Une rencontre qui en valait la peine. Hier, l’Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Aprocaci), conduite par son président, Soumahoro Ben N’Faly, a échangé avec la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) qui avait pour interlocuteur, Kouadio Yao Emmanuel, Secrétaire général de la structure. Les échanges ont porté sur le contrat de concession, les difficultés d’exploitation et de production. Dans son exposé liminaire, Kouadio Yao qui s’est appesanti sur le réseau électrique de la Côte d’Ivoire et la distribution, a rappelé qu’en 1990, a eu lieu la signature de convention de concession de type d’affermage avec l’Etat et la création de la CIE (54% pour Finagestion, 15% pour l’Etat, 5% pour les agents et 26% pour le reste des actionnaires). Une convention dont le renouvellement est intervenue en 2005 pour une durée de 15 ans. Kouadio Yao a informé l’Aprocaci que l’Etat demeure le propriétaire du secteur de l’électricité. « L’Etat n’a pas vendu le secteur il l’a mis à la disposition du privé pour la gestion de la CIE. La CIE a été créée pour travailler pour l’Etat », a dit le SG de la compagnie d’électricité. Aussi a-t-il fait savoir qu’au niveau du cadre institutionnel, le secteur a deux tutelles. Une, technique, avec le ministère des Mines, du pétrole et de l’Energie. Et l’autre, financière, avec le ministère de l’Economie et des Finances. « C’est l’Etat qui détermine et fixe le prix de l’électricité, met en place la stratégie de développement et informe la CIE qui se charge de leur application », a souligné Kouadio Yao. Qui a ajouté que dans le cadre du document relatif au règlement du service concédé, le consommateur peut savoir comment est fixé le tarif. Selon lui, la mission de la CIE est de fournir aux clients un service de qualité. En ce qui concerne les coupures d’électricité, Kouadio Yao explique ‘‘qu’il ne s’agit pas délestage’’. Pour lui, ce qui se passe n’est pas programmé. La Côte d’Ivoire, a-t-il dit, a connu sa période de délestage en 1984 et 2010 où tout était rationné. « Ces coupures que vous constatez, et qui je l’avoue, ont baissé, sont dus à l’absence d’investissement pendant plus de dix ans et aux actes de vandalisme. Ces actes étant relatifs aux vols de cuivres au niveau de certains postes de distribution au point où la Côte d’Ivoire est devenue exportatrice de cuivre alors qu’elle n’en produit pas, et à la fraude sur l’électricité.», a fait savoir Kouadio Yao. Tout en indiquant que la CIE essaie dès que possible de régler les problèmes de coupures d’électricité, il regrette cependant l’absence d’un code d’électricité qui ne favorise pas la poursuite des fraudeurs. Car le vol du courant n’est pas un délit en matière pénale. « Heureusement que bientôt, ce code qui va requalifier la notion de vol de l’électricité sera sur la table des parlementaires et les fraudeurs seront poursuivis, eux qui font perdre annuellement 40 milliards de Fcfa à l’Etat », a-t-il indiqué. Le SG de la CIE a également signifié que les coupures d’électricité ne sont pas dues à la vente du courant à l’extérieur. « Nous produisons 1420 mégawatts. En heure de pointe (entre 19h et 23h) la consommation est de 1006 ou 1030 mégawatts. Comme le courant ne se stocke pas, c’est la différence que nous utilisons pour satisfaire les besoins étrangers. Nous avons donc une bonne marge de manœuvre pour éviter les délestages », a dit Kouadio Yao qui reconnait que si beaucoup a été fait, le gros du travail reste à venir puisque le taux de pénétration de l’électricité est de 25%. Soumahoro Ben N’Faly qui a dit avoir pris bonne note des informations a promis les répercuter au niveau des consommateurs. Même s’il a dénoncé ‘‘la complicité des agents de la CIE’’ dans certains ‘‘deals’’ mais aussi la responsabilité partagée (Etat, CIE, Consommateurs) dans certaines situations. Une visite guidée à l’UTAG à Vridi et à la Direction générale d’Abidjan Nord a permis d’édifier davantage l’Aprocaci sur le travail réalisé par la CIE.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA
