Le combat des titans et des dieux tant annoncé au Bureau politique, n’a pas eu lieu à la maison du PDCI-RDA. Au cours du huis clos du jeudi dernier, une vérité s’est dégagée. Le Pr Alphonse Djédjé Mady et ses amis de la fronde contre le président Henri Konan Bédié ont été pris dans leur propre nasse. Tout a été mis en place pour enlever tout argument à tous ceux qui ne veulent plus voir Bédié présider aux destinées du PDCI-RDA. D’abord le droit à la parole au cours de cette réunion. Une occasion qu’attendaient sans doute certains partisans des frondeurs, membres du Bureau politique. Mais les organisateurs ne sont pas tombés dans l’erreur qui a amené Djéni Kobina et ses camarades à quitter le PDCI-RDA pour créer le RDR, à l’issue d’un Bureau politique en 1994. Les organisateurs du BP ont permis à toutes les personnes qui le désiraient de s’exprimer. Mieux, il n’y a eu aucune limitation de temps de parole. Au total, 37 personnes ont demandé à prendre la parole. Le secrétaire général adjoint du PDCI-RDA, le ministre Kacou Guikahué et le Conseiller spécial en Communication du président Henri Konan Bédié, Emile Ebrottié se sont chargés d’enregistrer tous les candidats à la parole. Tout le monde a parlé, à l’exception d’une dame qui s’est désistée. C’est l’une des raisons du marathon constaté jeudi dernier. De 16 h 15 à 21 h 20, soit cinq heures d’horloge, la parole a été libérée et bien libérée. Les pro-Mady, notamment le ministre Nicolas Kouassi Akon, Kouassi Dongo, Ehoussou Narcisse et Yobouet Lazare, ont sorti leur argument fétiche : la limite d’âge. Pour eux, le président Henri Konan Bédié est trop vieux pour diriger le PDCI-RDA. Le ministre Kouassi Akon est allé jusqu’à déclarer qu’il est temps de laisser le Sphinx de Daoukro prendre sa retraite. Une outrecuidance très vite sanctionnée par des huées dans la salle. Dongo Kouassi et Yobouet Lazare, proches du Pr Djédjé Mady, ont quant à eux curieusement appelé au consensus. Signe de capitulation ? Ca en avait tout l’air. Toujours est-il que du côté des pro-Bédié, on n’a pas démordu pour autant. Ehoussou Narcisse, fondateur d’un courant proche du ministre Emile Constant Bombet est revenu sur la réunion du secrétariat général convoquée par le secrétaire général adjoint du PDCI-RDA, le Pr Maurice Kacou Guikahué, qu’il a dénoncé pour son caractère illégal. Mais il est vite recadré par l’ancien ministre de la Santé publique. « Le président du parti est une institution. Le secrétaire général l’est également. Mais, les membres du secrétariat général qui ont été nommés par le président du parti n’ont pas besoin de l’autorisation du secrétaire général pour se réunir», a-t-il poliment remis son pourfendeur à sa place. Le docteur Véhi Bernard, un ancien président du MEECI, a pour sa part fait un cours d’histoire à Djédjé Mady en lui rappelant que celui qui a bénéficié de la mise en place du comité exécutif au Congrès de 1980 en remplacement du poste de secrétaire général occupé à l’époque par Philipe Grégoire Yacé est bien lui. Il a précisé que les décisions du Congrès n’ont pas attendu pour être appliquées. Elles se sont immédiatement imposées aux militants du PDCI-RDA. Argument auquel le secrétaire général du PDCI-RDA a rétorqué qu’entretemps, la loi soumettant aux associations privées au régime de la déclaration, a été adoptée par l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais son argument sur le délai de trois mois nécessaire pour l’entrée en vigueur des textes et statuts a été battu en brèche par certains intervenants qui lui ont rappelé que les statuts adoptés au Congrès de 2002, qui supprimaient le comité exécutif et réinstaurait le poste de secrétaire général, ont été appliqués sans attendre les conclusions du ministère de l’Intérieur. Le vice-président du PDCI-RDA, Thiémélé Amoikon Edjampan, a précisé que Mady est celui qui a le plus profité du PDCI-RDA. C’est la raison pour laquelle il dit ne pas comprendre l’attitude qu’il a en ce moment envers le président Henri Konan Bédié. «En quoi est-ce que le fait que le président Bédié soit président du PDCI-RDA, gêne certains ? Si les gens ont des choses cachées qu’ils le disent. Car je doute fort que ce soit le poste de président du PDCI-RDA qui les intéresse. Ils veulent autre chose ». Le Pr Kablan Brou Jérôme, l’homme qui avait osé dire la vérité au général Robert Guéi, lors de sa tournée du « Et » et « Ou » à Dimbokro, prenant la parole, a rappelé aux uns et autres que l’éligibilité des candidats se décide au Congrès. Donc pour lui, les débats qui ont cours en ce moment n’ont pas leur raison d’être.
Politique Publié le samedi 21 septembre 2013 | Le Patriote