Le secret espoir d’Alassane Ouattara de passer haut la main la prochaine élection présidentielle dont il s’est déjà déclaré candidat, est en train, peu à peu, de se fondre. L’homme qui croyait qu’au nom du Rhdp, l’alliance bâtie des mains de l’ex-Président français, Jacques Chirac, il se retrouverait candidat unique, est en train de déchanter. Le Pdci, son allié le plus important, aura bel et bien son candidat. Malgré les intentions clairement affichées du Président Bédié d’offrir, sur un plateau d’or, à l’actuel chef d’Etat un second mandat. «Je suis étonné que les gens s’offusquent qu’on dise que le Pdci aura un candidat. Mais ce sont les textes du Rhdp signés à Paris qui l’autorisent», dixit Michel Benoit Coffi, Secrétaire général adjoint du Pdci chargé des délégations et des sections dans les colonnes du ‘’Nouveau réveil’’ d’hier mercredi 19 juin 2013. Une déclaration déjà désarçonnante qui s’est vue amplifiée par l’intervention, sur ‘’France24’’ de Kkb sur le même sujet. Pour le patron des jeunes du Pdci, il ne sera pas question en 2015 de déroger aux règles qui régissent l’alliance chiraquienne. Au nom de celle-ci, le rêve du chef de l’Etat de voler en singleton sous la bannière Rhdp en 2015 sera une illusion. Ouattara dont l’impopularité monte au fil des jours et qui, pour garder le pouvoir au détour d’un second mandat en 2015, a dans sa besace deux stratégies bien affichées dont être candidat unique du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, vient de dégriser avec ces deux sorties des membres non moins influents du parti cinquantenaire. Les carottes, à ce sujet, semblent être cuites. Les chances de la «Solution» de tenter une seconde aventure dans le palais du Plateau sont en train de s’amenuiser. Il tentera sûrement de s’accrocher à sa deuxième bouée qui est de faire du bétail électoral avec le nouvel argument de la naturalisation. Le 6 juin dernier, au titre du ministère de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, un projet de loi portant disposition particulière en matière d’acquisition de la nationalité par déclaration a été soumis aux ministres. Ce projet de loi concerne les personnes nées en Côte d’Ivoire avant 1961 et les personnes qui étaient mineures avant 1972, c’est-à-dire avant le changement de la loi en 1972. En termes plus explicites, les personnes nées entre 1961 et 1972 et qui ne jouissent pas encore des prérogatives de la nationalité ivoirienne, le pourront désormais après s’être simplement déclarées devant les autorités compétentes en la matière. Après avoir couru en vain derrière la naturalisation en masse de 3 millions de Burkinabè visiblement très proches du Rdr, voici la nouvelle trouvaille des pontes du parti de la case, 2 ans avant la prochaine présidentielle. Brader la nationalité ivoirienne pour garder le pouvoir. Ce flagrant délit de bradage tire sa signification dans le fait que Ouattara veut mettre toutes les chances de son côté. Ceux que le présent arrêté présente comme «nés avant 1961 et mineurs avant 1972» sont, en réalité, les mêmes que le Président Gbagbo a refusé de naturaliser sous le fallacieux prétexte des Accords de Linas-Marcoussis, c’est-à-dire les mêmes Burkinabè qui devraient servir de bétail électoral pour le candidat du Rdr. Mais qu’on ne se trompe pas. Des sources bien informées au sein du parti cinquantenaire font état de ce que des députés issus dudit parti se disent prêts à faire front contre cette forfaiture. Les problèmes de foncier et de nationalité ne faisant pas partie des autorisations des députés à Ouattara pour qu’il gouverne par ordonnance, ce projet de loi sera soumis forcément à l’approbation de l’hémicycle. Et encore une fois, l’allié du Pdci veut lui aussi renouer avec le pouvoir d’Etat et ne veut plus jouer les faiseurs de roi et récolter le mépris et l’ingratitude comme cela a été durant les élections locales. Pour rester au pouvoir, Ouattara, on le sait, est prêt à tout. Y compris des mesures hâtives et injustes à même de mettre en péril la cohésion nationale et l’intégrité du pays. Les faux «j’aime mon pays» ont été découverts par le Pdci et des nationalistes en son sein et même du côté du Rdr (le parti de Ouattara) qui se disent prêts à faire barrage à ses manigances. L’impopularité de l’homme qui se fait déjà jour sera éclatante quand viendra la présidentielle prochaine.
Jean Guillaume Tapé
Jean Guillaume Tapé