«On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans », aimait à répéter André Malraux. La morale en souhaiterait qu’on ait un minimum de loyauté envers tous ceux qui, à un moment de notre vie, nous ont sorti d’une mauvaise passe. Mais en politique parfois, le choc des ambitions amène la plupart des acteurs à ne voir que leurs intérêts. Au détriment des grandes valeurs humaines qui devraient en principe régir les relations entre hommes civilisés et de haute stature.
C’est la situation qui prévaut en ce moment au sein du PDCI-RDA. Le Pr Alphonse Djédjé Mady est candidat contre le président Henri Konan Bédié au prochain Congrès du PDCI-RDA. Il a rendu public sa candidature hier à la maison du PDCI-RDA, au cours d’une conférence de presse, en présence d’anciennes grandes figures de ce parti, comme le Gouverneur Jean Konan Banny et l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin. Le Patriote vous l’avait annoncé hier. C’est désormais une réalité aujourd’hui. Que faut-il tirer comme leçon de cette situation ? Sinon que cette fois encore, malheureusement, la morale n’a pas prévalu. Alphonse Djédjé Mady a décidé de planter le poignard dans le dos de celui qui, un soir d’avril 2002, lui a permis de rebondir au plan politique. Pouvait-il en être autrement ? Assurément pas.
Car ce qui se passe en ce moment n’est que le prolongement d’une longue lutte pour le contrôle du pouvoir au sein de l’appareil PDCI-RDA. Cette lutte qui tire ses origines dans les années 1990-2000, comme la tête de l’hydre, ce monstre mythique à plusieurs têtes qui poussent à chaque fois qu’on les coupe, ressurgit à chaque Congrès du PDCI-RDA. Avec en toile de fond, la reconquête du pouvoir d’Etat. Sur le chemin de cette reconquête, se trouve un homme : le président Alassane Ouattara. En 2000, après avoir perdu le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, la direction du PDCI-RDA de l’époque, conduite par Laurent Dona Fologo s’était allié au FPI pour faire barrage au RDR et à son président, qu’ils considéraient comme le prétendant le plus sérieux à l’élection présidentielle d’octobre 2000. Le ‘’Tout-sauf-Ouattara’’ était en marche. Mais le front patriotique, qui a été créé pour la circonstance, a fait long feu.
Finalement, le Front populaire ivoirien a préféré par la suite manœuvrer en solo pour conquérir le pouvoir. Au Congrès de 2002, le FPI a essayé d’utiliser Laurent Dona Fologo pour une OPA sur le PDCI-RDA. L’objectif, à moyen terme, était la mise en place d’une alliance entre le parti au pouvoir d’alors et le PDCI pour mieux isoler le Dr Alassane Ouattara et son parti, qui n’avaient encore renoncé à leurs ambitions présidentielles. Mais le projet a tourné court. Puisque Dona Fologo a été battu à ce Congrès. Entretemps, en 2004, au sommet d’Accra, le président Henri Konan Bédié se rapproche du président Alassane Ouattara. Du coup, les irréductibles du TSO sont pris de court. Eux qui ont toujours utilisé la bisbille entre le président Bédié et son jeune frère comme un fonds de commerce politique sont inquiets. Mais espèrent tirer profit du « bétail électoral » du RDR à la prochaine présidentielle. L’année suivante, le 18 mai à Paris, la plate-forme des Houphouétistes est signée. Le RHDP est né.
Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme ils le souhaitent à l’élection présidentielle de 2010. Henri Konan Bédié n’accède pas au deuxième tour.
Le PDCI-RDA doit soutenir le candidat du RDR, conformément à la plateforme du RHDP. Rien qu’en y pensant, les artisans du tout-sauf-Ouattara sont malades. Si certains d’entre eux font semblant de respecter la consigne de vote du président Henri Konan Bédié, qui a appelé à voter le candidat du RHDP, d’autres décident ouvertement de soutenir le candidat Laurent Gbagbo et vont jusqu’à battre campagne pour lui dans certaines localités. Qui ne se souvient de la boutade lancée par Charles Blé Goudé à Kouadio Konan Bertin, le président de la JPDCI, au débat télévisé entre jeunes à la veille du second tour de la présidentielle de 2010 ? « Pardon, KKB arrête ça ! Pas plus tard que la nuit dernière encore, tu nous disais que tu ne sais pas comment tu feras pour convaincre les jeunes du PDCI-RDA de voter pour Ouattara », a-t-il lancé en substance à l’endroit d’un KKB, visiblement estomaqué par cette sortie inattendue, en direct sur les antennes, de Charles Blé Goudé. Aujourd’hui encore, à la veille du 12ème Congrès et surtout dans la perspective de l’élection présidentielle de 2015, on prend les mêmes et on recommence. Tous ceux au sein du PDCI-RDA, qui n’ont jamais digéré le fait que le président Alassane Ouattara soit devenu le Président de la République de Côte d’Ivoire, se dévoilent maintenant. Car convaincus que, sur la base des résultats des élections législatives et surtout municipales, le coup est jouable en 2015. Leur vieux rêve de mettre à la retraite politique l’ancien et unique Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, selon eux, est en train de s’accomplir. Pour cela, ils comptent énormément sur les frustrés du PDCI-RDA, du FPI, mais aussi pourquoi pas ceux du RDR pour réussir le coup. Mais entre le rêve et sa réalisation, il y a coupe aux lèvres.
Jean-Claude Coulibaly
C’est la situation qui prévaut en ce moment au sein du PDCI-RDA. Le Pr Alphonse Djédjé Mady est candidat contre le président Henri Konan Bédié au prochain Congrès du PDCI-RDA. Il a rendu public sa candidature hier à la maison du PDCI-RDA, au cours d’une conférence de presse, en présence d’anciennes grandes figures de ce parti, comme le Gouverneur Jean Konan Banny et l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin. Le Patriote vous l’avait annoncé hier. C’est désormais une réalité aujourd’hui. Que faut-il tirer comme leçon de cette situation ? Sinon que cette fois encore, malheureusement, la morale n’a pas prévalu. Alphonse Djédjé Mady a décidé de planter le poignard dans le dos de celui qui, un soir d’avril 2002, lui a permis de rebondir au plan politique. Pouvait-il en être autrement ? Assurément pas.
Car ce qui se passe en ce moment n’est que le prolongement d’une longue lutte pour le contrôle du pouvoir au sein de l’appareil PDCI-RDA. Cette lutte qui tire ses origines dans les années 1990-2000, comme la tête de l’hydre, ce monstre mythique à plusieurs têtes qui poussent à chaque fois qu’on les coupe, ressurgit à chaque Congrès du PDCI-RDA. Avec en toile de fond, la reconquête du pouvoir d’Etat. Sur le chemin de cette reconquête, se trouve un homme : le président Alassane Ouattara. En 2000, après avoir perdu le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, la direction du PDCI-RDA de l’époque, conduite par Laurent Dona Fologo s’était allié au FPI pour faire barrage au RDR et à son président, qu’ils considéraient comme le prétendant le plus sérieux à l’élection présidentielle d’octobre 2000. Le ‘’Tout-sauf-Ouattara’’ était en marche. Mais le front patriotique, qui a été créé pour la circonstance, a fait long feu.
Finalement, le Front populaire ivoirien a préféré par la suite manœuvrer en solo pour conquérir le pouvoir. Au Congrès de 2002, le FPI a essayé d’utiliser Laurent Dona Fologo pour une OPA sur le PDCI-RDA. L’objectif, à moyen terme, était la mise en place d’une alliance entre le parti au pouvoir d’alors et le PDCI pour mieux isoler le Dr Alassane Ouattara et son parti, qui n’avaient encore renoncé à leurs ambitions présidentielles. Mais le projet a tourné court. Puisque Dona Fologo a été battu à ce Congrès. Entretemps, en 2004, au sommet d’Accra, le président Henri Konan Bédié se rapproche du président Alassane Ouattara. Du coup, les irréductibles du TSO sont pris de court. Eux qui ont toujours utilisé la bisbille entre le président Bédié et son jeune frère comme un fonds de commerce politique sont inquiets. Mais espèrent tirer profit du « bétail électoral » du RDR à la prochaine présidentielle. L’année suivante, le 18 mai à Paris, la plate-forme des Houphouétistes est signée. Le RHDP est né.
Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme ils le souhaitent à l’élection présidentielle de 2010. Henri Konan Bédié n’accède pas au deuxième tour.
Le PDCI-RDA doit soutenir le candidat du RDR, conformément à la plateforme du RHDP. Rien qu’en y pensant, les artisans du tout-sauf-Ouattara sont malades. Si certains d’entre eux font semblant de respecter la consigne de vote du président Henri Konan Bédié, qui a appelé à voter le candidat du RHDP, d’autres décident ouvertement de soutenir le candidat Laurent Gbagbo et vont jusqu’à battre campagne pour lui dans certaines localités. Qui ne se souvient de la boutade lancée par Charles Blé Goudé à Kouadio Konan Bertin, le président de la JPDCI, au débat télévisé entre jeunes à la veille du second tour de la présidentielle de 2010 ? « Pardon, KKB arrête ça ! Pas plus tard que la nuit dernière encore, tu nous disais que tu ne sais pas comment tu feras pour convaincre les jeunes du PDCI-RDA de voter pour Ouattara », a-t-il lancé en substance à l’endroit d’un KKB, visiblement estomaqué par cette sortie inattendue, en direct sur les antennes, de Charles Blé Goudé. Aujourd’hui encore, à la veille du 12ème Congrès et surtout dans la perspective de l’élection présidentielle de 2015, on prend les mêmes et on recommence. Tous ceux au sein du PDCI-RDA, qui n’ont jamais digéré le fait que le président Alassane Ouattara soit devenu le Président de la République de Côte d’Ivoire, se dévoilent maintenant. Car convaincus que, sur la base des résultats des élections législatives et surtout municipales, le coup est jouable en 2015. Leur vieux rêve de mettre à la retraite politique l’ancien et unique Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, selon eux, est en train de s’accomplir. Pour cela, ils comptent énormément sur les frustrés du PDCI-RDA, du FPI, mais aussi pourquoi pas ceux du RDR pour réussir le coup. Mais entre le rêve et sa réalisation, il y a coupe aux lèvres.
Jean-Claude Coulibaly