Le malaise est profond. Il ne faut pas se voiler la face. Les militants du RDR ne sont pas du tout contents de la direction de leur parti. Ils l’ont fait savoir hier dans nos colonnes. La grogne sourde qui, au départ, s’était emparée de la base du parti domicilié à la rue Le Pic, se transforme en cris de protestation de plus en plus bruyants. Partout en Côte d’Ivoire, les Républicains pleurent et se plaignent du manque de considération et d’attention de leurs cadres. Surtout ceux qui hier étaient avec eux dans la vallée, aujourd’hui ont disparu sans laisser d’adresses. Ils sont aux abonnés absents et toujours sur répondeur. Ils ne prennent plus les militants au téléphone. Certains vont même jusqu’à effacer de leur répertoire ceux qui étaient « leurs bon petits » il n’y a pas encore deux ans. D’autres préfèrent carrément les snober pour les militants et sympathisants de la galaxie patriotique, leurs nouveaux chouchous. Cette manière de fonctionner a même été fatal à certains candidats aux élections municipales et régionales, qui au lieu d’entretenir la base naturelle du RDR, se sont évertués à courir après les militants du FPI et de l’ancienne minorité présidentielle. Une stratégie mal pensée qu’ils ont payé cash le jour du vote. Car, malgré les belles promesses de leurs nouveaux préférés, la moisson n’a pas tenu la promesse des fleurs. Ils ont tous été éconduits comme l’amoureux qui n’a d’yeux que pour une femme qui ne l’aime pas. Alors que sa dulcinée qui l’aime sincèrement est délaissée. A ce jeu, tout le monde connait la suite. L’amoureux en question perd des deux côtés. Il n’aura ni celle qu’il veut et qui ne l’aime pas. Ni celle qui l’aimait certes, mais est déçue de sa trahison. Aujourd’hui encore, en dépit des échecs cinglants dus à ce comportement dans certaines circonscriptions, le RDR ne semble pas avoir tiré les leçons pour l’avenir. Les responsables et militants de base ne voient toujours rien poindre à l’horizon. Pis, ils n’ont plus de contact avec ceux qui sont chargés de les encadrer. Pourtant, les défis à venir sont énormes. Les élections générales de 2015 avancent à grands pas. Il faudra encore revenir devant les mêmes militants et sympathisants pour relever le défi de la réélection du président Alassane Ouattara au premier tour, pour cette fois-ci. Les militants ont parlé avec leur c?ur. La direction du RDR est au pied du mur. La démotivation s’est installée dans le camp des Républicains. Les inconditionnels du parti à la case verte menace de ne pas bouger en 2015. C’est pourquoi, il faut s’attaquer courageusement dès maintenant aux problèmes en suspens. Avant qu’il ne soit trop tard. Ces décisions courageuses passent d’abord par la restructuration de la formation politique domiciliée à la rue Le Pic. Pour faire à nouveau du RDR cette « force qui va », il faut procéder au renouvellement des structures de base. Aujourd’hui, au RDR se pose un problème de légitimité. Le mandat de tous les responsables de structures spécialisées est largement dépassé. La direction du RDR n’avait pas voulu procéder au renouvellement des mandats, compte tenu de la situation d’exception dans laquelle se trouvait le pays. Pour redynamiser les secrétariats départementaux défaillants, la haute direction avait dû procéder à des ajustements et à des remplacements. Mais aujourd’hui, l’ampleur des défis à venir commande que le sommet du RDR s’attèle à une véritable restructuration. D’abord pour donner un souffle nouveau au parti. Ensuite pour injecter du sang neuf dans les structures qui en ont vraiment besoin, après la saignée survenue à la suite de la prise du pouvoir. Après la phase de restructuration, il faudra ensuite pour la direction du RDR prendre à-bras-le-corps la question de la remobilisation. La sclérose qui a atteint la machine RDR vient essentiellement d’une crise de confiance due à un manque de communication. Les militants de base et sympathisants, plus de deux ans après l’accession du président Ouattara au pouvoir d’Etat, sont en proie au doute. Mais ils n’ont aucun interlocuteur en face d’eux pour les rassurer. Ils ont l’impression que la direction de leur parti les fui. Pis, ils sont dans l’expectative et sont parfois déroutés par les décisions prises par leur direction. Ils ont le sentiment d’être non seulement abandonnés. Mais surtout d’être incompris par une direction de plus en plus déconnectée qui ne tient pas compte de leurs vraies aspirations. Il appartient donc aux membres de la haute direction de descendre un peu dans la vallée, diagnostiquer le mal et y administrer le remède qu’il faut. C’est à ces conditions que la machine à gagner qu’est le RDR pourra encore faire des prouesses et étonner le monde entier en 2015.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly