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Politique Publié le vendredi 28 juin 2013 | Le Patriote

Gouverner, malgré tout

Comment se réconcilier avec un frère qui refuse obstinément la main qu’on lui tend ? C’est l’équation à laquelle est confronté depuis un certain temps le président Alassane Ouattara et son gouvernement. Depuis la fin de la crise postélectorale, le chef de l’Etat et son équipe multiplient des actions de conciliation envers le Front populaire ivoirien. Mais en vain. Lors de sa capture le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo avait dit ceci : « Je souhaite qu’on arrête les armes et qu’on rentre dans la partie civile de la crise, et qu’on conclue rapidement pour que le pays reprenne ». Le président Ouattara, à peine installé, a pris au mot l’ex-chef de l’Etat en engageant les négociations avec son parti. Le président de la République a invité à partir de mai 2011 l’opposition, en l’occurrence le FPI, à prendre sa place au sein du gouvernement de sortie de crise qu’il s’apprêtait à mettre en place dans les semaines à venir. Cette demande du chef de l’Etat a essuyé une fin de non recevoir de la part de Miaka Oureto et ses camarades. En novembre 2011, le président Ouattara, en visite au Ghana, a encore encouragé l’ex-parti au pouvoir qui avait décidé de boycotter les élections législatives de décembre, de renoncer à leur projet et d’y participer. « Ne commettez pas la même erreur que le RDR en 2000 », avait supplié le chef de l’Etat. Cette supplique du président Ouattara n’a trouvé aucun écho favorable auprès du comité central du FPI. Les élections se sont donc déroulées sans le parti de Laurent Gbagbo qui réclamait, dans un contexte encore incandescent, sa libération avant toute participation. Le 28 avril 2012, le gouvernement a initié à Grand-Bassam, le Dialogue républicain avec tous les partis de l’opposition. Le FPI qui a participé à la cérémonie d’ouverture, a brillé par son absence. Pis, il a refusé de parapher le communiqué final. L’ancien parti au pouvoir a justifié son attitude par son désir de discuter seul avec le pouvoir. Le Gouvernement, malgré l’existence d’un cadre permanent de dialogue avec l’opposition, a accédé à la demande du FPI sur cette question en créant un cadre de « dialogue direct ». En dépit des gages de bonne volonté, donnés par le pouvoir au cours des négociations avec le comité central du FPI, les appels du gouvernement sont encore restés sans suite. La formation politique chère à l’ex-chef de l’Etat a décidé une fois de plus de bouder les élections régionales et législatives du 21 avril dernier. Les invitations à la raison et la libération de certains détenus proches de Laurent Gbagbo tels que le Pr Gilbert Aké N’Gbo, Désiré Dallo, Christine Adjobi, Jean-Jacques Béchio et Mahan Gahé, le 22 décembre 2012, n’ont aucunement fait changer de position à Sylvain Miaka Oureto et ses amis qui se sont même permis de suspendre le 18 avril dernier 15 de leurs camarades ayant décidé de passer outre le mot d’ordre de boycott des élections locales d’avril dernier. Les élections terminées, le gouvernement a décidé de relancer le parti de Miaka Oureto pour continuer les pourparlers dans le cadre du « dialogue direct ». Le premier ministre Daniel Kablan Duncan avait fixé la rencontre pour hier. Mais encore une fois, à cause de la surenchère du FPI, la rencontre a été reportée.
Alors question : que doit faire le gouvernement face à ce déluge de mauvaise foi manifeste ? Que faire pour que le FPI daigne s’asseoir pour une fois à la table de négociation ? Ouattara et son gouvernement doivent-ils se plier aux interminables préalables, aux allures de véritables chantages, du FPI ?
Certes, tout gouvernement – surtout celui de la Côte d’Ivoire, qui sort d’une grave crise – a le devoir de ne point se lasser de tendre la main à son opposition. Houphouët-Boigny disait le 1er janvier 1970 devant le corps diplomatique : « Dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et durable, on ne doit pas hésiter un seul instant à recourir, avec obstination au dialogue. » Mais que peut la plus belle maman devant le refus obstiné d’un fils qui refuse tout ce qu’elle lui offre, réclamant d’abord qu’elle lui donne son … cache-sexe ?
Est-ce que le gouvernement, sous prétexte de vouloir la paix pour tout le monde (y compris les refondateurs), doit se rouler par terre pour le FPI ? L’a-t-il du reste déjà fait dans le processus de réconciliation en cours ? Car, on se souvient bien que lorsqu’il s’est agi de former les gouvernements successifs, tout avait été mis en œuvre pour y faire entrer le FPI, en vain. Mais ces gouvernements ont été formés sans le FPI et le ciel n’est tombé sur personne. Idem pour les élections législatives et locales où les frontistes ont longtemps louvoyé pour finalement décliner l’offre. Le processus électoral n’a-t-il pas pris fin pour autant ? Que si ! Notre pays a-t-il disparu de la carte d’Afrique et du monde ? Eh bien non !
Cette partie de poker menteur dans laquelle Le FPI veut entrainer le gouvernement ne doit en aucun cas distraire celui-ci de la mission qui est la sienne. Celle avant tout de gouverner. Sans forcément se laisser émouvoir par les petites gesticulations d’un parti qui a du mal à sortir, deux ans après, de l’émotion de sa chute. Le jour que le FPI sera fatigué de ses multiples contorsions politiciennes, il viendra de lui-même à la table de négociation.

Jean-Claude Coulibaly
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