Les agressions armées contre les FRCI sont de retour. Et de plus belle. Samedi dernier, à Rubino, au corridor du village Gbanguié II, des individus armés ont assassiné un élément des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Les assaillants sont sortis, selon les témoins de la scène, de la broussaille environnante. Sans autre forme de procès, le malheureux a été abattu à bout portant les assaillants. Avant cet incident, à Bangolo, un autre élément des FRCI a été tué lors d’une attaque perpétrée par des quidams armés de kalachs. La veille, sur la route de Kong, un gendarme et un militaire ont été assassinés presque dans les mêmes circonscriptions. A Yamoussoukro, entre le 10 et 16 septembre, ce sont au moins 6 gendarmes et policiers qui ont été tués dans des circonstances encore troubles. Le mode opératoire reste le même. Des individus armés surgissent de nulle part et exécutent froidement des agents assermentés de l’Etat chargés de la sécurité des Ivoiriens. On n’aurait pu croire comme certains à d’habituelles attaques de coupeurs de route. Mais leur récurrence et surtout leur cible ne laisse pas d’intriguer. Pourquoi cette période et pourquoi les FRCI, les gendarmes et les policiers ? Cette recrudescence de la violence rappelle curieusement les attaques menées contre les positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire l’année dernière à la même époque. Pour mémoire, les agressions contre les FRCI, en 2012, ont démarré à la veille de la fête nationale. La première attaque avait fait 5 morts. Elle a été menée au camp d’Akouédo le 5 août 2012. Cette attaque sanglante qui a choqué l’opinion, a ouvert la voie à plusieurs autres non moins violentes. Notamment celles de Vridi, de Port-Bouët, de Bonoua, d’Agboville, Abengourou, de Grand-Bassam, de Dabou dans le mois d’août. Sans oublier de Pékambly et de Noé en septembre 2012. On avait en son temps parlé d’une « guerre de 77 jours » dans le camp Gbagbo. La plupart de ces agressions armées avaient fait des victimes dans les rangs des FRCI. Avant cette période, l’attaque de Para, dans la région de Taï, avait même causé la mort de 7 casques bleus nigériens. Des similitudes avec les derniers incidents, survenus à Yamoussoukro, Kong, Bangolo et Rubino, force à croire que les auteurs et commanditaires de la « guerre de 77 jours » ont repris du service. Pour diverses raisons. La première est que les auteurs de ces attaques sont plus ou moins des habitués aux armes militaires. Les trois auteurs de l’attaque de Bangolo, par exemple, sont des anciens miliciens proches du FPI. Les assaillants d’Agboville, le samedi dernier, n’étaient venus que pour abattre l’élément des FRCI tranquillement assis au corridor de Gbanguié II. A Yamoussoukro, l’on a assisté à des mises à mort de gendarmes et de policiers. Même constat à Kong où un gendarme et un militaire ont trouvé la mort. Il est vrai que ces éléments des forces de l’ordre sont tous tombés à la tâche. Mais les circonstances de leur décès amènent à s’interroger. Pourquoi des « coupeurs de route » qui n’ont pour souci que de détrousser les voyageurs sans défense, décident-ils subitement de s’en prendre aux hommes en treillis dont ils ont une peur bleue ? Quel intérêt des bandits de grands chemins ont-ils à abattre des soldats, alors qu’ils ne constituaient pas un véritable danger pour eux au moment des faits ? Que gagnent des coupeurs de route dans une guerre qu’ils savent perdus d’avance et qui certainement gênera durablement leurs activités nocturnes ? Voici tant de questions qui méritent des réponses claires. Car pour le moment, la thèse de l’insécurité passe difficilement. Vu les premiers indices, la piste d’une série d’actes visant à la longue à déstabiliser le pays n’est pas à exclure. Car, comme le dit les Latins : « Avant de tuer un régime, il faut d’abord l’affaiblir ».
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
