Ajournement de l’audience de confirmation des charges: Les victimes de Gbagbo se révoltent à Abidjan

La décision des juges de la Cour pénale internationale d’ajourner l’audience de confirmation des charges contre l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, dans l’affaire qui l’oppose au procureur de cette juridiction internationale, n’est pas du gout des victimes de l’ex-président.

En effet, elles ont pris hier le palais de justice d’Abidjan pour exprimer leur colère et leur révolte. Habillées de tee-shirts sur lesquels on pouvait lire ‘’procès de Gbagbo est égal à une paix durable en Côte d’Ivoire’’, les mutilés et tous ceux qui ont été marqués à vie par la soldatesque de Laurent Gbagbo, venus de tous les quartiers d’Abidjan ont bruyamment manifesté pour interpeller les juges de la CPI et les autorités ivoiriennes. Sous la houlette du député Soro Alphonse, les victimes sont sorties nombreuses pour exiger un procès à l’encontre de leur bourreau d’hier et surtout sa condamnation pour que justice soit rendue. «Nous sommes là ce matin (hier, ndlr) pour dire que Laurent Gbagbo qui a tué nos parents, qui en a marqué à vie, qui a massacré ses opposants soit jugés et condamnés. C’est le début de grands rassemblements que la Côte d’Ivoire va connaitre. Nous avons commencé le combat pour la justice et nous n’allons pas faiblir. Car, dans quelques jours les manifestations vont s’étendre sur toute l’étendue du territoire national. Nous sommes sereins. Parce que nous sommes convaincus que nous allons remporter la lutte contre l’impunité par la condamnation de Laurent Gbagbo», a indiqué le député, président de l’Alliance pour le changement (APC). Selon lui, les partisans de Laurent Gbagbo qui crient déjà victoire seront désillusionnés. «Ce qui se passe à La Haye est inacceptable et anormal. Nous n’accepterons pas que deux juges refusent de voir la réalité en face en s’opposant à la confirmation des charges. Qui a acheté les armes à hauteur de 800 milliards de nos francs pour faire assassiner nos parents ? Qui a perdu les élections et qui a refusé de partir ? Qui donnait les ordres pour faire exécuter tous ceux qui étaient supposés être opposés à son maintien par la force à la tête de l’Etat ? C’est bien Laurent Gbagbo. Il ne peut donc pas être libéré. C’est lui l’auteur des crimes et il doit payer pour cela. C’est pourquoi, je vous demande d’être mobilisés pour faire entendre nos voix auprès des juges de La Haye et des autorités ivoiriennes. Car, la paix en Côte d’Ivoire passe par le jugement et la condamnation de Laurent Gbagbo. Nous n’allons pas nous laisser intimider par qui que ce soit», a-t-il recommandé. En tout cas, les victimes se disent déterminées à battre le pavé afin que l’ancien homme fort d’Abidjan soit jugé et condamné pour les actes qu’il a posés lors de son passage au palais présidentiel du Plateau.

Lacina Ouattara