x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 19 juin 2013 | Le Patriote

La grande interview /Odjé Tiacoré : “Il faut au RDR une thérapie douloureuse, mais salutaire”

L’Association des Anciens du RJR a organisé le week-end dernier, un séminaire dit de recadrage, à Grand-Bassam. Nous avons rencontré, en marge de cette rencontre militante, son président Joseph Odjé Tiacoré. Dans cet entretien, l’ancien président national du RJR nous donne les raisons qui ont motivé ce séminaire et parle de l’avenir du RDR. Interview.

Le Patriote : Vous venez de sortir d’un séminaire que vous avez tenu à Grand Bassam. De quoi était-il question ?

Odjé Tiacoré : Je voudrais avant de répondre à votre question, présenter mes condoléances à la grande famille de la presse et particulièrement aux journalistes du Patriote pour la disparition de Bakary Nimaga, qui était un ami et un frère. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris son décès. Une semaine après, son absence se fait déjà sentir. Car Bakary Nimaga était un grand combattant, qui s’est battu pour la démocratie en Côte d’Ivoire. Je présente également mes condoléances à sa famille biologique. A ses frères que je connais personnellement, j’exprime ma compassion. Pour répondre à votre question, nous avons organisé ce séminaire à Grand-Bassam pour réfléchir sur la réélection du président de la République en vue de son deuxième mandat.

Comment faire pour qu’il soit réélu au premier tour en 2015. C’est pourquoi nous avons choisi le thème : « Remobilisation du parti pour la réélection du président Alassane Ouattara au premier tour en 2015 ». Cela supposait donc que nous réfléchissions sur les deux ans de gestion du pouvoir, sur les projets innovants et les innovations en cours en ce moment. Mais surtout, sur la nécessité d’une restructuration du parti, qui est le pilier sur lequel va s’appuyer la campagne électorale. Et bien sûr, le personnel politique, notamment le 2ARJR, l’Association des Anciens du RJR, qui compte à ce jour 10 mille membres répartis sur les 107 départements de la Côte d’Ivoire. Notre objectif est de remobiliser nos membres qui, à des degrés divers, occupent des fonctions dans tous les secteurs d’activités. Du militant de base au porte-parole du parti. Du chômeur au ministre, chef de cabinet et conseiller du président de la République. C’est donc une génération montante qui a déjà fait ses preuves et qui estime que diriger la Côte d’Ivoire n’est pas facile et que la lutte pour la reconstruction de ce pays doit continuer avec le président Alassane Ouattara afin que notre patrie devienne un pays émergent à l’horizon 2020.

LP : Mais d’aucuns disent que ce séminaire a été organisé contre l’actuel secrétariat général et qu’il visait à préparer un plan pour l’évincer.
OT : L’Association des Anciens du RJR a été créée dans un but de solidarité. Nous l’avons créée pour nous venir en aide mutuellement. Vous n’êtes pas sans savoir que depuis l’avènement du RDR au pouvoir, nombreux sont nos camarades qui végètent encore. Certains, par la Grâce de Dieu, sont mieux placés que d’autres. Mais plus de 90% de nos compagnons de lutte sont encore au chômage. Nous avons décidé de créer cette association dans un souci de partager avec les autres le peu qu’on a, d’être solidaires les uns envers les autres. Faire en sorte de nous battre pour que, dans le programme de société du président de la République, beaucoup de nos camarades puissent trouver leur compte. Nous voulons faire en sorte que tous ces jeunes devenus des adultes aujourd’hui, puissent continuer de se voir et d’assurer leurs responsabilités dans la société. Nous ne sommes plus des enfants. L’expérience du parti se retrouve en nous. La relève du RDR, c’est nous.

LP : Vous ne répondez pas tout à fait à notre question…
OT : Ecoutez, notre action n’est dirigée contre personne. Mais je voudrais quand même faire remarquer que, lorsque vous allez au carré des Martyrs, plus de 99% de ceux qui s’y trouvent enterrés sont nos amis. C’est la même statistique pour ceux qui ont dû un certain moment s’exiler ou qui sont encore en exil et pour tous ceux qui, à cause de leur militantisme, ont perdu leur emploi. Nous, notre objectif est d’aider le président Alassane Ouattara à continuer ce qu’il a commencé à la tête de ce pays. Notre séminaire avait donc pour but d’examiner la situation actuelle du parti en toute responsabilité, pour consolider les acquis et travailler à faire avancer les choses. Notre contribution est de faire du RDR un parti remobilisé, moderne, démocratique et qui puisse aider le président de la République à réussir sa mission à la tête de la Côte d’Ivoire. A notre sens, le RDR en ce moment ne joue pas suffisamment ce rôle. Il faut donc une thérapie douloureuse, mais salutaire pour que ce parti qui a une très grande assise populaire ne soit pas coupée de sa base. Nous voulons appeler les Ivoiriens à un sursaut face aux grands défis et enjeux qui attendent notre pays.

LP : Justement, à ce sujet, vous aviez dit au cours d’une conférence de presse, je cite : « La direction du RDR ne fonctionne pas bien en ce moment ». Est-ce dans cette même logique que l’initiative de Grand Bassam s’inscrit ?
OT : Je ne voudrais pas entrer dans la polémique stérile. Mais force est de convenir qu’en 2015, notre parti aura un bilan à défendre. Et le RDR ne pourra prétexter d’une quelconque crise pour justifier certaines erreurs s’il ne se remet pas en cause. Tout le monde a remarqué l’absence de la direction du RDR aux obsèques de Bakary Nimaga. Et pourquoi ? Pas un mot, pas un geste à part les amis qu’il compte au sein de notre parti. Si pour le militant engagé, il n’y a pas de compassion, quand surviendra le drame que deviendra le militant lambda ? Le RDR a besoin d’une catharsis intellectuelle, morale et affective. Les Ivoiriens en général et les militants en particulier ne seront pas insensibles à une restructuration du parti. C’est un sentiment qui, fort heureusement, semble être partagé par de nombreux acteurs et observateurs de la vie politique nationale. Les Ivoiriens et les militants ont besoin d’un parti qui, dans son idéologie et son action sur le terrain, traduit le changement, l’humilité dans le comportement et la solidarité. Les Ivoiriens et les militants rêvent d’un parti qui reconnait le mérite de ceux qui ont lutté. D’Alépé à Séguéla, de Kong à Gagnoa, de Gagnoa à Korhogo, de Korhogo à San Pedro, etc., le « Vivre ensemble » doit être une réalité. Car, le RDR actuel semble dépassé par les événements. Il a du mal à suivre l’action du gouvernement et à l’accompagner. Les militants n’ont pas d’interlocuteurs. Nous devons par nos actes de tous les jours aider et appuyer le président de la République, qui fait un travail formidable. Nous devons relayer ses actions auprès des populations. Comment comprendre qu’aujourd’hui, les victimes que nous sommes, apparaissons comme des bourreaux et que ce soient ceux qui nous ont tués hier qui apparaissent aujourd’hui comme des victimes ? Nous pensons qu’au moment où les élections générales et locales viennent de prendre fin, il faut donner un nouveau souffle au RDR.

LP : Parlant des élections, la percée des candidats indépendants est-elle pour vous l’un des signes de cet essoufflement dont vous faisiez allusion tout à l’heure ?
OT : En son temps, nous avions fait une déclaration dans laquelle nous avions estimé que la mise en place de structures opérationnelles et statutaires ainsi que la pratique du jeu démocratique, vont permettre de minimiser le phénomène des indépendants. Car, lorsqu’on n’a pas retenu quelqu’un, on l’appelle pour s’entretenir avec lui. Si on ne le fait pas et qu’il l’apprend dans la presse, on l’oblige à aller en indépendant. Surtout lorsqu’il est convaincu d’avoir la base avec lui. Il faut mettre un comité électoral comme cela a été le cas au PDCI-RDA, qui pourra travailler dans la transparence. Il faut que le RDR ait une gestion moderne pour aider le chef de l’Etat à réussir sa mission. En le disant, ce n’est pas régler des comptes personnels. C’est une affaire de principe.

LP : Vous avez récemment accusé le RDR de ne pas avoir de la mémoire ou de feindre de ne pas en avoir. Pourquoi une telle accusation ?
OT : Dans toutes grandes nations du monde, on honore les combattants. On s’incline devant les morts. Nous voulons suggérer que notre parti qui, dans sa lutte, a perdu plus de 10 mille personnes, soit un parti qui tienne compte de son passé et de son histoire. Il faut que les responsables qui font partie de son histoire, soient honorés. Et Djéni Kobina fait partie de l’histoire du RDR. C’est pourquoi, il est temps qu’il soit réhabilité. Vous vous souvenez qu’on voulait faire croire, à l’époque, que tous ceux qui militaient au RDR étaient des étrangers. Djéni Kobina, le président de la République lui-même, en ont été victimes. Sans oublier les milliers d’anonymes qui ont été ainsi spoliés de leur nationalité. Mais aujourd’hui, on fait comme si tout cela n’a pas existé. C’est pourquoi, nous disons que tous ceux qui aspirent à diriger le RDR doivent avoir une certaine légitimité dans le combat que nous avons âprement mené. Ils doivent connaitre l’histoire de notre parti.

LP : Au cours de votre séminaire, vous avez demandé l’application des résolutions du dernier Congrès du RDR. Pouvez-vous nous éclairer davantage sur cette question?
OT : En réalité, il y a 80% des résolutions du dernier Congrès de février 2008 qui n’ont pas connu un début d’exécution. Et nous pensons que le moment est venu de les mettre en application pour se préparer aux futures échéances électorales, notamment la présidentielle de 2015. Un parti qui se réunit régulièrement donne des gages de démocratie. Nous pensons que maintenant que les obstacles artificiels que nos adversaires ont dressés devant nous sont levés, il est temps qu’on se réveille et qu’on écoute la base. Il suffit de voir comment évoluent les choses pour voir qu’il y a urgence à ce niveau. Avant le Congrès de février 2008, il y a eu des élections pour élire les responsables du parti. A ce niveau, on n’a pas totalement écouté la base. Et il y a eu des frustrations.

Avant les élections législatives, il y a eu des tournées sur toute l’étendue du territoire où on est allé écouter la base. On n’a alors fait semblant de prendre en compte ses préoccupations, mais au finish, on ne l’a pas fait. Il y a même eu un séminaire de recadrage à ce sujet à la rue Le Pic avec les responsables du parti. Mais dans la réalité, la base a été peu satisfaite. Il est temps maintenant qu’on l’écoute.

LP : Le Congrès n’est-il pas le cadre idéal d’une part pour ce dialogue entre le sommet et la base que vous réclamez, et de l’autre, pour faire justement appliquer les résolutions en question ?

OT : Non, ce n’est pas juste de le croire. Parce que, avec qui organise-t-on un Congrès ? Avec un président du parti, des vice-présidents, un comité directeur, le bureau politique avec ses membres statutaires, un secrétariat national au grand complet, les secrétaires nationaux. Bref, avec toutes les instances et structures statutaires en place. Aujourd’hui, tous ces organes de décision n’ont pas été renouvelés depuis. Il y a donc à leur niveau un problème de légitimité et d’essoufflement. Pire, il y a des structures qui n’existent même pas. Nous pensons que pour préparer 2015, il faut mettre en place toutes les structures issues du Congrès de février 2008. Ensuite, il faudra mettre en place ces organes statutaires sur le terrain en tenant compte, bien sûr, de la volonté des militants. « Vox populi vox dei », disent les Latins. Le RDR doit donc se remobiliser, se réorganiser avec des responsables identifiés et choisis par la base. La réélection du président de la République en 2015 est à ce prix.

LP : A vous entendre, on a l’impression que vous n’avez pas foi en l’avenir.
OT : Non, ce n’est pas cela. Au contraire, nous avons foi en l’avenir. Parce que nous savons que sans relève, il n’y a pas d’avenir. Et le 2ARJR représente l’avenir du RDR.

Notre but justement est d’aider nos membres à intégrer le tissu économique et professionnel. Beaucoup d’entre eux sont des leaders locaux et nous les invitons à prendre leur place dans le parti qu’ils ont contribué à construire. Alassane Ouattara est certes président. Mais il est le président de tous les Ivoiriens. Nous devons nous battre pour nous insérer dans les projets qui arrivent dans notre pays pour que nos membres travaillent. Et nous le ferons. C’est pourquoi, je lance cet appel afin que nous, jeunes originaires de toutes les régions de la Côte d’Ivoire, puissions nous lever pour prendre notre place dans le parti et dans la société. Notre but est de nous mobiliser pour permettre au président d’obtenir un deuxième mandat. Ce ne sera pas facile, parce que nous serons en compétition avec tous les autres jeunes de la Côte d’Ivoire. Mais, nous ne devons pas baisser les bras. Car l’horizon 2015, c’est avec le président Alassane Ouattara que nous devons le faire.

Réalisée par Jean-Calude Coulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ