Maurice Sawadogo, producteur et délégué régional de la Fédération Ivoirienne des Producteurs de Café-Cacao (FIPCC) a accordé un entretien dans lequel, il livre ses impressions sur la première année de la réforme entamée par l’Etat. Le producteur dénonce le manque de responsabilité des leaders associatifs qui pensent plus à leur ventre qu’au bien-être collectif des producteurs.
Nous sommes en fin de campagne, quel regard portez-vous sur la commercialisation pour la première année de la réforme ?
La grande campagne s’est bien passée. Par contre, la petite campagne a été un peu difficile. C’est la première année de la réforme avec le Conseil café-cacao, on ne peut donc leur tenir rigueur. Aujourd’hui, il faut dire que l’exigence du marché international demande la qualité du cacao. Ce qui fait que ceux qui avaient les petites fèves ont eu mal à écouler leurs produits. Mais nous avions porté cela à la connaissance du Conseil café-cacao. Et ils sont en train de trouver les voies et moyens pour que les choses s’améliorent à la prochaine campagne.
Cela fait deux campagnes qui passent et on ne vous a pas vu, ni protester ni revendiquer par la grève comme cela se faisant par le passé dans la filière ?
Cela me fait rire, mais en même temps, cela me fait mal parce que vous savez, en Afrique, dès qu’on met une organisation en place, ce qui nous intéresse c’est l’argent, rien que l’argent. Comment écarter les autres pour avancer, c’est de l’égoïsme. Nous avions créé la FIPCC (Fédération ivoirienne des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire) où je suis le délégué régional de la région. Nous pensions que cette organisation allait lutter dans l’intérêt de producteurs, mais depuis sa naissance, la fédération est devenue une affaire personnelle. Le président s’est accaparé de tout et a disparu. C’est la même chose avec l’ANAPROCCI (Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire) où il y a à présent deux « présidents». Autant de raisons qui ont fait que le Conseil café-cacao n’a pas pris en compte les associations puisque les gens pensaient que les nouveaux dirigeants de la filière allaient leur donner des milliards de FCFA comme par le passé. Mais ces organisations « de bienfaisance » sont mortes. Rien qu’au niveau fonctionnel, aucun président d’association n’a tenu une seule Assemblée générale avec les producteurs pour leur présenter son bilan d’activités. C’est donc dire qu’aucun syndicaliste ne rend compte aux producteurs, tout simplement parce qu’ils sont en panne d’activités. Que les gens comprennent que les données ont changé sous le président Alassane Ouattara. Et les dirigeants actuels de la filière en sont plus que conscients pour gaspiller le fruit de labeur des producteurs à des fins personnelles. Nous producteurs, ce qui nous intéresse, ce sont nos coopératives : comment faire pour que les adhérents de nos coopératives puissent avoir de bon prix, comment lutter efficacement contre la pourriture brune et les autres maladies qui ravagent le verger. Comment fusionner les petites coopératives pour aboutir à la transformation des petites unités de transformation dans nos régions. C’est cela nos vraies préoccupations.
A vous entendre, c’est à croire que vous êtes laissés pour compte puisque vous n’avez plus d’associations crédibles ?
C’est nous même qui avons voulu cela. Qui nous a laissé pour compte, c’est nous même. Lorsque le président Laurent Gbagbo avait opté pour la libéralisation de la filière en nous la remettant, qu’avons-nous-fait de cette filière ? Les syndicalistes et associations avaient pour principal programme d’activités les revendications, rien que des revendications. Voyez-vous, même les enfants des producteurs qui étaient à Abidjan revendiquaient et en retour, on leur donnait de l’argent pour qu’ils se calment. Or, on pouvait utiliser tout cet argent dans l’intérêt des producteurs en faisant des routes, des puits et bien d’autres projets comme l’actuelle équipe est entrain de le faire. Au Brésil, ils n’ont pas deux faitières, mais une seule et ils réussissent. Pourquoi nous en Côte d’Ivoire, nous ne pouvons pas laisser notre égoïsme et mettre en place une seule organisation. C’est pour cela qu’en ce qui concerne la filière café-cacao à Abengourou, les producteurs dans leur grande majorité ont décidé de ne plus participer à des grèves à Abidjan. Une grève se fait lorsque les discussions avec la tutelle n’ont pas abouti. Or, en général, les leaders ne font pas cette démarche et entament des grèves pour leur seul intérêt. Ce temps est révolu. A mon avis, tout doit se faire par le dialogue. Le président Félix Houphouët-Boigny a créé le Syndicat agricole africain, mais il n’a pas fonctionné dans le cafouillage, il n’avait pas l’intention de se remplir les poches. Heureusement que l’Etat a pensé à ressusciter les chambres d’agriculture qui constituent l’assemblée des producteurs.
Revenons à la campagne; l’un des problèmes posé a été le défaut de financement des coopératives, ce qui a fait que la majorité des coopératives n’a pu travailler l’an dernier. Une nouvelle campagne va s’ouvrir bientôt, ne craignez-vous pas le même syndrome ?
En principe, une bonne coopérative n’a pas besoin de financement pour fonctionner. Une bonne coopérative ramasse les produits de ses producteurs, les met ensemble pour aller les commercialiser. C’est vrai que le financement est important et par moment on n’en a besoin. Mais à l’époque, le FDPCC nous avait donné au total 18 milliards FCFA, pas moins d’un milliard FCFA a été recouvré. Le fond de garantie (FGCCC) nous a aussi financés à coup de milliard FCFA, combien avons-nous remboursé ? Il est temps que nous assumions nos actes passés. Si nous sommes en train de souffrir aujourd’hui, nous devrons nous en prendre à nous même. Aujourd’hui, les dirigeants de la filière sont en entrain d’assainir notre milieu. Nous sommes 2900 coopératives en Côte d’Ivoire. Pensez-vous raisonnablement qu’on peut financer 2900 coopératives si nous ne nous organisons pas en union?
Ernest Famin, correspondant régional
Nous sommes en fin de campagne, quel regard portez-vous sur la commercialisation pour la première année de la réforme ?
La grande campagne s’est bien passée. Par contre, la petite campagne a été un peu difficile. C’est la première année de la réforme avec le Conseil café-cacao, on ne peut donc leur tenir rigueur. Aujourd’hui, il faut dire que l’exigence du marché international demande la qualité du cacao. Ce qui fait que ceux qui avaient les petites fèves ont eu mal à écouler leurs produits. Mais nous avions porté cela à la connaissance du Conseil café-cacao. Et ils sont en train de trouver les voies et moyens pour que les choses s’améliorent à la prochaine campagne.
Cela fait deux campagnes qui passent et on ne vous a pas vu, ni protester ni revendiquer par la grève comme cela se faisant par le passé dans la filière ?
Cela me fait rire, mais en même temps, cela me fait mal parce que vous savez, en Afrique, dès qu’on met une organisation en place, ce qui nous intéresse c’est l’argent, rien que l’argent. Comment écarter les autres pour avancer, c’est de l’égoïsme. Nous avions créé la FIPCC (Fédération ivoirienne des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire) où je suis le délégué régional de la région. Nous pensions que cette organisation allait lutter dans l’intérêt de producteurs, mais depuis sa naissance, la fédération est devenue une affaire personnelle. Le président s’est accaparé de tout et a disparu. C’est la même chose avec l’ANAPROCCI (Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire) où il y a à présent deux « présidents». Autant de raisons qui ont fait que le Conseil café-cacao n’a pas pris en compte les associations puisque les gens pensaient que les nouveaux dirigeants de la filière allaient leur donner des milliards de FCFA comme par le passé. Mais ces organisations « de bienfaisance » sont mortes. Rien qu’au niveau fonctionnel, aucun président d’association n’a tenu une seule Assemblée générale avec les producteurs pour leur présenter son bilan d’activités. C’est donc dire qu’aucun syndicaliste ne rend compte aux producteurs, tout simplement parce qu’ils sont en panne d’activités. Que les gens comprennent que les données ont changé sous le président Alassane Ouattara. Et les dirigeants actuels de la filière en sont plus que conscients pour gaspiller le fruit de labeur des producteurs à des fins personnelles. Nous producteurs, ce qui nous intéresse, ce sont nos coopératives : comment faire pour que les adhérents de nos coopératives puissent avoir de bon prix, comment lutter efficacement contre la pourriture brune et les autres maladies qui ravagent le verger. Comment fusionner les petites coopératives pour aboutir à la transformation des petites unités de transformation dans nos régions. C’est cela nos vraies préoccupations.
A vous entendre, c’est à croire que vous êtes laissés pour compte puisque vous n’avez plus d’associations crédibles ?
C’est nous même qui avons voulu cela. Qui nous a laissé pour compte, c’est nous même. Lorsque le président Laurent Gbagbo avait opté pour la libéralisation de la filière en nous la remettant, qu’avons-nous-fait de cette filière ? Les syndicalistes et associations avaient pour principal programme d’activités les revendications, rien que des revendications. Voyez-vous, même les enfants des producteurs qui étaient à Abidjan revendiquaient et en retour, on leur donnait de l’argent pour qu’ils se calment. Or, on pouvait utiliser tout cet argent dans l’intérêt des producteurs en faisant des routes, des puits et bien d’autres projets comme l’actuelle équipe est entrain de le faire. Au Brésil, ils n’ont pas deux faitières, mais une seule et ils réussissent. Pourquoi nous en Côte d’Ivoire, nous ne pouvons pas laisser notre égoïsme et mettre en place une seule organisation. C’est pour cela qu’en ce qui concerne la filière café-cacao à Abengourou, les producteurs dans leur grande majorité ont décidé de ne plus participer à des grèves à Abidjan. Une grève se fait lorsque les discussions avec la tutelle n’ont pas abouti. Or, en général, les leaders ne font pas cette démarche et entament des grèves pour leur seul intérêt. Ce temps est révolu. A mon avis, tout doit se faire par le dialogue. Le président Félix Houphouët-Boigny a créé le Syndicat agricole africain, mais il n’a pas fonctionné dans le cafouillage, il n’avait pas l’intention de se remplir les poches. Heureusement que l’Etat a pensé à ressusciter les chambres d’agriculture qui constituent l’assemblée des producteurs.
Revenons à la campagne; l’un des problèmes posé a été le défaut de financement des coopératives, ce qui a fait que la majorité des coopératives n’a pu travailler l’an dernier. Une nouvelle campagne va s’ouvrir bientôt, ne craignez-vous pas le même syndrome ?
En principe, une bonne coopérative n’a pas besoin de financement pour fonctionner. Une bonne coopérative ramasse les produits de ses producteurs, les met ensemble pour aller les commercialiser. C’est vrai que le financement est important et par moment on n’en a besoin. Mais à l’époque, le FDPCC nous avait donné au total 18 milliards FCFA, pas moins d’un milliard FCFA a été recouvré. Le fond de garantie (FGCCC) nous a aussi financés à coup de milliard FCFA, combien avons-nous remboursé ? Il est temps que nous assumions nos actes passés. Si nous sommes en train de souffrir aujourd’hui, nous devrons nous en prendre à nous même. Aujourd’hui, les dirigeants de la filière sont en entrain d’assainir notre milieu. Nous sommes 2900 coopératives en Côte d’Ivoire. Pensez-vous raisonnablement qu’on peut financer 2900 coopératives si nous ne nous organisons pas en union?
Ernest Famin, correspondant régional