Le 6 novembre 2013, la Direction du FPI a appris – par voie de presse – que la Côte d’Ivoire a sollicité et obtenu un prêt de 100 milliards FCFA-Uemoa auprès de la République du Congo. La demande a été faite [révèle la presse] au cours de la visite officielle que le chef de l’Etat ivoirien a effectuée dans ce pays du 7 au 9 Juin 2013. Interrogé par la presse sur ce énième prêt consenti [cette fois] par un pays en principe plus pauvre que la Côte d’Ivoire, le porte-parole du Gouvernement, M. Bruno Koné a estimé que « c’est un débat incompréhensible et inutile ».
Or, la récente mission du FMI qui a eu lieu en Côte d’Ivoire en mars 2013, pour procéder à la troisième revue de l’accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit, s’est achevée sur une note d’alerte à l’endroit des Autorités ivoiriennes relativement à la gestion de la dette publique. Cette note stipule en substance que « …les services (du FMI) ont insisté sur la nécessité d’éviter une augmentation trop rapide et trop prononcée de la dette publique qui en compromettrait la viabilité et engendrerait des paiements pour en assurer le service qui grèveraient le budget de façon excessive… ». Cette alerte était consécutive au constat de recours à des emprunts non concessionnels pour le financement de projets supposés prioritaires du PND alors même qu’il a été convenu, depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), que les emprunts nouveaux destinés au financement du programme d’investissements publics soient concessionnels.
Mieux, l’UEMOA indique, dans son rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale de juin 2013, que la Côte d’Ivoire n’a pas respecté, au titre de l’année 2012, les critères de convergence de 1er rang relatifs au solde budgétaire de base et au non accumulation d’arriérés intérieurs. Cette institution indique aussi que la Côte d’Ivoire est le seul pays de la zone à afficher un rapport de masse salariale au PIB non conforme à la norme communautaire. Elle indique enfin que pour l’année 2013, la Côte d’Ivoire présenterait pratiquement le même profil au niveau des critères de convergence.
Les interpellations de ces deux institutions (internationale et communautaire) véhiculent une idée simple de bonne gouvernance : éviter de vivre au-dessus de ses moyens au risque de compromettre le bien-être des générations actuelles et futures.
En dépit de ces mises en garde pertinentes, en juin 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire contracte un emprunt de 100 milliards de francs CFA auprès de l’Etat du Congo Brazzaville, aux fins de soulager ses finances publiques et de rembourser les arriérés de paiement liés à sa dette intérieure. Pire, l’Etat de Côte d’Ivoire négocie en ce moment auprès de l’Etat de Guinée Equatoriale un autre appui financier.
L’analyse et la position du Front Populaire Ivoirien (FPI)
Pour avoir déjà géré le pouvoir d’Etat, le FPI se félicite de ce bel exemple de coopération sud-sud qu’illustre ce flux d’endettement de la Côte d’Ivoire auprès de ces pays. Mais ce qui est en cause, c’est la révélation de l’extrême fragilité des finances publiques ivoiriennes et le désarroi des Autorités ivoiriennes face à cette situation. En effet, l’histoire récente indique qu’en pleine crise, la Côte d’Ivoire a engrangé des devises en provenance de la Guinée Equatoriale en contrepartie de l’exportation du savoir-faire du BNETD dans ce pays. La coopération économique sud-sud a donc toujours existé et les pays du sud ont intérêt à en faire la promotion. Il se trouve que les relations économiques internationales mettent en jeu des rapports de force. Ainsi, hier, sous la gouvernance du Président Laurent GBAGBO, et en pleine crise, les devises que gagnait la Côte d’Ivoire en provenance des pays du sud résultaient des performances économiques de ce pays, tandis qu’aujourd’hui, l’entrée de ces devises chez nous est la conséquence de notre fragilité économique ou des errements de nos Autorités dans la gestion des finances publiques. Elles sont destinées à financer nos déficits. Voilà la nature du nouveau rapport de force de la Côte d’Ivoire dans la coopération sud-sud que traduisent les emprunts de ce pays auprès de ses partenaires du sud.
Il est bon que la tendance s’inverse. Et rapidement. Pour cela, il ne faut pas que les taux de croissance économique actuellement annoncés, de 9,8% en 2012, de 9% (selon les Autorités ivoiriennes) ou de 8% (selon le FMI) en 2013, fassent illusion. Parce que ces résultats sont les performances minimales attendues de la Côte d’Ivoire, pays qui sort de plus de dix années de crise, dont le territoire géographique est enfin réunifié, où la belligérance armée s’est estompée et dans lequel l’essentiel des infrastructures de base ont été préservées. Il ne faut pas que ces chiffres fassent illusion parce que, et l’opinion le rappelle chaque jour, « l’argent ne circule pas » en Côte d’Ivoire.
Drôle d’argent qui ne circule pas alors qu’ « il travaille ». S’il est vrai que le PIB, qui mesure la valeur des richesses créées, est la somme des valeurs ajoutées ; s’il est vrai que la valeur ajoutée est une somme de revenus distribués aux ménages à l’occasion de la production ; alors il est normal que l’argent circule quand la croissance économique est au rendez-vous. L’opinion retient qu’en Côte d’Ivoire la croissance est au rendez-vous, mais l’argent ne circule pas. Parce que cette croissance-là qui nous est servie, est une croissance extravertie, tournée vers l’extérieur et générée par des investissements aux mains de multinationales (d’entreprises extérieures). Il s’agit d’entreprises telles que celles du secteur de la téléphonie mobile, des télécommunications, des industries extractives (pétrole et mines). Il s’agit d’entreprises, actrices de la contrebande d’exportations dans des pays de la sous-région et détenues par ceux qui ont décidé de spolier et d’exproprier notre économie. Voilà le nouveau visage de notre pays et le sort fait aux richesses de la nation. Car c’est une hérésie de dire que « l’argent ne circule pas parce qu’il travaille ».
L’argent circule bien en Côte d’Ivoire, mais pas dans les mains des ivoiriens Il circule soit dans les mains de personnes non résidentes (celles dont l’épargne est systématiquement sollicitée pour le financement de nos activités), soit dans les mains des personnes qui bénéficient du « rattrapage ethnique » et de celles qui se sont engagées à être l’instrument d’enrichissement d’autres pays au détriment de « leur patrie ». Il ne peut pas en être autrement.
On le voit, et la situation de fragilité actuelle de nos finances publiques le montre, des taux de croissance économique élevés ne doivent pas faire illusion quand ils surviennent dans un contexte idéologique caractérisé par le recours systématique à l’épargne extérieure pour le financement de l’activité économique et par le « rattrapage ethnique ».
Pour que la tendance s’inverse de manière durable, il faut gouverner autrement. L’une des recommandations dans ce sens, c’est de vivre selon ses moyens. Vivre selon ses moyens, cela consiste pour l’Etat, à choisir de financer les projets dont la valeur est égale à ses ressources propres. Si d’aventure, la valeur des projets à financer excède ses recettes propres, alors l’Etat se fait obligation de ne les financer qu’à partir d’emprunts concessionnels. Dans un tel contexte, le volume des projets à financer ne devrait plus être déterminé par les perspectives électorales, comme c’est le cas actuellement en Côte d’Ivoire. Il devrait être limité par le volume des ressources propres et par les perspectives d’acquisition de ressources concessionnelles.
Si l’Etat de Côte d’Ivoire éprouve des difficultés d’accès à des ressources concessionnelles dans le contexte international actuel de taux d’intérêts particulièrement bas (taux de référence de la FED, aux Etats-Unis, proche de 0%, taux de refinancement de la BCE, dans la zone euro, égal à 1%), qu’en sera-t-il quand les taux vont remonter ? C’est pour éviter d’être surpris qu’il vaut mieux commencer à apprendre à vivre selon ses moyens. Durant sa gouvernance, le Front Populaire Ivoirien en a fait les preuves, notamment avec le « budget sécurisé ». Cela a été reconnu par le FMI dans son rapport n°12/183 de septembre 2012 qui souligne « qu’en Côte d’Ivoire, l’économie a relativement bien résisté aux effets de la crise financière mondiale de 2008. Le taux de croissance du PIB s’est établi à 3,8% en 2009 contre 2,3% en 2008, excédant pour la première fois le croît (taux de croissance) démographique (2,9%) depuis 1999 ».
Il est donc temps que nos autorités actuelles apprennent à gouverner pour le pays et le peuple de Côte d’Ivoire et non pour des intérêts extérieurs et pour une minorité.
Fait à Abidjan, le 11 novembre 2013
Le Secrétaire Général & Porte-parole
Laurent AKOUN
N.B: le titre est de la rédaction
Or, la récente mission du FMI qui a eu lieu en Côte d’Ivoire en mars 2013, pour procéder à la troisième revue de l’accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit, s’est achevée sur une note d’alerte à l’endroit des Autorités ivoiriennes relativement à la gestion de la dette publique. Cette note stipule en substance que « …les services (du FMI) ont insisté sur la nécessité d’éviter une augmentation trop rapide et trop prononcée de la dette publique qui en compromettrait la viabilité et engendrerait des paiements pour en assurer le service qui grèveraient le budget de façon excessive… ». Cette alerte était consécutive au constat de recours à des emprunts non concessionnels pour le financement de projets supposés prioritaires du PND alors même qu’il a été convenu, depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), que les emprunts nouveaux destinés au financement du programme d’investissements publics soient concessionnels.
Mieux, l’UEMOA indique, dans son rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale de juin 2013, que la Côte d’Ivoire n’a pas respecté, au titre de l’année 2012, les critères de convergence de 1er rang relatifs au solde budgétaire de base et au non accumulation d’arriérés intérieurs. Cette institution indique aussi que la Côte d’Ivoire est le seul pays de la zone à afficher un rapport de masse salariale au PIB non conforme à la norme communautaire. Elle indique enfin que pour l’année 2013, la Côte d’Ivoire présenterait pratiquement le même profil au niveau des critères de convergence.
Les interpellations de ces deux institutions (internationale et communautaire) véhiculent une idée simple de bonne gouvernance : éviter de vivre au-dessus de ses moyens au risque de compromettre le bien-être des générations actuelles et futures.
En dépit de ces mises en garde pertinentes, en juin 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire contracte un emprunt de 100 milliards de francs CFA auprès de l’Etat du Congo Brazzaville, aux fins de soulager ses finances publiques et de rembourser les arriérés de paiement liés à sa dette intérieure. Pire, l’Etat de Côte d’Ivoire négocie en ce moment auprès de l’Etat de Guinée Equatoriale un autre appui financier.
L’analyse et la position du Front Populaire Ivoirien (FPI)
Pour avoir déjà géré le pouvoir d’Etat, le FPI se félicite de ce bel exemple de coopération sud-sud qu’illustre ce flux d’endettement de la Côte d’Ivoire auprès de ces pays. Mais ce qui est en cause, c’est la révélation de l’extrême fragilité des finances publiques ivoiriennes et le désarroi des Autorités ivoiriennes face à cette situation. En effet, l’histoire récente indique qu’en pleine crise, la Côte d’Ivoire a engrangé des devises en provenance de la Guinée Equatoriale en contrepartie de l’exportation du savoir-faire du BNETD dans ce pays. La coopération économique sud-sud a donc toujours existé et les pays du sud ont intérêt à en faire la promotion. Il se trouve que les relations économiques internationales mettent en jeu des rapports de force. Ainsi, hier, sous la gouvernance du Président Laurent GBAGBO, et en pleine crise, les devises que gagnait la Côte d’Ivoire en provenance des pays du sud résultaient des performances économiques de ce pays, tandis qu’aujourd’hui, l’entrée de ces devises chez nous est la conséquence de notre fragilité économique ou des errements de nos Autorités dans la gestion des finances publiques. Elles sont destinées à financer nos déficits. Voilà la nature du nouveau rapport de force de la Côte d’Ivoire dans la coopération sud-sud que traduisent les emprunts de ce pays auprès de ses partenaires du sud.
Il est bon que la tendance s’inverse. Et rapidement. Pour cela, il ne faut pas que les taux de croissance économique actuellement annoncés, de 9,8% en 2012, de 9% (selon les Autorités ivoiriennes) ou de 8% (selon le FMI) en 2013, fassent illusion. Parce que ces résultats sont les performances minimales attendues de la Côte d’Ivoire, pays qui sort de plus de dix années de crise, dont le territoire géographique est enfin réunifié, où la belligérance armée s’est estompée et dans lequel l’essentiel des infrastructures de base ont été préservées. Il ne faut pas que ces chiffres fassent illusion parce que, et l’opinion le rappelle chaque jour, « l’argent ne circule pas » en Côte d’Ivoire.
Drôle d’argent qui ne circule pas alors qu’ « il travaille ». S’il est vrai que le PIB, qui mesure la valeur des richesses créées, est la somme des valeurs ajoutées ; s’il est vrai que la valeur ajoutée est une somme de revenus distribués aux ménages à l’occasion de la production ; alors il est normal que l’argent circule quand la croissance économique est au rendez-vous. L’opinion retient qu’en Côte d’Ivoire la croissance est au rendez-vous, mais l’argent ne circule pas. Parce que cette croissance-là qui nous est servie, est une croissance extravertie, tournée vers l’extérieur et générée par des investissements aux mains de multinationales (d’entreprises extérieures). Il s’agit d’entreprises telles que celles du secteur de la téléphonie mobile, des télécommunications, des industries extractives (pétrole et mines). Il s’agit d’entreprises, actrices de la contrebande d’exportations dans des pays de la sous-région et détenues par ceux qui ont décidé de spolier et d’exproprier notre économie. Voilà le nouveau visage de notre pays et le sort fait aux richesses de la nation. Car c’est une hérésie de dire que « l’argent ne circule pas parce qu’il travaille ».
L’argent circule bien en Côte d’Ivoire, mais pas dans les mains des ivoiriens Il circule soit dans les mains de personnes non résidentes (celles dont l’épargne est systématiquement sollicitée pour le financement de nos activités), soit dans les mains des personnes qui bénéficient du « rattrapage ethnique » et de celles qui se sont engagées à être l’instrument d’enrichissement d’autres pays au détriment de « leur patrie ». Il ne peut pas en être autrement.
On le voit, et la situation de fragilité actuelle de nos finances publiques le montre, des taux de croissance économique élevés ne doivent pas faire illusion quand ils surviennent dans un contexte idéologique caractérisé par le recours systématique à l’épargne extérieure pour le financement de l’activité économique et par le « rattrapage ethnique ».
Pour que la tendance s’inverse de manière durable, il faut gouverner autrement. L’une des recommandations dans ce sens, c’est de vivre selon ses moyens. Vivre selon ses moyens, cela consiste pour l’Etat, à choisir de financer les projets dont la valeur est égale à ses ressources propres. Si d’aventure, la valeur des projets à financer excède ses recettes propres, alors l’Etat se fait obligation de ne les financer qu’à partir d’emprunts concessionnels. Dans un tel contexte, le volume des projets à financer ne devrait plus être déterminé par les perspectives électorales, comme c’est le cas actuellement en Côte d’Ivoire. Il devrait être limité par le volume des ressources propres et par les perspectives d’acquisition de ressources concessionnelles.
Si l’Etat de Côte d’Ivoire éprouve des difficultés d’accès à des ressources concessionnelles dans le contexte international actuel de taux d’intérêts particulièrement bas (taux de référence de la FED, aux Etats-Unis, proche de 0%, taux de refinancement de la BCE, dans la zone euro, égal à 1%), qu’en sera-t-il quand les taux vont remonter ? C’est pour éviter d’être surpris qu’il vaut mieux commencer à apprendre à vivre selon ses moyens. Durant sa gouvernance, le Front Populaire Ivoirien en a fait les preuves, notamment avec le « budget sécurisé ». Cela a été reconnu par le FMI dans son rapport n°12/183 de septembre 2012 qui souligne « qu’en Côte d’Ivoire, l’économie a relativement bien résisté aux effets de la crise financière mondiale de 2008. Le taux de croissance du PIB s’est établi à 3,8% en 2009 contre 2,3% en 2008, excédant pour la première fois le croît (taux de croissance) démographique (2,9%) depuis 1999 ».
Il est donc temps que nos autorités actuelles apprennent à gouverner pour le pays et le peuple de Côte d’Ivoire et non pour des intérêts extérieurs et pour une minorité.
Fait à Abidjan, le 11 novembre 2013
Le Secrétaire Général & Porte-parole
Laurent AKOUN
N.B: le titre est de la rédaction