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Économie Publié le mercredi 16 octobre 2013 | Nord-Sud

Réforme de la filière café-cacao, prix du kilo…- Soubré : les paysans jubilent, les pisteurs pleurent

La réforme de la filière café-cacao est diversement vécue par les acteurs à Soubré. Pendant que les paysans se réjouissent du respect des prix, les pisteurs se plaignent.


« Nous ne cesserons jamais de remercier le président de la République pour cette réforme de la filière café-caco. Car pour une fois, les acheteurs et les pisteurs ont respecté le prix fixé par le gouvernement, même dans les campements les plus reculés. On n’avait jamais vu cela », jubile Yacouba Diomandé, producteur à Guéyo. « Même quand le prix de 1000 F avait été fixé, poursuit-il, en brousse, on nous achetait les produits entre 600 F et 750 F le kilo. Si l’on se réfère au prix garanti, la réforme est un succès.». Ces propos traduisent l’état d’esprit de nombreux paysans qui vivent dans la forêt profonde et qui étaient victimes des mauvaises pratiques des pisteurs qui s’enrichissaient à leur détriment. C’est connu de tous, les acheteurs et pisteurs, au sortir des campagnes, se frottaient toujours les mains quand le producteur se retrouvait très appauvri. « Grâce à la présence dans nos zones des agents du conseil café-cacao qui nous donnent les prix fixés par le gouvernement, les acheteurs et pisteurs ne peuvent plus nous mentir pour sous-payer nos produits. Car nous avons les informations en temps réel », explique Sawadogo Arouna, planteur de café-cacao à ‘’Petit Tiémé’’. « A Soubré, ce sont les acheteurs et les pisteurs qui circulaient dans de grosses cylindrées, alors que le paysan qui produit le cacao ne pouvait même pas s’acheter un vélo. Mais avec cette campagne, les choses sont en train de changer car au bilan, les pisteurs sont vraiment en difficulté. Ils sont nombreux à faire la prison à cause du non-respect des prix et des nombreux vols », signale Diomandé Yacouba. En effet, plusieurs pisteurs envoyés vers les producteurs par les gros acheteurs reviennent avec des déficits. Ils sont alors poursuivis en justice par leurs mandants. Les pisteurs lient cette situation à la baisse de leur gain. « Avant la réforme, pisteurs et acheteurs se partageaient 150 F par kilo, ce qui permettait aux deux parties de se tirer d’affaire. Mais avec la réforme, ils n’ont plus que 80 F par kilo. Ce n’est pas possible de travailler dans de telles conditions. Nous avons 113 pisteurs à la maison d’arrêt de Soubré quand 63 autres ont fui la ville nuitamment pour ne pas se retrouver en prison. Les pisteurs vivent dans des conditions vraiment pénibles. Si rien n’est fait, notre coopération va disparaître », se plaint Yao Kouamé, président du syndicat des pisteurs de Soubré. Il indique que la nouvelle marge des pisteurs ne leur permettent pas de couvrir les charges de leurs déplacements en brousses, d’où les trous financiers qui leur valent des peines d’emprisonnements. « On souhaite que la marge passe de 80F à 150F, c’est vital pour nous et on espère que le gouvernement nous entendra », a-t-il ajouté. Sur la question, le délégué régional du conseil café-cacao rétorque que le prix fixé pour l’ensemble du territoire national ne saurait être changé pour la seule région de la Nawa. Silué Seydou rappelle que le gouvernement a prévu un montant pour tous les acteurs de la filière. En d’autres termes, chacun doit accepter sa part jusqu’à nouvel ordre.

KM Nadège à Soubré 

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