadre du Rdr.
Marc Dossa