Serein, il le paraît. Son discours à l’aéroport international de Port-Bouët mardi, ne trahit aucune panique. Que lui causerait la disharmonie de plus en plus persistante créée par certains militants? Surtout que l’intéressé, lui-même pense que tout cela dénote l’expression d’une démocratie avérée au Pdci, avant le douzième Congrès. Mais le développement de l’actualité inspire bien des commentaires. Bertin Konan Kouadio, KKB, «porte-voix de la rupture», est aujourd’hui rejoint par une coordination de 25 députés issus du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny. Ceux qui croyaient alors que le président de la Jpdci était seul ont dû se raviser. Car KKB offre maintenant "l’image d’un homme qui sait où mettre les pieds". Est-ce la preuve que le président du Pdci contrôle de moins en moins son mouvement politique? « Non », répond Ouattara Kouakou, vice-président de la Jpdci. « Le président Bédié incarne les instances du parti jusqu’au prochain congrès. Il y a quelques actions isolées de militants. Mais, bien qu’ils soient libres d’user de leur liberté d’expression, cela doit se faire selon les règles», soutient-il. Pour le coordonnateur de la Jpdci d’Abobo, les 25 parlementaires ayant donné de la voie, il y a quelques jours, ont parlé en leur nom et non en celui des militants qui les ont portés à l’Assemblée nationale. « Il y a 85 députés Pdci, si 25 se désolidarisent du président Bédié, il en reste 60, c’est la grande majorité. », argumente-t-il. Avant de conclure que « le président Bédié conserve toute son influence à la tête du Pdci. Et n’est aucunement affaibli par ces dernières informations véhiculées par ces députés ». Richard Yao, militant Pdci, candidat malheureux (indépendant) aux élections municipales à Ouellé (Daoukro) estime que « le problème ne se pose pas en termes de puissance ou d’impuissance ». Selon lui, M. Bédié a toute son aura, en tant que président statutaire du Pdci. Toutefois, il prévient que l’ex-président ivoirien pourrait s’affaiblir et affaiblir son parti si, « au congrès, les textes sont tripatouillés pour lui permettre de succéder à lui-même ». A l’en croire, Henri Konan Bédié a tout donné au Pdci et à la Côte d’Ivoire, il doit passer le relais. « En 1999, il a été soutenu quand il a été victime d’un coup d’Etat. Les militants ne l’ont pas lâché pendant et après son exil en France. Idem en 2010, à la présidentielle. Je pense qu’il faut tout simplement accepter d’appliquer les textes », conseille-t-il. M. Yao argue qu’il (Bédié) a dépassé l’âge limite des 75 ans, il ne peut donc pas être candidat à la présidence du Pdci. Même son de cloche avec cet universitaire, non coloré politiquement, qui, sous le sceau de l’anonymat, croit que le président Bédié « a toute latitude de conserver l’entièreté de son influence s’il passe le flambeau sans accrochage ». En réalité, ce qui poserait problème au Pdci, c’est l’application des textes, comme l’indiquait Richard Yao. Mais, en attendant le congrès, les discours de précampagne désolent de nombreux militants. Le président du Conseil politique, Lambert Amon Tano, dans une déclaration parue dans la presse, a, à cet effet, invité M. Bédié à se mettre au-dessus de la mêlée. Il a également exhorté les militants à s’abstenir d’organiser le Congrès dans les journaux.
Parfait Tadjau
Parfait Tadjau