Depuis quelques mois – et même bien avant –, il y a comme un mauvais vent qui souffle sur le RHDP. Certes, ce vent n’a rien d’un ouragan qui dévasterait tout sur son passage. Mais, il y a que les sifflements qui l’accompagnent sont si stridents qu’ils ont franchement tendance à irriter bien des oreilles. Au point où, la limite du supportable pour ces pauvres tympans étant presqu’atteinte, l’inquiétude qui précède l’irréparable en pareille circonstance gagne du terrain. Car en politique, c’est connu, la moindre petite brise peut se muer en cyclone.
Au RHDP, les convulsions internes se multiplient tellement ces derniers temps, qu’il est peut-être arrivé le moment où il faut se poser la question essentielle : le RHDP vaut-il encore quelque chose ? Autrement dit, où va vraiment le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix ? Est-il toujours – et le restera-t-il – cette coalition politique dont la complicité électorale de ses membres a permis à ce pays de se débarrasser du régime FPI, ou est-on désormais dans la perspective d’une bataille ouverte où chaque partie qui la compose doit prendre crânement et solitairement son destin en main ?
C’est une question importante, parce qu’elle découle d’un enchaînement d’attitudes qui inclinent à penser que le dernier cas de figure est peut-être le plus raisonnable, au vu des derniers développements de l’actualité politique dans notre pays. Et cette suite de faits, gestes et déclarations, tout le monde en est bien témoin, portent toujours la même signature : le PDCI-RDA. Car, alors que n’est nullement perceptible chez son allié du RDR le moindre fait susceptible de brouiller les liens qui unissent si solidement les deux partenaires, le parti doyen a la manie de jeter, régulièrement et souvent de façon cavalière, des pierres dans leur jardin commun.
Depuis un moment, c’est à la « Maison du Parti » à Cocody que sont embouchées de bien mauvaises trompettes, dont la musique sonne aussi faux qu’elle n’est de nature à indisposer voire à indigner les locataires de case logée à la rue Lepic. Des choses peu amicales provenant de son allié sont trop souvent dites sur le RDR, son président. C’est ainsi qu’il «chasserait » les cadres du vieux parti des postes de responsabilité dans l’administration, s’adonnerait au « rattrapage ethnique », s’accaparerait ainsi au profit des siens du « gâteau » national. Si encore ces allégations venaient à être étayées par le moindre début de preuve, on l’aurait compris. Mais, hélas, jamais aucune statistique en la matière n’a jusque-là été fournie par les accusateurs. Accuser pour accuser est quand même dommage. En revanche, on préfère botter en touche quand est évoquée cette quasi-parité, qui saute aux yeux, des représentants de ces deux partis au gouvernement, au sein des institutions, des régies financières, de la représentation diplomatique, etc. Le PDCI accable son allié sans jamais se regarder lui-même dans son propre miroir. Ce parti à même failli remettre au gout du jour, à l’Assemblée nationale, hurlant en cela avec les loups du FPI, le faux débat sur la nationalité, le foncier rural et l’apatridie. Heureusement que, à force d’explications pédagogiques, le bon sens de ce côté-là a triomphé, et qu’on a compris que Ouattara n’avait pas l’intention de vendre le pays aux étrangers encore moins utiliser ces derniers comme « bétail électoral ».
Pourquoi donc toutes ces inconvenances à l’encontre d’un allié avec qui on a pourtant relevé de si grands défis ? La principale réponse à cette question, disons la motivation qui la sous-tend, est connue. Elle est unique. C’est la volonté du PDCI de présenter un candidat à la présidentielle de 2015, contre l’actuel occupant du palais du Plateau. Que ce soit KKB, Djédjé Mady et bien des pontes plus ou moins tapis dans l’ombre d’un front anti-Rhdp, et donc anti-Ouattara – n’en déplaise à ceux qui s’en défendent – ils veulent tous en découdre avec l’actuel chef de l’Etat. Ils sont convaincus que s’il a accédé au pouvoir avec l’appui du PDCI, sans l’appui du PDCI, c’est en toute logique qu’il perdra ce pouvoir. Et si Ouattara perd le pouvoir, pourquoi n’échoirait-il pas au PDCI ? C’est un simple calcul arithmétique qu’ils font.
A la vérité, ils n’ont pas tort. La charte signée à Paris le 18 mai 2005 entre les quatre partis politiques qui composent le RHDP est claire, qui stipule qu’au premier tour de l’élection, chaque parti présente un candidat et celui qui vient en tête, et donc en pôle position pour le second round, reçoit automatiquement le soutien des autres. Toutes les positions enregistrées jusque-là, notamment au PDCI, ne se sont jamais éloigné de cette clause. Mady l’a plusieurs fois martelé, KKB en a fait son cheval de bataille dans son combat contre Bédié, mieux, le dernier conclave du PDCI l’a réitéré, le pré-congrès éclaté ne l’a pas moins réaffirmé. En attendant donc le congrès proprement dit du vieux parti, une bonne majorité du PDCI pense que les choses doivent se passer comme à la présidentielle d’octobre 2010. C’est donc une réalité qui est en train de s’imposer d’elle-même et à laquelle rein apparemment n’y pourra.
Alors face à cette réalité visiblement incontournable, même si le président du PDCI, Henri Konan Bédié, souhaiterait bien qu’ « on ne change pas une équipe qui gagne », que doit faire le RDR, si ce n’est de compter sur ses propres forces ? C’est au moins une donne dont il est obligé de s’approprier. Il doit faire en sorte que lors de l’élection prochaine, son candidat obtienne plus de suffrages que ses adversaires, y compris celui du PDCI. Et que l’alliance, comme le souhaite le vieux parti, fasse son travail par la suite : celui d’accompagner au palais l’allié qui sera en première position.
C’est donc clair, le RDR doit se remettre résolument au travail. Il doit dès à présent avoir à l’esprit qu’il est un gladiateur qui ne compte que sur son épée et sa cuirasse pour combattre l’adversaire. Ce qui ne met nullement en cause l’esprit RHDP, cette coalition politique née de la volonté de ses membres de se retrouver dans le creuset de l’houphouétisme, dont les valeurs tournent autour de la réconciliation, de la fraternité, du dialogue, de la tolérance et bien sûr le travail. Il faut que ceux qui tiennent les rênes du RDR se résolvent à aller vers les militants, mais aussi vers toutes les populations ivoiriennes. Leur grand défi est d’avoir la majorité des Ivoiriens avec eux. Ils doivent recruter de nouveaux militants, entretenir les bases, les élargir. Ce sera peut-être le moment pour ce parti de renouveler ses instances, de se donner les vrais moyens de conservation de ce pouvoir que tout le monde, y compris ses alliés, veut lui ravir.
Parce que ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est qu’au-delà du RHDP, il y a le FPI et ses revanchards, qui voudront jouer leur va-tout, si ce n’est pour revenir au pouvoir, tout au moins pour empêcher Ouattara, l’homme qui les a boutés hors du palais et ses lambris dorés, avant de « déporter » leur champion à La Haye, de se maintenir au pouvoir. Mais il y a aussi, poussés sournoisement dans le dos par des « chauves-souris » tapis dans la pénombre de leurs ambitions présidentielles, ces nageurs en eau trouble qu’on voit ces derniers temps s’agiter comme des poux et qui ont dans le viseur l’actuel chef de l’Etat. Le RDR a du pain sur la planche. C’est le moment de commencer déjà à en malaxer la farine.
KORE EMMANUEL
Au RHDP, les convulsions internes se multiplient tellement ces derniers temps, qu’il est peut-être arrivé le moment où il faut se poser la question essentielle : le RHDP vaut-il encore quelque chose ? Autrement dit, où va vraiment le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix ? Est-il toujours – et le restera-t-il – cette coalition politique dont la complicité électorale de ses membres a permis à ce pays de se débarrasser du régime FPI, ou est-on désormais dans la perspective d’une bataille ouverte où chaque partie qui la compose doit prendre crânement et solitairement son destin en main ?
C’est une question importante, parce qu’elle découle d’un enchaînement d’attitudes qui inclinent à penser que le dernier cas de figure est peut-être le plus raisonnable, au vu des derniers développements de l’actualité politique dans notre pays. Et cette suite de faits, gestes et déclarations, tout le monde en est bien témoin, portent toujours la même signature : le PDCI-RDA. Car, alors que n’est nullement perceptible chez son allié du RDR le moindre fait susceptible de brouiller les liens qui unissent si solidement les deux partenaires, le parti doyen a la manie de jeter, régulièrement et souvent de façon cavalière, des pierres dans leur jardin commun.
Depuis un moment, c’est à la « Maison du Parti » à Cocody que sont embouchées de bien mauvaises trompettes, dont la musique sonne aussi faux qu’elle n’est de nature à indisposer voire à indigner les locataires de case logée à la rue Lepic. Des choses peu amicales provenant de son allié sont trop souvent dites sur le RDR, son président. C’est ainsi qu’il «chasserait » les cadres du vieux parti des postes de responsabilité dans l’administration, s’adonnerait au « rattrapage ethnique », s’accaparerait ainsi au profit des siens du « gâteau » national. Si encore ces allégations venaient à être étayées par le moindre début de preuve, on l’aurait compris. Mais, hélas, jamais aucune statistique en la matière n’a jusque-là été fournie par les accusateurs. Accuser pour accuser est quand même dommage. En revanche, on préfère botter en touche quand est évoquée cette quasi-parité, qui saute aux yeux, des représentants de ces deux partis au gouvernement, au sein des institutions, des régies financières, de la représentation diplomatique, etc. Le PDCI accable son allié sans jamais se regarder lui-même dans son propre miroir. Ce parti à même failli remettre au gout du jour, à l’Assemblée nationale, hurlant en cela avec les loups du FPI, le faux débat sur la nationalité, le foncier rural et l’apatridie. Heureusement que, à force d’explications pédagogiques, le bon sens de ce côté-là a triomphé, et qu’on a compris que Ouattara n’avait pas l’intention de vendre le pays aux étrangers encore moins utiliser ces derniers comme « bétail électoral ».
Pourquoi donc toutes ces inconvenances à l’encontre d’un allié avec qui on a pourtant relevé de si grands défis ? La principale réponse à cette question, disons la motivation qui la sous-tend, est connue. Elle est unique. C’est la volonté du PDCI de présenter un candidat à la présidentielle de 2015, contre l’actuel occupant du palais du Plateau. Que ce soit KKB, Djédjé Mady et bien des pontes plus ou moins tapis dans l’ombre d’un front anti-Rhdp, et donc anti-Ouattara – n’en déplaise à ceux qui s’en défendent – ils veulent tous en découdre avec l’actuel chef de l’Etat. Ils sont convaincus que s’il a accédé au pouvoir avec l’appui du PDCI, sans l’appui du PDCI, c’est en toute logique qu’il perdra ce pouvoir. Et si Ouattara perd le pouvoir, pourquoi n’échoirait-il pas au PDCI ? C’est un simple calcul arithmétique qu’ils font.
A la vérité, ils n’ont pas tort. La charte signée à Paris le 18 mai 2005 entre les quatre partis politiques qui composent le RHDP est claire, qui stipule qu’au premier tour de l’élection, chaque parti présente un candidat et celui qui vient en tête, et donc en pôle position pour le second round, reçoit automatiquement le soutien des autres. Toutes les positions enregistrées jusque-là, notamment au PDCI, ne se sont jamais éloigné de cette clause. Mady l’a plusieurs fois martelé, KKB en a fait son cheval de bataille dans son combat contre Bédié, mieux, le dernier conclave du PDCI l’a réitéré, le pré-congrès éclaté ne l’a pas moins réaffirmé. En attendant donc le congrès proprement dit du vieux parti, une bonne majorité du PDCI pense que les choses doivent se passer comme à la présidentielle d’octobre 2010. C’est donc une réalité qui est en train de s’imposer d’elle-même et à laquelle rein apparemment n’y pourra.
Alors face à cette réalité visiblement incontournable, même si le président du PDCI, Henri Konan Bédié, souhaiterait bien qu’ « on ne change pas une équipe qui gagne », que doit faire le RDR, si ce n’est de compter sur ses propres forces ? C’est au moins une donne dont il est obligé de s’approprier. Il doit faire en sorte que lors de l’élection prochaine, son candidat obtienne plus de suffrages que ses adversaires, y compris celui du PDCI. Et que l’alliance, comme le souhaite le vieux parti, fasse son travail par la suite : celui d’accompagner au palais l’allié qui sera en première position.
C’est donc clair, le RDR doit se remettre résolument au travail. Il doit dès à présent avoir à l’esprit qu’il est un gladiateur qui ne compte que sur son épée et sa cuirasse pour combattre l’adversaire. Ce qui ne met nullement en cause l’esprit RHDP, cette coalition politique née de la volonté de ses membres de se retrouver dans le creuset de l’houphouétisme, dont les valeurs tournent autour de la réconciliation, de la fraternité, du dialogue, de la tolérance et bien sûr le travail. Il faut que ceux qui tiennent les rênes du RDR se résolvent à aller vers les militants, mais aussi vers toutes les populations ivoiriennes. Leur grand défi est d’avoir la majorité des Ivoiriens avec eux. Ils doivent recruter de nouveaux militants, entretenir les bases, les élargir. Ce sera peut-être le moment pour ce parti de renouveler ses instances, de se donner les vrais moyens de conservation de ce pouvoir que tout le monde, y compris ses alliés, veut lui ravir.
Parce que ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est qu’au-delà du RHDP, il y a le FPI et ses revanchards, qui voudront jouer leur va-tout, si ce n’est pour revenir au pouvoir, tout au moins pour empêcher Ouattara, l’homme qui les a boutés hors du palais et ses lambris dorés, avant de « déporter » leur champion à La Haye, de se maintenir au pouvoir. Mais il y a aussi, poussés sournoisement dans le dos par des « chauves-souris » tapis dans la pénombre de leurs ambitions présidentielles, ces nageurs en eau trouble qu’on voit ces derniers temps s’agiter comme des poux et qui ont dans le viseur l’actuel chef de l’Etat. Le RDR a du pain sur la planche. C’est le moment de commencer déjà à en malaxer la farine.
KORE EMMANUEL