“Au sein du directoire, nous sommes allés plus loin. Si après le premier tour, les deux candidats des partis du RHDP se retrouvent, on a dit qu’il faut une campagne apaisée, civilisée et fraternelle et celui qui gagne, c’est le RHDP qui a gagné. Quand le PDCI demande aujourd’hui d’avoir un candidat en 2015, le PDCI ne trahit pas l’accord en vigueur.
Je crois que c’est normal et c’est même élémentaire. Je ne crois même pas que ce soit une question qu’on doit poser au congrès. Poser cette question, c’est remettre en cause, d’une manière fondamentale, l’objet pour lequel le parti existe. C’est normal que le PDCI ait un candidat, c’est pour cela qu’on est là sans être contre personne. Le PDCI, pour être un parti digne, pour être un partenaire qu’on considère et qui mérite le partenariat, doit prouver sa représentativité. Il doit prouver sa force ». Ces propos sont du Pr Alphonse Djédjé Mady. Il les a prononcés lors de la de la conférence de presse qu’il a animée, mardi dernier, pour annoncer officiellement sa candidature à la présidence du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire. Loin d’être anodins, même s’ils en ont tout l’air, ces propos, pour les observateurs avertis, restituent en réalité l’essence des hostilités pour le moins frontales, déclenchées ces jours-ci par le numéro deux du plus vieux parti ivoirien contre son actuel patron, le président Henri Konan Bédié. Ils concentrent toute l’ambition d’un homme qui, comme peu de gens avaient peut-être pu le soupçonner, s’est taillé – au moins dans l’esprit – un destin national.
Le secrétaire général du PDCI-RDA, homme politique subtil et fin qui, comme un joueur d’échec n’avance jamais un pion sans en avoir cerné les tours et les contours, caressent à la vérité un grand rêve : celui de devenir le futur président de la République de Côte d’Ivoire.
L’annonce de sa candidature pour la présidence du PDCI-RDA n’est que la première grande étape d’un plan savamment concocté, dont l’objectif final est son accession à la magistrature suprême. Cette grande ambition, il l’a déjà partagée avec ses proches, avant même la campagne électorale des élections régionales. Le député de Saïoua, dans le mois de janvier, a réuni à Saïoua et à Issia ses amis et une partie de la population pour leur signifier sa volonté de briguer le poste du président du Conseil régional du Haut Sassandra. « Je suis venu vous dire de m’aider à obtenir ce poste pour pouvoir avoir la force d’aller conquérir le fauteuil présidentiel », a-t-il expliqué ce jour-là en substance à ses parents. Quitus et bénédiction ont été alors donnés à Mady, l’« iroko » comme on le surnomme. Fort de ce soutien parental, l’ancien maire de Saïoua décide de se présenter à la régionale sous la bannière de son parti, le PDCI-RDA. Mais du côté de l’allié du RDR, on a aussi des velléités dans ce sens. Mieux, on décide de présenter le ministre Mathieu Babaud Darret, le frère cadet du Pr Guédé Guina, ancien grand rival dans la région, aujourd’hui décédé. Le secrétaire général du PDCI-RDA sent que les choses ne seront pas faciles pour lui. Surtout que la ville de Daloa, chef-lieu de la région, est largement acquise au RDR. Du coup, il décide de jouer la carte de la ruse. Il met en branle son réseau relationnel dans la sous-région. Le président Alassane Ouattara, selon des indiscrétions, est sollicité pour que le Pr Alphonse Djédjé Mady soit le candidat du RHDP. Deux de ses pairs de la sous-région sont même saisis par les soutiens du secrétaire général du PDCI-RDA pour qu’ils conseillent le chef de l’Etat dans ce sens. « Faites-le. Car si vous lui donnez la présidence du Conseil régional, il est prêt à vous garantir sa fidélité et sa loyauté », rassurent ces chefs d’Etat.
Finalement, le président Ouattara cède. La liste RDR, qui avait déjà commencé la campagne avec pour tête de liste le ministre des Eaux et Forêt, est sommé de retirer sa candidature au profit de « Zimin la Panthère ». Entretemps, au sein de la délégation PDCI de la région, on a eu vent des ambitions présidentielles d’Alphonse Djédjé Mady. Mieux, on sait qu’il compte se servir du PDCI-RDA comme tremplin. Des consultations sont donc faites dans le secret pour dissuader le député de Saïoua, devenu plus que vorace, après sa victoire sans difficulté au Conseil régional. Le ministre Britto Naman Boniface, le délégué départemental du PDCI-RDA à Daloa, mis au parfum courant mai 2013, multiplie les réunions avec les responsables locaux pour convaincre Djédjé Mady de ne pas emprunter cette voie. Le secrétaire général du PDCI-RDA feint dans un premier temps d’obéir à ces conseils fraternels. Mais en privé dit à qui veut l’entendre son désir d’affronter le président Henri Konan Bédié au prochain Congrès du PDCI-RDA. « Le président Alassane Ouattara nous a donné le Conseil régional comme cadeau. Nous devons nous abstenir de faire certaines choses contre lui », a conseillé le délégué PDCI-RDA de Daloa au cours d’une réunion. A partir du mois de juin, le Pr Djédjé Mady ne cache plus son intention d’en découdre avec le président Henri Konan Bédié. Dans ce combat, il veut s’assurer du soutien des cadres PDCI-RDA de sa région. Mais les choses calent. Certains cadres influents de la région comme le délégué PDCI de Daloa, le ministre Britto Naman Boniface, le délégué départemental d’Issia et Saïoua, Nahounou Babouho et Jean Likane, l’ancien directeur général de la SODEMI, ne sont pas prêts à suivre Djédjé Mady dans son rêve fou. Et le lui signifient. D’autres au contraire sont tout vent avec lui. Parmi eux, Gauzé Séplé, ancien maire de Zoukougbeu et Dibailly Dado Amédé, député de Iboguhé, l’un des députés PDCI-RDA qui a signé la déclaration avec le député de Cocody, Yasmina Ouégnin, fille de l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin, présent à la conférence de presse où le secrétaire général du PDCI-RDA a annoncé sa candidature. Dans cette déclaration parue dans la presse en début du mois d’août, ces députés apportaient clairement leur soutien au président de la jeunesse du PDCI-RDA, Kouadio Konan Bertin, dit KKB, dans son combat contre le président Henri Konan Bédié. Quelques jours après, Djédjé Mady annonce à ses proches qu’il est candidat à la présidence du PDCI-RDA au prochain Congrès. Il compte animer une conférence de presse le jeudi 15 août pour l’annoncer. Mais les dernières tractations au sein du PDCI-RDA l’obligent à faire machine-arrière. La conférence de presse est reportée sine die. Le lendemain, à la veille du Conclave, une réunion est convoquée chez Yoboué Lazare, ancien député de Bouaké sous-préfecture, ancien Président du Conseil d’Administration de la Société ivoirienne de Raffinage. Le ministre Britto Naman y est convié. A cette réunion est présents Djédjé Mady. Sont aussi là Kouassi Akon et Koudougnon Ballet, un fidèle du secrétaire général du PDCI-RDA. Le président de la JPDCI-RDA, le sieur KKB, est lui-aussi, invité à participer à la réunion. Mais au dernier moment, il s’excuse et se retire. Pourquoi ? Nul ne le sait. « Djédjé Mady est candidat. Toi, tu dis quoi ? En tout cas, nous, on le soutient », lance Yoboué Lazare à l’endroit du ministre Britto. « Je prends acte de sa candidature. Mais, j’irai consulter d’abord ceux qui sont avec moi avant de me prononcer », rétorque-t-il, avant de quitter la réunion. Les jours qui suivent, une réunion de crise est organisée chez le ministre Britto Naman. « Malgré nos conseils, Mady s’entête », lance d’entrée l’hôte. « Moi je connais Mady, il est têtu. Il ira jusqu’au bout.
Mais là où il va, même si c’est au cimetière, vous savez que moi je le suivrai », dit pour sa part Gauzé Séplé, ancien maire de Zoukougbeu. « Mais si on veut qu’il se retire, qu’est-ce qu’on lui propose en retour ?», demande Me Kossougro Séry Emile Christophe, ancien maire de Daloa. « Et nous qui sommes assis, qu’est-ce qu’on a eu ? », rétorque agacé le ministre Britto. L’ancien ministre des Cultes exprime ainsi clairement son désaccord. « Vous savez que Mady et moi nous sommes très liés. Nous nous connaissons depuis 1960 à la mission catholique où nous avons fait le collège. Je l’ai toujours soutenu. Mais là où il va actuellement, je ne le suivrai pas », dit-il. Djédjé Mady est informé. Mais décide de ne pas renoncer à sa folle, mais légitime ambition. Il a le soutien de grands du PDCI-RDA comme Charles Konan Banny, son ainé, l’ancien ministre de la Défense, Jean Konan Banny, l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin, ancien directeur du protocole d’Etat sous Félix Houphouët-Boigny. Le 21 août dernier, face à la presse nationale et internationale, il lit sa déclaration de candidature, publiée le même jour par Le Patriote. Les dés sont jetés. La première partie du scenario vient d’être jouée. La deuxième se réalisera certainement en octobre prochain au cours du 12ème Congrès. Mais tournera-t-elle en faveur du secrétaire général du PDCI-RDA ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le Pr Alphonse Djédjé Mady, qui rêve d’être khalife à la place du khalife, entend dérouler son logiciel jusqu’au bout.
Jean-Claude Coulibaly
Je crois que c’est normal et c’est même élémentaire. Je ne crois même pas que ce soit une question qu’on doit poser au congrès. Poser cette question, c’est remettre en cause, d’une manière fondamentale, l’objet pour lequel le parti existe. C’est normal que le PDCI ait un candidat, c’est pour cela qu’on est là sans être contre personne. Le PDCI, pour être un parti digne, pour être un partenaire qu’on considère et qui mérite le partenariat, doit prouver sa représentativité. Il doit prouver sa force ». Ces propos sont du Pr Alphonse Djédjé Mady. Il les a prononcés lors de la de la conférence de presse qu’il a animée, mardi dernier, pour annoncer officiellement sa candidature à la présidence du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire. Loin d’être anodins, même s’ils en ont tout l’air, ces propos, pour les observateurs avertis, restituent en réalité l’essence des hostilités pour le moins frontales, déclenchées ces jours-ci par le numéro deux du plus vieux parti ivoirien contre son actuel patron, le président Henri Konan Bédié. Ils concentrent toute l’ambition d’un homme qui, comme peu de gens avaient peut-être pu le soupçonner, s’est taillé – au moins dans l’esprit – un destin national.
Le secrétaire général du PDCI-RDA, homme politique subtil et fin qui, comme un joueur d’échec n’avance jamais un pion sans en avoir cerné les tours et les contours, caressent à la vérité un grand rêve : celui de devenir le futur président de la République de Côte d’Ivoire.
L’annonce de sa candidature pour la présidence du PDCI-RDA n’est que la première grande étape d’un plan savamment concocté, dont l’objectif final est son accession à la magistrature suprême. Cette grande ambition, il l’a déjà partagée avec ses proches, avant même la campagne électorale des élections régionales. Le député de Saïoua, dans le mois de janvier, a réuni à Saïoua et à Issia ses amis et une partie de la population pour leur signifier sa volonté de briguer le poste du président du Conseil régional du Haut Sassandra. « Je suis venu vous dire de m’aider à obtenir ce poste pour pouvoir avoir la force d’aller conquérir le fauteuil présidentiel », a-t-il expliqué ce jour-là en substance à ses parents. Quitus et bénédiction ont été alors donnés à Mady, l’« iroko » comme on le surnomme. Fort de ce soutien parental, l’ancien maire de Saïoua décide de se présenter à la régionale sous la bannière de son parti, le PDCI-RDA. Mais du côté de l’allié du RDR, on a aussi des velléités dans ce sens. Mieux, on décide de présenter le ministre Mathieu Babaud Darret, le frère cadet du Pr Guédé Guina, ancien grand rival dans la région, aujourd’hui décédé. Le secrétaire général du PDCI-RDA sent que les choses ne seront pas faciles pour lui. Surtout que la ville de Daloa, chef-lieu de la région, est largement acquise au RDR. Du coup, il décide de jouer la carte de la ruse. Il met en branle son réseau relationnel dans la sous-région. Le président Alassane Ouattara, selon des indiscrétions, est sollicité pour que le Pr Alphonse Djédjé Mady soit le candidat du RHDP. Deux de ses pairs de la sous-région sont même saisis par les soutiens du secrétaire général du PDCI-RDA pour qu’ils conseillent le chef de l’Etat dans ce sens. « Faites-le. Car si vous lui donnez la présidence du Conseil régional, il est prêt à vous garantir sa fidélité et sa loyauté », rassurent ces chefs d’Etat.
Finalement, le président Ouattara cède. La liste RDR, qui avait déjà commencé la campagne avec pour tête de liste le ministre des Eaux et Forêt, est sommé de retirer sa candidature au profit de « Zimin la Panthère ». Entretemps, au sein de la délégation PDCI de la région, on a eu vent des ambitions présidentielles d’Alphonse Djédjé Mady. Mieux, on sait qu’il compte se servir du PDCI-RDA comme tremplin. Des consultations sont donc faites dans le secret pour dissuader le député de Saïoua, devenu plus que vorace, après sa victoire sans difficulté au Conseil régional. Le ministre Britto Naman Boniface, le délégué départemental du PDCI-RDA à Daloa, mis au parfum courant mai 2013, multiplie les réunions avec les responsables locaux pour convaincre Djédjé Mady de ne pas emprunter cette voie. Le secrétaire général du PDCI-RDA feint dans un premier temps d’obéir à ces conseils fraternels. Mais en privé dit à qui veut l’entendre son désir d’affronter le président Henri Konan Bédié au prochain Congrès du PDCI-RDA. « Le président Alassane Ouattara nous a donné le Conseil régional comme cadeau. Nous devons nous abstenir de faire certaines choses contre lui », a conseillé le délégué PDCI-RDA de Daloa au cours d’une réunion. A partir du mois de juin, le Pr Djédjé Mady ne cache plus son intention d’en découdre avec le président Henri Konan Bédié. Dans ce combat, il veut s’assurer du soutien des cadres PDCI-RDA de sa région. Mais les choses calent. Certains cadres influents de la région comme le délégué PDCI de Daloa, le ministre Britto Naman Boniface, le délégué départemental d’Issia et Saïoua, Nahounou Babouho et Jean Likane, l’ancien directeur général de la SODEMI, ne sont pas prêts à suivre Djédjé Mady dans son rêve fou. Et le lui signifient. D’autres au contraire sont tout vent avec lui. Parmi eux, Gauzé Séplé, ancien maire de Zoukougbeu et Dibailly Dado Amédé, député de Iboguhé, l’un des députés PDCI-RDA qui a signé la déclaration avec le député de Cocody, Yasmina Ouégnin, fille de l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin, présent à la conférence de presse où le secrétaire général du PDCI-RDA a annoncé sa candidature. Dans cette déclaration parue dans la presse en début du mois d’août, ces députés apportaient clairement leur soutien au président de la jeunesse du PDCI-RDA, Kouadio Konan Bertin, dit KKB, dans son combat contre le président Henri Konan Bédié. Quelques jours après, Djédjé Mady annonce à ses proches qu’il est candidat à la présidence du PDCI-RDA au prochain Congrès. Il compte animer une conférence de presse le jeudi 15 août pour l’annoncer. Mais les dernières tractations au sein du PDCI-RDA l’obligent à faire machine-arrière. La conférence de presse est reportée sine die. Le lendemain, à la veille du Conclave, une réunion est convoquée chez Yoboué Lazare, ancien député de Bouaké sous-préfecture, ancien Président du Conseil d’Administration de la Société ivoirienne de Raffinage. Le ministre Britto Naman y est convié. A cette réunion est présents Djédjé Mady. Sont aussi là Kouassi Akon et Koudougnon Ballet, un fidèle du secrétaire général du PDCI-RDA. Le président de la JPDCI-RDA, le sieur KKB, est lui-aussi, invité à participer à la réunion. Mais au dernier moment, il s’excuse et se retire. Pourquoi ? Nul ne le sait. « Djédjé Mady est candidat. Toi, tu dis quoi ? En tout cas, nous, on le soutient », lance Yoboué Lazare à l’endroit du ministre Britto. « Je prends acte de sa candidature. Mais, j’irai consulter d’abord ceux qui sont avec moi avant de me prononcer », rétorque-t-il, avant de quitter la réunion. Les jours qui suivent, une réunion de crise est organisée chez le ministre Britto Naman. « Malgré nos conseils, Mady s’entête », lance d’entrée l’hôte. « Moi je connais Mady, il est têtu. Il ira jusqu’au bout.
Mais là où il va, même si c’est au cimetière, vous savez que moi je le suivrai », dit pour sa part Gauzé Séplé, ancien maire de Zoukougbeu. « Mais si on veut qu’il se retire, qu’est-ce qu’on lui propose en retour ?», demande Me Kossougro Séry Emile Christophe, ancien maire de Daloa. « Et nous qui sommes assis, qu’est-ce qu’on a eu ? », rétorque agacé le ministre Britto. L’ancien ministre des Cultes exprime ainsi clairement son désaccord. « Vous savez que Mady et moi nous sommes très liés. Nous nous connaissons depuis 1960 à la mission catholique où nous avons fait le collège. Je l’ai toujours soutenu. Mais là où il va actuellement, je ne le suivrai pas », dit-il. Djédjé Mady est informé. Mais décide de ne pas renoncer à sa folle, mais légitime ambition. Il a le soutien de grands du PDCI-RDA comme Charles Konan Banny, son ainé, l’ancien ministre de la Défense, Jean Konan Banny, l’ambassadeur Georges Armand Ouégnin, ancien directeur du protocole d’Etat sous Félix Houphouët-Boigny. Le 21 août dernier, face à la presse nationale et internationale, il lit sa déclaration de candidature, publiée le même jour par Le Patriote. Les dés sont jetés. La première partie du scenario vient d’être jouée. La deuxième se réalisera certainement en octobre prochain au cours du 12ème Congrès. Mais tournera-t-elle en faveur du secrétaire général du PDCI-RDA ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le Pr Alphonse Djédjé Mady, qui rêve d’être khalife à la place du khalife, entend dérouler son logiciel jusqu’au bout.
Jean-Claude Coulibaly