En 2003, quand les Présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara décidait de faire la paix des braves et de rassembler leurs troupes pour la reconquête du pouvoir d’Etat, certains de nos concitoyens ont vu dans ces retrouvailles ; Pdci et Rdr un marché de dupes. C’était méconnaitre la détermination des «héritiers» d’Houphouët-Boigny à mettre en route la plus redoutable machine politique à fabriquer des Présidents. Depuis, que d’avancées significatives ! Aujourd’hui, les Houphouétistes sont revenus au pouvoir avec le Président Alassane Ouattara. La problématique qui s’impose est la suivante : faut-il laisser encore ce pouvoir échapper aux Houphouëtistes ? Houphouétiste jusqu’aux bouts des ongles, nous avons toujours pensé que le Pdci-Rda et le Rdr étaient des enfants d’un même père. Aussi, nous avons pris l’engagement de concourir à la reconstitution de « la maison commune ». Les temps actuels, sont les temps d’Alassane Ouattara. Avec lui, les ivoiriens dans une large majorité aspirent à une société politique qui permette aux uns et aux autres de « vivre ensemble » et de se réaliser dans le respect de leurs différences. Cette société ne choisit pas ses membres ; elle est inclusive et refuse de marginaliser, de bannir et d’exclure. Si l’on admet que la politique est la capacité à gérer nos différences, le pouvoir ne doit certes pas être accaparé par un individu ou un groupe. C’est pourquoi le législateur a fixé une limitation aux mandats présidentiels. L’alternance politique vient réguler la vie politique nationale et donner l’occasion à ceux qui ont envie de faire de la politique par en haut de se promouvoir. La limitation du mandat présidentiel nous parait la forme achevée de l’alternance politique. Ne dit-on pas du Président de la République qu’il est le locataire du palais présidentiel, symbole majeur du pouvoir suprême ? Celui qui occupe le palais en ce moment a été porté au pouvoir par la coalition des Houphouétistes conduite par le Président du Pdci-Rda, doyen des Présidents du Rhdp. Ancien Président de la République, le Président Henri Konan Bédié peut-il fédérer les composantes politiques du Rhdp pour constituer le « grand parti Houphouétiste » dont lui et le Président Alassane Ouattara rêvent ? Le Rhdp dès sa naissance, se voulait une grande famille, mieux une grande solidarité. Notre pays, après s’être débarrassé de la dictature du Fpi, a aujourd’hui besoin que ses populations réapprennent à vivre ensemble en conformité avec les discours et les actes persuasifs et constructifs de ses dirigeants. Le Président Bédié qui est Président du Rhdp, s’est trouvé une haute mission : transformer le Rhdp en un grand parti Houphouétiste. Quelle noble mission ! Et quoi de plus normal pour cet homme politique particulier. Successeur du père Félix Houphouët-Boigny, l’homme a connu des fortunes diverses: très tôt confronté à l’adversité, il perd son pouvoir le 24 décembre 1999. Contraint à un exil forcé, il revient au pays en fin 2001 et récupère son fauteuil de Président du Pdci. De 1994 à 2003, sa formation politique a connu trois schismes : le Rdr, l’Udpci et le Rpp sont sortis des entrailles du Pdci. Candidat à la présidentielle d’octobre 2010, il est recalé au profit de Laurent Gbagbo et de Alassane Ouattara. De sa position, il réussit à faire bloc autour de son jeune frère Alassane Ouattara qui a battu le Président sortant. Désormais « icône national », le Président Bédié veut recoller les morceaux pour bâtir un grand parti Houphouétiste. Il sait que le temps presse et pourtant il veut se donner les moyens pour réussir cet ultime combat politique pour espérer se réconcilier avec lui-même et entrer dans l’histoire par la grande porte. Il s’agit de créer ce grand parti politique pour pérenniser à jamais l’héritage de son père et le pouvoir des « héritiers ». Cette mission nécessite une haute vision politique. Sans être intéressé par le pouvoir d’Etat, le sphinx de Daoukro peut-il ne pas prendre en compte l’aspiration profonde du peuple ivoirien ? La Côte d’Ivoire qui lui a tout donné, mérite toujours à continuer de recevoir de lui. Plus que tout homme politique dans ce pays, Henri Konan Bédié sait, comme le disait si bien Alexandre Dorna, que « l’homme a toujours une dette à l’égard de la société. Acquitter sa dette signifie accepter un quasi-contrat de solidarité. L’homme n’est vraiment libre qu’après avoir accompli son devoir social, après avoir payé sa dette». Dans nos partis respectifs, nous devons nous montrer à la hauteur des enjeux actuels et futurs. Le Président Alassane Ouattara qui veut un second mandat sera assurément le premier bénéficiaire du « parti unifié ». Le Président Bédié qui est homme d’honneur entend réussir cet émouvant et exaltant combat, il doit donc être compris et suivi. Tous ceux qui sont dans les dispositions unitaires ou unificatrices doivent savoir qu’il est temps de se débarrasser des préoccupations alimentaires et sectaires pour être indépendants d’esprit, par amour et par devoir envers la Côte d’Ivoire. Ils doivent dès maintenant urbi et orbi éclairer l’opinion pour éveiller les consciences et conduire les esprits au discernement. Ce sont les Houphouétistes qui doivent faire l’effort nécessaire pour conduire notre pays à la modernité socio-politique.
ABDOULAYE GBANE
ABDOULAYE GBANE