Le président sortant du PDCI a fait mordre la poussière à l’ex-secrétaire général et au président de la JPDCI. Tous deux prédisaient leur victoire et donc la défaite de leur adversaire commun. A l’arrivée, ils ont été désillusionnés. Ils ont été écrasés, comme on pouvait le lire en couverture de la quasi-totalité des quotidiens ivoiriens, dans leurs éditions d’hier. Au-delà de la victoire du Sphinx de Daoukro, il faut voir celle du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). En effet l’un des principaux enjeux de ce congrès était la survie ou non de la plateforme du RHDP née à Paris en mai 2005. Et pour cause, ce sont deux pensées, deux courants diamétralement opposés qui étaient en compétition pour le contrôle du PDCI. D’un côté les pro-RHDP, avec à leur tête Henri Konan Bédié et de l’autre, les anti-RHDP avec comme chefs de file Alphonse Djédjé Mady, Kouadio Konan Bertin et Kouassi Yao, même si ce dernier a été éliminé pour caution non payée. Candidats pour présider aux destinées du PDCI, les trois adversaires de Bédié avaient mis sur pied le 30 août dernier, «l’Alliance pour le renouveau du PDCI ». Dans ce renouveau, pour beaucoup d’observateurs de la scène politique ivoirienne, il fallait voir une démarcation du PDCI du RHDP au profit d’une alliance avec le FPI. Pour, espère-t-on, préparer les esprits à amorcer la rupture avec le RHDP. Le philosophe Franklin Nyamsi dans une tribune sur son blog en date du 24 juin 2014 disait ceci: « Il y a dans l’espace politique, des paroles qui en annoncent d’autres et qui esquissent même des passages à l’acte, comme des augures d’une configuration nouvelle de la donne publique. Dans ces paroles, dire, c’est déjà et en même temps faire ». En la matière, les piques lancées par KKB, avant même le Congrès, sont là pour témoigner de son état d’esprit, à l’image des propos tenus sur RFI le 22 juin. A la question de savoir s’il pense comme certains que le RDR au pouvoir privilégie une ethnie par rapport aux autres à la tête de l’administration et des sociétés d’Etat, il répondait : « J’entends comme tout le monde ces angoisses autour de la question en Côte d’Ivoire ». Sur cette même lancée, il ajoutera, quoique le Premier ministre soit du PDCI ainsi que plusieurs ministres du gouvernement et qu’il y ait un équilibre des choses en théorie, mais : « qu’en pratique, il faut le voir ». Pour lui et le Pr Alphonse Djédjé Mady, les choses sont claires. Le parti doyen doit prendre son autonomie vis-à-vis du RHDP et si possible entrevoir une nouvelle alliance avec le FPI, pourquoi pas. Dans le camp Bédié, on ne l’entend ps de cette oreille. il faut juste faire des réglages et demeurer dans le RHDP. Pas donc question d’une alliance avec le FPI. Sur la question, le président élu du PDCI s’est voulu clair : « J’ai dit le moment venu, si nous sommes saisis, nous étudierons la question. Pour le moment, nous n’avons vu aucune demande formuler. Il faut savoir que nous sommes également déjà en alliance. La meilleure façon d’avoir des alliés ou des amis, ce n’est pas d’abandonner les anciens pour embrasser les nouveaux ». Surtout que durant son 12ème Congrès, le PDCI a eu le soutien sans faille de ses trois autres alliés que sont le RDR, l’UDPCI et le MFA. Amadou Soumahoro, au nom du RDR, Albert Mabri Toikeusse pour l’UDPCI et le porte-parole du MFA se sont prononcés pour le maintien de l’alliance. Ils ont été suivis par la majorité des militants du PDCI qui a met fin aux illusions des anti-RHDP en accordant un autre plébiscite au président Henri Konan Bédié.
Thiery Latt
Thiery Latt
