La grand’messe a commencé hier. Le 12ème congrès ordinaire du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est ouvert au palais des sports de Treichville en présence de plus de 4000 délégués venus de toutes les régions de la Côte d’Ivoire. En effet, la fine pluie qui s’est abattue sur la commune hôte n’a pas empêché les militants et sympathisants du parti doyen de sortir en masse pour être des témoins privilégiés de l’évènement au c?ur de l’actualité depuis plusieurs mois. Par convois pour certains, dans des voitures personnelles et à pied pour d’autres, ces militants et sympathisants aux couleurs de leur parti ont pris d’assaut la rotonde du palais des sports. 10h, la salle affiche déjà complet. Alors que de nombreuses personnes aux portes du palais luttent encore pour y avoir accès. Pendant ce temps, les forces de l’ordre (policiers et gendarmes) déployées pour assurer la sécurité du congrès veillent au grain. A Chaque entrées du palais, les agents de sécurité du comité d’organisation fouillent les passants à la recherche d’objets dangereux pouvant créer des désagréments à l’intérieur de la salle. La tension monte d’un cran avec l’annonce de l’arrivée de l’épouse du président du parti, Henriette Bédié. Et c’est dans une ambiance carnavalesque que le président, Henri Konan Bédié, arrivé, à 11h 24 minutes est accueilli dans une salle chaude et bouillante. Des militants ivres de joie scandent «Bédié président, Bédié président». « C’est fini, le congrès est terminé. Bédié est président à vie du PDCI», lâche un militant enthousiasmé. Après un bain de foule où il a partagé de chaudes poignés de mains, dans une communion totale, avec les responsables de son parti, des partis membres du RHDP, des autres partis politiques ivoiriens ainsi que des représentants des partis venus de l’Afrique de l’Ouest, de la France, de la Corée, de la Chine…le sphinx de Daoukro s’est installé dans la tribune officielle où étaient assis le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, le coordonateur, Gnamien N’goran, le secrétaire général Alphonse Djédjé Mady et les présidents des structures spécialisées dont KKB. Le bureau du congrès présidé par Boa Tiémélé Edjampan, vice-président du PDCI, est proposé et adopté par le congrès. Le président du congrès prenant les travaux en main a invité successivement les partis politiques ivoiriens et étrangers présents pour leur message de soutien. Tour à tour, les partis membres du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) se sont succédé au micro pour inviter au renforcement de l’alliance pour une Côte d’Ivoire dynamique avec un PDCI fort. Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du RDR, Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI et le porte-parole du MFA d’Anaky Kobenan ont, les uns après les autres, marqué leur soutien ferme à Henri Konan Bédié afin qu’il demeure le président du parti doyen pour le bonheur de la coalition des ‘’héritiers politiques’’ de Félix Houphouët-Boigny. Quant le PIT et le FPI représentés par le président Aka Ahizi et Miaka Ouréto se sont réjouis de la cohésion retrouvée dans la grande famille PDCI. Les partis venus de l’extérieur après avoir salué la clairvoyance et la sagesse du fondateur du PDCI ont exhorté au dialogue et à la promotion de la démocratie interne pour un parti vigoureux qui compte sur l’échiquier politique ivoirien. 14h 24 minutes, le président Bédié est invité à prononcer son discours d’orientation. Sous les applaudissements nourris, il a pris la parole pour revisiter l’histoire de la Côte d’Ivoire depuis le coup d’Etat de 1999, qui l’a évincé du pouvoir d’Etat avec toutes les péripéties vécues par sa formation politique et la Côte d’Ivoire, avant de proposer au congrès sa vision et ses idées à même, selon lui, de redonner au PDCI son lustre d’antan. «Les dix dernières années ont été catastrophiques pour notre pays et pour notre Parti. Néanmoins, nous avons été sur tous les fronts, nous avons été de tous les combats. Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour apporter notre expérience là où il le fallait, ou nos conseils quand nous avons été sollicités. Nous avons consenti d'énormes sacrifices, jusqu'à l'effacement total de notre ego, pour sauver la Côte d'Ivoire. Nous sommes garants de l'héritage du père fondateur, et en dépit des soubresauts et la perte du pouvoir d'Etat, malgré les semonces et les coups de toutes parts, nous avons maintenu le PDCI-RDA debout», a-t-il estimé. Toute en suggérant aux congressistes une ossature administrative solide, avec des responsables chargés des finances et du patrimoine, des élections, de la communication, de la gestion du personnel et de la gestion de la boutique du parti, la modification des critères d’accession au poste de président du parti, en faisant sauter la limite d’âge , la création d’un secrétariat exécutif en lieu et place du secrétariat général pour éviter les conflits de compétence , la réduction du nombre de membres du bureau politique pour rendre cet organe plus gérable, la décentralisation du grand conseil qui devient régional, la reforme de la JPDCI et l’UFPDCI, pour tenir compte des différentes catégories de membres de ces structures et la réanimation de l’Institut d’études politiques du parti pour assurer la formation, initial et continue des militants. C’est avec ces propositions pour redynamiser et repositionner le PDCI que la cérémonie d’ouverture qui a tenu toutes ses promesses a pris fin.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara