Le Président par intérim du Front populaire ivoirien (Fpi) était récemment aux Pays-Bas où il a rencontré Laurent Gbagbo en prison à la Haye. Dans cette interview qu’il a accordée à notre confrère de l’Onuci, il fait le point de cette rencontre avec son mentor.
Bonjour Monsieur le Président Miaka Ouréto. Vous rentrez de l’Europe, au terme de ce séjour, qui a-t-il à retenir ?
Ce qui est à retenir, c’est que j’ai trouvé Laurent Gbagbo toujours dans la même disposition d’esprit par rapport à son pays la Côte d’Ivoire. Chaque fois, sa première question, c’est de dire comment va le pays ? Tout le monde se porte bien ? Il demande après les uns et les autres. Il me dit comment va le parti ? Nous lui disons que oui, le parti va bien. Nous essayons de travailler tant bien que mal malgré les conditions difficiles que tu sais parce que le parti n’a plus de moyens. Mais, il est de notre devoir de venir vers toi pour te saluer.
Monsieur le président Miaka Ouréto, pendant que vous étiez en Europe, il y a eu le rendez-vous manqué du 27 juin dernier dans le cadre du dialogue gouvernement-Fpi. Et votre parti, le Fpi a posé un certain nombre de conditions, et il ya comme un blocage. Est-ce un blocage pour de bon ? Ou bien vous ramenez une nouvelle approche pour relancer ce dialogue ?
Evidemment, je suis solidaire de la position de mes camarades de la direction que j’ai laissée ici. Mais les dents et la langue cohabitent. Ce n’est pas parce que vous êtes mordu par la langue à un moment que vous prenez un marteau pour arracher toutes les dents. Mais, en la matière, la responsabilité première incombe à ceux qui sont au pouvoir. C’est eux qui doivent prendre l’initiative pour que la paix et la cohésion reviennent dans le pays. Nous nous sommes déjà retrouvés deux fois, nous avons des préoccupations que nous leur avons soumises, et par rapport à toutes ces préoccupations, aucun acte positif n’a été posé pour nous mettre en confiance. C’est pour cela, la position qui a été prise par mes collaborateurs et que je partage entièrement a été qualifiée de bonne. Ecoutez, d’abord il faut relever une chose. Chaque fois vous nous invitez à une négociation, vous posez quelques jours avant des actes qui manifestement sont de nature à nous décourager. Tout dernièrement, au moment où on nous invite le 27 juin, c’est Koua Justin qui est arrêté. Or qu’a-t-il fait ? Koua Justin. Un travail de mobilisation de ses militants. Donc, nous demandons de poser des actes pour nous rassurer.
Donc, entre autre préalable, vous demandez la libération de Koua Justin ?
La libération de Koua Justin, et par rapport aux résultats que nous considérons comme des résultats acquis. Les premières négociations, le financement des partis politiques, il faut que des actes positifs et concrets soient posés dans ce sens.
Monsieur Miaka Ouréto, il y a une condition que vous posez qui est relativement nouvelle. Vous demandez un médiateur dans ce dialogue gouvernement-Fpi. Qu’est-ce qui va changer avec ce médiateur ?
Nous, les Ivoiriens, depuis un moment, on se regarde en chien de faïence. On ne se fait pas confiance lorsque nous arrêtons des décisions et que nous disons, on a acquis ceci. On dit non. On avait admis le principe. On n’a pas dit ceci ou cela. Par exemple, le financement des partis politiques. C’est cela qui nous oppose. Or, si cela se passait devant un médiateur que nous aurons tous choisi de façon consensuelle, ce médiateur pouvait apporter son témoignage pour dire oui, effectivement au cours de la discussion, voilà ce qui a été arrêté. Il faut l’appliquer. C’est ça, notre seul souci.
Et quel devrait être le profil de ce médiateur selon le Fpi ? Et d’où doit-il venir ?
Je pense que le Côte d’Ivoire a été immergée dans une société internationale qui depuis longtemps est à nos côtés et cherche à nous aider. Il faut chercher aux côtés de ces pays. Et c’est l’une des raisons de notre déplacement. Il faut chercher tant du côté de l’Afrique qu’en nous-même parce que l’Union africaine, il n’y a pas si longtemps, a fait entendre sa voix. Je crois qu’en actionnant l’Union Européenne qui est toujours notre partenaire de tous les jours et tous les partenaires de la Côte d’Ivoire qui à travers leur chancellerie ici nous reçoivent, on doit pouvoir trouver ce médiateur. Nous sommes allés vers l’ambassadeur des Etats-Unis pour lui poser le même problème. Il a dit ce qui serait très probant pour vous, c’est d’avoir un médiateur de l’Union Africaine, et puis de l’Union Européenne. Je pense que ce sont là déjà des pistes que nous pouvons explorer et trouver un médiateur ensemble qui fasse l’affaire. Nous sommes en train de chercher. Le gouvernement doit chercher aussi. Si tant est qu’il est convaincu de la pertinence qu’il faut un médiateur. C’est la Côte d’Ivoire, notre mère commune qui est malade. Et pour la sauver, c’être dans la solidarité, la tolérance et le pardon. Il nous faut le dialogue. C’est inévitable. C’est l’héritage, que le Président Houphouët-Boigny nous a laissé. Cet héritage, je crois qu’il faut que nous le gérions avec engagement, en mettant de côté notre orgueil et notre amour propre.
Interview retranscrite sur Onuci par Evidal Koffi
Bonjour Monsieur le Président Miaka Ouréto. Vous rentrez de l’Europe, au terme de ce séjour, qui a-t-il à retenir ?
Ce qui est à retenir, c’est que j’ai trouvé Laurent Gbagbo toujours dans la même disposition d’esprit par rapport à son pays la Côte d’Ivoire. Chaque fois, sa première question, c’est de dire comment va le pays ? Tout le monde se porte bien ? Il demande après les uns et les autres. Il me dit comment va le parti ? Nous lui disons que oui, le parti va bien. Nous essayons de travailler tant bien que mal malgré les conditions difficiles que tu sais parce que le parti n’a plus de moyens. Mais, il est de notre devoir de venir vers toi pour te saluer.
Monsieur le président Miaka Ouréto, pendant que vous étiez en Europe, il y a eu le rendez-vous manqué du 27 juin dernier dans le cadre du dialogue gouvernement-Fpi. Et votre parti, le Fpi a posé un certain nombre de conditions, et il ya comme un blocage. Est-ce un blocage pour de bon ? Ou bien vous ramenez une nouvelle approche pour relancer ce dialogue ?
Evidemment, je suis solidaire de la position de mes camarades de la direction que j’ai laissée ici. Mais les dents et la langue cohabitent. Ce n’est pas parce que vous êtes mordu par la langue à un moment que vous prenez un marteau pour arracher toutes les dents. Mais, en la matière, la responsabilité première incombe à ceux qui sont au pouvoir. C’est eux qui doivent prendre l’initiative pour que la paix et la cohésion reviennent dans le pays. Nous nous sommes déjà retrouvés deux fois, nous avons des préoccupations que nous leur avons soumises, et par rapport à toutes ces préoccupations, aucun acte positif n’a été posé pour nous mettre en confiance. C’est pour cela, la position qui a été prise par mes collaborateurs et que je partage entièrement a été qualifiée de bonne. Ecoutez, d’abord il faut relever une chose. Chaque fois vous nous invitez à une négociation, vous posez quelques jours avant des actes qui manifestement sont de nature à nous décourager. Tout dernièrement, au moment où on nous invite le 27 juin, c’est Koua Justin qui est arrêté. Or qu’a-t-il fait ? Koua Justin. Un travail de mobilisation de ses militants. Donc, nous demandons de poser des actes pour nous rassurer.
Donc, entre autre préalable, vous demandez la libération de Koua Justin ?
La libération de Koua Justin, et par rapport aux résultats que nous considérons comme des résultats acquis. Les premières négociations, le financement des partis politiques, il faut que des actes positifs et concrets soient posés dans ce sens.
Monsieur Miaka Ouréto, il y a une condition que vous posez qui est relativement nouvelle. Vous demandez un médiateur dans ce dialogue gouvernement-Fpi. Qu’est-ce qui va changer avec ce médiateur ?
Nous, les Ivoiriens, depuis un moment, on se regarde en chien de faïence. On ne se fait pas confiance lorsque nous arrêtons des décisions et que nous disons, on a acquis ceci. On dit non. On avait admis le principe. On n’a pas dit ceci ou cela. Par exemple, le financement des partis politiques. C’est cela qui nous oppose. Or, si cela se passait devant un médiateur que nous aurons tous choisi de façon consensuelle, ce médiateur pouvait apporter son témoignage pour dire oui, effectivement au cours de la discussion, voilà ce qui a été arrêté. Il faut l’appliquer. C’est ça, notre seul souci.
Et quel devrait être le profil de ce médiateur selon le Fpi ? Et d’où doit-il venir ?
Je pense que le Côte d’Ivoire a été immergée dans une société internationale qui depuis longtemps est à nos côtés et cherche à nous aider. Il faut chercher aux côtés de ces pays. Et c’est l’une des raisons de notre déplacement. Il faut chercher tant du côté de l’Afrique qu’en nous-même parce que l’Union africaine, il n’y a pas si longtemps, a fait entendre sa voix. Je crois qu’en actionnant l’Union Européenne qui est toujours notre partenaire de tous les jours et tous les partenaires de la Côte d’Ivoire qui à travers leur chancellerie ici nous reçoivent, on doit pouvoir trouver ce médiateur. Nous sommes allés vers l’ambassadeur des Etats-Unis pour lui poser le même problème. Il a dit ce qui serait très probant pour vous, c’est d’avoir un médiateur de l’Union Africaine, et puis de l’Union Européenne. Je pense que ce sont là déjà des pistes que nous pouvons explorer et trouver un médiateur ensemble qui fasse l’affaire. Nous sommes en train de chercher. Le gouvernement doit chercher aussi. Si tant est qu’il est convaincu de la pertinence qu’il faut un médiateur. C’est la Côte d’Ivoire, notre mère commune qui est malade. Et pour la sauver, c’être dans la solidarité, la tolérance et le pardon. Il nous faut le dialogue. C’est inévitable. C’est l’héritage, que le Président Houphouët-Boigny nous a laissé. Cet héritage, je crois qu’il faut que nous le gérions avec engagement, en mettant de côté notre orgueil et notre amour propre.
Interview retranscrite sur Onuci par Evidal Koffi