Après l’impact positif qu’a connu le premier épisode de cette série d’articles intitulée, ‘’Les Oubliés de la République’’ nous remettons le couvert avec cet acte 2. Si nous nous en tenons aux nombreux appels téléphoniques et aux messages de soutien et d’encouragements que nous avons reçus via internet, à notre humble avis, nous pensons faire œuvre utile.
Les Oubliés de la république, rideau : Acte 2
Dans leur élan de vérification macabre, les soldats envoyés par Laurent Gbagbo étaient aux aguets ; toute personne qui relevait la tête, ‘’était immédiatement criblée de balles’’…
Nous allons consacrer une partie de l’acte 2 de la série, au petit Cissé Yacouba, l’une des victimes du charnier de Yopougon, point de départ de la machine répressive et de la marche ensanglantée du régime de Laurent Gbagbo.
‘’ Yacouba cissé a été retrouvé au petit matin du 27 octobre 2000, sur le charnier de Yopougon en train de pleurer, assis sur un tas de cadavres. Il est mort de ses blessures quelques heures après. Et d’après une autopsie…, on aurait extrait dix balles de son corps. Yacouba avait 14 ans.’’
Lorsque cet après midi du samedi 25 septembre 2013, nous appelons au téléphone le père du petit Yacouba cissé, que tout le monde appelle affectueusement ‘’Doyen Cissé’’, il était loin de se douter que nous allions le replonger dans des souvenirs douloureux. Tel n’était pas notre souhait ; aussi pour éviter une onde de choc émotionnelle, avons-nous décidé d’user de tact pour expliquer l’objet de notre coup de file.
‘’ Bonjour Doyen, c’est Soumahoro Alfa Yaya.’’ Réaction du Doyen Cissé:
‘’ Oh quelle joie de t’entendre mon fiston, je n’ai pas de tes nouvelles depuis et personne ne sait où tu es passé mon cher Alfa. Toutes mes démarches pour avoir de tes nouvelles sont restées vaines, personne ne sait où te trouver.’’
Notre réplique avec un brin d’humour ‘’ Mon doyen ; c’est parce que je ne suis nulle part que tu n’as pas pu me joindre depuis...’’ (Rire).
Le Doyen Cissé revient à la charge ‘’ moi non plus, je ne suis nulle part’’. Pensant à une plaisanterie, car tous ceux qui connaissent le Doyen Cissé, savent qu’il a le sens de l’humour.
Nous y allons également avec un ton assorti d’un zest d’humour.
‘’ Non mon Doyen, tu ne peux me dire ça ! S’il y a quelqu’un qui mérite la reconnaissance de la nation, je pense que c’est bien toi… ‘’
‘’Hélas mon cher Alfa, retiens ce que je viens de te dire, c’est malheureusement le cas….’’
Il venait de nous donner de bonnes raisons de poursuivre la conversation, et apportait ainsi de l’eau à notre moulin.
‘’ Alors mon doyen, justement, je déplore que des parents de victimes comme toi et tant d’autres soient classés aux calendes grecs après tout ce que vous (parents ou proches de victimes) avez vécu et continuez d’endurer… souvent au péril de votre propre
vie ou de celui de nombre des vôtres.’’ Et nous poursuivons derechef.
‘’Doyen, je pense que le Président de la République doit ignorer certains faits de l’histoire récente de notre longue marche vers la démocratie, couronnée par son élection à la magistrature suprême. Je suis persuadé que s’il savait, il agirait’’
‘’Alfa que Dieu te bénisse et te donne la force de pouvoir continuer cette œuvre salutaire…Je pars à la Mecque ce soir, à mon retour nous nous rencontrerons et je t’en dirai davantage’’
‘’Que Dieu agrée tes prières à la Mecque mon cher Doyen et bon voyage !’’…
Dieu soit loué, la coïncidence entre notre démarche de rappeler aux souvenirs de qui de droit, les faits glorieux de citoyens qui ne doivent pas demeurer sous ‘’les éteignoirs de la République ‘’ et le départ du Doyen Cissé à la Mecque, nous confortait davantage à poursuivre le combat avec notre plume que nous avons confiée au Créateur de l’univers (en attendant la version télé de la série).
Ce sont les derniers mots que nous avons échangés avec le Doyen Cissé avant son envol vers les terres saintes de l’islam.
Quelques minutes après, c’est notre tante Mariam, que nous appelons ‘’ Ma Maman’’ (du même prénom que notre génitrice disparue) qui nous appelle :
‘’Je viens de te lire dans l’Intelligent d’Abidjan sur le cas Alain Mouandou….tu as mes bénédictions bonne continuation..’’. (http://www.lintelligentdabidjan.org/?s=les+oubli%C3%A9s+de+la+r%C3%A9publique&searchsubmit=Chercher )
Il s’appelait, Diabaté Lanciné et avait la trentaine passée.
Comme des milliers d’ivoiriens épris de paix et de justice, le jeune Diabaté Lanciné et ses amis quittent de bonne heure leurs domiciles aux 220 logements, pour répondre à l’appel de la coalition des partis politiques regroupés au sein du RHDP. Cette coalition programme une marche sur le siège de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) le jeudi 16 décembre 2010. La RTI, média public financé par le contribuable ivoirien, était devenue depuis, une caisse de du régime fasciste débouté dans les urnes. Le RHDP ne voulait pas que la victoire de son candidat Alassane Ouattara, arrivé en tête à l’issue du deuxième tour de la présidentielle de 2010 face à Laurent Gbagbo, lui soit volée par les imposteurs.
Ce jeudi noir du 16 décembre 2010, jour de la marche sur la RTI, Diabaté Lanciné et ses compagnons de lutte pour la bonne cause, la cause du triomphe de la démocratie, sont stoppés dans les environs de la rue lepic, où se trouve le siège du Rassemblement des Républicains –RDR-
Comme des fauves à la recherche de sang pour s’enivrer, les chars de Gbagbo et sa soldatesque de miliciens sont lâchés dans la ville avec pour mission de mater (à mort ?) tout ce qui bouge et se revendique d’Alassane Ouattara.
Diabaté Lanciné est pris au piège; et aux dires de son frère ainé, il est la cible de tirs nourris venant des kalachnikovs affolées et assoiffées de sang.
Mais l’Afrique a ses mystères, ‘’les balles auraient coulé sur la peau du jeune Diabaté Lanciné et ne lui laissèrent aucune trace, à la surprise de ses assaillants à la solde du régime défunt.
Il est embarqué manu militari et conduit à la préfecture de police du plateau où il sera asphyxié au gaz ; ses meurtriers vont boucher tous ses orifices de respiration pour l’expédier de vie à trépas. Le corps de Diabaté Lanciné sera jeté dans la nature ; il poussa son denier soupir dans les bras de son neveu Diabaté Chaka.
Arraché sauvagement à l’affection des siens, Le jeune Diabaté Lanciné qui était dans la fleur de l’âge et aspirait à vivre des lendemains meilleurs sous l’ère de la civilisation avec son mentor Alassane Ouattara, a laissé derrière lui, deux orphelins: Une petite fille et un petit garçon âgés de moins de deux ans.
Nous nous sommes intéressés au cas de Diabaté Lanciné, pour juste savoir si le RDR, le RHDP et la République de Côte d’ivoire ont manifesté leur reconnaissance à la famille éplorée. Nous avons posé la question au frère ainé du défunt dont nous taisons le nom pour des raisons que vous devinez aisément.
‘’ Aux lendemains de la mort de mon jeune frère, une délégation du RDR est passée saluer la famille et puis plus rien ….’’. Cela fait plus de trois ans aujourd’hui que la famille de Diabaté Lanciné, comme bien de familles de Martyrs, se sont résignées au sort que le Seigneur a réservé aux leurs, disparus, souvent à la lisière de l’adolescence et la sphère des adultes, que Feu Djéni Kobina, le Fama, a qualifié de’’ grenadiers voltigeurs’’, fers de lance de la vivacité pacifique du combat politique noble.
Au moment où nous allons boucler l’acte 2 de notre série d’articles que nous entendons consacrer aux oubliés de la République, nous profitons de l’espace qui nous est ouvert pour lancer un appel à témoins. Si avec preuves à l’appui, vous estimez être parmi, ou proches de ces oubliés, vous voudriez bien nous contacter par email: lesoubliesdelarepublique.rci@gmail.com ou sur les réseaux sociaux (facebook).
‘’Le temps dira tout à la postérité. C’est un bavard ; il parle quand on ne l’interroge pas.’’
A très bientôt pour l’acte 3 de ‘’Les Oubliés de la République’’. Rideau !
Soumahoro Alfa Yaya
Journaliste Écrivain. Auteur: Le chef d’entreprise face à la crise.
Les Oubliés de la république, rideau : Acte 2
Dans leur élan de vérification macabre, les soldats envoyés par Laurent Gbagbo étaient aux aguets ; toute personne qui relevait la tête, ‘’était immédiatement criblée de balles’’…
Nous allons consacrer une partie de l’acte 2 de la série, au petit Cissé Yacouba, l’une des victimes du charnier de Yopougon, point de départ de la machine répressive et de la marche ensanglantée du régime de Laurent Gbagbo.
‘’ Yacouba cissé a été retrouvé au petit matin du 27 octobre 2000, sur le charnier de Yopougon en train de pleurer, assis sur un tas de cadavres. Il est mort de ses blessures quelques heures après. Et d’après une autopsie…, on aurait extrait dix balles de son corps. Yacouba avait 14 ans.’’
Lorsque cet après midi du samedi 25 septembre 2013, nous appelons au téléphone le père du petit Yacouba cissé, que tout le monde appelle affectueusement ‘’Doyen Cissé’’, il était loin de se douter que nous allions le replonger dans des souvenirs douloureux. Tel n’était pas notre souhait ; aussi pour éviter une onde de choc émotionnelle, avons-nous décidé d’user de tact pour expliquer l’objet de notre coup de file.
‘’ Bonjour Doyen, c’est Soumahoro Alfa Yaya.’’ Réaction du Doyen Cissé:
‘’ Oh quelle joie de t’entendre mon fiston, je n’ai pas de tes nouvelles depuis et personne ne sait où tu es passé mon cher Alfa. Toutes mes démarches pour avoir de tes nouvelles sont restées vaines, personne ne sait où te trouver.’’
Notre réplique avec un brin d’humour ‘’ Mon doyen ; c’est parce que je ne suis nulle part que tu n’as pas pu me joindre depuis...’’ (Rire).
Le Doyen Cissé revient à la charge ‘’ moi non plus, je ne suis nulle part’’. Pensant à une plaisanterie, car tous ceux qui connaissent le Doyen Cissé, savent qu’il a le sens de l’humour.
Nous y allons également avec un ton assorti d’un zest d’humour.
‘’ Non mon Doyen, tu ne peux me dire ça ! S’il y a quelqu’un qui mérite la reconnaissance de la nation, je pense que c’est bien toi… ‘’
‘’Hélas mon cher Alfa, retiens ce que je viens de te dire, c’est malheureusement le cas….’’
Il venait de nous donner de bonnes raisons de poursuivre la conversation, et apportait ainsi de l’eau à notre moulin.
‘’ Alors mon doyen, justement, je déplore que des parents de victimes comme toi et tant d’autres soient classés aux calendes grecs après tout ce que vous (parents ou proches de victimes) avez vécu et continuez d’endurer… souvent au péril de votre propre
vie ou de celui de nombre des vôtres.’’ Et nous poursuivons derechef.
‘’Doyen, je pense que le Président de la République doit ignorer certains faits de l’histoire récente de notre longue marche vers la démocratie, couronnée par son élection à la magistrature suprême. Je suis persuadé que s’il savait, il agirait’’
‘’Alfa que Dieu te bénisse et te donne la force de pouvoir continuer cette œuvre salutaire…Je pars à la Mecque ce soir, à mon retour nous nous rencontrerons et je t’en dirai davantage’’
‘’Que Dieu agrée tes prières à la Mecque mon cher Doyen et bon voyage !’’…
Dieu soit loué, la coïncidence entre notre démarche de rappeler aux souvenirs de qui de droit, les faits glorieux de citoyens qui ne doivent pas demeurer sous ‘’les éteignoirs de la République ‘’ et le départ du Doyen Cissé à la Mecque, nous confortait davantage à poursuivre le combat avec notre plume que nous avons confiée au Créateur de l’univers (en attendant la version télé de la série).
Ce sont les derniers mots que nous avons échangés avec le Doyen Cissé avant son envol vers les terres saintes de l’islam.
Quelques minutes après, c’est notre tante Mariam, que nous appelons ‘’ Ma Maman’’ (du même prénom que notre génitrice disparue) qui nous appelle :
‘’Je viens de te lire dans l’Intelligent d’Abidjan sur le cas Alain Mouandou….tu as mes bénédictions bonne continuation..’’. (http://www.lintelligentdabidjan.org/?s=les+oubli%C3%A9s+de+la+r%C3%A9publique&searchsubmit=Chercher )
Il s’appelait, Diabaté Lanciné et avait la trentaine passée.
Comme des milliers d’ivoiriens épris de paix et de justice, le jeune Diabaté Lanciné et ses amis quittent de bonne heure leurs domiciles aux 220 logements, pour répondre à l’appel de la coalition des partis politiques regroupés au sein du RHDP. Cette coalition programme une marche sur le siège de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) le jeudi 16 décembre 2010. La RTI, média public financé par le contribuable ivoirien, était devenue depuis, une caisse de du régime fasciste débouté dans les urnes. Le RHDP ne voulait pas que la victoire de son candidat Alassane Ouattara, arrivé en tête à l’issue du deuxième tour de la présidentielle de 2010 face à Laurent Gbagbo, lui soit volée par les imposteurs.
Ce jeudi noir du 16 décembre 2010, jour de la marche sur la RTI, Diabaté Lanciné et ses compagnons de lutte pour la bonne cause, la cause du triomphe de la démocratie, sont stoppés dans les environs de la rue lepic, où se trouve le siège du Rassemblement des Républicains –RDR-
Comme des fauves à la recherche de sang pour s’enivrer, les chars de Gbagbo et sa soldatesque de miliciens sont lâchés dans la ville avec pour mission de mater (à mort ?) tout ce qui bouge et se revendique d’Alassane Ouattara.
Diabaté Lanciné est pris au piège; et aux dires de son frère ainé, il est la cible de tirs nourris venant des kalachnikovs affolées et assoiffées de sang.
Mais l’Afrique a ses mystères, ‘’les balles auraient coulé sur la peau du jeune Diabaté Lanciné et ne lui laissèrent aucune trace, à la surprise de ses assaillants à la solde du régime défunt.
Il est embarqué manu militari et conduit à la préfecture de police du plateau où il sera asphyxié au gaz ; ses meurtriers vont boucher tous ses orifices de respiration pour l’expédier de vie à trépas. Le corps de Diabaté Lanciné sera jeté dans la nature ; il poussa son denier soupir dans les bras de son neveu Diabaté Chaka.
Arraché sauvagement à l’affection des siens, Le jeune Diabaté Lanciné qui était dans la fleur de l’âge et aspirait à vivre des lendemains meilleurs sous l’ère de la civilisation avec son mentor Alassane Ouattara, a laissé derrière lui, deux orphelins: Une petite fille et un petit garçon âgés de moins de deux ans.
Nous nous sommes intéressés au cas de Diabaté Lanciné, pour juste savoir si le RDR, le RHDP et la République de Côte d’ivoire ont manifesté leur reconnaissance à la famille éplorée. Nous avons posé la question au frère ainé du défunt dont nous taisons le nom pour des raisons que vous devinez aisément.
‘’ Aux lendemains de la mort de mon jeune frère, une délégation du RDR est passée saluer la famille et puis plus rien ….’’. Cela fait plus de trois ans aujourd’hui que la famille de Diabaté Lanciné, comme bien de familles de Martyrs, se sont résignées au sort que le Seigneur a réservé aux leurs, disparus, souvent à la lisière de l’adolescence et la sphère des adultes, que Feu Djéni Kobina, le Fama, a qualifié de’’ grenadiers voltigeurs’’, fers de lance de la vivacité pacifique du combat politique noble.
Au moment où nous allons boucler l’acte 2 de notre série d’articles que nous entendons consacrer aux oubliés de la République, nous profitons de l’espace qui nous est ouvert pour lancer un appel à témoins. Si avec preuves à l’appui, vous estimez être parmi, ou proches de ces oubliés, vous voudriez bien nous contacter par email: lesoubliesdelarepublique.rci@gmail.com ou sur les réseaux sociaux (facebook).
‘’Le temps dira tout à la postérité. C’est un bavard ; il parle quand on ne l’interroge pas.’’
A très bientôt pour l’acte 3 de ‘’Les Oubliés de la République’’. Rideau !
Soumahoro Alfa Yaya
Journaliste Écrivain. Auteur: Le chef d’entreprise face à la crise.