Affi N’Guessan reprendra le pouvoir avec de maigres marges de manœuvres face à Laurent Akoun et aux structures du parti

Laurent Akoun revient et reprend sa place de secrétaire général par intérim. Etant entendu que Miaka Oureto pourrait ne pas revenir à ce même poste qu’il occupait avant, il est clair que le président du Fpi devra s’accommoder de Laurent Akoun comme secrétaire général du parti. Les durs et les radicaux, qui auraient pu être tentés de croire qu’Affi N’guessan va lâcher du lest face à Ouattara (comme ceux qui ont lancé l’intox et la fausse alerté d’Affi premier ministre de Ouattara), voient en Laurent Akoun, un exalté, un révolté de la cause Fpi et de Laurent Gbagbo. Rendu martyr au même titre qu’Affi et les autres pour avoir fait la prison, Laurent Akoun pourra revendiquer la même popularité et la même légitimité que Pascal Affi N’guessan. Comme on l’a vu lors de son duo avec Miaka et comme il avait réussi pousser à la sortie Mamadou Koulibaly, nul doute que l’ex-syndicaliste et ex-militant du Pit, qui se veut le nouvel idéologue du Fpi et dont des proches disent qu’il n’a rien reçu du régime de la réfondation, tentera de faire pencher le parti dans le sens de ses positions maximalistes. On perçoit d’ailleurs même une sorte de recadrage d’Affi N’guessan, qui s’est effectué. Ainsi depuis quelques jours, le sort de Laurent Gbagbo est redevenu la question centrale et le moteur de l’action du Fpi. Sangaré Aboudramane et Bernard Dadié ont retracé les choses. Laurent Akoun viendra jouer sa partition. La marge de manœuvre de Pascal Affi N’guessan paraît bien très mince. Il lui sera difficile d’être ce leader charismatique pouvant avoir de l’ascendant sur les hommes et les structures du parti. Il lui faudra composer avec tout le monde et surtout appliquer bêtement les décisions du parti. En clair, sauf cataclysme, sauf une démarche plus audacieuse, de la part d’Affi N’guessan, à son retour d’un périple annoncé à Odienné chez Simone Gbagbo, au Ghana chez les exilés et à La Haye, rien ne changera et on entendra la même chanson et le même refrain : ‘’On a gagné les élections, sans Gbagbo, on n’avance pas, on ne fait rien ». Certes cela mobilise la base, mais aussi cela indique bien la pauvreté de la stratégie de reconquête du pouvoir de la part des compagnons, de l’animal de brousse et boulanger par excellence qu’était parvenu à incarner l’ex-chef de l’Etat ivoirien.

Charles Kouassi