La politique est un jeu d’échec. Mais à l’envers. Les règles, la plupart du temps, échappent au commun des mortels. Seuls les initiés et les observateurs avertis arrivent à décrypter les signes et les signaux. Au début de la fronde contre le président Henri Konan Bédié, des analystes – y compris ceux du Patriote – avaient très tôt révélé que les sorties du président de la jeunesse du PDCI-RDA étaient l’arbre qui cachait la forêt. Des personnes au fait des stratégies politiques, avaient même accusé Kouadio Konan Bertin d’être en mission commandée pour des barons du PDCI-RDA, tapis dans l’ombre. Mais KKB avait vite rétorqué qu’il était assez mature pour se faire manipuler par qui que ce soit. Il est vrai qu’aujourd’hui, l’on se rend compte que le leader de la jeunesse du PDCI-RDA met tellement de sérieux dans sa campagne qu’on ne peut ne pas croire à la sincérité de ses légitimes ambitions. Mais la suite des événements montrent que les observateurs avisés du jeu politique en Côte d’Ivoire ne se sont pas trompés sur toute la ligne en disant que derrière KKB se cachaient certainement des poissons plus gros. A dix jours de la grand’messe tant attendue au PDCI-RDA, cette affirmation qui sonnait peut-être au départ comme une grosse accusation, est en train de devenir une confirmation. Les sorties de KKB étaient celles du petit masque qui annoncent la venue des grands masques. La candidature du Pr Alphonse Djédjé Mady était certes plus ou moins attendue. Mais la présence de certains dinosaures du PDCI-RDA, comme l’ambassadeur Georges Ouégnin et le gouverneur Jean Konan Banny, a surpris plus d’un. C’est à partir de ce jour-là que beaucoup d’Ivoiriens ont compris que quelque chose de grave contre le président Henri Konan Bédié se passait au PDCI-RDA. Le lien entre la ferme volonté du président du PDCI-RDA de maintenir son parti dans le giron du RHDP au profit de celui qui l’incarne en ce moment et le rêve fou de certains cadres du parti doyen de faire du président Ouattara, le président d’un seul mandat, est vite fait. Même si les tenants d’un PDCI-RDA fort et autonome, capable de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2015 s’en défendent, il est clair que parfois les mots trahissent la pensée de leurs auteurs. Comme s’ils s’étaient passés le mot, tous les adversaires du président Henri Konan Bédié tablent sur la clause de limite d’âge introduite au Congrès de 2002. Et surtout la nécessité d’une candidature du PDCI-RDA à la prochaine élection présidentielle. Au-delà de cette fronde contre le Sphinx de Daoukro, il faut entrevoir la course au pouvoir de 2015 voire un front anti-Ouattara. Ceux qui, au PDCI-RDA, tout en soutenant cette position, veulent faire croire qu’il ne s’agit pas d’aller contre le président Ouattara, prennent les autres pour des nez percés. Car comment peut-on vouloir être candidat en 2015 et dire ne pas travailler contre le président Alassane Ouattara qui, lui, a déjà annoncé qu’il est candidat à sa propre succession ? Par quel tour de passe-passe tous ceux qui à cor et à cri réclame au PDCI-RDA un porte-étendard, peuvent imposer un des leurs sans se trouver en face de celui qui a été le candidat du RHDP en 2015 ? C’est connu. On ne peut vouloir à la fois une chose et son contraire. Les remous au PDCI-RDA ne sont pas seulement pour Bédié. Mais ils visent surtout à contrôler l’appareil PDCI-RDA pour abattre une seule personne : Alassane Ouattara. Lundi dernier, le Premier ministre Charles Konan Banny l’a souligné dans son allocution. Le PDCI-RDA doit avoir un candidat en 2015 et Bédié doit s’effacer pour faire place, selon lui, à la « jeunesse ».
Emile Constant Bombet, dans une déclaration parue dans la presse hier dit la même chose. L’ancien ministre de l’Intérieur en termes à peine voilés, appelle le président Henri Konan Bédié de passer la main à la jeunesse et de reconnaitre qu’il n’a pas su rassembler tous les militants du PDCI-RDA. « C’est ici, le lieu de traduire en actes et en vérité, les principes fondateurs de l’héritage que nous revendiquons tous : l’Houphouëtisme ! Le tout premier de ses actes est l’humilité d’accepter de reconnaitre que nous n’avons pas su maintenir le cap du rassemblement et de l’unité indispensable au maintien du dynamisme de notre famille politique ; car « le diviser pour régner » a ses limites dans un espace démocratique et ses conséquences dramatiques à terme. Le second acte, aussi fondamental, serait de nous rappeler sans faux-fuyant que le père fondateur du PDCI-RDA était entre autres, un adepte acharné du Dialogue, l’arme du plus fort, comme se plaisait-il à souligner », a assène le vice-président du PDCI-RDA dans sa déclaration. Cette sortie, à la veille du dernier Bureau politique avant le 12 ème Congrès, n’est pas fortuite. Elle participe d’un souci manifeste de pousser l’ancien président de la République vers la sortie. Partant de livrer bataille contre Alassane Ouattara en 2015. Car, derrière les tournures enrobées de bon sens et saupoudrées d’un légalisme que l’on pourrait qualifier de vraisemblable, se cache en réalité de vieux contentieux. Le front anti-Ouattara au fil des jours se renforce et il ne serait pas étonnant que d’autres gros poissons sortent la tête de l’eau les prochains jours.
Jean-Claude Coulibaly
Emile Constant Bombet, dans une déclaration parue dans la presse hier dit la même chose. L’ancien ministre de l’Intérieur en termes à peine voilés, appelle le président Henri Konan Bédié de passer la main à la jeunesse et de reconnaitre qu’il n’a pas su rassembler tous les militants du PDCI-RDA. « C’est ici, le lieu de traduire en actes et en vérité, les principes fondateurs de l’héritage que nous revendiquons tous : l’Houphouëtisme ! Le tout premier de ses actes est l’humilité d’accepter de reconnaitre que nous n’avons pas su maintenir le cap du rassemblement et de l’unité indispensable au maintien du dynamisme de notre famille politique ; car « le diviser pour régner » a ses limites dans un espace démocratique et ses conséquences dramatiques à terme. Le second acte, aussi fondamental, serait de nous rappeler sans faux-fuyant que le père fondateur du PDCI-RDA était entre autres, un adepte acharné du Dialogue, l’arme du plus fort, comme se plaisait-il à souligner », a assène le vice-président du PDCI-RDA dans sa déclaration. Cette sortie, à la veille du dernier Bureau politique avant le 12 ème Congrès, n’est pas fortuite. Elle participe d’un souci manifeste de pousser l’ancien président de la République vers la sortie. Partant de livrer bataille contre Alassane Ouattara en 2015. Car, derrière les tournures enrobées de bon sens et saupoudrées d’un légalisme que l’on pourrait qualifier de vraisemblable, se cache en réalité de vieux contentieux. Le front anti-Ouattara au fil des jours se renforce et il ne serait pas étonnant que d’autres gros poissons sortent la tête de l’eau les prochains jours.
Jean-Claude Coulibaly
