Pour lutter contre la destruction avancée du couvert forestier de la Côte d’Ivoire, le conseil des ministres du 25 juillet 2013 a adopté un décret portant ’’interdiction de l’exploitation, de la coupe, du transport, de la commercialisation et l’exportation du Pterocarpus SPP ou encore bois de Vêne’’ dans notre pays. Il n’en fallait pas plus pour que cette mesure déclenche le courroux de certains opérateurs chinois qui exploitent cette essence au-dessus du 8ème parallèle. Hier dimanche 04 août, ceux-ci nous l’ont fait savoir au cours d’une brève rencontre aux II-Plateaux. Pour eux, s’il est légitime pour le gouvernement de prendre une mesure d’interdiction de cette essence, il aurait été plus intéressant d’associer les professionnels de cette filière. «Nous avons obtenu des autorisations du ministère des Eaux et Forêts pour l’année 2013 ; et elles courent de janvier à décembre 2013 pour exploiter le bois de Vêne. Le gouvernement, en prenant cette mesure d’interdiction sans une concertation préalable, nous cause un lourd préjudice. Pourtant, nous avons satisfait à toutes les exigences», se sont inquiétés nos interlocuteurs, qui ont souhaité garder l’anonymat. Pour ces interlocuteurs, ils sont loin d’être des fraudeurs en ce sens que leur activité est encadrée par les agents des Eaux et Forêts ; ce, depuis la coupe du bois jusqu’à l’exportation en passant par le transport. «Pour exploiter le bois de Vêne, les opérateurs disposent de bordereaux de circulation en plus de la copie d’autorisation. Sans oublier que nous avons payé 120 millions de fcfa pour reboiser 400 hectares de forêt aux fins de compenser les pertes consécutives à l’exploitation du bois de Vêne dans la partie septentrionale», ont-ils affirmé. Bref, pour ces opérateurs chinois, des gens qui veulent préserver des intérêts ont convaincu le gouvernement à prendre un tel décret. Et ceux-ci ont pointé un doigt accusateur vers un opérateur (connu dans les cercles du pouvoir) exerçant dans le secteur du bois en zone industrielle de Koumassi. Vrai ou faux, ils sont très remontés et ont promis de saisir leur ambassade pour réclamer des dommages. A toutes fins utiles, il faut rappeler que ce sont 6.000 m3 de bois de Vêne qui sont exploités par mois en Côte d’Ivoire pour être exportés, principalement en Asie. Plusieurs acteurs (Scieurs, manutentionnaires, transporteurs, tractoristes, etc.) interviennent dans ce secteur qui fait un chiffre d’affaires de 150 milliards de fcfa. Plus de 2 millions de familles, dont 90 % résident dans le nord ivoirien, vivent, dit-on, de cette activité.
G. DE GNAMIEN
G. DE GNAMIEN