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Politique Publié le vendredi 7 juin 2013 | Nord-Sud

Joël N’Guessan, porte-parole du Rdr : «Il y a de nouvelles preuves contre Gbagbo»

© Nord-Sud
Le porte-parole du RDR, Joël N’guessan
Dans cet entretien, Joël N’Guessan, ancien ministre des Droits de l’Homme et porte-parole du Rassemblement des républicains, explique pourquoi l’ancien président, Laurent Gbagbo, ne peut échapper à un procès à La Haye.

Après la décision de la Cpi, l’on sent une certaine fébrilité de la part de certains militants et sympathisants du Rdr. Il y en a parmi eux qui sont même très remontés. A quoi cela est-il dû? Ont-ils une mauvaise compréhension du fonctionnement de la Cpi ?
Sans doute que certains ont une mauvaise compréhension de la façon dont les choses fonctionnent à la Cpi. Mais il faut dans le même temps comprendre que les victimes sont en droit d’être un peu déçues parce que les preuves des atrocités qu’elles ont vécues, sont palpables. N’oublions pas qu’il y a eu trois mille morts ; il n’y a pas de doute là-dessus. C’est certainement cela qui met ces victimes dans cette fébrilité.

Etes-vous en train de dire que la plupart de ceux qui sont en colère contre la Cpi, sont des victimes de la crise postélectorale ?
Oui, ce sont des victimes ou des parents de victimes. Ils sont en droit d’attendre qu’il y ait justice, qu’il y ait réparation des préjudices qu’ils ont subis. Imaginons que les gens aboutissent à la conclusion que l’ancien président n’a rien fait. Il faut craindre qu’il y ait la vengeance ici, car il faut savoir que le fait qu’il a été transféré à La Haye a quelque peu apaisé les esprits et les rancœurs ici. Il faut donc comprendre la réaction des victimes de la crise postélectorale.

Et pourtant le Fpi demande à la Cpi d’aller jusqu’au bout, en libérant M. Gbagbo…
Ils sont dans un rêve. Ils oublient que c’est par leur faute qu’il y a eu près de trois mille morts. Qu’ils arrêtent donc ce mauvais rêve.

Et si Laurent Gbagbo était relaxé, pensez-vous qu’il pourrait tranquillement rentrer au pays ?
Ce n’est même pas possible parce que cela créerait de vives tensions dans le pays. Les parents de victimes en sont encore à attendre que justice leur soit rendue, que les torts qui leur ont été causés, soient réparés. Voyez-vous, il y a à peine deux ans en arrière que des corps de victimes de la crise jonchaient toutes les rues d’Abidjan. Il faut donc éviter de raviver les tensions.

Pour vous, le meilleur scénario, serait-il donc de tenir M. Gbagbo loin du pays, loin de la scène politique nationale ?
Il faut non seulement le tenir loin, mais il faut surtout le juger et le condamner pour les actes dont son régime s’est rendu coupable.

N’est-ce pas par rapport aux échéances de 2015 que vous souhaitez qu’il soit tenu loin du pays ?
Pas du tout ! Je vous dis qu’il y a eu des crimes graves qui ont été commis dans ce pays, et celui qui était responsable de la sécurité des biens et des personnes, responsable de la chaîne de commandement militaire, c’est Laurent Gbagbo, chef suprême des armées. Toutes les exactions, tous les crimes commis par les forces placées sous le commandement de cet homme, sont à mettre à l’actif, à la charge de celui qui les commandait, leur donnait des ordres clairs. Il est donc bon que celui-ci soit jugé.

L’opinion se demande comment le bureau du procureur qui n’a pas réussi à convaincre les juges, avec des preuves rassemblées deux ans durant, pourrait compléter le dossier, en six mois, avec des preuves plus convaincantes ?
Absolument, le bureau du procureur peut réunir ces preuves supplémentaires demandées par les juges. N’oubliez pas que tous ceux qui, dans la chaîne de commandement, étaient suspectés d’avoir trempé dans les tueries, ont été mis aux arrêts. Je peux citer Dogbo Blé, Jean-Noël Abéhi, Séka Séka. Si les enquêteurs de la Cpi viennent les interroger, ils auront une foule d’informations fort édifiantes sur la responsabilité de Laurent Gbagbo dans la crise qui est survenue et dans les tueries qui l’ont émaillées. Ceci dit, sachez que nous allons à un procès et là, on ne dévoile pas toutes ses batteries.

Entretien réalisé par Marc Dossa
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