Discours du président Henri Konan Bédié lors de l’ouverture du 12e congrès du PDCI qui se tiendra jusqu’à dimanche 6 octobre 2013 à Treichville et qui verra l’élection du prochain dirigeant du parti.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je veux d’abord vous remercier tous de l’honneur que vous nous faites en répondant favorablement à l’invitation du Comité d’Organisation de ce Xllème Congrès de notre Parti.
En le faisant, vous nous manifestez non seulement de l’amitié mais aussi la haute estime dans laquelle vous nous tenez et que nous apprécions.
Je veux remercier les délégués des partis frères, venus de l’extérieur du quadrilatère que constitue notre pays, pour nous apporter le témoignage de leur amitié. Que cette présence nous permette de renforcer les relations qui existent si heureusement déjà entre nos formations politiques.
Je veux saluer et remercier également les Ambassadeurs et autres hauts représentants de pays amis et frères qui vivent avec nous et suivent nos affaires. Veuillez transmettre, Excellences, à vos souverains respectifs les remerciements infinis que nous leur adressons et notre souhait de voir que se concrétisent et se renforcent les liens particuliers qui existent entre nos pays. Soyez remerciés, vous-mêmes, de la sympathie avec laquelle vous suivez l’évolution de notre formation politique et de notre pays.
Aux responsables des partis politiques Ivoiriens, je veux également dire merci.
Notre Congrès est également le vôtre car nous discutons, sous des angles différents peut-être, d’un sujet qui nous est commun, le devenir de notre chère partie, la Côte d’Ivoire. Nous nous réjouissons donc de votre présence réconfortante, convaincus que nous saurons, malgré les divergences politiques qui peuvent exister entre nous, trouver des points communs pour défendre, ensemble, la mère patrie et la démocratie.
La communication est aujourd’hui, d’une importance capitale pour toute formation politique en ce qu’elle transporte à une vitesse vertigineuse les informations d’un point à l’autre de l’univers. A ce titre, je veux saluer les journalistes de tous les organes de presse, écrite, audio ou visuelle. Leur description de l’événement d’aujourd’hui, donnera une visibilité particulière à nos travaux.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Chers Compagnons,
Mesdames et Messieurs
Avril 2002- Octobre 2013.Cela fait onze (11) longues années et quelques mois que nous ne nous sommes pas retrouvés en congrès. Nous, Ivoiriens et surtout nous, militants du PDCI-RDA, nous en connaissons les raisons.
Quand se tiennent les assises du onzième Congrès, les S, 6,7 et 8 avril 2002, nous sommes pleins d’espoir. Certes, nous souffrons toujours des traumatismes laissés par le funeste coup d’Etat du Général Robert GUEI et ses «jeunes gens ».
Venus avec un esprit de vengeance, ils ont copieusement pillé ce qui appartenait aux militants du PDCI-RDA et également ce qui était le patrimoine de ce parti. Les bureaux seront fouillés et vidés de leur contenu, y compris les effets personnels de ceux qui y travaillaient. Le mobilier est saccagé ou emporté à Cocody, à Treichville, au Plateau, à Yamoussoukro, partout où il y avait un bien immobilier appartenant au PDCI. Il est inutile de parler des archives, ni des moyens financiers qui étaient accessibles.
Les nouveaux maîtres du pays installeront une justice expéditive avec des bandes organisées à la manière de la mafia italienne dont elles prennent d’ailleurs les appellations: camorra, brigades rouges etc. Le PC-Crise va s’illustrer dans cette sauvagerie. Tout y est passé: vol, viol, assassinat, etc.
Quand arrivent les élections de 2000 que le Général GUEI fait organiser, les candidats du PDCI-RDA seront purement et simplement éliminés sous les prétextes les plus fallacieux.
Le nouveau maître tout puissant des lieux, se fera toutefois rouler dans la farine par Laurent Gbagbo qui prendra les rênes du pouvoir après un vote dans des conditions que lui-même reconnait comme ayant été des « conditions calamiteuses ».
A la vérité, les quelques électeurs qui ont pris part à cette consultation bien spéciale d’où ont été écartés tous les candidats du parti qui gênait, c’est-à-dire le PDCI-RDA, étaient placés devant un choix cornélien. IIs avaient à choisir entre un militaire« putschiste» et un populiste, civil celui-là, qui promettait la lune face aux déconvenues d’un pouvoir militaire brutal. Ils ont pensé bien faire en portant leur choix sur celui qu’ils considéraient comme étant le moindre mal.
On peut se demander, après coup, si c’était vraiment le bon choix.
Le PDCI-RDA éliminé, il fallait partager le gâteau, c’est-à-dire le pouvoir, entre ceux qui avaient participé à cette forfaiture.
En toute apparence, le partage n’avait pas été fait à la satisfaction de tous car deux années après, le 19 septembre 2002 intervient une mutinerie, à un mois du deuxième anniversaire de l’avènement de Laurent Gbagbo. Dirigée par de nouveaux acteurs qui apparaissent sur la scène politique nationale, la rébellion se transforme par la suite en une véritable guerre qui divise le pays en deux parties, la partie nord aux rebelles et la partie sud au gouvernement de Laurent Gbagbo.
C’est alors que vont s’engager de multiples discussions et négociations tendant à ramener la paix dans ce qu’on commence à qualifier de "crise ivoirienne".
Vont se succéder les concertations aussi bien en Côte d’Ivoire, en Afrique que hors d’Afrique. Il y aura d’abord, juste après le déclenchement de la crise, le ballet diplomatique des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, appuyés par l’ONU, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la France et les Etats-Unis. Réunis à Accra, au Ghana, sur convocation du Président Abdoulaye WADE, Président du Sénégal, les Chefs d’Etat de cette organisation régionale condamnent le coup de force et imposent un cessez-le feu qui est signé le 17 octobre 2002 à Bouaké.
Suite à ce cessez-le feu, le Président Gnasingbé EYADEMA du Togo est désigné par ses pairs pour diriger un groupe de contact de haut niveau en vue d’assurer la médiation entre les forces ivoiriennes en présence. Pendant deux mois, les frères ivoiriens vont discuter à Lomé, mais sans résultat palpable.
Pendant ce temps, des mini sommets de chefs d’Etats ou de gouvernements se multiplient dans différentes capitales africaines: Bamako, Dakar, Abidjan, etc. Toutes ces rencontres se soldent également par un échec.
C’est alors que le Président de la République française convie à une table ronde, les forces politiques ivoiriennes, à Linas-Marcoussis, du 15 au 23 janvier 2003. Ces discussions aboutissent le 23 janvier 2003, à la signature de l’accord dit "Accord de Linas-Marcoussis"
Cet accord donne lieu à un partage de pouvoir entre les différentes forces politiques participantes et désigne l’Ambassadeur Seydou Diarra comme Premier Ministre du gouvernement de réconciliation nationale, le 25 janvier 2003, à l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Paris.
Mais chacun se souvient que Laurent Gbagbo et ses partisans ne sont pas prêts à accepter les clauses de cet accord. Pour eux, il s’agit ni plus ni moins de leur arracher leur pouvoir.
Bien qu’ils acceptent la nomination de l’Ambassadeur Seydou DIARRA, comme Premier Ministre, l’application de l’accord se heurte à de nombreux blocages, toutes choses qui vont nécessiter un nouveau sommet de chefs d’Etat africains, une fois de plus à Accra.
En effet, devant les difficultés d’application des Accords de Linas-Marcoussis, les chefs d’Etat africains se retrouvent les 6 et 7 mars 2003 à Accra. Cette table ronde se tient à l’initiative du Président ghanéen John KUFFOR, Président en exercice de la CEDEAO et ne réunit que les forces signataires des Accords de Linas- Marcoussis. Ce sera Accra II.
Ici encore, la mise en application des résolutions prises échoue et entraine l’organisation d’un troisième sommet qui se tient le 11 novembre 2003. Ce sera Accra III. Cette rencontre se soldera également par un échec dans la mesure où aucune solution concrète n’a été trouvée à la crise ivoirienne.
Les tergiversations continuent en effet et les protagonistes ivoiriens sont obligés de se déporter à Pretoria, en Afrique du Sud.
Le 6 avril 2005, est signé l’Accord de Pretoria. A la suite de cet accord, Charles Konan Banny est nommé Premier Ministre avec la bénédiction des Présidents Olusegun OBASANJO du Nigeria, Mamadou Tanja du Niger et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud.
Ceci se passe le 4 décembre 2008. Le 28 décembre, Charles Konan BANNY forme son premier gouvernement de transition. Il tient le premier conseil de gouvernement et adresse son premier message à la nation.
L’année 2006 se déroule sans fait marquant, mais le 16 septembre 2006, Charles Konan BANNY doit former son deuxième gouvernement de transition.
Et puis, à la surprise générale, sans, en apparence que le Premier Ministre en poste en ait été informé, on apprend que des discussions ont été entreprises dans le plus grand secret entre Laurent GBAGBO et Guillaume SORO, les deux protagonistes du conflit ivoirien sous le regard bienveillant de Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso. Ce sera l’Accord Politique de Ouagadougou, APO. Cet accord est signé le 4 mars 2007 et quelques jours plus tard, Guilaume Kigbafory SORO, Secrétaire général des Forces nouvelles, est nommé Premier Ministre au Burkina Faso, par l’Accord Politique de Ouagadougou. Trois jours plus tard, un décret confirme cette nomination (29 mars 2007).
C’est dans cette situation que le pays, cahin caha, va se déporter jusqu’aux élections générales de 2010.
Je n’ai pas souhaité entrer dans le détail du quotidien des Ivoiriens, jusqu’à l’élection présidentielle de 2010 qui devrait donner à la Côte d’Ivoire, un nouveau Président et des dirigeants légitimes. Il faut se souvenir en effet, que les refondateurs pour des raisons évidentes ont voulu se donner, gratuitement, un mandat supplémentaire de cinq années, ce qui fait donc que les élections prévues en 2005, ont été renvoyées aux calendes grecques.
L’élection présidentielle de 2010 a donc été organisée comme nous savons tous et les faits sont trop récents pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.
Battu au second tour, par la coalition formée par le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix, le RHDP, Laurent Gbagbo n’a pas reconnu sa défaite et a voulu se maintenir, coûte que coûte, au prix de la vie de milliers d’Ivoiriens. La suite est connue de vous tous ...
Aujourd’hui, la situation de notre pays redevient normale et nous nous en réjouissons, mais pour l’histoire, il est bon que nous n’oublions jamais ce que nous avons vécu, afin surtout que les générations futures n’aient pas à recommencer ou à revivre pareil drame.
La guerre a créé dans notre pays une situation nouvelle qui rappelle, tristement, ce qui se passait dans l’Allemagne du temps du sinistre Adolf Hitler au point que des analystes n’hésitent pas à comparer le régime ivoirien du Front Populaire à celui de la Gestapo : calomnies, délations, arrestations arbitraires, assassinats étaient devenus le lot quotidien des Ivoiriens qui ne comprenaient rien à ce qui leur arrivait.
Le FPI qui a toujours proclamé haut et fort qu’il soutenait la liberté d’expression et la liberté de la presse a menacé régulièrement d’emprisonner et au besoin d’éliminer tout journaliste qui oserait écrire contre le pouvoir, bâillonnant ainsi les journalistes qui devaient désormais se soumettre à la pensée unique, celle du chef Laurent Gbagbo.
C’est que le chemin vers une pratique démocratique, sous le régime « frontiste » a été bien long. Sous l’apparence d’un Etat démocratique « agressé» où fonctionnaient de nombreux partis politiques et une société civile souvent aux bottes des partis, sévissait une dictature qui ne disait pas son nom. Ainsi, alors que l’égalité des citoyens constitue la base de la démocratie, de nombreux citoyens étaient empêchés de prendre part aux votes, tout simplement, parce que vivant dans des régions du pays dont ils n’étaient pas originaires.
La situation peut se résumer à partir de l’observation qu’a faite un lecteur d’un quotidien ivoirien, non militant du PDCI-RDA ou du RHDP: « Aujourd’hui obnubilés par le pouvoir, les chantres de la démocratie vraie et du socialisme d’hier, ont du mal à opérer leur mue pour une vision moderne de la démocratie. Une vision moderne où on ne meurt pas pour une simple manifestation constitutionnellement admise, une vision moderne où on ne va pas en prison sur simple dénonciation ou pour des convictions exprimées, une vision moderne de la démocratie où pour un oui ou pour un non, la terreur des bruits de bottes ne soit exhibée comme un épouvantail aux populations déjà meurtries par la paupérisation avancée, enfin une vision moderne de la démocratie où à chaque étape d’élection, les règles du jeu démocratique restent intactes pour tous. Est-ce un luxe inaccessible aux Ivoiriens qui font la politique? »
Au plan économique, la situation, déjà grave à la suite d’une gestion approximative et de fait des militaires, était désastreuse .En plus d’une fiscalité insupportable qui a eu pour seul effet de tuer l’impôt, la guerre avait fait de la Côte d’Ivoire un pays à haut risque .En conséquence, plus rien n’allait. Les commerces, les industries et les usines fermaient les uns après les autres. Naturellement, ce sont des milliers d’Ivoiriens qui se retrouvaient dans la rue, au chômage.
Le drame se vivait surtout au plan social. La guerre a créé de nouvelles situations et les Ivoiriens qui ont su développer un humour caustique parlaient de la vie des de nombreux PDG, entendez « Populations Déplacées de Guerre ».11 s’agissait de fonctionnaires et hauts cadres qui avaient tout perdu du fait de la guerre et étaient obligés de rappliquer sur Abidjan où ils vivotaient, souvent dans des conditions indescriptibles.
Les nombreux décès enregistrés pendant cette période n’ont pas d’autres explications que le stress, l’humiliation, la déconvenue ...
Il convient d’ajouter les effets du népotisme ou la faveur accordée aux gens de sa région d’origine, de sa tribu, de son village ou de sa famille au détriment des autres, même s’ils présentaient des qualifications meilleures. A cette pratique qui n’est rien d’autre que le tribalisme, il y a lieu d’adjoindre les règlements de comptes politiques. Ainsi, par l’effet conjugué de ces pratiques, de nombreux cadres, parce que n’étant pas de la même famille, du même village, de la même tribu, de la même région ou du même parti politique, se retrouvaient au chômage ou au mieux, assis chez eux à ne rien faire. Le FPI s’était signalé dès son accession au pouvoir, par le versement du sang des Ivoiriens. Mais cela ne devait pas surprendre, car, déjà dans l’opposition, le FPI se caractérisait par l’utilisation de la violence comme moyen privilégié de la conquête du pouvoir. Rappelons brièvement l’introduction de la machette à l’école par le bras séculier de ce parti, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), ainsi que l’assassinat dans des conditions horribles d’un étudiant du nom de Thierry Zebié en 1990.
Chacun garde également à l’esprit l’horreur indescriptible de l’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir avec les morts dont on ne connaît pas le nombre exact du charnier de Yopougon.
Dès l’installation des refondateurs au pouvoir, les massacres et les tueries ont commencé et se sont poursuivis. Les tueries étaient devenues si quotidiennes qu’elles semblaient ne plus émouvoir, puisqu’elles entraient, impunément dans la pratique quotidienne.
A cela sont venus s’ajouter les déchets toxiques achetés et déversés à différents endroits de la ville d’Abidjan. Les Ivoiriens et le monde entier ont été en effet, scandalisés par le déversement des déchets toxiques qui ont fait des morts et des milliers de malades. Les coupables sont connus. Le premier ministre Charles Konan BANNY qui avait pris des mesures conservatoires de suspension des principaux responsables a été désavoué par le Président Laurent Gbagbo: les coupables ont repris tranquillement leurs occupations et leurs privilèges, plus forts que jamais. Aujourd’hui, plusieurs années après ce crime, un semblant de procès s’est ouvert à l’encontre des menus fretins de l’affaire, alors que les principaux responsables continuent bien tranquillement, sans regrets et sans compassion même pour les morts et les malades!
La corruption était rampante et elle se pratiquait à tous les niveaux, dans les services publics comme dans les services privés.
On ne reviendra pas sur ce qui se passait dans les grandes écoles, chargées pourtant de former des cadres de haut niveau à qui reviendra demain, la charge de diriger le pays. Il n’est pas nécessaire de donner des cas car chaque Ivoirien a vécu la situation. Pour avoir dénoncé ce fait, un jeune diplômé, à la recherche d’un premier emploi, a été écroué et a purgé, jour pour jour, un an de prison pour insulte au Chef de l’Etat.
Ainsi, au plan politique la situation de la Côte d’Ivoire se résumait par une crise de confiance entre le pouvoir FPI et l’opposition d’une part, et la confiscation des libertés par ce pouvoir d’autre part, ce qui compliquait davantage le contexte politique particulièrement fragile.
En rappelant ces faits, il ne s’agit pas pour nous d’enfoncer un adversaire qui se trouverait déjà à terre, après la crise postélectorale, mais de nous souvenir de l’atmosphère qui a régné dans notre pays pendant ces longues années, jusqu’à l’élection présidentielle de 2010.
Ce trop rapide tour d’horizon indique à chacun, qu’il n’était pas possible, dans ces conditions, de tenir un congrès, car si le onzième congrès s’est tenu du 5 au 8 avril 2002, comme indiqué plus haut, le suivant, le douzième, aurait dû se tenir en 2007 déjà.
La paix revenue, le dictateur parti à la Cour pénale internationale, la CPI, il n’y avait donc plus de raisons pour que nous ne puissions pas nous retrouver.
Mais, direz-vous qu’a fait le PDCI-RDA, pendant cette longue période? Comment s’est-il comporté? Il est important de répondre à ces questions parce que trop de choses inexactes se disent ou s’écrivent, sur le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire.
En Parti fondateur de la Côte d’Ivoire, le PDCI-RDA ne s’est jamais départi des vertus que lui a légué le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny. Le PDCI-RDA est resté un parti de dialogue, un parti de rassemblement, un parti prônant entre les Ivoiriens. On oublie trop souvent que dès que les premiers coups de feu ont éclaté, j’ai demandé au Président Laurent GBAGBO de s’asseoir et de discuter avec les mutins. Ce fut une fin de non- recevoir.
A quel titre devrais-je donner de tels conseils, puisque je n’avais pas pu conserver le pouvoir moi-même, m’avait-on rétorqué à l’époque. La suite est connue.
Lorsqu’il s’est agi de retour de la paix dans le pays, le PDCI-RDA a apporté, partout, sa marque. Ainsi, ai-je participé, au nom du PDCI-RDA, aux différentes conférences organisées à cet effet. Et d’abord, à la Conférence de Linas-Marcoussis, puis à toutes celles d’Accra (Accra l, Il et III) , à celle de Pretoria en Afrique du Sud. Lorsque l’Accord Politique de Ouagadougou a vu le jour, j’ai régulièrement participé aux discussions.
Partout, j’ai fait entendre la voix du PDCI-RDA, celle de l’amour, de l’entente, du dialogue et ce, malgré ce que cela a pu m’en coûter à titre individuel ou collectif.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
On se plait, dans certains cercles, à dire que le PDCI-RDA a perdu, en se référant aux résultats électoraux obtenus qui sont bien en de ça de nos espérances. Mais il est honnête de reconnaitre que malgré les coups que nous avons reçus, malgré les brimades imposées à nos militants, notre Parti continue d’être une force qui compte sur la scène politique nationale.
Comparaison n’est pas raison. Combien sont-ils, les partis politiques qui ont subi ce que le PDCI-RDA a subi et qui continuent de jouer le rôle que joue le PDCI-RDA aujourd’hui?
Quels sont ces partis de gouvernement, à l’image du PDCI-RDA qui continuent d’occuper la place qui est celle du PDCI-RDA sur la scène politique nationale? Il y en a peu à la vérité. Or, tout comme le roseau, le PDCI-RDA plie et ne rompt pas. Et ceci, malgré les menaces, les saignées, les achats de conscience et le fait de trop de nos militants qui aiment bien sécher leur linge là où brille le soleil.
A la suite du premier tour de l’élection présidentielle de 2010, il est bon de rappeler que le rang que j’ai occupé n’était pas le mien! Malgré la mauvaise organisation de la direction de ma campagne, j’ai pu noter, preuve à l’appui, que j’avais été spolié d’au moins six cent mille voix et j’en ai informé différentes chancelleries, y compris l’ONUCI, le Conseil Constitutionnel et la Commission électorale indépendante qui ont été saisis par mes soins.
Mais vous conviendrez avec moi que les dés étaient déjà pipés. Le recomptage des voix qui paraissait indiqué en la circonstance, la menace que nous sentions déjà venir, l’accusation de mauvais perdant dont je serais l’objet, m’ont amené à ne pas poursuivre, d’autant plus que mon jeune frère, le Président Alassane OUATIARA était arrivé en seconde position et était, par conséquent, le mieux placé d’entre nous, conformément à ce que nous avions convenu, au niveau du RHDP. Nous devions donc le soutenir et c’est ce que j’ai fait, en demandant aux militants du PDCI-RDA de porter leurs voix sur Monsieur Alassane OUATIARA au second tour. Les résultats sont connus.
Les élections législatives du 11 décembre 2011 devraient permettre de renouveler les députés qui, élus en décembre 2000 pour cinq ans, étaient encore reconnus comme tels après dix ans de mandat. Dans l’urgence, un certain nombre d’éléments ont dû être maintenus en l’état. C’est ainsi que la liste électorale, la composition de la Commission électorale indépendante, la CEI et le mode de scrutin n’ont pas été modifiés. En revanche, la carte des circonscriptions a été densifiée, surtout dans les campagnes, ce qui a amplifié la sous-représentation des grandes villes et notamment de la capitale économique, Abidjan. Le ministère de l’Intérieur est passé de 174 à 205 circonscriptions, et de 225 à 255 sièges de députés à l’Assemblée nationale.
Moyennant quoi, si la moyenne nationale est de 22 453 électeurs pour un député, elle varie de 106834 à Cocody à 2 207 à Gbeleban (dans la région septentrionale du Denguele). On remarque également que sur les 30 nouveaux sièges, 21 ont été créés dans le nord du pays, favorable au RDR.
Sur les 1 160 candidats enregistrés par la CEI pour se disputer les 205 circonscriptions, on comptait 227 PDCI, 231 RDR, et 498 « indépendants» s’affichant sous les couleurs de 34 formations révélant souvent des dissidences au sein des principaux partis.
Sans grande surprise, le ROR a raflé la mise au soir du 14 décembre 2011 avec 127 députés.
Le PDCI n’a guère profité du boycott du FPI et devait se contenter de 77 sièges (contre 98 lors de la précédente législature de 2000, boycottée alors par le RDR...). Les autres alliés du RHOP en remportaient 10 (UDPCI, Union pour la Démocratie et la Paix, et le MFA, Mouvement des Forces d’Avenir). Les «indépendants» obtenaient 35 sièges, mais parmi les nouveaux élus figuraient des dissidents du RDR ou du PDCI, notamment des jeunes qui n’avaient pas obtenu l’investiture officielle et avaient malgré tout fait campagne. Dix- huit (18) d’entre eux sont revenus au POCI-ROA après leur victoire.
A l’issue des législatives partielles organisées le 26 février pour solder les 52 cas de contentieux, la composition de la nouvelle Assemblée nationale s’établissait ainsi : 138 députés RDR, 86 députés PDCI, 17 députés indépendants, 8 députés UDPCI, 3 députés MFA et 1 député UPCI.
Le PDCI-ROA, vient donc en deuxième position, après le RDR.
Au titre des élections municipales et régionales qui bouclaient la boucle des consultations électorales, elles se sont déroulées le 21 avril 2013 et ont permis de renouveler les maires et les conseillers municipaux dans 197 communes, d’élire les présidents et les conseillers régionaux dans 31 régions.
Sur les 665 candidats enregistrés par la CEI pour se disputer les 197 circonscriptions municipales, on comptait au niveau des têtes de listes, 126 PDCl, 171 ROR, 14 UDPCI, 347 «indépendants» et 7 de diverses formations politiques (PIT, UDCY... ).
Dans le même registre, pour les 31 circonscriptions régionales, la CEI a enregistrée sur les 83 candidats retenus, 23 PDCI, 19 RDR, 1 UDPCI et 40 « indépendants ».
Sur les 197 communes, les résultats s’établissent comme suit: PDCI-RDA: 52; RDR: 68; UDPCI : 05, Indépendants: 72.
Même si pour le PDCI on constate un recul par rapport aux élections municipales de 2000, on peut remarquer que sur les 11 communes du district d’Abidjan, huit (8) sont PDCI.
Ensuite, le PDCI présente le meilleur taux de réussite avec 41,27% (52/126), le RDR 39,77% (68/171), UDPCI 35,71% (5/14) et les Indépendants 20,75 (72/347).
Au niveau des régions, sur les 31 régions, les têtes de listes PDCI ont obtenu 14, le RDR 10, l’UDPCI 01, et les indépendants 06. Ici aussi par rapport au nombre de candidats présentés, le PDCI présente le meilleur taux de réussite avec 60,87% (14/23), le ROR 52,63% (10/19), UDPCI 100% (01/01) et les Indépendants 15,00 (06/40).
Avec les 14 régions présidées par des militants PDCI et 2 autres régions gérées par des indépendants proches du PDCI, soit 16 régions sur 31, on peut dire que le Parti a la main mise sur:
Une population électorale de 2 374889, soient 62% des électeurs des régions;
53 départements sur 102, hormis ceux des districts d’Abidjan et de Yamoussoukro;
86 communes dont 47 sont déjà PDCI.
Enfin, on note l’absence de liste RHDP dans le nord du pays et toutes les têtes de listes des listes RHDP sont PDCI.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Faut-il dès lors, après le parcours difficile qui a été le sien, jeter le PDCI-RDA aux orties?
Je ne partage pas ce point de vue. Je suis de l’avis que notre formation politique peut faire plus et mieux. Il nous suffit pour cela d’un plus grand engagement, d’une plus grande conviction et d’une meilleure organisation.
L’engagement et la conviction me paraissent évidents quand j’observe le comportement de la majorité de nos militants. Mais il faut reconnaitre que le fonctionnement de notre formation politique laisse parfois à désirer. C’est la raison d’être des aménagements que nous souhaitons introduire et que nous proposons aux Congressistes.
Nous suggérons ces aménagements aux Congressistes pour rendre le parti plus fort, plus efficace et plus performant. C’est de la sorte qu’il pourra aboutir à ce que nous souhaitons tous et qui est l’objectif de tout parti politique, la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat.
Dans ce cadre, je propose aux Congressistes la mise en place d’une ossature administrative et technique du parti, composée de cadres et d’agents qui travailleraient à temps plein.
J’ai déjà, à la suite de la réunion du Bureau Politique du 2 juin 2013, procédé à la désignation de deux responsables chargés, l’un des finances et du patrimoine et l’autre de l’administration électorale. Il reste à envisager la désignation de:
-un directeur de la communication et du suivi de l’opinion nationale et internationale;
-un directeur de l’administration du personnel et de l’immatriculation des militants, en liaison avec le directeur financier;
-un responsable de la gestion de la Boutique du Parti, pour mettre fin à l’utilisation abusive du logo du parti.
Au titre des Statuts et Règlement intérieur du Parti, je propose aux militants, la restructuration du Parti pour en faire un instrument à la mesure de nos ambitions.
Ainsi, au niveau des organes centraux, je propose que le Congrès, organe suprême du Parti reste inchangé de même que la Convention Nationale qui est l’organe de discussion et d’appréciation des activités du Parti dans l’intervalle des Congrès, conformément aux statuts.
S’agissant du Président du Parti, il est proposé que la limite d’âge dans les critères de candidature, soit supprimée.
Concernant le poste de Secrétaire général du Parti, il est proposé qu’il soit supprimé en tant qu’organe central et transformé en Secrétariat du Président du Parti. Il devient le Secrétariat Exécutif, comportant une vingtaine de membres. Le Secrétaire Exécutif supplée le Président du Parti en cas d’absence de courte durée.
Le Bureau Politique, demeurera l’organe exécutif du Parti. Il comprend deux cent cinquante (250) membres désignés et proposés au Congrès par le Président du Parti pour élection.
Le Conseil Politique dans lequel étaient reversés les doyens du Parti se transforme en Conseil des Sages.
Le Grand Conseil est supprimé en tant qu’organe central. Il est décentralisé au niveau des régions et comporte entre quarante(40) et cinquante(50) membres par région; il devient le Grand Conseil Régional.
En ce qui concerne les organes décentralisés du Parti, il y aura désormais, outre le Grand Conseil régional, la délégation départementale ou communale, à raison d’une délégation par département ou par commune; la délégation générale, à raison d’une délégation par pays; la section à raison d’une section pour deux mille(2000) habitants; la section extérieure, à raison d’une section par région à l’étranger.
Les sections extérieures composent la délégation générale; enfin, le comité de base, structure de base du parti dans laquelle se retrouvent, par village ou par quartier, au moins deux cent(200) habitants.
S’agissant des organes spécialisés, la Jeunesse du PDCI et l’Union des Femmes du PDCI, il est suggéré que l’une et l’autre éclatent, la JPDCI en trois branches, une rurale, une urbaine et une scolaire et universitaire. Les Présidents de l’une ou l’autre sont élus en Assemblée générale. La Coordination des trois(3) branches est assurée par un membre du Secrétariat Exécutif.
Quant à l’UFPDCI, elle éclate en deux branches: une urbaine et l’autre rurale. Les Présidentes de chacune des branches est élue en Assemblée générale et leur coordination est assurée par un membre du Secrétariat Exécutif.
Relativement aux organes annexes, il est proposé que l’Inspection du Parti ait essentiellement pour mission le contrôle et l’évaluation du fonctionnement et de l’administration du parti. Quant au Commissariat aux Comptes, son rôle reste inchangé. Le Conseil de Discipline et le Conseil de l’Ordre du Bélier fusionnent pour former le Conseil de Discipline et de l’Ordre du Bélier.
Je suggère enfin que soient supprimés, le Comité de Médiation et la Commission de la Promotion des Femmes qui n’ont pas, à l’expérience, donné les résultats escomptés.
Les Commissions techniques nationales vont remplacer et les Secrétariats nationaux et les commissions techniques permanentes. Au nombre de vingt(20), elles comprennent dix (10) à quinze (15) membres chargés de mener des études sur tous les secteurs d’activité et de proposer au Président du Parti les orientations souhaitables pour alimenter sa position politique.
Pour la formation politique des militants, il est nécessaire et même urgent de ressusciter l’Institut d’Etudes politiques du Parti.
Il aura pour but de renforcer et de systématiser la formation des militants. Il aura également à concevoir et à développer la propagande du Parti.
Le logo du Parti, qui a été déposé à l’Organisation mondiale pour la propriété industrielle, OMPI, est aujourd’hui utilisé dans un désordre organisé. La Boutique du Parti va désormais gérer et exploiter le label du Parti et son Logo.
S’agissant enfin des structures informelles comme les groupes et clubs de soutien, elles sont transformées en structures spécialisées et deviennent des Mouvements associatifs proches du PDCI-RDA.
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, notre formation politique fonctionne dans un environnement qui est non seulement commun à tous les ivoiriens, mais que nous voulons influencer et naturellement orienter. C’est à ce titre qu’il nous importe de donner non seulement au Parti, mais aussi à la Côte d’Ivoire entière, notre propre vision de ce que doit être notre pays. C’est la raison pour laquelle les Congressistes auront à se pencher sur les différents secteurs d’activité. Repartis en différentes commissions, les Congressistes auront à se pencher sur les conclusions des responsables des sous-commissions préparatoires, lesquels ont examiné les problèmes de la nation et ont émis des avis, notamment sur la Constitution de l’an 2000 qui doit être revue de sorte à rééquilibrer le pouvoir exécutif par la création d’une vice- présidence; rééquilibrer le pouvoir législatif par la création du Sénat.
Dans ce cadre et du Conseil Economique et Social, il est souhaité la fixation d’un délai pour la nomination de ses membres et sa mise en place effective.
La restructuration de la Commission électorale indépendante(CEI) a été suggérée car sa configuration actuelle est dépassée et il convient de tenir compte de la nouvelle donne.
S’agissant de la réforme administrative, la réduction du nombre de régions, pour les ramener de 31 à 12, a été suggérée, tout comme il a été souhaité que le découpage soit revu sans tenir compte de préoccupations électoralistes, politiques et tribales .Par ailleurs, les dénominations des Régions doivent être débarrassées de connotations ethniques.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Nous nous trouvons à un tournant très important de la vie de notre Parti. Pour arriver à la tenue de la présente rencontre, il nous a fallu le temps que vous savez. Il fallait qu’un minimum de paix soit retrouvé. La paix est intervenue parce que les enfants d’Houphouët-Boigny que nous sommes se sont mis ensemble, ont su taire leurs querelles ou leurs divergences pour chasser le tyran Laurent Gbagbo .C’est bien ce qui nous permet aujourd’hui de nous retrouver.
De plus en plus, des voix discordantes se font entendre à propos de l’alliance que nous avons mise en place le 18 mai 2005 à Paris et qui nous a permis de nous débarrasser de la Refondation.
Nous ne pouvons pas remettre en cause l’existence de cette alliance, même si nous sommes tous d’avis que des réglages y sont absolument nécessaires.
Ces réglages sont à opérer au niveau de l’organisation de la Conférence des Présidents et du Directoire. Il s’agira de restructurer le RHDP pour le rendre plus opérationnel, à travers le fonctionnement de la Conférence des Présidents en tenant compte des premières difficultés de parcours.
S’agissant du Directoire je suggère que la présidence tournante soit remise en vigueur pour une représentation égalitaire des dirigeants des partis membres de l’alliance.
Les réglages sont également nécessaires pour les futures élections municipales et régionales.
Les partis membres doivent éviter les calculs politiciens et s’engager à établir des listes communes dans toutes les circonscriptions électorales. Des débats francs doivent être envisagés pour éviter les quiproquos et les décisions anticonstitutionnelles et antidémocratiques, sources de dissensions. Il faut des réglages pour pouvoir gouverner ensemble.
A cet effet, il faut que les Présidents des partis membres de l’alliance engagent des actions vigoureuses tendant à réaménager le gouvernement pour tenir compte de l’équilibre entre les régions et les partis membres; le découpage électoral, manifestement trop favorable à certaines régions, le nord en particulier, en dépit de leur poids démographique dans la nation mérite d’être corrigé; enfin, ouvrir les emplois de la Présidence de la République aux cadres des Partis membres du RHDP.
Les relations fraternelles et chaleureuses entre les militants des partis membres du RHDP pendant le deuxième tour de l’élection présidentielle et la crise postélectorale semblent se refroidir et se distendre de plus en plus depuis l’installation du Président du RDR, le Dr Alassane OUATTARA, à la Présidence de la République. Des mesures doivent être prises pour réchauffer ces relations.
Dans ce cadre, il conviendra de formaliser l’alliance en la déclara comme un groupement de partis politiques, chacun gardant cependant son autonomie.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Je ne pourrai terminer cette allocution sans rappeler que l’objectif de tout parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir. L’histoire a voulu que notre Parti, pendant quarante (40) ans, ait pu, après l’accession de notre pays à l’indépendance, le diriger sans discontinuer et même six ans après le départ du père fondateur. Nous savons aussi que notre pays s’est complexifié au fil des années et que, parce que nous vivons sous un régime politique qui se veut démocratique, des opinions diverses peuvent s’exprimer, nous sommes conscient qu’à l’avenir, il sera impossible à un seul parti politique d’exercer ce pouvoir. L’alliance avec des formations politiques qui partagent les mêmes points de vue, devient l’unique moyen d’acquérir ce pouvoir.
Dans ce cadre, nous devons continuer notre action de formation de nos militants, d’organisation efficace de notre Parti, afin de pouvoir, même au sein d’une alliance, nous donner les moyens de diriger à nouveau la Côte d’Ivoire.
Ce sont ces moyens que nous voulons nous donner par la restructuration que nous avons proposée aux Congressistes. Elle consiste, en résumé:
-à donner au parti, une ossature administrative solide, avec des responsables chargés des finances et du patrimoine, des élections, de la communication, de la gestion du personnel et de la gestion de la boutique du parti;
-à modifier les critères d’accession au poste de président du parti, en faisant sauter la limite d’âge;
-à créer un secrétariat exécutif pour éviter les conflits de compétence;
-à réduire le nombre de membres du bureau politique pour rendre cet organe plus gérable ;
-à décentraliser le grand conseil qui devient régional;
-à reformer la JPDCI et l’UFPDCI, pour tenir compte des différentes catégories de membres de ces structures;
-à réanimer l’Institut d’Etudes politiques du parti pour assurer la formation, initial et continue des militants.
Que dire pour conclure ?
L’histoire du PDCI-RDA se confond avec celle de la Côte d’Ivoire moderne. Malgré la perte du pouvoir d’Etat, nous avons toujours marché dans les sillons tracés par le père fondateur pour défendre les idéaux de notre parti que sont l’amour, la cohésion, la tolérance, la paix, la justice et le dialogue.
Ces dix dernières années ont été catastrophiques pour notre pays et pour notre Parti.
Néanmoins, nous avons été sur tous les fronts, nous avons été de tous les combats. Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour apporter notre expérience là où il le fallait, ou nos conseils quand nous avons été sollicités. Nous avons consenti d’énormes sacrifices, jusqu’à l’effacement total de notre ego, pour sauver la Côte d’Ivoire.
L’amour du prochain a toujours été notre sacerdoce. Mais cette assertion a quelquefois été assimilée à de la faiblesse. Malgré l’incompréhension et quelquefois même la réprobation de certains d’entre nous, nous n’avons pas failli à notre devoir.
Nous sommes garants de l’héritage du père fondateur, et en dépit des soubresauts et la perte du pouvoir d’Etat, malgré les semonces et les coups de toutes parts, nous avons maintenu le PDCI-RDA debout.
Il est difficile pour un parti plus que cinquantenaire de résister, aussi longtemps à toutes ces bourrasques.
Nous nous sommes maintenus, en tant que parti, parce que nous avons accepté, pour la plupart, à appliquer les valeurs que nous a toujours enseignées le père de la nation: le pardon et la paix, en plus du dialogue et de l’amour qui restent les vertus cardinales de notre formation politique.
Ce sont ces valeurs, Mesdames et Messieurs, qui permettent au PDCI-RDA d’être là, devant vous, dans toute sa diversité, réuni dans un même creuset, prêt pour de nouveaux combats.
Ce sont elles, ces vertus qui nous assureront notre victoire prochaine dans tous nos combats.
Je souhaite un bon congrès à tous.
Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je veux d’abord vous remercier tous de l’honneur que vous nous faites en répondant favorablement à l’invitation du Comité d’Organisation de ce Xllème Congrès de notre Parti.
En le faisant, vous nous manifestez non seulement de l’amitié mais aussi la haute estime dans laquelle vous nous tenez et que nous apprécions.
Je veux remercier les délégués des partis frères, venus de l’extérieur du quadrilatère que constitue notre pays, pour nous apporter le témoignage de leur amitié. Que cette présence nous permette de renforcer les relations qui existent si heureusement déjà entre nos formations politiques.
Je veux saluer et remercier également les Ambassadeurs et autres hauts représentants de pays amis et frères qui vivent avec nous et suivent nos affaires. Veuillez transmettre, Excellences, à vos souverains respectifs les remerciements infinis que nous leur adressons et notre souhait de voir que se concrétisent et se renforcent les liens particuliers qui existent entre nos pays. Soyez remerciés, vous-mêmes, de la sympathie avec laquelle vous suivez l’évolution de notre formation politique et de notre pays.
Aux responsables des partis politiques Ivoiriens, je veux également dire merci.
Notre Congrès est également le vôtre car nous discutons, sous des angles différents peut-être, d’un sujet qui nous est commun, le devenir de notre chère partie, la Côte d’Ivoire. Nous nous réjouissons donc de votre présence réconfortante, convaincus que nous saurons, malgré les divergences politiques qui peuvent exister entre nous, trouver des points communs pour défendre, ensemble, la mère patrie et la démocratie.
La communication est aujourd’hui, d’une importance capitale pour toute formation politique en ce qu’elle transporte à une vitesse vertigineuse les informations d’un point à l’autre de l’univers. A ce titre, je veux saluer les journalistes de tous les organes de presse, écrite, audio ou visuelle. Leur description de l’événement d’aujourd’hui, donnera une visibilité particulière à nos travaux.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Chers Compagnons,
Mesdames et Messieurs
Avril 2002- Octobre 2013.Cela fait onze (11) longues années et quelques mois que nous ne nous sommes pas retrouvés en congrès. Nous, Ivoiriens et surtout nous, militants du PDCI-RDA, nous en connaissons les raisons.
Quand se tiennent les assises du onzième Congrès, les S, 6,7 et 8 avril 2002, nous sommes pleins d’espoir. Certes, nous souffrons toujours des traumatismes laissés par le funeste coup d’Etat du Général Robert GUEI et ses «jeunes gens ».
Venus avec un esprit de vengeance, ils ont copieusement pillé ce qui appartenait aux militants du PDCI-RDA et également ce qui était le patrimoine de ce parti. Les bureaux seront fouillés et vidés de leur contenu, y compris les effets personnels de ceux qui y travaillaient. Le mobilier est saccagé ou emporté à Cocody, à Treichville, au Plateau, à Yamoussoukro, partout où il y avait un bien immobilier appartenant au PDCI. Il est inutile de parler des archives, ni des moyens financiers qui étaient accessibles.
Les nouveaux maîtres du pays installeront une justice expéditive avec des bandes organisées à la manière de la mafia italienne dont elles prennent d’ailleurs les appellations: camorra, brigades rouges etc. Le PC-Crise va s’illustrer dans cette sauvagerie. Tout y est passé: vol, viol, assassinat, etc.
Quand arrivent les élections de 2000 que le Général GUEI fait organiser, les candidats du PDCI-RDA seront purement et simplement éliminés sous les prétextes les plus fallacieux.
Le nouveau maître tout puissant des lieux, se fera toutefois rouler dans la farine par Laurent Gbagbo qui prendra les rênes du pouvoir après un vote dans des conditions que lui-même reconnait comme ayant été des « conditions calamiteuses ».
A la vérité, les quelques électeurs qui ont pris part à cette consultation bien spéciale d’où ont été écartés tous les candidats du parti qui gênait, c’est-à-dire le PDCI-RDA, étaient placés devant un choix cornélien. IIs avaient à choisir entre un militaire« putschiste» et un populiste, civil celui-là, qui promettait la lune face aux déconvenues d’un pouvoir militaire brutal. Ils ont pensé bien faire en portant leur choix sur celui qu’ils considéraient comme étant le moindre mal.
On peut se demander, après coup, si c’était vraiment le bon choix.
Le PDCI-RDA éliminé, il fallait partager le gâteau, c’est-à-dire le pouvoir, entre ceux qui avaient participé à cette forfaiture.
En toute apparence, le partage n’avait pas été fait à la satisfaction de tous car deux années après, le 19 septembre 2002 intervient une mutinerie, à un mois du deuxième anniversaire de l’avènement de Laurent Gbagbo. Dirigée par de nouveaux acteurs qui apparaissent sur la scène politique nationale, la rébellion se transforme par la suite en une véritable guerre qui divise le pays en deux parties, la partie nord aux rebelles et la partie sud au gouvernement de Laurent Gbagbo.
C’est alors que vont s’engager de multiples discussions et négociations tendant à ramener la paix dans ce qu’on commence à qualifier de "crise ivoirienne".
Vont se succéder les concertations aussi bien en Côte d’Ivoire, en Afrique que hors d’Afrique. Il y aura d’abord, juste après le déclenchement de la crise, le ballet diplomatique des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, appuyés par l’ONU, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la France et les Etats-Unis. Réunis à Accra, au Ghana, sur convocation du Président Abdoulaye WADE, Président du Sénégal, les Chefs d’Etat de cette organisation régionale condamnent le coup de force et imposent un cessez-le feu qui est signé le 17 octobre 2002 à Bouaké.
Suite à ce cessez-le feu, le Président Gnasingbé EYADEMA du Togo est désigné par ses pairs pour diriger un groupe de contact de haut niveau en vue d’assurer la médiation entre les forces ivoiriennes en présence. Pendant deux mois, les frères ivoiriens vont discuter à Lomé, mais sans résultat palpable.
Pendant ce temps, des mini sommets de chefs d’Etats ou de gouvernements se multiplient dans différentes capitales africaines: Bamako, Dakar, Abidjan, etc. Toutes ces rencontres se soldent également par un échec.
C’est alors que le Président de la République française convie à une table ronde, les forces politiques ivoiriennes, à Linas-Marcoussis, du 15 au 23 janvier 2003. Ces discussions aboutissent le 23 janvier 2003, à la signature de l’accord dit "Accord de Linas-Marcoussis"
Cet accord donne lieu à un partage de pouvoir entre les différentes forces politiques participantes et désigne l’Ambassadeur Seydou Diarra comme Premier Ministre du gouvernement de réconciliation nationale, le 25 janvier 2003, à l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Paris.
Mais chacun se souvient que Laurent Gbagbo et ses partisans ne sont pas prêts à accepter les clauses de cet accord. Pour eux, il s’agit ni plus ni moins de leur arracher leur pouvoir.
Bien qu’ils acceptent la nomination de l’Ambassadeur Seydou DIARRA, comme Premier Ministre, l’application de l’accord se heurte à de nombreux blocages, toutes choses qui vont nécessiter un nouveau sommet de chefs d’Etat africains, une fois de plus à Accra.
En effet, devant les difficultés d’application des Accords de Linas-Marcoussis, les chefs d’Etat africains se retrouvent les 6 et 7 mars 2003 à Accra. Cette table ronde se tient à l’initiative du Président ghanéen John KUFFOR, Président en exercice de la CEDEAO et ne réunit que les forces signataires des Accords de Linas- Marcoussis. Ce sera Accra II.
Ici encore, la mise en application des résolutions prises échoue et entraine l’organisation d’un troisième sommet qui se tient le 11 novembre 2003. Ce sera Accra III. Cette rencontre se soldera également par un échec dans la mesure où aucune solution concrète n’a été trouvée à la crise ivoirienne.
Les tergiversations continuent en effet et les protagonistes ivoiriens sont obligés de se déporter à Pretoria, en Afrique du Sud.
Le 6 avril 2005, est signé l’Accord de Pretoria. A la suite de cet accord, Charles Konan Banny est nommé Premier Ministre avec la bénédiction des Présidents Olusegun OBASANJO du Nigeria, Mamadou Tanja du Niger et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud.
Ceci se passe le 4 décembre 2008. Le 28 décembre, Charles Konan BANNY forme son premier gouvernement de transition. Il tient le premier conseil de gouvernement et adresse son premier message à la nation.
L’année 2006 se déroule sans fait marquant, mais le 16 septembre 2006, Charles Konan BANNY doit former son deuxième gouvernement de transition.
Et puis, à la surprise générale, sans, en apparence que le Premier Ministre en poste en ait été informé, on apprend que des discussions ont été entreprises dans le plus grand secret entre Laurent GBAGBO et Guillaume SORO, les deux protagonistes du conflit ivoirien sous le regard bienveillant de Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso. Ce sera l’Accord Politique de Ouagadougou, APO. Cet accord est signé le 4 mars 2007 et quelques jours plus tard, Guilaume Kigbafory SORO, Secrétaire général des Forces nouvelles, est nommé Premier Ministre au Burkina Faso, par l’Accord Politique de Ouagadougou. Trois jours plus tard, un décret confirme cette nomination (29 mars 2007).
C’est dans cette situation que le pays, cahin caha, va se déporter jusqu’aux élections générales de 2010.
Je n’ai pas souhaité entrer dans le détail du quotidien des Ivoiriens, jusqu’à l’élection présidentielle de 2010 qui devrait donner à la Côte d’Ivoire, un nouveau Président et des dirigeants légitimes. Il faut se souvenir en effet, que les refondateurs pour des raisons évidentes ont voulu se donner, gratuitement, un mandat supplémentaire de cinq années, ce qui fait donc que les élections prévues en 2005, ont été renvoyées aux calendes grecques.
L’élection présidentielle de 2010 a donc été organisée comme nous savons tous et les faits sont trop récents pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.
Battu au second tour, par la coalition formée par le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix, le RHDP, Laurent Gbagbo n’a pas reconnu sa défaite et a voulu se maintenir, coûte que coûte, au prix de la vie de milliers d’Ivoiriens. La suite est connue de vous tous ...
Aujourd’hui, la situation de notre pays redevient normale et nous nous en réjouissons, mais pour l’histoire, il est bon que nous n’oublions jamais ce que nous avons vécu, afin surtout que les générations futures n’aient pas à recommencer ou à revivre pareil drame.
La guerre a créé dans notre pays une situation nouvelle qui rappelle, tristement, ce qui se passait dans l’Allemagne du temps du sinistre Adolf Hitler au point que des analystes n’hésitent pas à comparer le régime ivoirien du Front Populaire à celui de la Gestapo : calomnies, délations, arrestations arbitraires, assassinats étaient devenus le lot quotidien des Ivoiriens qui ne comprenaient rien à ce qui leur arrivait.
Le FPI qui a toujours proclamé haut et fort qu’il soutenait la liberté d’expression et la liberté de la presse a menacé régulièrement d’emprisonner et au besoin d’éliminer tout journaliste qui oserait écrire contre le pouvoir, bâillonnant ainsi les journalistes qui devaient désormais se soumettre à la pensée unique, celle du chef Laurent Gbagbo.
C’est que le chemin vers une pratique démocratique, sous le régime « frontiste » a été bien long. Sous l’apparence d’un Etat démocratique « agressé» où fonctionnaient de nombreux partis politiques et une société civile souvent aux bottes des partis, sévissait une dictature qui ne disait pas son nom. Ainsi, alors que l’égalité des citoyens constitue la base de la démocratie, de nombreux citoyens étaient empêchés de prendre part aux votes, tout simplement, parce que vivant dans des régions du pays dont ils n’étaient pas originaires.
La situation peut se résumer à partir de l’observation qu’a faite un lecteur d’un quotidien ivoirien, non militant du PDCI-RDA ou du RHDP: « Aujourd’hui obnubilés par le pouvoir, les chantres de la démocratie vraie et du socialisme d’hier, ont du mal à opérer leur mue pour une vision moderne de la démocratie. Une vision moderne où on ne meurt pas pour une simple manifestation constitutionnellement admise, une vision moderne où on ne va pas en prison sur simple dénonciation ou pour des convictions exprimées, une vision moderne de la démocratie où pour un oui ou pour un non, la terreur des bruits de bottes ne soit exhibée comme un épouvantail aux populations déjà meurtries par la paupérisation avancée, enfin une vision moderne de la démocratie où à chaque étape d’élection, les règles du jeu démocratique restent intactes pour tous. Est-ce un luxe inaccessible aux Ivoiriens qui font la politique? »
Au plan économique, la situation, déjà grave à la suite d’une gestion approximative et de fait des militaires, était désastreuse .En plus d’une fiscalité insupportable qui a eu pour seul effet de tuer l’impôt, la guerre avait fait de la Côte d’Ivoire un pays à haut risque .En conséquence, plus rien n’allait. Les commerces, les industries et les usines fermaient les uns après les autres. Naturellement, ce sont des milliers d’Ivoiriens qui se retrouvaient dans la rue, au chômage.
Le drame se vivait surtout au plan social. La guerre a créé de nouvelles situations et les Ivoiriens qui ont su développer un humour caustique parlaient de la vie des de nombreux PDG, entendez « Populations Déplacées de Guerre ».11 s’agissait de fonctionnaires et hauts cadres qui avaient tout perdu du fait de la guerre et étaient obligés de rappliquer sur Abidjan où ils vivotaient, souvent dans des conditions indescriptibles.
Les nombreux décès enregistrés pendant cette période n’ont pas d’autres explications que le stress, l’humiliation, la déconvenue ...
Il convient d’ajouter les effets du népotisme ou la faveur accordée aux gens de sa région d’origine, de sa tribu, de son village ou de sa famille au détriment des autres, même s’ils présentaient des qualifications meilleures. A cette pratique qui n’est rien d’autre que le tribalisme, il y a lieu d’adjoindre les règlements de comptes politiques. Ainsi, par l’effet conjugué de ces pratiques, de nombreux cadres, parce que n’étant pas de la même famille, du même village, de la même tribu, de la même région ou du même parti politique, se retrouvaient au chômage ou au mieux, assis chez eux à ne rien faire. Le FPI s’était signalé dès son accession au pouvoir, par le versement du sang des Ivoiriens. Mais cela ne devait pas surprendre, car, déjà dans l’opposition, le FPI se caractérisait par l’utilisation de la violence comme moyen privilégié de la conquête du pouvoir. Rappelons brièvement l’introduction de la machette à l’école par le bras séculier de ce parti, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), ainsi que l’assassinat dans des conditions horribles d’un étudiant du nom de Thierry Zebié en 1990.
Chacun garde également à l’esprit l’horreur indescriptible de l’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir avec les morts dont on ne connaît pas le nombre exact du charnier de Yopougon.
Dès l’installation des refondateurs au pouvoir, les massacres et les tueries ont commencé et se sont poursuivis. Les tueries étaient devenues si quotidiennes qu’elles semblaient ne plus émouvoir, puisqu’elles entraient, impunément dans la pratique quotidienne.
A cela sont venus s’ajouter les déchets toxiques achetés et déversés à différents endroits de la ville d’Abidjan. Les Ivoiriens et le monde entier ont été en effet, scandalisés par le déversement des déchets toxiques qui ont fait des morts et des milliers de malades. Les coupables sont connus. Le premier ministre Charles Konan BANNY qui avait pris des mesures conservatoires de suspension des principaux responsables a été désavoué par le Président Laurent Gbagbo: les coupables ont repris tranquillement leurs occupations et leurs privilèges, plus forts que jamais. Aujourd’hui, plusieurs années après ce crime, un semblant de procès s’est ouvert à l’encontre des menus fretins de l’affaire, alors que les principaux responsables continuent bien tranquillement, sans regrets et sans compassion même pour les morts et les malades!
La corruption était rampante et elle se pratiquait à tous les niveaux, dans les services publics comme dans les services privés.
On ne reviendra pas sur ce qui se passait dans les grandes écoles, chargées pourtant de former des cadres de haut niveau à qui reviendra demain, la charge de diriger le pays. Il n’est pas nécessaire de donner des cas car chaque Ivoirien a vécu la situation. Pour avoir dénoncé ce fait, un jeune diplômé, à la recherche d’un premier emploi, a été écroué et a purgé, jour pour jour, un an de prison pour insulte au Chef de l’Etat.
Ainsi, au plan politique la situation de la Côte d’Ivoire se résumait par une crise de confiance entre le pouvoir FPI et l’opposition d’une part, et la confiscation des libertés par ce pouvoir d’autre part, ce qui compliquait davantage le contexte politique particulièrement fragile.
En rappelant ces faits, il ne s’agit pas pour nous d’enfoncer un adversaire qui se trouverait déjà à terre, après la crise postélectorale, mais de nous souvenir de l’atmosphère qui a régné dans notre pays pendant ces longues années, jusqu’à l’élection présidentielle de 2010.
Ce trop rapide tour d’horizon indique à chacun, qu’il n’était pas possible, dans ces conditions, de tenir un congrès, car si le onzième congrès s’est tenu du 5 au 8 avril 2002, comme indiqué plus haut, le suivant, le douzième, aurait dû se tenir en 2007 déjà.
La paix revenue, le dictateur parti à la Cour pénale internationale, la CPI, il n’y avait donc plus de raisons pour que nous ne puissions pas nous retrouver.
Mais, direz-vous qu’a fait le PDCI-RDA, pendant cette longue période? Comment s’est-il comporté? Il est important de répondre à ces questions parce que trop de choses inexactes se disent ou s’écrivent, sur le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire.
En Parti fondateur de la Côte d’Ivoire, le PDCI-RDA ne s’est jamais départi des vertus que lui a légué le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny. Le PDCI-RDA est resté un parti de dialogue, un parti de rassemblement, un parti prônant entre les Ivoiriens. On oublie trop souvent que dès que les premiers coups de feu ont éclaté, j’ai demandé au Président Laurent GBAGBO de s’asseoir et de discuter avec les mutins. Ce fut une fin de non- recevoir.
A quel titre devrais-je donner de tels conseils, puisque je n’avais pas pu conserver le pouvoir moi-même, m’avait-on rétorqué à l’époque. La suite est connue.
Lorsqu’il s’est agi de retour de la paix dans le pays, le PDCI-RDA a apporté, partout, sa marque. Ainsi, ai-je participé, au nom du PDCI-RDA, aux différentes conférences organisées à cet effet. Et d’abord, à la Conférence de Linas-Marcoussis, puis à toutes celles d’Accra (Accra l, Il et III) , à celle de Pretoria en Afrique du Sud. Lorsque l’Accord Politique de Ouagadougou a vu le jour, j’ai régulièrement participé aux discussions.
Partout, j’ai fait entendre la voix du PDCI-RDA, celle de l’amour, de l’entente, du dialogue et ce, malgré ce que cela a pu m’en coûter à titre individuel ou collectif.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
On se plait, dans certains cercles, à dire que le PDCI-RDA a perdu, en se référant aux résultats électoraux obtenus qui sont bien en de ça de nos espérances. Mais il est honnête de reconnaitre que malgré les coups que nous avons reçus, malgré les brimades imposées à nos militants, notre Parti continue d’être une force qui compte sur la scène politique nationale.
Comparaison n’est pas raison. Combien sont-ils, les partis politiques qui ont subi ce que le PDCI-RDA a subi et qui continuent de jouer le rôle que joue le PDCI-RDA aujourd’hui?
Quels sont ces partis de gouvernement, à l’image du PDCI-RDA qui continuent d’occuper la place qui est celle du PDCI-RDA sur la scène politique nationale? Il y en a peu à la vérité. Or, tout comme le roseau, le PDCI-RDA plie et ne rompt pas. Et ceci, malgré les menaces, les saignées, les achats de conscience et le fait de trop de nos militants qui aiment bien sécher leur linge là où brille le soleil.
A la suite du premier tour de l’élection présidentielle de 2010, il est bon de rappeler que le rang que j’ai occupé n’était pas le mien! Malgré la mauvaise organisation de la direction de ma campagne, j’ai pu noter, preuve à l’appui, que j’avais été spolié d’au moins six cent mille voix et j’en ai informé différentes chancelleries, y compris l’ONUCI, le Conseil Constitutionnel et la Commission électorale indépendante qui ont été saisis par mes soins.
Mais vous conviendrez avec moi que les dés étaient déjà pipés. Le recomptage des voix qui paraissait indiqué en la circonstance, la menace que nous sentions déjà venir, l’accusation de mauvais perdant dont je serais l’objet, m’ont amené à ne pas poursuivre, d’autant plus que mon jeune frère, le Président Alassane OUATIARA était arrivé en seconde position et était, par conséquent, le mieux placé d’entre nous, conformément à ce que nous avions convenu, au niveau du RHDP. Nous devions donc le soutenir et c’est ce que j’ai fait, en demandant aux militants du PDCI-RDA de porter leurs voix sur Monsieur Alassane OUATIARA au second tour. Les résultats sont connus.
Les élections législatives du 11 décembre 2011 devraient permettre de renouveler les députés qui, élus en décembre 2000 pour cinq ans, étaient encore reconnus comme tels après dix ans de mandat. Dans l’urgence, un certain nombre d’éléments ont dû être maintenus en l’état. C’est ainsi que la liste électorale, la composition de la Commission électorale indépendante, la CEI et le mode de scrutin n’ont pas été modifiés. En revanche, la carte des circonscriptions a été densifiée, surtout dans les campagnes, ce qui a amplifié la sous-représentation des grandes villes et notamment de la capitale économique, Abidjan. Le ministère de l’Intérieur est passé de 174 à 205 circonscriptions, et de 225 à 255 sièges de députés à l’Assemblée nationale.
Moyennant quoi, si la moyenne nationale est de 22 453 électeurs pour un député, elle varie de 106834 à Cocody à 2 207 à Gbeleban (dans la région septentrionale du Denguele). On remarque également que sur les 30 nouveaux sièges, 21 ont été créés dans le nord du pays, favorable au RDR.
Sur les 1 160 candidats enregistrés par la CEI pour se disputer les 205 circonscriptions, on comptait 227 PDCI, 231 RDR, et 498 « indépendants» s’affichant sous les couleurs de 34 formations révélant souvent des dissidences au sein des principaux partis.
Sans grande surprise, le ROR a raflé la mise au soir du 14 décembre 2011 avec 127 députés.
Le PDCI n’a guère profité du boycott du FPI et devait se contenter de 77 sièges (contre 98 lors de la précédente législature de 2000, boycottée alors par le RDR...). Les autres alliés du RHOP en remportaient 10 (UDPCI, Union pour la Démocratie et la Paix, et le MFA, Mouvement des Forces d’Avenir). Les «indépendants» obtenaient 35 sièges, mais parmi les nouveaux élus figuraient des dissidents du RDR ou du PDCI, notamment des jeunes qui n’avaient pas obtenu l’investiture officielle et avaient malgré tout fait campagne. Dix- huit (18) d’entre eux sont revenus au POCI-ROA après leur victoire.
A l’issue des législatives partielles organisées le 26 février pour solder les 52 cas de contentieux, la composition de la nouvelle Assemblée nationale s’établissait ainsi : 138 députés RDR, 86 députés PDCI, 17 députés indépendants, 8 députés UDPCI, 3 députés MFA et 1 député UPCI.
Le PDCI-ROA, vient donc en deuxième position, après le RDR.
Au titre des élections municipales et régionales qui bouclaient la boucle des consultations électorales, elles se sont déroulées le 21 avril 2013 et ont permis de renouveler les maires et les conseillers municipaux dans 197 communes, d’élire les présidents et les conseillers régionaux dans 31 régions.
Sur les 665 candidats enregistrés par la CEI pour se disputer les 197 circonscriptions municipales, on comptait au niveau des têtes de listes, 126 PDCl, 171 ROR, 14 UDPCI, 347 «indépendants» et 7 de diverses formations politiques (PIT, UDCY... ).
Dans le même registre, pour les 31 circonscriptions régionales, la CEI a enregistrée sur les 83 candidats retenus, 23 PDCI, 19 RDR, 1 UDPCI et 40 « indépendants ».
Sur les 197 communes, les résultats s’établissent comme suit: PDCI-RDA: 52; RDR: 68; UDPCI : 05, Indépendants: 72.
Même si pour le PDCI on constate un recul par rapport aux élections municipales de 2000, on peut remarquer que sur les 11 communes du district d’Abidjan, huit (8) sont PDCI.
Ensuite, le PDCI présente le meilleur taux de réussite avec 41,27% (52/126), le RDR 39,77% (68/171), UDPCI 35,71% (5/14) et les Indépendants 20,75 (72/347).
Au niveau des régions, sur les 31 régions, les têtes de listes PDCI ont obtenu 14, le RDR 10, l’UDPCI 01, et les indépendants 06. Ici aussi par rapport au nombre de candidats présentés, le PDCI présente le meilleur taux de réussite avec 60,87% (14/23), le ROR 52,63% (10/19), UDPCI 100% (01/01) et les Indépendants 15,00 (06/40).
Avec les 14 régions présidées par des militants PDCI et 2 autres régions gérées par des indépendants proches du PDCI, soit 16 régions sur 31, on peut dire que le Parti a la main mise sur:
Une population électorale de 2 374889, soient 62% des électeurs des régions;
53 départements sur 102, hormis ceux des districts d’Abidjan et de Yamoussoukro;
86 communes dont 47 sont déjà PDCI.
Enfin, on note l’absence de liste RHDP dans le nord du pays et toutes les têtes de listes des listes RHDP sont PDCI.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Faut-il dès lors, après le parcours difficile qui a été le sien, jeter le PDCI-RDA aux orties?
Je ne partage pas ce point de vue. Je suis de l’avis que notre formation politique peut faire plus et mieux. Il nous suffit pour cela d’un plus grand engagement, d’une plus grande conviction et d’une meilleure organisation.
L’engagement et la conviction me paraissent évidents quand j’observe le comportement de la majorité de nos militants. Mais il faut reconnaitre que le fonctionnement de notre formation politique laisse parfois à désirer. C’est la raison d’être des aménagements que nous souhaitons introduire et que nous proposons aux Congressistes.
Nous suggérons ces aménagements aux Congressistes pour rendre le parti plus fort, plus efficace et plus performant. C’est de la sorte qu’il pourra aboutir à ce que nous souhaitons tous et qui est l’objectif de tout parti politique, la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat.
Dans ce cadre, je propose aux Congressistes la mise en place d’une ossature administrative et technique du parti, composée de cadres et d’agents qui travailleraient à temps plein.
J’ai déjà, à la suite de la réunion du Bureau Politique du 2 juin 2013, procédé à la désignation de deux responsables chargés, l’un des finances et du patrimoine et l’autre de l’administration électorale. Il reste à envisager la désignation de:
-un directeur de la communication et du suivi de l’opinion nationale et internationale;
-un directeur de l’administration du personnel et de l’immatriculation des militants, en liaison avec le directeur financier;
-un responsable de la gestion de la Boutique du Parti, pour mettre fin à l’utilisation abusive du logo du parti.
Au titre des Statuts et Règlement intérieur du Parti, je propose aux militants, la restructuration du Parti pour en faire un instrument à la mesure de nos ambitions.
Ainsi, au niveau des organes centraux, je propose que le Congrès, organe suprême du Parti reste inchangé de même que la Convention Nationale qui est l’organe de discussion et d’appréciation des activités du Parti dans l’intervalle des Congrès, conformément aux statuts.
S’agissant du Président du Parti, il est proposé que la limite d’âge dans les critères de candidature, soit supprimée.
Concernant le poste de Secrétaire général du Parti, il est proposé qu’il soit supprimé en tant qu’organe central et transformé en Secrétariat du Président du Parti. Il devient le Secrétariat Exécutif, comportant une vingtaine de membres. Le Secrétaire Exécutif supplée le Président du Parti en cas d’absence de courte durée.
Le Bureau Politique, demeurera l’organe exécutif du Parti. Il comprend deux cent cinquante (250) membres désignés et proposés au Congrès par le Président du Parti pour élection.
Le Conseil Politique dans lequel étaient reversés les doyens du Parti se transforme en Conseil des Sages.
Le Grand Conseil est supprimé en tant qu’organe central. Il est décentralisé au niveau des régions et comporte entre quarante(40) et cinquante(50) membres par région; il devient le Grand Conseil Régional.
En ce qui concerne les organes décentralisés du Parti, il y aura désormais, outre le Grand Conseil régional, la délégation départementale ou communale, à raison d’une délégation par département ou par commune; la délégation générale, à raison d’une délégation par pays; la section à raison d’une section pour deux mille(2000) habitants; la section extérieure, à raison d’une section par région à l’étranger.
Les sections extérieures composent la délégation générale; enfin, le comité de base, structure de base du parti dans laquelle se retrouvent, par village ou par quartier, au moins deux cent(200) habitants.
S’agissant des organes spécialisés, la Jeunesse du PDCI et l’Union des Femmes du PDCI, il est suggéré que l’une et l’autre éclatent, la JPDCI en trois branches, une rurale, une urbaine et une scolaire et universitaire. Les Présidents de l’une ou l’autre sont élus en Assemblée générale. La Coordination des trois(3) branches est assurée par un membre du Secrétariat Exécutif.
Quant à l’UFPDCI, elle éclate en deux branches: une urbaine et l’autre rurale. Les Présidentes de chacune des branches est élue en Assemblée générale et leur coordination est assurée par un membre du Secrétariat Exécutif.
Relativement aux organes annexes, il est proposé que l’Inspection du Parti ait essentiellement pour mission le contrôle et l’évaluation du fonctionnement et de l’administration du parti. Quant au Commissariat aux Comptes, son rôle reste inchangé. Le Conseil de Discipline et le Conseil de l’Ordre du Bélier fusionnent pour former le Conseil de Discipline et de l’Ordre du Bélier.
Je suggère enfin que soient supprimés, le Comité de Médiation et la Commission de la Promotion des Femmes qui n’ont pas, à l’expérience, donné les résultats escomptés.
Les Commissions techniques nationales vont remplacer et les Secrétariats nationaux et les commissions techniques permanentes. Au nombre de vingt(20), elles comprennent dix (10) à quinze (15) membres chargés de mener des études sur tous les secteurs d’activité et de proposer au Président du Parti les orientations souhaitables pour alimenter sa position politique.
Pour la formation politique des militants, il est nécessaire et même urgent de ressusciter l’Institut d’Etudes politiques du Parti.
Il aura pour but de renforcer et de systématiser la formation des militants. Il aura également à concevoir et à développer la propagande du Parti.
Le logo du Parti, qui a été déposé à l’Organisation mondiale pour la propriété industrielle, OMPI, est aujourd’hui utilisé dans un désordre organisé. La Boutique du Parti va désormais gérer et exploiter le label du Parti et son Logo.
S’agissant enfin des structures informelles comme les groupes et clubs de soutien, elles sont transformées en structures spécialisées et deviennent des Mouvements associatifs proches du PDCI-RDA.
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, notre formation politique fonctionne dans un environnement qui est non seulement commun à tous les ivoiriens, mais que nous voulons influencer et naturellement orienter. C’est à ce titre qu’il nous importe de donner non seulement au Parti, mais aussi à la Côte d’Ivoire entière, notre propre vision de ce que doit être notre pays. C’est la raison pour laquelle les Congressistes auront à se pencher sur les différents secteurs d’activité. Repartis en différentes commissions, les Congressistes auront à se pencher sur les conclusions des responsables des sous-commissions préparatoires, lesquels ont examiné les problèmes de la nation et ont émis des avis, notamment sur la Constitution de l’an 2000 qui doit être revue de sorte à rééquilibrer le pouvoir exécutif par la création d’une vice- présidence; rééquilibrer le pouvoir législatif par la création du Sénat.
Dans ce cadre et du Conseil Economique et Social, il est souhaité la fixation d’un délai pour la nomination de ses membres et sa mise en place effective.
La restructuration de la Commission électorale indépendante(CEI) a été suggérée car sa configuration actuelle est dépassée et il convient de tenir compte de la nouvelle donne.
S’agissant de la réforme administrative, la réduction du nombre de régions, pour les ramener de 31 à 12, a été suggérée, tout comme il a été souhaité que le découpage soit revu sans tenir compte de préoccupations électoralistes, politiques et tribales .Par ailleurs, les dénominations des Régions doivent être débarrassées de connotations ethniques.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Nous nous trouvons à un tournant très important de la vie de notre Parti. Pour arriver à la tenue de la présente rencontre, il nous a fallu le temps que vous savez. Il fallait qu’un minimum de paix soit retrouvé. La paix est intervenue parce que les enfants d’Houphouët-Boigny que nous sommes se sont mis ensemble, ont su taire leurs querelles ou leurs divergences pour chasser le tyran Laurent Gbagbo .C’est bien ce qui nous permet aujourd’hui de nous retrouver.
De plus en plus, des voix discordantes se font entendre à propos de l’alliance que nous avons mise en place le 18 mai 2005 à Paris et qui nous a permis de nous débarrasser de la Refondation.
Nous ne pouvons pas remettre en cause l’existence de cette alliance, même si nous sommes tous d’avis que des réglages y sont absolument nécessaires.
Ces réglages sont à opérer au niveau de l’organisation de la Conférence des Présidents et du Directoire. Il s’agira de restructurer le RHDP pour le rendre plus opérationnel, à travers le fonctionnement de la Conférence des Présidents en tenant compte des premières difficultés de parcours.
S’agissant du Directoire je suggère que la présidence tournante soit remise en vigueur pour une représentation égalitaire des dirigeants des partis membres de l’alliance.
Les réglages sont également nécessaires pour les futures élections municipales et régionales.
Les partis membres doivent éviter les calculs politiciens et s’engager à établir des listes communes dans toutes les circonscriptions électorales. Des débats francs doivent être envisagés pour éviter les quiproquos et les décisions anticonstitutionnelles et antidémocratiques, sources de dissensions. Il faut des réglages pour pouvoir gouverner ensemble.
A cet effet, il faut que les Présidents des partis membres de l’alliance engagent des actions vigoureuses tendant à réaménager le gouvernement pour tenir compte de l’équilibre entre les régions et les partis membres; le découpage électoral, manifestement trop favorable à certaines régions, le nord en particulier, en dépit de leur poids démographique dans la nation mérite d’être corrigé; enfin, ouvrir les emplois de la Présidence de la République aux cadres des Partis membres du RHDP.
Les relations fraternelles et chaleureuses entre les militants des partis membres du RHDP pendant le deuxième tour de l’élection présidentielle et la crise postélectorale semblent se refroidir et se distendre de plus en plus depuis l’installation du Président du RDR, le Dr Alassane OUATTARA, à la Présidence de la République. Des mesures doivent être prises pour réchauffer ces relations.
Dans ce cadre, il conviendra de formaliser l’alliance en la déclara comme un groupement de partis politiques, chacun gardant cependant son autonomie.
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Je ne pourrai terminer cette allocution sans rappeler que l’objectif de tout parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir. L’histoire a voulu que notre Parti, pendant quarante (40) ans, ait pu, après l’accession de notre pays à l’indépendance, le diriger sans discontinuer et même six ans après le départ du père fondateur. Nous savons aussi que notre pays s’est complexifié au fil des années et que, parce que nous vivons sous un régime politique qui se veut démocratique, des opinions diverses peuvent s’exprimer, nous sommes conscient qu’à l’avenir, il sera impossible à un seul parti politique d’exercer ce pouvoir. L’alliance avec des formations politiques qui partagent les mêmes points de vue, devient l’unique moyen d’acquérir ce pouvoir.
Dans ce cadre, nous devons continuer notre action de formation de nos militants, d’organisation efficace de notre Parti, afin de pouvoir, même au sein d’une alliance, nous donner les moyens de diriger à nouveau la Côte d’Ivoire.
Ce sont ces moyens que nous voulons nous donner par la restructuration que nous avons proposée aux Congressistes. Elle consiste, en résumé:
-à donner au parti, une ossature administrative solide, avec des responsables chargés des finances et du patrimoine, des élections, de la communication, de la gestion du personnel et de la gestion de la boutique du parti;
-à modifier les critères d’accession au poste de président du parti, en faisant sauter la limite d’âge;
-à créer un secrétariat exécutif pour éviter les conflits de compétence;
-à réduire le nombre de membres du bureau politique pour rendre cet organe plus gérable ;
-à décentraliser le grand conseil qui devient régional;
-à reformer la JPDCI et l’UFPDCI, pour tenir compte des différentes catégories de membres de ces structures;
-à réanimer l’Institut d’Etudes politiques du parti pour assurer la formation, initial et continue des militants.
Que dire pour conclure ?
L’histoire du PDCI-RDA se confond avec celle de la Côte d’Ivoire moderne. Malgré la perte du pouvoir d’Etat, nous avons toujours marché dans les sillons tracés par le père fondateur pour défendre les idéaux de notre parti que sont l’amour, la cohésion, la tolérance, la paix, la justice et le dialogue.
Ces dix dernières années ont été catastrophiques pour notre pays et pour notre Parti.
Néanmoins, nous avons été sur tous les fronts, nous avons été de tous les combats. Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour apporter notre expérience là où il le fallait, ou nos conseils quand nous avons été sollicités. Nous avons consenti d’énormes sacrifices, jusqu’à l’effacement total de notre ego, pour sauver la Côte d’Ivoire.
L’amour du prochain a toujours été notre sacerdoce. Mais cette assertion a quelquefois été assimilée à de la faiblesse. Malgré l’incompréhension et quelquefois même la réprobation de certains d’entre nous, nous n’avons pas failli à notre devoir.
Nous sommes garants de l’héritage du père fondateur, et en dépit des soubresauts et la perte du pouvoir d’Etat, malgré les semonces et les coups de toutes parts, nous avons maintenu le PDCI-RDA debout.
Il est difficile pour un parti plus que cinquantenaire de résister, aussi longtemps à toutes ces bourrasques.
Nous nous sommes maintenus, en tant que parti, parce que nous avons accepté, pour la plupart, à appliquer les valeurs que nous a toujours enseignées le père de la nation: le pardon et la paix, en plus du dialogue et de l’amour qui restent les vertus cardinales de notre formation politique.
Ce sont ces valeurs, Mesdames et Messieurs, qui permettent au PDCI-RDA d’être là, devant vous, dans toute sa diversité, réuni dans un même creuset, prêt pour de nouveaux combats.
Ce sont elles, ces vertus qui nous assureront notre victoire prochaine dans tous nos combats.
Je souhaite un bon congrès à tous.
Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA