Réponse du berger à la bergère, pourrait-on dire. Depuis le vendredi dernier, à l’occasion d’un Conseil de ministres extraordinaires, le gouvernement ivoirien a décidé de ne pas répondre favorablement à la demande de transfèrement vers La Haye, de Simone Gbagbo. Parce que, selon lui, la justice ivoirienne est désormais outillée à conduire un procès contre l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire. Hier, le porte-parole de la Cour pénale internationale, Fadi El-Abdallah a répondu au gouvernement ivoirien. La décision du Gouvernement ivoirien de ne pas accéder à la demander des juges de La Haye, n’est pas contraire aux dispositions de la CPI. « La Côte d’Ivoire peut soulever une exception d’irrecevabilité sur le principe de complémentarité entre la CPI et la justice ivoirienne », a-t-il écrit dans un communiqué de presse. Pour cela, la CPI doit s’assurer que : « les conditions sont réunies et que les tribunaux ivoiriens ont la capacité pour mener des poursuites sérieuses ». En la matière, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés Publiques, Coulibaly Mamadou Gnénéma s’est voulu clair : « la CPI a une compétence de subsidiarité. Ça veut dire qu’en tout temps, le pays, dans lequel les faits sont commis, demeure en priorité celui qui doit pouvoir juger les auteurs des faits incriminés. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, au moment où nos juridictions sont opérationnelles, la Côte d’Ivoire décide de juger Simone Gbagbo ». Pour le premier responsable de la justice ivoirienne, la Côte d’Ivoire est à même aujourd’hui de juger l’ex-première dame. Ce qui n’était pas le cas au lendemain de la crise postélectorale. D’où le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye. « On aurait pu juger l’ex-président ici en Côte d’Ivoire si les circonstances étaient les mêmes. Souvenez-vous que lors du transfèrement de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale, en novembre 2011, la Côte d’Ivoire sortait à peine d’une longue crise armée. Nous n’avions pas nos infrastructures judiciaires en état. Les maisons d’arrêt avaient été détruites. Les prisons et les tribunaux n’étaient pas fonctionnels et même certains magistrats n’étaient pas à leur poste. A cette période-là, il était manifestement difficile de pouvoir procéder au jugement de Laurent Gbagbo », a-t-il indiqué, entre autres. Malgré cette volonté des autorités ivoiriennes de juger Simone Gbagbo, le dernier mot revient aux juges de la CPI. Selon le communiqué, ils jugeront si l’affaire continuera ou non devant la CPI, en cas d’exception d’irrecevabilité. Cette décision n’a aucune incidence sur l’enquête ouverte contre Simone Gbagbo.
Thiery Latt
Thiery Latt