Le président du Front populaire ivoirien a foulé le sol de Mama, le village de Laurent Gbagbo, le vendredi 4 octobre 2013. Accueilli avec les honneurs par la chefferie traditionnelle du village avec à leur tête Ouraga Bertin, Pascal Affi N'Guessan a lancé un message d'espoir à une population qui a subi les affres de la crise postélectorale. Le chapelet des exactions subies par les villageois de Mama a été égrené par le chef de terre, Goli Obou Joseph et Kadet Mathias, cadre du village de Mama qui, pour la journée d'hier est devenu la capitale du pays Bété. "Beaucoup parmi nous n'ont plus de village. Nous avons passé deux mois en brousse parce que nous avons appris qu'ils vont faire disparaitre Mama. Ils sont venus, ils ont fait ce qu'ils ont fait. Nous avons eu peur, mais aujourd'hui nous sommes là et nous nous portons bien. Beaucoup parmi nous nous ont quittés, mais nous sommes là. C'est nous qui devions aller vers vous, mais vous vous êtes déplacés vers nous. C'est pourquoi nous allons vous purifier pour que vous soyez un homme qu'on ne peut pas atteindre. Nous faisons ce sacrifice pour que vous ayez la force nécessaire pour avoir tout ce que vous cherchez pour la Côte d'Ivoire et désormais, c'est fini, je vous donne le village de Mama", a indiqué le chef de terre avant d'offrir un coq à Pascal Affi N'guessan qui s'appelle désormais Kapo Zébly, du nom du premier chef du village de Mama, "un chef très écouté et respecté par ses sujets". Tout comme le président du FPI, Aboudrahamane Sangaré, 1er vice-président du parti, a été baptisé Zahui Kpohourou, du nom d'un guerrier Bété. Kadet Mathias a raconté à la délégation du FPI, ‘’l'ouragan" qui est passé à Mama et ses environs, le 11 avril 2011. "Cette visite est teintée de mélancolie, d'amertume et de colère étant donné que ce fils que nous accueillons avec joie n'est pas notre seul fils, notre seul frère. Il appartient à une famille qui a été durement éprouvée et dont d'autres membres sont encore dans la douleur et les épreuves. C'est pourquoi nous ne pouvons pas être totalement en joie. Le chef de terre a été suffisamment éloquent sur la douleur que nous avons éprouvée, les souffrances que nous avons endurées, les pillages auxquels nous avons assisté, les exactions qui ont été commises sur les populations qui ont fui pour échapper à la furie meurtrière qui s'était emparée d'une partie des Ivoiriens. Vous avez vu à Abidjan, l'arrestation de Laurent Gbagbo, de la plupart de ses collaborateurs, de son épouse Simone Gbagbo, de son fils Michel Gbagbo, de son compagnon de toujours Aboudrahamane Sangaré, du président de son parti et d'autres cadres de ce pays. Nous avons tous souffert et nous avions le sentiment, à un moment donné, que c'est le ciel qui nous tombait sur la tête et que c'était la fin du monde, parce qu'on n'avait jamais vu ça sur cette terre de Côte d'Ivoire. C'était la première fois que tant de barbaries, de volonté de nuire et de détruire s'étaient déchaînées contre un peuple. Cela a été difficile mais Dieu est toujours là pour veiller sur ses enfants, sur ceux qui croient en lui et qui agissent selon ses lois. Il y a un temps pour la méchanceté, les meurtres, les pillages, la haine..., mais il arrive aussi un temps où Dieu met fin à tant de méchancetés et de haine. Vous avez prié Dieu et vous attendez avec patience et espérance que Dieu mette fin à tant de cruautés, qu'il vous donne une lueur d'espoir pour reprendre une nouvelle vie. Ces prières et ces supplications ont été entendues par le Tout-Puissant, elles ont eu l'effet escompté, c'est pour cela que nous avons été libérés depuis le 5 août et que nous sommes devant vous. Dieu a ouvert les portes que l'homme a fermées et lorsqu'on sort d'une telle épreuve, la première pensée et la première préoccupation qu'on peut avoir, c'est de savoir comment vivent les parents qu'on a laissés derrière dans la désolation, le dénuement, la solitude. Notre première préoccupation était donc de venir vous consoler, vous dire Yako. Nous avons souffert à Boundiali, à Bouna, à Odienné, à Katiola, mais notre souffrance n'était rien par rapport aux épreuves auxquelles vous étiez soumis", a situé Affi Nguessan alias Kapo Zébly. Le président du FPI a cependant trouvé les mots pour redonner espoir aux parents de Laurent Gbagbo. "Quand nous sortions, nous savions que le président Laurent Gbagbo n'etait pas libre, c'est pourquoi nous sommes venus vous saluer pour que toutes ces populations voient que nous sommes effectivement libres, en bonne santé morale et psychologique, c'est-a-dire que la prison n'a pas altéré notre détermination à nous battre, que la prison n'a pas modifié nos convictions politiques et notre adhésion au combat de Laurent Gbagbo, ni notre affection pour Laurent Gbagbo et pour le peuple de Gagnoa et pour la liberté. C'est pourquoi je suis venu vous apporter un message d'espoir, une espérance parce que nous ne pourrons pas partir d'ici sans vous laisser la conviction que demain Laurent Gbagbo sera avec vous. Oui, chers parents, soyez convaincus et rassurés que Laurent Gbagbo sera obligatoirement et nécessairement avec nous (...) C'est pour aider Mama, Gagnoa et partant la Côte d'Ivoire, que nous marchons. Nous travaillons à ce que notre famille soit entière", a assuré Pascal Affi N'Guessan aux populations de Mama et aux parents de Kadet Bertin, dont le frère aîné, Désiré Kadet a offert deux béliers à la délégation du FPI.
Olivier Dion, envoyé spécial
Olivier Dion, envoyé spécial