Le ‘‘oui, mais’’ du président Henri Konan Bédié tout juste après sa réélection, dimanche dernier à la tribune du 12e Congrès du Pdci, à propos d’une candidature à la présidentielle de 2015, a convaincu plus d’un que le vieux parti ne prévoit pas d’affronter Ouattara à cette échéance cruciale. Mais, c’est le son de cloche plus tranchant de l’actuel Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, lundi dernier sur les ondes d’une radio internationale, qui a définitivement clos le débat et les atermoiements de la communauté nationale et internationale: Le Pdci n’aura aucun candidat à la présidentielle de 2015. C’est cela la vérité crue, cruelle et décevante que Bédié et ses affidés ont décidé d’imposer aux millions de militants de ce parti qui attendent depuis 20 ans et croient que 2015 est l’occasion inespérée de reprendre le pouvoir d’Etat. Les observateurs de ce 12e Congrès ont bien compris que cette aspiration légitime était très forte pour les 5.000 délégués, bien plus que toutes les reformes et la question de la réélection d’Henri Konan Bédié confronté à deux de ses lieutenants, Djédjé Mady et Kouadio Konan Bertin (KKB). Aujourd’hui, les membres de la famille politique d’Houphouët-Boigny sont convaincus d’avoir été trahis et roulés dans la farine par des dirigeants incapables de prendre leurs responsabilités, de renverser un destin de perdant qu’ils ont conférés au parti et peu courageux. Mais surtout, qui a décidé de jouer les seconds rôles derrière le Rdr. C’est en effet cela, la triste réalité. Mais diantre, pourquoi Bédié et maintenant Duncan ont-ils autant peur d’affronter 2015 ? Cette question trouve, en effet toute, son explication dans l’enjeu véritable de la présidentielle à venir. Bédié est intimement convaincu qu’en le reconduisant à la tête de leur parti, les congressistes n’avaient en réalité pas le choix entre un Djédjé Mady trou mou et hésitant et un KKB, trop fougueux et inexpérimenté pour conduire et faire gagner le Pdci. Le vote du Sphinx de Daoukro à Treichville, est donc à l’analyse de ce qui précède, le choix entre le mal et le moindre mal. Car, ils sont donc certains que seul Bédié, fut-il un mauvais cheval, peut leur permettre d’atteindre le second tour. Dans le schéma d’un face à face final contre le président Ouattara, le Pdci est totalement assuré de recueillir tout le poids du vote du Fpi; l’ancien parti au pouvoir attend de savourer toutes les joies de cette vengeance contre le Rdr. Cela, Affi et ses hommes y croient dur comme fer. Mathématiquement donc, le Pdci et Aimé Henri Konan Bédié passeront haut les mains au second tour. Pour le camp Ouattara et même pour Bédié lui même, ce serait la catastrophe. Car ce Bédié ne pourra pas tenir un pouvoir auquel il ne croit, et plus grave, pour lequel il n’entreprend aucune stratégie de reconquête. Le président du Pdci a peur de se retrouver de nouveau au pouvoir. Il est encore traumatisé par la psychose du coup d’Etat de décembre 1999. Son pouvoir n’en sera donc que fragilisé et la merci d’un Fpi en embuscade pour frapper.
T. Evariste
T. Evariste