Adama Toungara, ci-devant ministre en charge du Pétrole et de l’Energie s’est vu retiré hier jeudi 25 juillet 2013, à l’issue du conseil des ministres, le portefeuille des mines qui atterrit désormais dans les mains de son collègue en charge de l’industrie. Une décision sans grande surprise pour les observateurs qui suivent les grincements de dents et autres griefs des opérateurs du secteur minier à l’encontre du très proche collaborateur de Ouattara.
Depuis sa nomination, au lendemain de la crise postélectorale, à la tête du département ministériel très stratégique du Pétrole des mines et de l’Energie, Adama Toungara avait maille à partir avec les entreprises, pour la plupart des multinationales, exerçant dans le secteur des mines en Côte d’Ivoire. Lesquelles n’avaient eu cesse de dénoncer les pratiques du ministre visant à déstructurer le secteur selon elles. Après avoir suspendu, aux lendemains de sa prise de fonction, tous les permis d’exploration en cours de validité, trainait les pieds pour régulariser la situation de ces entreprises qui pour la plupart avait déjà engrangé des investissements lourds. Et pour ne pas faire baisser la température qui montait au sein de la «maison» des miniers, les cinq premiers permis sous Ouattara, avaient été attribués à des entreprises à peine naissantes. Et pour boucler la boucle, le nouveau code minier n’était pas de nature à décrisper la tension entre Toungara et les miniers. Conséquence, des multiples plaintes des multinationales, le chef de l’Etat a retiré le département des mines aux attributions d’Adama Toungara. C’est désormais l’actuel ministre de l’Industrie, Jean-Claude Brou, qui a la charge de ce secteur très stratégique.
«Depuis plusieurs mois, les relations entre le ministre et les compagnies minières présentes dans le pays s'étaient dangereusement dégradées. Ces dissensions se sont notamment cristallisées autour du code minier, dans lequel Adama Toungara voulait introduire le contrat de partage calqué sur le modèle du secteur pétrolier. Les miniers restaient par ailleurs mécontents du gel depuis 2011 du renouvellement des permis. Cette situation a fait perdre près de 200 millions $ (environ 100 milliards de Fcfa) de rentrées fiscales au pays », note la Lettre du Contient dans sa parution du jeudi 25 juillet 2013. Pour ce bimensuel, cette décision prise par le chef de l’Etat est «une demi-surprise».
Toujours selon le confrère, les Ambassadeurs des Etats-Unis, d'Australie et du Royaume-Uni, pays dont les compagnies minières sont très actives en Côte d'Ivoire, se sont succédé ces dernières semaines au palais d'Abidjan afin d'interpeller Ouattara sur ce blocage. Au point que le chef de l'Etat avait momentanément confié la réforme du secteur à son conseiller spécial chargé des ressources naturelles, Daouda Thiam.
Pourquoi Ouattara n’a pas franchi le rubicond
Les griefs énumérés contre Toungara son multiples et ont atterri sur le bureau d’Alassane Ouattara. C’est donc en connaissance de la situation de dégradation des relations entre les acteurs du secteur minier et le ministre de tutelle, et face au blocage observé que le chef de l’Etat s’est vu obligé d’agir. Dessaisir son très proche collaborateur du département des mines, a été le moindre mal dans cette crise aux conséquences incalculables, surtout pour l’économie nationale. Adama Toungara fait partie des plus privilégiés du cercle très réduit des lieutenants qui ont accès à la «table du roi». Et le limoger aurait été aussi bien un coup dur pour le concerné que pour Ouattara lui-même. Qui entendait ainsi éviter des répercussions politiques suite à une telle décision de limogeage d’un de ses «hommes de confiance». Parce que l’histoire politique de Ouattara se confond presque avec le nom des Toungara (y compris l’ex épouse du ministre, Jeanne Maddox-Toungara, très proche des démocrates américains et qui a longtemps été l’infatigable lobbyiste de la cause du RDR). Alassane Ouattara n’avait donc pas intérêt à se voir mordre par son propre «serpent». Un «serpent» qui, selon certaines sources, détient un certain nombre de secrets liés au coup d’Etat du 24 décembre 1999 contre Henri Konan Bédié.
Qui dirige vraiment la Côte d’Ivoire ?
Il est tout de même frappant de noter qu’en dépit des critiques incessantes des Ivoiriens sur les délestages, Adama Toungara n’ait jusqu’ici pas été sanctionné par le premier magistrat du pays. Les différents scandales de gouvernance (marchés de gré à gré, lourds soupçons de corruption, résultats médiocres sur le terrain…) de nombre de ses collègues n’ont pas fait bouger le chef de l’Etat. Mais il a fallu que les multinationales occidentales élèvent le ton pour qu’il les débarrasse d’un homme avec lequel elles ne voulaient plus collaborer. Il faut aussi noter que ce petit réaménagement technique et l’atmosphère qui l’a précédé (et qui laissait penser à un remaniement ministériel) aura aussi pour avantage de faire peur à un certain nombre de « porteurs de portefeuilles », notamment à ceux qui sont issus du PDCI, alors que le « vieux parti » marque sa différence dans un RHDP plus que jamais en crise.
Nationalité et foncier
Ouattara veut faire un passage en force
A entendre le porte-parole du gouvernement, hier jeudi 25 juin à l’issue du conseil des ministres, le projet de loi controversé sur l’apatridie sera adopté, y compris en tordant le bras aux députés.
Décidément, le chef de l’Etat ne lâche pas du lest sur les questions cristallisantes du foncier et surtout de la nationalité actuellement abordées sous le couvert de la lutte contre l’apatridie. Il entend selon toute vraisemblance faire un passage en force. Malgré les réserves de la Société civile (CSCI), du Front populaire ivoirien (FPI) et du PDCI qui a opposé une fin de non recevoir qui a emmené le gouvernement à retirer les conventions de 1954 et 1961 sur l’apatridie vendredi dernier au parlement. Pour le porte-parole du gouvernement, s’il y a «une source potentielle de blocage de l’action de l’Etat ou quelque part une source qui peut menacer la cohésion», cela peut inviter le gouvernement à la «recherche des meilleures voies pour traiter la question» après la fronde des députés PDCI. Toutefois, explique-t-il, il n’est pas question de recourir à des «larges consultations nationales» comme le réclament pourtant les détracteurs de ces textes. «L’Assemblée nationale c’est la représentation de tous les Ivoiriens. Toutes les sensibilités en Côte d’Ivoire se retrouvent à l’Assemblée nationale. Et dans toutes les démocraties, l’Assemblée nationale sert à cela. Et pour éviter chaque fois qu’il y a une décision importante à prendre de recourir au référendum ou d’avoir à consulter de façon large – sans qu’on détermine en quoi consiste cette largesse - les populations. Larges consultations ça va de où à où ? Qui est dedans qui n’est pas dedans ? Vous ne pouvez pas consulter au même endroit les 23 millions d’Ivoiriens. Et l’Assemblée nationale sert justement à cela. Donc les discussions qui se feront à l’Assemblée nationale nous avons foi que ces discussions vont refléter la totalité de l’opinion des Ivoiriens. Evidemment il faut savoir qu’au gouvernement aussi les sensibilités sont plurielles. Donc avant même que le texte n’aille à l’Assemblée nationale, il faut savoir que sur ces textes là il y a un grand nombre de discussions», a informé Koné Bruno hier jeudi 25 juillet 2013 à l’issue du conseil des ministres extraordinaire qui s’est déroulé au palais présidentiel du Plateau. Il apparait clairement que des pressions seront exercées en coulisses sur les députés réfractaires, notamment du PDCI, pour les emmener à adopter ces textes très prochainement en session extraordinaire tout en évitant un autre cash au parlement. Puisqu’on se souvient que les députés qui s’étaient opposés à l’adoption du projet de loi sur la modification du code du mariage ont dû faire profil bas après la dissolution du gouvernement en novembre dernier en adoptant pas la suite le texte qu’ils avaient rejeté quelques jours plus tôt.
Agenda pressé pressé
Selon certains observateurs, Alassane Ouattara ne veut pas se rendre à la prochaine Assemblée générale de l’ONU à New-York sans l’adoption de ces textes par le parlement. Occasion pour lui d’aller vanter l’engagement de son gouvernement à approuver les conventions internationales notamment les conventions de 1954 et 1961 sur la réduction de l’apatridie que ces prédécesseurs n’ont pas ratifié depuis lors. D’ailleurs, 12 des 19 textes de loi votés par le parlement lors de cette première session ordinaire étaient des conventions internationales. Véritable plateau pour une opération de communication et de «prodada» à l’endroit de la communauté internationale.
En battant en brèche les observations faites par l’opposition, la société civile et même par une partie de l’Alliance au pouvoir, Ouattara apporte de l’eau au moulin de ceux qui estiment qu’il a plus que jamais un agenda secret sur sa volonté de faire passer coûte que coûte ces textes sur la nationalité sans avoir à consulter les Ivoiriens dans leur grande majorité, notamment à des desseins électoralistes. Cette Assemblée n’étant pas - contrairement à ce que dit le porte-parole du gouvernement - représentative de la majorité des Ivoiriens avec l’absence des partis de l’opposition. Un parlement monocolore ne peut en aucun cas être représentatif de toutes les sensibilités en Côte d’Ivoire. C’est un fait.
Anderson Diédri
Depuis sa nomination, au lendemain de la crise postélectorale, à la tête du département ministériel très stratégique du Pétrole des mines et de l’Energie, Adama Toungara avait maille à partir avec les entreprises, pour la plupart des multinationales, exerçant dans le secteur des mines en Côte d’Ivoire. Lesquelles n’avaient eu cesse de dénoncer les pratiques du ministre visant à déstructurer le secteur selon elles. Après avoir suspendu, aux lendemains de sa prise de fonction, tous les permis d’exploration en cours de validité, trainait les pieds pour régulariser la situation de ces entreprises qui pour la plupart avait déjà engrangé des investissements lourds. Et pour ne pas faire baisser la température qui montait au sein de la «maison» des miniers, les cinq premiers permis sous Ouattara, avaient été attribués à des entreprises à peine naissantes. Et pour boucler la boucle, le nouveau code minier n’était pas de nature à décrisper la tension entre Toungara et les miniers. Conséquence, des multiples plaintes des multinationales, le chef de l’Etat a retiré le département des mines aux attributions d’Adama Toungara. C’est désormais l’actuel ministre de l’Industrie, Jean-Claude Brou, qui a la charge de ce secteur très stratégique.
«Depuis plusieurs mois, les relations entre le ministre et les compagnies minières présentes dans le pays s'étaient dangereusement dégradées. Ces dissensions se sont notamment cristallisées autour du code minier, dans lequel Adama Toungara voulait introduire le contrat de partage calqué sur le modèle du secteur pétrolier. Les miniers restaient par ailleurs mécontents du gel depuis 2011 du renouvellement des permis. Cette situation a fait perdre près de 200 millions $ (environ 100 milliards de Fcfa) de rentrées fiscales au pays », note la Lettre du Contient dans sa parution du jeudi 25 juillet 2013. Pour ce bimensuel, cette décision prise par le chef de l’Etat est «une demi-surprise».
Toujours selon le confrère, les Ambassadeurs des Etats-Unis, d'Australie et du Royaume-Uni, pays dont les compagnies minières sont très actives en Côte d'Ivoire, se sont succédé ces dernières semaines au palais d'Abidjan afin d'interpeller Ouattara sur ce blocage. Au point que le chef de l'Etat avait momentanément confié la réforme du secteur à son conseiller spécial chargé des ressources naturelles, Daouda Thiam.
Pourquoi Ouattara n’a pas franchi le rubicond
Les griefs énumérés contre Toungara son multiples et ont atterri sur le bureau d’Alassane Ouattara. C’est donc en connaissance de la situation de dégradation des relations entre les acteurs du secteur minier et le ministre de tutelle, et face au blocage observé que le chef de l’Etat s’est vu obligé d’agir. Dessaisir son très proche collaborateur du département des mines, a été le moindre mal dans cette crise aux conséquences incalculables, surtout pour l’économie nationale. Adama Toungara fait partie des plus privilégiés du cercle très réduit des lieutenants qui ont accès à la «table du roi». Et le limoger aurait été aussi bien un coup dur pour le concerné que pour Ouattara lui-même. Qui entendait ainsi éviter des répercussions politiques suite à une telle décision de limogeage d’un de ses «hommes de confiance». Parce que l’histoire politique de Ouattara se confond presque avec le nom des Toungara (y compris l’ex épouse du ministre, Jeanne Maddox-Toungara, très proche des démocrates américains et qui a longtemps été l’infatigable lobbyiste de la cause du RDR). Alassane Ouattara n’avait donc pas intérêt à se voir mordre par son propre «serpent». Un «serpent» qui, selon certaines sources, détient un certain nombre de secrets liés au coup d’Etat du 24 décembre 1999 contre Henri Konan Bédié.
Qui dirige vraiment la Côte d’Ivoire ?
Il est tout de même frappant de noter qu’en dépit des critiques incessantes des Ivoiriens sur les délestages, Adama Toungara n’ait jusqu’ici pas été sanctionné par le premier magistrat du pays. Les différents scandales de gouvernance (marchés de gré à gré, lourds soupçons de corruption, résultats médiocres sur le terrain…) de nombre de ses collègues n’ont pas fait bouger le chef de l’Etat. Mais il a fallu que les multinationales occidentales élèvent le ton pour qu’il les débarrasse d’un homme avec lequel elles ne voulaient plus collaborer. Il faut aussi noter que ce petit réaménagement technique et l’atmosphère qui l’a précédé (et qui laissait penser à un remaniement ministériel) aura aussi pour avantage de faire peur à un certain nombre de « porteurs de portefeuilles », notamment à ceux qui sont issus du PDCI, alors que le « vieux parti » marque sa différence dans un RHDP plus que jamais en crise.
Nationalité et foncier
Ouattara veut faire un passage en force
A entendre le porte-parole du gouvernement, hier jeudi 25 juin à l’issue du conseil des ministres, le projet de loi controversé sur l’apatridie sera adopté, y compris en tordant le bras aux députés.
Décidément, le chef de l’Etat ne lâche pas du lest sur les questions cristallisantes du foncier et surtout de la nationalité actuellement abordées sous le couvert de la lutte contre l’apatridie. Il entend selon toute vraisemblance faire un passage en force. Malgré les réserves de la Société civile (CSCI), du Front populaire ivoirien (FPI) et du PDCI qui a opposé une fin de non recevoir qui a emmené le gouvernement à retirer les conventions de 1954 et 1961 sur l’apatridie vendredi dernier au parlement. Pour le porte-parole du gouvernement, s’il y a «une source potentielle de blocage de l’action de l’Etat ou quelque part une source qui peut menacer la cohésion», cela peut inviter le gouvernement à la «recherche des meilleures voies pour traiter la question» après la fronde des députés PDCI. Toutefois, explique-t-il, il n’est pas question de recourir à des «larges consultations nationales» comme le réclament pourtant les détracteurs de ces textes. «L’Assemblée nationale c’est la représentation de tous les Ivoiriens. Toutes les sensibilités en Côte d’Ivoire se retrouvent à l’Assemblée nationale. Et dans toutes les démocraties, l’Assemblée nationale sert à cela. Et pour éviter chaque fois qu’il y a une décision importante à prendre de recourir au référendum ou d’avoir à consulter de façon large – sans qu’on détermine en quoi consiste cette largesse - les populations. Larges consultations ça va de où à où ? Qui est dedans qui n’est pas dedans ? Vous ne pouvez pas consulter au même endroit les 23 millions d’Ivoiriens. Et l’Assemblée nationale sert justement à cela. Donc les discussions qui se feront à l’Assemblée nationale nous avons foi que ces discussions vont refléter la totalité de l’opinion des Ivoiriens. Evidemment il faut savoir qu’au gouvernement aussi les sensibilités sont plurielles. Donc avant même que le texte n’aille à l’Assemblée nationale, il faut savoir que sur ces textes là il y a un grand nombre de discussions», a informé Koné Bruno hier jeudi 25 juillet 2013 à l’issue du conseil des ministres extraordinaire qui s’est déroulé au palais présidentiel du Plateau. Il apparait clairement que des pressions seront exercées en coulisses sur les députés réfractaires, notamment du PDCI, pour les emmener à adopter ces textes très prochainement en session extraordinaire tout en évitant un autre cash au parlement. Puisqu’on se souvient que les députés qui s’étaient opposés à l’adoption du projet de loi sur la modification du code du mariage ont dû faire profil bas après la dissolution du gouvernement en novembre dernier en adoptant pas la suite le texte qu’ils avaient rejeté quelques jours plus tôt.
Agenda pressé pressé
Selon certains observateurs, Alassane Ouattara ne veut pas se rendre à la prochaine Assemblée générale de l’ONU à New-York sans l’adoption de ces textes par le parlement. Occasion pour lui d’aller vanter l’engagement de son gouvernement à approuver les conventions internationales notamment les conventions de 1954 et 1961 sur la réduction de l’apatridie que ces prédécesseurs n’ont pas ratifié depuis lors. D’ailleurs, 12 des 19 textes de loi votés par le parlement lors de cette première session ordinaire étaient des conventions internationales. Véritable plateau pour une opération de communication et de «prodada» à l’endroit de la communauté internationale.
En battant en brèche les observations faites par l’opposition, la société civile et même par une partie de l’Alliance au pouvoir, Ouattara apporte de l’eau au moulin de ceux qui estiment qu’il a plus que jamais un agenda secret sur sa volonté de faire passer coûte que coûte ces textes sur la nationalité sans avoir à consulter les Ivoiriens dans leur grande majorité, notamment à des desseins électoralistes. Cette Assemblée n’étant pas - contrairement à ce que dit le porte-parole du gouvernement - représentative de la majorité des Ivoiriens avec l’absence des partis de l’opposition. Un parlement monocolore ne peut en aucun cas être représentatif de toutes les sensibilités en Côte d’Ivoire. C’est un fait.
Anderson Diédri