Directrice de la Diversité et du Développement Culturels à l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Mme Youma Fall a séjourné récemment à Abidjan, en compagnie du Secrétaire Général de l'OIF, Abdou Diouf. Dans la capitale économique ivoirienne, elle a pris part à la 39ème Assemblée des parlementaires francophones. Aussi a-t-elle paraphé avec le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, un protocole d'accord pour la réhabilitation du réseau CLAC (Centre Lecture et d'Animation Culturelle) implanté dans la région de Korhogo, avant d'annoncer avec lui, au cours d'une rencontre avec la presse, la reprise officielle du Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA), prévue du 1er au 8 mars prochain à Abidjan. Avant de regagner Paris, elle a bien voulu, dans cet entretien, donner les raisons qui ont motivé le retour du MASA, tout en se réjouissant de la nomination du Pr Yacouba Konaté, au poste de Directeur Général par intérim du MASA.
Le Patriote : La Côte d'Ivoire connaît une stabilité depuis deux ans. Pourquoi avoir attendu maintenant pour annoncer le retour du MASA ?
Mme Youma Fall : Il faut d'abord savoir que le MASA est un dossier important. Ensuite, quand je suis arrivée à Abidjan, j'ai réalisé que la Côte d'Ivoire y tenait à cœur, notamment SEM. Le Président de la République. A la Francophonie, nous avons donc essayé de faire avancer les choses. Pour nous, le MASA est un événement important du calendrier culturel international. C'est aussi un événement important en termes de développement social, d'inclusion sociale, de paix, de solidarité mais également un événement qui entre dans nos préoccupations en termes de faire voir, faire entendre, faire connaître ce que les créateurs africains font de mieux et aussi appuyer la création de marché et contribuer donc à ce qu'on appelle l'économie créative. Donc ces deux choses sont dans nos dynamiques et on s'est dit pourquoi pas ?
LP : Concrètement quelles sont les attentes de l'OIF par rapport à ce MASA 2014 ?
Mme YF : Les attentes de l'OIF, c'est beaucoup d'innovations en termes de programmation d'abord, parce qu'il y a du nouveau. De nouvelles disciplines qui pourraient y être impliquées. Et cela, le nouveau Directeur général (par intérim) va vous en parler, le moment venu. Nous attendons également des innovations en termes d'espaces parce qu'il n'y a pas que le Palais de la culture. Nous nous attendons aussi à ce que le MASA ne soit plus seulement le marché. Nous voulons qu'il soit en même temps un festival, c'est-à-dire un temps de pause, de rencontres et d'échanges entre créateurs, un espace de confrontation et d'échanges avec des professionnels. Et nous attendons aussi du MASA que ça soit un espace résolument tourné vers les nouveaux outils numériques. Et que le moment de réflexion soit aussi très important. Nous voulons surtout que tout cela participe à la construction de la pensée endogène africaine. Et ça c'est important.
LP : Vous l'avez dit tantôt. Le MASA a désormais un nouveau Directeur général, même s'il est encore intérimaire, en la personne du Pr Yacouba Konaté. Quels sont les critères qui ont plaidé en faveur de son choix lors du 8ème Conseil d'Administration du MASA tenu le 5 juin 2013 à Paris ?
Mme YF : Le Pr Yacouba Konaté est important à plusieurs niveaux. D'abord, c'est un intellectuel, il peut manager, animer cette réflexion autour de la constitution de cette pensée endogène, autour de l'écriture de l'histoire des arts et cultures de l'Afrique de façon générale. Ensuite, c'est un homme de terrain qui peut imaginer des choses, de nouvelles disciplines, un nouveau format pour un MASA plus populaire sans pourtant être populiste tout en restant un marché.
LP : En plus du MASA, l'OIF s'est également engagée pour la réhabilitation du réseau des CLAC (Centre de Lecture et d'Animation Culturelle), qui est implanté depuis 1990 au Nord du pays. En attendant la création d'un second réseau dans d'autres régions de la Côte d'Ivoire, pourquoi n'envisagez-vous pas des CLAC itinérants, histoire d'offrir l'opportunité à d'autres jeunes de Côte d'Ivoire de profiter aussi de ces outils ?
Mme YF : Nous ne faisons qu'accompagner les initiatives des Etats. Là, la Côte d'Ivoire est très en avance. Ils ont réhabilité pratiquement tout le réseau( qui se trouve dans la région de Korhogo et comprend 10 centres dans les localités suivantes : Napié, Tairé, Sinématiali, Dikodougou, Napié, Diawala, Niellé, Sirasso, Mbengué et Niakara). Et nous, on le sait, puisque nous avons financé ce projet de réhabilitation à hauteur de 450 000 euros (soit un peu plus de 294,7 millions de FCFA). Et nous, dès qu'il y a appropriation par l'Etat, on peut passer à autre chose. Donc, ce n'est pas exclure de trouver dans un premier temps un bibliobus qui sillonnerait les autres régions du pays et ensuite pourquoi ne pas créer d'autres CLAC et même, à Abidjan ? C'est dans l'ordre du possible.
LP : Vous exhortez les créateurs à solliciter pour leurs projets le Fonds de Garantie des Industries Culturelles (FGIC) créé à l'initiative de l'OIF et de la BIDC (Banque d'Investissement et de Développement de la Cedeao). Mais, sur le terrain, les banques refusent d'octroyer des crédits aux porteurs de projets culturels. Pourquoi l'OIF ne songe t-elle pas à faire un plaidoyer auprès des banques ?
Mme YF : Je vous rassure tout de suite que nous sommes en train de faire un plaidoyer dans ce sens. Et nous sommes en train d'installer des points focaux. Dans chaque pays, il y aura un point focal du Fonds de Garantie. Et ce point focal aura rôle pour de sensibiliser les acteurs culturels mais également les banques afin de les informer. Et nous comptons aussi sur vous la presse pour ces sensibilisations. Cela dit, nous gardons bon espoir que la situation va s'améliorer. On travaille un nouveau plan de communication et de médiatisation qui s'appuie sur des points focaux. Je pense que d'ici 2014, on aura des résultats concrets par rapport au Fonds de garantie. Mais aidez-nous à sensibiliser les acteurs culturels ainsi que les banques.
Réalisée par Y. Sangaré
Le Patriote : La Côte d'Ivoire connaît une stabilité depuis deux ans. Pourquoi avoir attendu maintenant pour annoncer le retour du MASA ?
Mme Youma Fall : Il faut d'abord savoir que le MASA est un dossier important. Ensuite, quand je suis arrivée à Abidjan, j'ai réalisé que la Côte d'Ivoire y tenait à cœur, notamment SEM. Le Président de la République. A la Francophonie, nous avons donc essayé de faire avancer les choses. Pour nous, le MASA est un événement important du calendrier culturel international. C'est aussi un événement important en termes de développement social, d'inclusion sociale, de paix, de solidarité mais également un événement qui entre dans nos préoccupations en termes de faire voir, faire entendre, faire connaître ce que les créateurs africains font de mieux et aussi appuyer la création de marché et contribuer donc à ce qu'on appelle l'économie créative. Donc ces deux choses sont dans nos dynamiques et on s'est dit pourquoi pas ?
LP : Concrètement quelles sont les attentes de l'OIF par rapport à ce MASA 2014 ?
Mme YF : Les attentes de l'OIF, c'est beaucoup d'innovations en termes de programmation d'abord, parce qu'il y a du nouveau. De nouvelles disciplines qui pourraient y être impliquées. Et cela, le nouveau Directeur général (par intérim) va vous en parler, le moment venu. Nous attendons également des innovations en termes d'espaces parce qu'il n'y a pas que le Palais de la culture. Nous nous attendons aussi à ce que le MASA ne soit plus seulement le marché. Nous voulons qu'il soit en même temps un festival, c'est-à-dire un temps de pause, de rencontres et d'échanges entre créateurs, un espace de confrontation et d'échanges avec des professionnels. Et nous attendons aussi du MASA que ça soit un espace résolument tourné vers les nouveaux outils numériques. Et que le moment de réflexion soit aussi très important. Nous voulons surtout que tout cela participe à la construction de la pensée endogène africaine. Et ça c'est important.
LP : Vous l'avez dit tantôt. Le MASA a désormais un nouveau Directeur général, même s'il est encore intérimaire, en la personne du Pr Yacouba Konaté. Quels sont les critères qui ont plaidé en faveur de son choix lors du 8ème Conseil d'Administration du MASA tenu le 5 juin 2013 à Paris ?
Mme YF : Le Pr Yacouba Konaté est important à plusieurs niveaux. D'abord, c'est un intellectuel, il peut manager, animer cette réflexion autour de la constitution de cette pensée endogène, autour de l'écriture de l'histoire des arts et cultures de l'Afrique de façon générale. Ensuite, c'est un homme de terrain qui peut imaginer des choses, de nouvelles disciplines, un nouveau format pour un MASA plus populaire sans pourtant être populiste tout en restant un marché.
LP : En plus du MASA, l'OIF s'est également engagée pour la réhabilitation du réseau des CLAC (Centre de Lecture et d'Animation Culturelle), qui est implanté depuis 1990 au Nord du pays. En attendant la création d'un second réseau dans d'autres régions de la Côte d'Ivoire, pourquoi n'envisagez-vous pas des CLAC itinérants, histoire d'offrir l'opportunité à d'autres jeunes de Côte d'Ivoire de profiter aussi de ces outils ?
Mme YF : Nous ne faisons qu'accompagner les initiatives des Etats. Là, la Côte d'Ivoire est très en avance. Ils ont réhabilité pratiquement tout le réseau( qui se trouve dans la région de Korhogo et comprend 10 centres dans les localités suivantes : Napié, Tairé, Sinématiali, Dikodougou, Napié, Diawala, Niellé, Sirasso, Mbengué et Niakara). Et nous, on le sait, puisque nous avons financé ce projet de réhabilitation à hauteur de 450 000 euros (soit un peu plus de 294,7 millions de FCFA). Et nous, dès qu'il y a appropriation par l'Etat, on peut passer à autre chose. Donc, ce n'est pas exclure de trouver dans un premier temps un bibliobus qui sillonnerait les autres régions du pays et ensuite pourquoi ne pas créer d'autres CLAC et même, à Abidjan ? C'est dans l'ordre du possible.
LP : Vous exhortez les créateurs à solliciter pour leurs projets le Fonds de Garantie des Industries Culturelles (FGIC) créé à l'initiative de l'OIF et de la BIDC (Banque d'Investissement et de Développement de la Cedeao). Mais, sur le terrain, les banques refusent d'octroyer des crédits aux porteurs de projets culturels. Pourquoi l'OIF ne songe t-elle pas à faire un plaidoyer auprès des banques ?
Mme YF : Je vous rassure tout de suite que nous sommes en train de faire un plaidoyer dans ce sens. Et nous sommes en train d'installer des points focaux. Dans chaque pays, il y aura un point focal du Fonds de Garantie. Et ce point focal aura rôle pour de sensibiliser les acteurs culturels mais également les banques afin de les informer. Et nous comptons aussi sur vous la presse pour ces sensibilisations. Cela dit, nous gardons bon espoir que la situation va s'améliorer. On travaille un nouveau plan de communication et de médiatisation qui s'appuie sur des points focaux. Je pense que d'ici 2014, on aura des résultats concrets par rapport au Fonds de garantie. Mais aidez-nous à sensibiliser les acteurs culturels ainsi que les banques.
Réalisée par Y. Sangaré