C’est désormais officiel. Le secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady est candidat à la présidence du parti démocratique de Côte d’Ivoire. Hier, il a levé un coin du voile, au cours d’une conférence de presse tenue au siège du parti, sur son ambition à prendre le contrôle du parti doyen. Accompagné de sa famille, en présence de Jean Konan Banny, de l’ambassadeur Georges Ouégnin pour ne citer que ceux là et devant de nombreux militants qui ont pris d’assaut la grande salle de réunion, Djédjé Mady a déclaré sa candidature avant d’expliquer les justificatifs de son rêve. Pendant plus de 2 heures il a échangé avec les journalistes qui ont fait nombreux le déplacement. Selon lui, cette candidature n’est pas dirigée contre le président Bédié qui a répondu favorablement à l’appel des secrétaires généraux de section lui demandant d’être candidat à l’issue du conclave de Yamoussoukro. Car, a-t-il estimé, cette candidature va à l’encontre des textes du parti. Il garde donc l’espoir que le président Henri Konan Bédié reviendra sur sa décision pour être en phase avec les textes qui régissent le PDCI. Nous vous proposons l’intégralité des échanges.
Q : Dans vos propos liminaires, vous avez dit que l’inéligibilité du président Bédié est une question de droit. Est-ce que selon vous, il est politiquement dépassé ?
Djédjé Mady : J’ai dit ce que je devrais dire. J’ai dit que la démocratie n’est pas synonyme d’insulte et d’offense. Je suis candidat et dans tous les propos que j’aurais à tenir, je prie Dieu pour n’avoir aucun mot déplacé à l’endroit de qui que ce soit, encore moins à l’endroit du Président Bédié. Je ne vois pas pourquoi le président Bédié serait politiquement dépassé. Ce n’est pas mon avis. Le Président Bédié a toutes ses ressources intellectuelles. Il peut servir la Côte d’Ivoire. Je vais même plus loin, en disant que si la loi élimine le président Bédié dans l’état actuel des choses, il aurait été souhaitable que le président Bédié devienne un Mandela pour la Côte d’Ivoire et qu’il soit le président d’honneur du PDCI, donnant des conseils à tout le monde. Nous voyons bien aujourd’hui qu’il n’est pas Président de la République, mais conseille le Président de la République. Il ne peut pas être le président du PDCI, mais être le conseil du président du PDCI-RDA. Donc, il n’est pas dépassé et ce n’est pas de cela qu’il s’agit. J’ai beaucoup de respect pour lui. Je ferais en sorte de garder ce respect.
Q. : Vous avez indiqué que vos propos liminaires ont été piratés ce matin. Je suis inquiet que les documents d’une personnalité de votre rang, qui aspire à diriger le PDCI, soient piratés. Est-ce que votre entourage n’est pas infecté ? Ma deuxième préoccupation est relative à la candidature du président Henri Konan Bédié. Si celle-ci est validée par le congrès, allez-vous saisir les juridictions pour réclamer réparation, puisque selon vous, le président Bédié ne peut pas être candidat ?
Pour ma dernière préoccupation, je voudrais vous demander si vous ne craignez pas le syndrome RDR. Car c’est à l’issue d’un congrès que ceux qui se sont sentis frustrés sont allés créer ce parti.
DM : Pour la première préoccupation, pour le moment nous avons quelques indications sur ceux qui ont piraté le document. Puisqu’on nous a cité le nom d’une personne qui cherchait les clés du bureau de la secrétaire où le texte a été saisi. La personne à qui on a demandé cette clé a dit qu’elle ne l’avait pas. Par la suite, c’est donc une fenêtre qui été forcée pour avoir accès à la salle afin de pirater le texte. Hier, quand on se séparait avec mon entourage, on avait déjà quelques copies. Si c’était quelqu’un de mon entourage, il n’avait pas besoin de passer par une fenêtre. Je trouve cela un peu amusant. Parce que, même aux Etats-Unis, dans les lieux hautement gardés, on vole les documents. Ce n’est pas dans un bureau du siège du PDCI qu’on ne volera pas de document. Mais c’est la nécessité de voler ce document que je ne comprends pas. Puisque ce document est fait pour être diffusé. C’est pour le diffuser qu’on organise une conférence de presse. Peut-être que celui qui est venu prendre ce document avait l’insomnie et il n’avait pas de quoi à lire et il a voulu partager sa lecture avec les autres en le donnant à des journaux qui l’ont publié. Je remercie ces journaux qui nous ont devancés sur notre volonté de publier le texte. Je souhaite qu’ils continuent de le publier pour que le plus grand nombre de lecteurs ivoiriens soient au courant de nos actions. Si ce n’est l’indélicatesse du geste, sa portée ne me pose aucun problème. Mais on est réduit au PDCI à voler les documents, c’est peut-être ça qui est inquiétant et c’est sur ça qu’on doit s’interroger.
Parce qu’arriver à ce stade de voler les documents, c’est que les gens pensent que la libre expression n’est plus permise dans un parti démocratique. Alors, ça fait pitié pour le PDCI et c’est dommage pour ceux qui se sont livrés à ce geste. Vous me posez la question de savoir si malgré les dispositions légales, la candidature du Président Bédié était validée, qu’est-ce qu’on ferait ? Le PDCI-RDA est un parti de sages et de dialogue. Tous ces éléments que nous sommes en train de donner vont amener le Président Bédié à se rendre compte d’un certain nombre de choses. Et je crois, je le souhaite, qu’il reviendra à la bonne décision. Pour le moment, je ne peux pas vous annoncer qu’une procédure judiciaire sera mise en route. On avisera. Mais je pense qu’ au vu des informations qu’il n’avait pas et que nous lui avons données ce matin, il appellera les secrétaires de section pour leur dire qu’il avait trop vite répondu à leur appel. Je pense que c’est possible. Concernant la troisième préoccupation, je peux vous rassurer que ce ne sera pas un syndrome RDR, ni un syndrome RPP. Vous voulez me demander si je suis battu, est-ce que je vais aller créer un parti ? J’ai dit dans mes propos liminaires que j’ai 48 ans de lutte au PDCI-RDA et j’ai eu la chance d’être parmi ceux qui ont été proche du président Houphouët-Boigny. Je n’irai pas dire au président Houphouët de l’autre côté que j’ai quitté son parti pour aller dans un autre parti. Si je ne suis plus au PDCI, je n’aurais plus de parti. Je ne peux pas aller créer un autre parti. Je suis au PDCI et j’y reste, contre vents et marrées. Et ce que je suis en train de faire relève de mon estime pour le PDCI-RDA. Personne, parce que j’ai été candidat élu ou non élu, ne peut me mettre hors du PDCI. Houphouët m’y a laissé et ce serait le plus grand péché que je commettrais en créant un autre parti. Je mourrai au PDCI et je vous rassure que le syndrome RPP ne se produira pas.
Q. : Le Président Bédié a-t-il une fois évoqué sa candidature avec vous ? Vous disiez que par divers moyens on vous a écarté de l’organisation du congrès. Ne craignez-vous pas que par ce même procédé on vous déclare inéligible ? Parlant du RHDP, le président Bédié soutient la candidature du Président de la République, vous, vous soutenez que le PDCI ait un candidat en 2015. Pensez-vous que le président Bédié ne répond plus aux aspirations de la base ?
DM : C’est vous qui tirez la conclusion des relations entre la base et le Président Bédié. Il ne faut pas chercher les problèmes là où il n’y a pas. Depuis 2005 que le RHDP existe, j’ai été le président du Directoire. Je connais le contenu de l’alliance. Vous avez suivi l’un des président des partis du RHDP crier, comme dans le désert, la candidature unique du RHDP au premier tour. C’est Anaky Kobenan, le président MFA. Il a demandé à cor et à cri qu’au premier tour de l’élection présidentielle, le RHDP ait un seul candidat. Il n’a pas été entendu, parce que ce qui est écrit dans l’alliance, c’est qu’au premier tour, chaque parti est libre de présenter un candidat et quel que ce soit celui qui gagne, le RHDP gouverne ensemble. C’est cela la base de l’alliance. S’il y a un deuxième tour, les autres soutiennent celui qui est le mieux placé. Au sein du directoire, nous sommes allés plus loin. Si après le premier tour, les deux candidats des partis du RHDP se retrouvent, on a dit qu’il faut une campagne apaisée, civilisée et fraternelle et celui qui gagne, c’est le RHDP qui a gagné. Quand le PDCI demande aujourd’hui d’avoir un candidat en 2015, le PDCI ne trahit pas l’accord en vigueur. Je crois que c’est normal et c’est même élémentaire. Je ne crois même pas que ce soit une question qu’on doit poser au congrès. Poser cette question, c’est remettre en cause, d’une manière fondamentale, l’objet pour lequel le parti existe. C’est normal que le PDCI ait un candidat, c’est pour cela qu’on est là sans être contre personne. Le PDCI, pour être un parti digne, pour être un partenaire qu’on considère et qui mérite le partenariat, doit prouver sa représentativité. Il doit prouver sa force. Dans les alliances, si vous ne représentez rien, vous êtes un poids mort et vous êtes nuisible pour l’alliance. C’est pourquoi, je rappelle le slogan qu’on avait au directoire du RHDP : «des partis forts pour un RHDP fort ». Si chaque parti du RHDP est fort, l’alliance est forte. Mais s’il y a un seul fort et les autres sont faibles, ils deviennent des poids morts sur le dos du fort et ce faisant, il perd la force lui aussi. Je crois que nous nous sommes compris.
Q. : Quel est votre avis sur le vote des lois sur l’apatridie, le foncier et la nationalité par l’Assemblée Nationale ?
Est-ce que vous craignez d’avoir un badge d’observateur lors du congrès comme cela a été le cas au conclave de Yamoussoukro, selon vous-mêmes ? On a l’impression que le PDCI est en train d’être phagocyté. Quel est votre avis ?
DM : Il s’est agi pour l’apatridie d’autoriser le Président de la République à ratifier des traités de 1954 et de 1961 sur l’apatridie. Est-ce que l’Assemblée nationale autorise le Président de la République à ratifier ces traités internationaux ? Voilà la question qui a été posé aux députés. Après des débats, quelque fois très chauds, il se trouve que l’accord a été donné par l’Assemblée Nationale. Pour le moment, la Commission a adopté ces textes et elle viendra en plénière pour les défendre. En principe, les lois devraient passer et donc on verra dans l’application, ce qu’elles apporteront de nouveau dans la société ivoirienne. Il en va de même de la question sur le foncier. Là aussi, il y a pour le moment, des mauvaises informations. Il ne s’agit pas d’une modification de la loi de 1998. Ce dont il s’agit, c’est que quand cette loi a été votée, il a été demandé aux populations propriétaires de les immatriculer en dix ans et que ce délai passé, les terrains qui n’ont pas été immatriculés, retombent dans le compte de l’Etat. Avec les problèmes qu’on a connus et d’autres problèmes, les terrains n’ont pas pu être immatriculés. Donc, il s’agit de donner une nouvelle chance pour que les immatriculations se fassent. Le projet qu’on a reçu n’est pas une modification de la loi de 1998, c’est une prorogation du timing pour aller immatriculer les terrains. Les premiers dix ans sont passés, on n’a pas immatriculé les terrains, on donne encore dix ans pour cela. Sinon, l’Etat prendra les terrains.
Concernant la deuxième préoccupation, c’est possible que j’aie un badge d’observateur. Mais en ce moment, j’aviserais. Mais parlant des congressistes, il est écrit dans les statuts du PDCI que le secrétaire général, lui seul, est un organe. Le Président du parti, lui seul, est un organe. Le congrès est l’organe suprême du parti. Il est constitué par le président du parti, le secrétaire général du parti, le conseil politique, le bureau politique, le grand conseil, les secrétaires généraux de section, les délégués généraux. Il peut être élargi aux membres des structures spécialisées, c’est-à-dire, la JPDCI et l’UFPDCI. Le nombre et les conditions de désignation des délégations générales, des sections, des délégués sont définis par le Règlement intérieur. Et dans le Règlement Intérieur, il est écrit que chaque secrétaire de section doit être accompagné par deux membres du bureau. C’est pourquoi qu’on dit qu’il faut respecter les textes. Mais si on ne respecte pas les textes et comme je ne suis pas assez fort, je prendrai le badge d’observateur et j’observerai. Et on retiendra que cela est à la gloire du PDCI.
Vous avez dit que vous avez l’impression que le PDCI est en train d’être phagocyté par les partis qui sont sortis de ses entrailles. En tout cas, Houphouët ne nous a pas dit de nous laisser phagocyter. Il a dit d’être prêt à accepter et à recevoir ceux qui vont revenir et on sait qu’il y a plusieurs catégories de militants. Il y a des militants à conviction et des militants à condition. Souvent, ce sont des militants à conditions qui partent quand certaines conditions ne se sont pas réunies et qui reviennent quand les conditions sont remplies. Et les militants de conviction sont là, qu’il pleuve ou qu’il neige. Donc le PDCI perd des militants et gagne des militants. C’est un mouvement de va et vient et on doit faire en sorte que les militants de conviction constituent le socle du parti et qu’on puisse compter sur ceux-là.
Q. : On a l’habitude de dire au PDCI que le linge sale se lave en famille et le Secrétaire général est l’un des hommes forts du Président Bédié. Est-ce que le Président et son secrétaire n’ont pas pu laver leur linge au point de justifier aujourd’hui cette conférence de presse ?
DM : Je ne suis pas venu faire des analyses de faits ici. Je suis venu vous dire que je suis candidat et j’explique pourquoi je suis candidat. L’examen des textes dont il a été question dans mes propos rentre dans le cadre de la justification de ma candidature.
Le fait de l’inéligibilité du président Bédié est un fait par lequel que j’explique que je ne suis pas candidat contre le président Bédié. Puisque les textes disposent qu’il ne peut pas être candidat. Nous avons les mêmes textes. Je crois que quand la loi du 9 août 1993 a été votée, c’est le président Bédié qui était président de l’Assemblée nationale. C’est sous son autorité que cette loi a été votée. Je ne lui ferais pas l’injure d’indiquer qu’il n’était pas au courant de cette loi. Donc, comprenez que moi, je ne vous présente que ma candidature et les justificatifs de cette candidature. J’ajouterai que moi, je ne suis qu’un petit médecin, le Président est juriste, avocat de formation et je pense qu’il est mieux outillé que moi pour les textes. Je veux préciser que je suis le premier collaborateur du président Bédié. Jusqu’à ce qu’on soit dans la salle où il a accepté la proposition des secrétaires généraux de section, il ne m’a jamais dit en tant que son premier collaborateur qu’il veut être candidat. C’est quand les secrétaires généraux de section lui ont dit d’être candidat et qu’il a dit oui que j’ai dit que cela n’était pas possible
Q. : Avez-vous un problème d’action ? Ma seconde préoccupation est relative à une terminologie à la mode dans votre parti, celle de vieux jeunes et de jeune vieux. Dans quelle catégorie, vous vous situez ?
Vous venez de dire que vous n’êtes qu’un petit médecin. Avez-vous les moyens de votre lutte ?
DM : J’ai déjà énoncé en sept points un certain nombre de préoccupation et j’ai même ajouté que ce cadre-là n’était pas le lieu d’exposer d’une manière exhaustive ce qui peut constituer un programme mais en attendant, j’ai évoqué sept points. En ce qui concerne la deuxième préoccupation, je dirai que je suis au milieu des deux catégories. Vous voulez savoir si j’ai les moyens de ma politique. Je dirai que je ne suis pas riche. Je ne suis pas candidat parce que j’ai de l’argent, je suis candidat parce que Houphouët-Boigny m’a aidé à me former et qu’il m’a communiqué ses convictions et que je suis encore aux côtés des aînés, qui continuent à m’apprendre à suivre le bon chemin. C’est de cette conviction-là que je me crois fort. C’est de ma richesse intellectuelle et morale que je me prévaux. J’entends dire qu’on attend de Djédjé Mady qu’il fasse le compte-rendu financier de sa période de secrétaire. Dites à ceux-là que je suis prêt à faire le bilan avec eux, pour qu’on sache qui est riche et à partir de quoi. J’en connais qui n’étaient que de simples fonctionnaires et qui ont des milliards aujourd’hui. Où ont-ils eu leur argent ? Ils vont nous expliquer ça. Et puis, on n’enfonce pas quelqu’un qu’on veut défendre. Il faut éviter d’être un peu moins malin quand on veut défendre quelqu’un. Je suis secrétaire général depuis le 08 avril 2002.
Je ne suis pas ordonnateur des dépenses du PDCI. Je n’ai pas ma signature sur les comptes du PDCI-RDA. Les contrôleurs sont là, je ne suis ni ordonnateur, ni signataire. Avant qu’on en soit au stade où on est, sur les comptes du PDCI, il y avait une double signature et les deux signataires étaient Osséynou Dieng – qu’on a remercié et dont je ne sais plus où il est – et Mme Tuo, qui est malade. Quand Mme Tuo est tombée malade, elle a été remplacée par N’Gouan Aka Mathias, le nouveau maire de Cocody et l’ordre était donné par le président du parti pour qu’on retire de l’argent. Alors, ceux qui veulent défendre le président Bédié, il faut qu’ils sachent le faire et qu’ils sachent surtout les réalités. Aujourd’hui, il y a un nouveau directeur financier, qui est mon adjoint, puisqu’il est secrétaire général adjoint chargé des finances et du patrimoine. Il ne me rend aucun compte de sa gestion. Je ne sais pas s’il est le seul à signer ou si c’est toujours la double signature. Si c’est la double signature, je ne sais même pas avec qui il signe. Faisons attention, car s’il est vrai que la gestion d’un parti n’est pas un compte de boutiquier, souvent ça y ressemble.
Pour parler de mes moyens, je dis que je propose ma personne et non ma fortune.
Tout le temps que je suis au PDCI secrétaire général jusqu’au prochain congrès, ce dont j’ai entendu parler et sur lequel je n’avais pas de signature, je ne donnais pas des ordres, ce sont des subventions que reçoit le PDCI depuis le temps que le Premier ministre Charles Konan Banny est devenu Premier ministre. Avant lui, on ne nous donnait pas de subvention. C’est un compte facile à expliquer. Ceux qui croient qu’ils vont noyer quelqu’un, il ne faut pas qu’ils se noient eux-mêmes.
Q. : Vous êtes la deuxième personnalité à déclarer sa candidature après celle du président de la jeunesse, KKB, d’aucuns disent qu’il roule pour vous. Que répondez-vous à cela ? KKB est-il candidat contre vous ou roule-t-il pour vous ?
DM : Ecoutez, la vérité est nue. Si KKB et moi défendons le respect de nos textes, parce que je pense qu’il soutient cette thèse aussi, alors sur ce plan-là, nous sommes dans la même vision. Mais il a déclaré qu’il est candidat. Il n’a pas dit que je suis candidat en attendant que Djédjé Mady se déclare. Il n’a pas été la première personne à déclarer sa candidature. La première personne, c’est mon ami d’enfance Kouassi Yao. Il a été le premier, ensuite est venu KKB, ensuite le Président Bédié et moi je suis le quatrième. Est-ce que KKB roule pour moi ou est ce que moi je roule pour KKB ? Je dirai que je ne suis pas candidat contre KKB, contre Kouassi Yao, contre le Président Bédié. Je suis candidat pour proposer mes services. Je me comporte comme les vendeuses de bananes au marché. Au marché, les vendeuses de bananes sont chacune devant leur étagère et c’est la ménagère qui sait quelle taille choisir pour aller faire son foutou. Je propose mes services, KKB propose ses services, le Président Bédié propose ses services, Kouassi Yao propose ses services et le PDCI décidera. Je ne suis candidat contre personne.
Q. : Est-ce que vous ne craignez pas que le congrès sera piraté comme l’a été votre texte?
DM : Il ne faut jamais sous-estimer les autres et il faut prendre chacun au sérieux. Et on connait le système électoral en Afrique. Je crois que mes amis et moi tâcheront d’être vigilants en sachant même qu’on peut pirater notre sang. On fera ce qu’on peut pour que le PDCI sorte ragaillardi de son congrès. On fera en sorte que ça soit un congrès honnête et que celui qui a gagné soit félicité par les autres. Je n’ai pas été à l’école pour être président du PDCI pour que si je ne l’étais pas, j’invoque le ciel pour qu’il tombe sur la Côte d’Ivoire. Il y en a peut-être qui avant leur naissance, c’est inscrit que c’est ainsi. Mais moi, je ne vois pas la chose de cette manière. Je la voie en termes de service et Dieu merci je suis avec des frères qui partagent une conviction, qui ont une vision du PDCI et qui veulent faire en sorte que cette vision du PDCI devienne une réalité. Donc ce ne sont pas des illuminés. Ils ont conscience de la réalité. Et le texte piraté est un exemple. Aujourd’hui, on est au courant que certains secrétaires de section sont nommés alors que les secrétaires de section sont élus.
Notre bataille va aussi consister à faire en sorte que le listing électoral soit propre pour que celui qui sera élu soit fier. Quelquefois, nous entendons un certain de nombre de réflexions où on dit que les membres qui vont venir au congrès sont tellement nombreux qu’il n’y a pas de salle pour les recevoir. Alors, il fallait présélectionner les congressistes. Cela est contre les statuts. Seul le congrès peut redimensionner le prochain congrès. Mais les congressistes, qu’ils soient deux et un milliard, doivent tous être au congrès. Aujourd’hui, on n’est à 16 milles personnes supposées qui doivent participer au congrès. Je dis que l’investiture du Président Bédié lui-même s’est déroulé au parc des sports. On ne s’est pas réuni dans une salle et puis nous avons élu un Président de la République. Ce n’est pas au même endroit que les gens ont voté. Il y en a qui ont voté à Tengréla et il y en a qui ont voté à Bassam. Il y a en a qui ont voté à Bouna et il y en a qui ont voté à Tabou. S’il faut trouver les formes pour que ceux qui ont droit au vote participent comme cela se doit au vote, on le fera et on trouvera les moyens. Nous savons ce qui se passe. Nous ferons en sorte que le PDCI se retrouve avec lui-même. Dans nos traditions, on dit des palabres entre des frères, c’est comme l’eau chaude qui ne brûle pas la maison.
Quand vous versez de l’eau chaude sur une maison dont la toiture est en paille, vous verrez de la fumée se lever mais la maison ne va pas brûler. Il y a des vérités, il y a des problèmes à régler, qui ne doivent pas brûler la maison commune parce que le PDCI pour lequel nous luttons, c’est celui qu’Houphouët-Boigny a laissé, parti de tolérance, parti de dialogue, parti d’union, parti de liberté, parti de dignité, parti de respect de l’autre et parti de fraternité.
Propos recueillis par Lacina Ouattara
Q : Dans vos propos liminaires, vous avez dit que l’inéligibilité du président Bédié est une question de droit. Est-ce que selon vous, il est politiquement dépassé ?
Djédjé Mady : J’ai dit ce que je devrais dire. J’ai dit que la démocratie n’est pas synonyme d’insulte et d’offense. Je suis candidat et dans tous les propos que j’aurais à tenir, je prie Dieu pour n’avoir aucun mot déplacé à l’endroit de qui que ce soit, encore moins à l’endroit du Président Bédié. Je ne vois pas pourquoi le président Bédié serait politiquement dépassé. Ce n’est pas mon avis. Le Président Bédié a toutes ses ressources intellectuelles. Il peut servir la Côte d’Ivoire. Je vais même plus loin, en disant que si la loi élimine le président Bédié dans l’état actuel des choses, il aurait été souhaitable que le président Bédié devienne un Mandela pour la Côte d’Ivoire et qu’il soit le président d’honneur du PDCI, donnant des conseils à tout le monde. Nous voyons bien aujourd’hui qu’il n’est pas Président de la République, mais conseille le Président de la République. Il ne peut pas être le président du PDCI, mais être le conseil du président du PDCI-RDA. Donc, il n’est pas dépassé et ce n’est pas de cela qu’il s’agit. J’ai beaucoup de respect pour lui. Je ferais en sorte de garder ce respect.
Q. : Vous avez indiqué que vos propos liminaires ont été piratés ce matin. Je suis inquiet que les documents d’une personnalité de votre rang, qui aspire à diriger le PDCI, soient piratés. Est-ce que votre entourage n’est pas infecté ? Ma deuxième préoccupation est relative à la candidature du président Henri Konan Bédié. Si celle-ci est validée par le congrès, allez-vous saisir les juridictions pour réclamer réparation, puisque selon vous, le président Bédié ne peut pas être candidat ?
Pour ma dernière préoccupation, je voudrais vous demander si vous ne craignez pas le syndrome RDR. Car c’est à l’issue d’un congrès que ceux qui se sont sentis frustrés sont allés créer ce parti.
DM : Pour la première préoccupation, pour le moment nous avons quelques indications sur ceux qui ont piraté le document. Puisqu’on nous a cité le nom d’une personne qui cherchait les clés du bureau de la secrétaire où le texte a été saisi. La personne à qui on a demandé cette clé a dit qu’elle ne l’avait pas. Par la suite, c’est donc une fenêtre qui été forcée pour avoir accès à la salle afin de pirater le texte. Hier, quand on se séparait avec mon entourage, on avait déjà quelques copies. Si c’était quelqu’un de mon entourage, il n’avait pas besoin de passer par une fenêtre. Je trouve cela un peu amusant. Parce que, même aux Etats-Unis, dans les lieux hautement gardés, on vole les documents. Ce n’est pas dans un bureau du siège du PDCI qu’on ne volera pas de document. Mais c’est la nécessité de voler ce document que je ne comprends pas. Puisque ce document est fait pour être diffusé. C’est pour le diffuser qu’on organise une conférence de presse. Peut-être que celui qui est venu prendre ce document avait l’insomnie et il n’avait pas de quoi à lire et il a voulu partager sa lecture avec les autres en le donnant à des journaux qui l’ont publié. Je remercie ces journaux qui nous ont devancés sur notre volonté de publier le texte. Je souhaite qu’ils continuent de le publier pour que le plus grand nombre de lecteurs ivoiriens soient au courant de nos actions. Si ce n’est l’indélicatesse du geste, sa portée ne me pose aucun problème. Mais on est réduit au PDCI à voler les documents, c’est peut-être ça qui est inquiétant et c’est sur ça qu’on doit s’interroger.
Parce qu’arriver à ce stade de voler les documents, c’est que les gens pensent que la libre expression n’est plus permise dans un parti démocratique. Alors, ça fait pitié pour le PDCI et c’est dommage pour ceux qui se sont livrés à ce geste. Vous me posez la question de savoir si malgré les dispositions légales, la candidature du Président Bédié était validée, qu’est-ce qu’on ferait ? Le PDCI-RDA est un parti de sages et de dialogue. Tous ces éléments que nous sommes en train de donner vont amener le Président Bédié à se rendre compte d’un certain nombre de choses. Et je crois, je le souhaite, qu’il reviendra à la bonne décision. Pour le moment, je ne peux pas vous annoncer qu’une procédure judiciaire sera mise en route. On avisera. Mais je pense qu’ au vu des informations qu’il n’avait pas et que nous lui avons données ce matin, il appellera les secrétaires de section pour leur dire qu’il avait trop vite répondu à leur appel. Je pense que c’est possible. Concernant la troisième préoccupation, je peux vous rassurer que ce ne sera pas un syndrome RDR, ni un syndrome RPP. Vous voulez me demander si je suis battu, est-ce que je vais aller créer un parti ? J’ai dit dans mes propos liminaires que j’ai 48 ans de lutte au PDCI-RDA et j’ai eu la chance d’être parmi ceux qui ont été proche du président Houphouët-Boigny. Je n’irai pas dire au président Houphouët de l’autre côté que j’ai quitté son parti pour aller dans un autre parti. Si je ne suis plus au PDCI, je n’aurais plus de parti. Je ne peux pas aller créer un autre parti. Je suis au PDCI et j’y reste, contre vents et marrées. Et ce que je suis en train de faire relève de mon estime pour le PDCI-RDA. Personne, parce que j’ai été candidat élu ou non élu, ne peut me mettre hors du PDCI. Houphouët m’y a laissé et ce serait le plus grand péché que je commettrais en créant un autre parti. Je mourrai au PDCI et je vous rassure que le syndrome RPP ne se produira pas.
Q. : Le Président Bédié a-t-il une fois évoqué sa candidature avec vous ? Vous disiez que par divers moyens on vous a écarté de l’organisation du congrès. Ne craignez-vous pas que par ce même procédé on vous déclare inéligible ? Parlant du RHDP, le président Bédié soutient la candidature du Président de la République, vous, vous soutenez que le PDCI ait un candidat en 2015. Pensez-vous que le président Bédié ne répond plus aux aspirations de la base ?
DM : C’est vous qui tirez la conclusion des relations entre la base et le Président Bédié. Il ne faut pas chercher les problèmes là où il n’y a pas. Depuis 2005 que le RHDP existe, j’ai été le président du Directoire. Je connais le contenu de l’alliance. Vous avez suivi l’un des président des partis du RHDP crier, comme dans le désert, la candidature unique du RHDP au premier tour. C’est Anaky Kobenan, le président MFA. Il a demandé à cor et à cri qu’au premier tour de l’élection présidentielle, le RHDP ait un seul candidat. Il n’a pas été entendu, parce que ce qui est écrit dans l’alliance, c’est qu’au premier tour, chaque parti est libre de présenter un candidat et quel que ce soit celui qui gagne, le RHDP gouverne ensemble. C’est cela la base de l’alliance. S’il y a un deuxième tour, les autres soutiennent celui qui est le mieux placé. Au sein du directoire, nous sommes allés plus loin. Si après le premier tour, les deux candidats des partis du RHDP se retrouvent, on a dit qu’il faut une campagne apaisée, civilisée et fraternelle et celui qui gagne, c’est le RHDP qui a gagné. Quand le PDCI demande aujourd’hui d’avoir un candidat en 2015, le PDCI ne trahit pas l’accord en vigueur. Je crois que c’est normal et c’est même élémentaire. Je ne crois même pas que ce soit une question qu’on doit poser au congrès. Poser cette question, c’est remettre en cause, d’une manière fondamentale, l’objet pour lequel le parti existe. C’est normal que le PDCI ait un candidat, c’est pour cela qu’on est là sans être contre personne. Le PDCI, pour être un parti digne, pour être un partenaire qu’on considère et qui mérite le partenariat, doit prouver sa représentativité. Il doit prouver sa force. Dans les alliances, si vous ne représentez rien, vous êtes un poids mort et vous êtes nuisible pour l’alliance. C’est pourquoi, je rappelle le slogan qu’on avait au directoire du RHDP : «des partis forts pour un RHDP fort ». Si chaque parti du RHDP est fort, l’alliance est forte. Mais s’il y a un seul fort et les autres sont faibles, ils deviennent des poids morts sur le dos du fort et ce faisant, il perd la force lui aussi. Je crois que nous nous sommes compris.
Q. : Quel est votre avis sur le vote des lois sur l’apatridie, le foncier et la nationalité par l’Assemblée Nationale ?
Est-ce que vous craignez d’avoir un badge d’observateur lors du congrès comme cela a été le cas au conclave de Yamoussoukro, selon vous-mêmes ? On a l’impression que le PDCI est en train d’être phagocyté. Quel est votre avis ?
DM : Il s’est agi pour l’apatridie d’autoriser le Président de la République à ratifier des traités de 1954 et de 1961 sur l’apatridie. Est-ce que l’Assemblée nationale autorise le Président de la République à ratifier ces traités internationaux ? Voilà la question qui a été posé aux députés. Après des débats, quelque fois très chauds, il se trouve que l’accord a été donné par l’Assemblée Nationale. Pour le moment, la Commission a adopté ces textes et elle viendra en plénière pour les défendre. En principe, les lois devraient passer et donc on verra dans l’application, ce qu’elles apporteront de nouveau dans la société ivoirienne. Il en va de même de la question sur le foncier. Là aussi, il y a pour le moment, des mauvaises informations. Il ne s’agit pas d’une modification de la loi de 1998. Ce dont il s’agit, c’est que quand cette loi a été votée, il a été demandé aux populations propriétaires de les immatriculer en dix ans et que ce délai passé, les terrains qui n’ont pas été immatriculés, retombent dans le compte de l’Etat. Avec les problèmes qu’on a connus et d’autres problèmes, les terrains n’ont pas pu être immatriculés. Donc, il s’agit de donner une nouvelle chance pour que les immatriculations se fassent. Le projet qu’on a reçu n’est pas une modification de la loi de 1998, c’est une prorogation du timing pour aller immatriculer les terrains. Les premiers dix ans sont passés, on n’a pas immatriculé les terrains, on donne encore dix ans pour cela. Sinon, l’Etat prendra les terrains.
Concernant la deuxième préoccupation, c’est possible que j’aie un badge d’observateur. Mais en ce moment, j’aviserais. Mais parlant des congressistes, il est écrit dans les statuts du PDCI que le secrétaire général, lui seul, est un organe. Le Président du parti, lui seul, est un organe. Le congrès est l’organe suprême du parti. Il est constitué par le président du parti, le secrétaire général du parti, le conseil politique, le bureau politique, le grand conseil, les secrétaires généraux de section, les délégués généraux. Il peut être élargi aux membres des structures spécialisées, c’est-à-dire, la JPDCI et l’UFPDCI. Le nombre et les conditions de désignation des délégations générales, des sections, des délégués sont définis par le Règlement intérieur. Et dans le Règlement Intérieur, il est écrit que chaque secrétaire de section doit être accompagné par deux membres du bureau. C’est pourquoi qu’on dit qu’il faut respecter les textes. Mais si on ne respecte pas les textes et comme je ne suis pas assez fort, je prendrai le badge d’observateur et j’observerai. Et on retiendra que cela est à la gloire du PDCI.
Vous avez dit que vous avez l’impression que le PDCI est en train d’être phagocyté par les partis qui sont sortis de ses entrailles. En tout cas, Houphouët ne nous a pas dit de nous laisser phagocyter. Il a dit d’être prêt à accepter et à recevoir ceux qui vont revenir et on sait qu’il y a plusieurs catégories de militants. Il y a des militants à conviction et des militants à condition. Souvent, ce sont des militants à conditions qui partent quand certaines conditions ne se sont pas réunies et qui reviennent quand les conditions sont remplies. Et les militants de conviction sont là, qu’il pleuve ou qu’il neige. Donc le PDCI perd des militants et gagne des militants. C’est un mouvement de va et vient et on doit faire en sorte que les militants de conviction constituent le socle du parti et qu’on puisse compter sur ceux-là.
Q. : On a l’habitude de dire au PDCI que le linge sale se lave en famille et le Secrétaire général est l’un des hommes forts du Président Bédié. Est-ce que le Président et son secrétaire n’ont pas pu laver leur linge au point de justifier aujourd’hui cette conférence de presse ?
DM : Je ne suis pas venu faire des analyses de faits ici. Je suis venu vous dire que je suis candidat et j’explique pourquoi je suis candidat. L’examen des textes dont il a été question dans mes propos rentre dans le cadre de la justification de ma candidature.
Le fait de l’inéligibilité du président Bédié est un fait par lequel que j’explique que je ne suis pas candidat contre le président Bédié. Puisque les textes disposent qu’il ne peut pas être candidat. Nous avons les mêmes textes. Je crois que quand la loi du 9 août 1993 a été votée, c’est le président Bédié qui était président de l’Assemblée nationale. C’est sous son autorité que cette loi a été votée. Je ne lui ferais pas l’injure d’indiquer qu’il n’était pas au courant de cette loi. Donc, comprenez que moi, je ne vous présente que ma candidature et les justificatifs de cette candidature. J’ajouterai que moi, je ne suis qu’un petit médecin, le Président est juriste, avocat de formation et je pense qu’il est mieux outillé que moi pour les textes. Je veux préciser que je suis le premier collaborateur du président Bédié. Jusqu’à ce qu’on soit dans la salle où il a accepté la proposition des secrétaires généraux de section, il ne m’a jamais dit en tant que son premier collaborateur qu’il veut être candidat. C’est quand les secrétaires généraux de section lui ont dit d’être candidat et qu’il a dit oui que j’ai dit que cela n’était pas possible
Q. : Avez-vous un problème d’action ? Ma seconde préoccupation est relative à une terminologie à la mode dans votre parti, celle de vieux jeunes et de jeune vieux. Dans quelle catégorie, vous vous situez ?
Vous venez de dire que vous n’êtes qu’un petit médecin. Avez-vous les moyens de votre lutte ?
DM : J’ai déjà énoncé en sept points un certain nombre de préoccupation et j’ai même ajouté que ce cadre-là n’était pas le lieu d’exposer d’une manière exhaustive ce qui peut constituer un programme mais en attendant, j’ai évoqué sept points. En ce qui concerne la deuxième préoccupation, je dirai que je suis au milieu des deux catégories. Vous voulez savoir si j’ai les moyens de ma politique. Je dirai que je ne suis pas riche. Je ne suis pas candidat parce que j’ai de l’argent, je suis candidat parce que Houphouët-Boigny m’a aidé à me former et qu’il m’a communiqué ses convictions et que je suis encore aux côtés des aînés, qui continuent à m’apprendre à suivre le bon chemin. C’est de cette conviction-là que je me crois fort. C’est de ma richesse intellectuelle et morale que je me prévaux. J’entends dire qu’on attend de Djédjé Mady qu’il fasse le compte-rendu financier de sa période de secrétaire. Dites à ceux-là que je suis prêt à faire le bilan avec eux, pour qu’on sache qui est riche et à partir de quoi. J’en connais qui n’étaient que de simples fonctionnaires et qui ont des milliards aujourd’hui. Où ont-ils eu leur argent ? Ils vont nous expliquer ça. Et puis, on n’enfonce pas quelqu’un qu’on veut défendre. Il faut éviter d’être un peu moins malin quand on veut défendre quelqu’un. Je suis secrétaire général depuis le 08 avril 2002.
Je ne suis pas ordonnateur des dépenses du PDCI. Je n’ai pas ma signature sur les comptes du PDCI-RDA. Les contrôleurs sont là, je ne suis ni ordonnateur, ni signataire. Avant qu’on en soit au stade où on est, sur les comptes du PDCI, il y avait une double signature et les deux signataires étaient Osséynou Dieng – qu’on a remercié et dont je ne sais plus où il est – et Mme Tuo, qui est malade. Quand Mme Tuo est tombée malade, elle a été remplacée par N’Gouan Aka Mathias, le nouveau maire de Cocody et l’ordre était donné par le président du parti pour qu’on retire de l’argent. Alors, ceux qui veulent défendre le président Bédié, il faut qu’ils sachent le faire et qu’ils sachent surtout les réalités. Aujourd’hui, il y a un nouveau directeur financier, qui est mon adjoint, puisqu’il est secrétaire général adjoint chargé des finances et du patrimoine. Il ne me rend aucun compte de sa gestion. Je ne sais pas s’il est le seul à signer ou si c’est toujours la double signature. Si c’est la double signature, je ne sais même pas avec qui il signe. Faisons attention, car s’il est vrai que la gestion d’un parti n’est pas un compte de boutiquier, souvent ça y ressemble.
Pour parler de mes moyens, je dis que je propose ma personne et non ma fortune.
Tout le temps que je suis au PDCI secrétaire général jusqu’au prochain congrès, ce dont j’ai entendu parler et sur lequel je n’avais pas de signature, je ne donnais pas des ordres, ce sont des subventions que reçoit le PDCI depuis le temps que le Premier ministre Charles Konan Banny est devenu Premier ministre. Avant lui, on ne nous donnait pas de subvention. C’est un compte facile à expliquer. Ceux qui croient qu’ils vont noyer quelqu’un, il ne faut pas qu’ils se noient eux-mêmes.
Q. : Vous êtes la deuxième personnalité à déclarer sa candidature après celle du président de la jeunesse, KKB, d’aucuns disent qu’il roule pour vous. Que répondez-vous à cela ? KKB est-il candidat contre vous ou roule-t-il pour vous ?
DM : Ecoutez, la vérité est nue. Si KKB et moi défendons le respect de nos textes, parce que je pense qu’il soutient cette thèse aussi, alors sur ce plan-là, nous sommes dans la même vision. Mais il a déclaré qu’il est candidat. Il n’a pas dit que je suis candidat en attendant que Djédjé Mady se déclare. Il n’a pas été la première personne à déclarer sa candidature. La première personne, c’est mon ami d’enfance Kouassi Yao. Il a été le premier, ensuite est venu KKB, ensuite le Président Bédié et moi je suis le quatrième. Est-ce que KKB roule pour moi ou est ce que moi je roule pour KKB ? Je dirai que je ne suis pas candidat contre KKB, contre Kouassi Yao, contre le Président Bédié. Je suis candidat pour proposer mes services. Je me comporte comme les vendeuses de bananes au marché. Au marché, les vendeuses de bananes sont chacune devant leur étagère et c’est la ménagère qui sait quelle taille choisir pour aller faire son foutou. Je propose mes services, KKB propose ses services, le Président Bédié propose ses services, Kouassi Yao propose ses services et le PDCI décidera. Je ne suis candidat contre personne.
Q. : Est-ce que vous ne craignez pas que le congrès sera piraté comme l’a été votre texte?
DM : Il ne faut jamais sous-estimer les autres et il faut prendre chacun au sérieux. Et on connait le système électoral en Afrique. Je crois que mes amis et moi tâcheront d’être vigilants en sachant même qu’on peut pirater notre sang. On fera ce qu’on peut pour que le PDCI sorte ragaillardi de son congrès. On fera en sorte que ça soit un congrès honnête et que celui qui a gagné soit félicité par les autres. Je n’ai pas été à l’école pour être président du PDCI pour que si je ne l’étais pas, j’invoque le ciel pour qu’il tombe sur la Côte d’Ivoire. Il y en a peut-être qui avant leur naissance, c’est inscrit que c’est ainsi. Mais moi, je ne vois pas la chose de cette manière. Je la voie en termes de service et Dieu merci je suis avec des frères qui partagent une conviction, qui ont une vision du PDCI et qui veulent faire en sorte que cette vision du PDCI devienne une réalité. Donc ce ne sont pas des illuminés. Ils ont conscience de la réalité. Et le texte piraté est un exemple. Aujourd’hui, on est au courant que certains secrétaires de section sont nommés alors que les secrétaires de section sont élus.
Notre bataille va aussi consister à faire en sorte que le listing électoral soit propre pour que celui qui sera élu soit fier. Quelquefois, nous entendons un certain de nombre de réflexions où on dit que les membres qui vont venir au congrès sont tellement nombreux qu’il n’y a pas de salle pour les recevoir. Alors, il fallait présélectionner les congressistes. Cela est contre les statuts. Seul le congrès peut redimensionner le prochain congrès. Mais les congressistes, qu’ils soient deux et un milliard, doivent tous être au congrès. Aujourd’hui, on n’est à 16 milles personnes supposées qui doivent participer au congrès. Je dis que l’investiture du Président Bédié lui-même s’est déroulé au parc des sports. On ne s’est pas réuni dans une salle et puis nous avons élu un Président de la République. Ce n’est pas au même endroit que les gens ont voté. Il y en a qui ont voté à Tengréla et il y en a qui ont voté à Bassam. Il y a en a qui ont voté à Bouna et il y en a qui ont voté à Tabou. S’il faut trouver les formes pour que ceux qui ont droit au vote participent comme cela se doit au vote, on le fera et on trouvera les moyens. Nous savons ce qui se passe. Nous ferons en sorte que le PDCI se retrouve avec lui-même. Dans nos traditions, on dit des palabres entre des frères, c’est comme l’eau chaude qui ne brûle pas la maison.
Quand vous versez de l’eau chaude sur une maison dont la toiture est en paille, vous verrez de la fumée se lever mais la maison ne va pas brûler. Il y a des vérités, il y a des problèmes à régler, qui ne doivent pas brûler la maison commune parce que le PDCI pour lequel nous luttons, c’est celui qu’Houphouët-Boigny a laissé, parti de tolérance, parti de dialogue, parti d’union, parti de liberté, parti de dignité, parti de respect de l’autre et parti de fraternité.
Propos recueillis par Lacina Ouattara