L’ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, son Excellence Justin Koutaba, a bien voulu nous accorder cet entretien au cours duquel, nous avons abordé avec lui des questions d’actualité liées à sa communauté en Côte d’Ivoire. Mais au-delà, le diplomate se prononce aussi sur les lois sur le foncier et la nationalité et jette un regard sur l’action du gouvernement Ouattara. Entretien.
Le Patriote : Excellence, l’actualité dominante au sein de votre communauté, c’est bien la réforme de la carte consulaire, dont le lancement a eu lieu le samedi 2 novembre dernier à Abidjan. Qu’est ce qui a motivé le passage au biométrique?
Justin Koutaba : Disons que depuis 2004, notre pays est engagé dans une dynamique de recherche de la certitude et de la modernisation dans l’identification et l’authentification de ses populations, à travers les technologies biométriques d’identification. Cela s’est traduit au plan national par l’émission de cartes nationales d’identité burkinabé et de passeports biométriques. Convaincu du caractère sécurisé et fiable de ces documents de dernière technologie, voulant disposer de statistiques claires et efficaces, d’une base de données de référence sûre, pérenne et durable, sur laquelle les services publics et privés peuvent s’appuyer pour les projets de développement et la maîtrise du flux migratoire, le Gouvernement du Burkina Faso a décidé, par un décret pris en conseil des ministres le mercredi 22 octobre 2013, de la mise en ?uvre d’une nouvelle carte d’identité consulaire biométrique et sécurisée pour ses citoyens partout dans le monde. Et la Côte d’Ivoire est le premier pays choisi pour lancer cette opération en direction de la diaspora burkinabé.
Le Patriote : Concrètement, quels sont les avantages que la nouvelle carte biométrique présente pour les requérants?
JK : Je vous citerai quelques uns : Fiabilité-Sécurité-Respectabilité. De la fiabilité, comme je vous le disais, le premier souci dans cette démarche est la certitude dans l’identification et l’authentification des détenteurs de la carte. Aujourd’hui, la méthode biométrique est celle qui répond sur le plan technologique à cette préoccupation. Elle renferme le maximum d’informations sur l’identité du détenteur de la carte. De la sécurité, il faut retenir que la carte biométrique sécurisée est difficilement falsifiable. Je ne vous apprends rien en disant que l’ancienne carte consulaire en papier simple était falsifiable à volonté et qu’il y a aujourd’hui, en Côte d’ivoire, plus de fausses cartes en circulation que de vraies, et qu’en plus elles sont détenues par des non-burkinabè qui se l’approprient à moins de 1.000 FCFA à travers des réseaux de faussaires. C’est dire que l’ancienne carte consulaire était entourée de trafic de toute sorte, de faux, de fraude et de corruption, et perdait du coup toute sa crédibilité. La nouvelle carte consulaire biométrique vient mettre fin à tout cela en corrigeant cette fraude à l’identité et en protégeant son détenteur en lui assurant une identité sans équivoque. De la respectabilité, parce que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies et il faut s’y conformer et s’inscrire dans la modernité. Sur le plan de la matière et de la forme, de l’esthétique et de l’aisance à la porter, la nouvelle carte inspire du respect par celui qui la contrôle, de la fierté à celui qui la porte, de l’aisance à celui qui l’utilise. Elle est plus jolie, plus résistante, plus facile, procure plus de plaisir à l’emporter et exclue tout complexe ou frustration. En clair et au delà du visuel, la nouvelle carte confère plus de respectabilité au détenteur qui va éprouver une certaine fierté à la porter et la présenter en cas de contrôle. Sa fiabilité impose aussi du respect et de la considération. Donc ce triptyque se mue en triangle dont les contours sont liés pour donner plus de crédit à la carte et à son détenteur.
LP : On note un accueil favorable de cette reforme au sein de votre communauté mais le coût de 7.000 FCFA pour une validité de 3 ans, suscite quelques grincements de dents. Êtes-vous conscient de cette situation?
JK : Je crois que l’honnêteté intellectuelle voudrait que j’en sois conscient. Mais je comprends surtout ces grincements de dents. En effet, je comprends que 7.000 FCFA soit relativement cher pour quelqu’un qui est complètement démuni, pauvre sans revenu constant et substantiel. Mais je comprends aussi que 7.000 FCFA soit cher et dérangeant pour quelqu’un qui pouvait se procurer d’une fausse carte fabriquée et vendue par un faussaire à moins de 1.000 FCFA. En réalité, l’ancienne carte ne coûtait pas moins chère comme on veut le faire croire. Tenez par exemple, dans la juridiction consulaire d’Abidjan, le coût de la carte est actuellement de 4.900 FCFA, la photo à 2.000 FCFA, la prise en charge du délégué consulaire varie de 100F à 700 F CFA en raison de la distance parcourue par celui-ci. Donc toute somme faite, la carte consulaire actuelle coûte environ 8.000 FCFA à Abidjan. A l’intérieur du pays, dans les juridictions de Bouaké et de Soubré, le prix de la carte consulaire varie entre 8.000 et 18. 000 FCFA, selon les distances et des frais annexes variables. Vous comprenez maintenant que la nouvelle carte dont le coût est de 7.000 FCFA tous frais confondus est en réalité moins chère. Il faut donc chercher les raisons profondes des grincements de dents dont vous parlez ailleurs. Je ne m’attarderai pas sur ceux qui sont en manque de popularité et en mal d’existence qui s’opposent à tout et qui font de l’agitation autour de la carte avec des arguties politiciennes pour embrouiller et intoxiquer la communauté burkinabè. Je voudrais rappeler que le coût et la validité de la nouvelle carte, valables dans tous les consulats du Burkina dans le monde et pour tous les burkinabè, ont été fixés par un décret pris en conseil des ministres qui a défini en même temps les caractéristiques et les conditions de délivrance de la carte. Je voudrais aussi préciser que la validité de 3 ans n’est pas relative au coût de la carte mais au temps que le Gouvernement du Burkina se donne pour avoir des données exactes et fiables sur sa population de la diaspora.
Cela dit, si nous sommes dans un cadre de vérité et de bonne foi, l’ambassadeur que je suis fera ce qui est en mon possible pour porter la voix et les préoccupations de mes compatriotes auprès du gouvernement. D’ailleurs, le ministre des affaires étrangères qui était ici le 2 novembre pour le lancement de la nouvelle carte biométrique a bien dit à l’occasion, que ni le prix ni la validité ne sauraient être un obstacle. Il a aussi noté qu’il était ouvert au dialogue pour donner plus de chance au maximum de burkinabé d’avoir accès à cette carte.
LP : Déjà, avec les anciens prix, beaucoup de burkinabé en Côte d’Ivoire n’arrivaient pas à s’établir la carte. Ne craignez-vous pas que la carte biométrique creuse davantage ce handicap?
JK : La nouvelle carte est une innovation qui porte en elle la sécurité, la fiabilité et la respectabilité. Sa production nécessite l’acquisition et l’utilisation d’outils technologiques modernes. En réalité, l’ancienne carte qui a perdu beaucoup de sa crédibilité et de sa fiabilité et qui ne contenait pas de données exploitables rationnellement, coûtait comme je l’ai dit plus haut, entre 1.000 FCFA et 18000 FCFA selon qu’elle est vraie ou fausse, et selon le mécanisme et les intermédiaires par lesquels vous vous en procurez. Elle est souvent rejetée ou refusée par des prestataires qui doutent de sa fiabilité, rendant du coup suspect et douteux son détenteur. La nouvelle carte protège de tous ces désagréments et épargne de toutes formes d’abus ou de suspicions. Son coût me semble convenable et supportable.
LP : On a assisté avant le lancement à une timide campagne qui n’a réuni que quelques responsables de structures associatives, cette campagne va-t-elle se poursuivre pendant l’opération quant on sait que l’intérieur du pays profond regorge l’essentiel de votre communauté?
JK : Une initiative innovante nécessite une campagne d’explication, de présentation, d’information et de sensibilisation, notamment pour une communauté comme la nôtre en Côte d’Ivoire qui a ses spécificités. Nous avons une stratégie de communication qui va impliquer toutes les composantes de notre communauté et qui va couvrir tout le territoire ivoirien, partout où il y a des burkinabè. Nous avions commencé la campagne par les chefs de communautés et les notables parce que nous sommes un peuple organisé qui a ses traditions, ses coutumes. Celles-ci voudraient que nous leur accordions la place qui est la leur, ils sont nos guides donc l’honneur leur revient en premier d’avoir l’information qui concerne la vie de notre communauté et de demander leurs bénédictions. Ensuite nous avons rencontré les délégués consulaires et les délégués au Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger (CSBE) qui sont les relais, voire l’interface entre l’administration diplomatique et nos compatriotes. Leur rôle est très déterminant dans la réussite de l’opération car comme vous le savez, la majorité de nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire ne savent ni lire ni écrire. Donc c’est à ces délégués de les aider, les assister depuis l’enrôlement jusqu’à la délivrance de la nouvelle carte. Nous avons également rencontré quelques associations de femmes et de jeunes ici à Abidjan mais nous comptons rencontrer tous les burkinabè où qu’ils soient. Très bientôt nous allons entreprendre des tournées dans nos consulats à l’intérieur du pays notamment à Bouaké et à Soubré et nous irons partout où des burkinabè sont susceptibles d’y être à savoir dans le pays profond pour emprunter vos termes.
LP : Excellence, avec l’introduction de cette nouvelle carte qui a, du reste, été concédée à la société Snedei/Burkina, que deviendront les agents du consulat qui étaient affectés à l’établissement des anciennes cartes?
JK: Snedei/ Burkina n’a pas été choisie par le gouvernement burkinabé pour la beauté ou la laideur de son PDG. Elle a été choisie pour la qualité, la technicité de son dossier, son expérience, son professionnalisme, sa connaissance du terrain. Pour l’opérationnalisation, elle va développer son expertise et travailler avec d’autres acteurs pour atteindre de bons résultats. Parmi ceux-ci, les agents du consulat qui étaient affectés à l’établissement des anciennes cartes et qui font partie du personnel local du consulat. Donc leur poste est préservé et ils seront formés sur l’utilisation des systèmes biométriques par snedei afin de prendre la relève car à la fin de l’opération, Snedei va rétrocéder ce matériel aux consulats afin que ce soit le personnel des consulats qui remplisse cette mission.
LP : Est-ce juste de considérer que son établissement constitue de facto le recensement des burkinabè en Côte d’Ivoire dans la perspective du vote de 2015 auquel ils prendront part pour la toute première fois?
JK : A priori l’établissement des nouvelles cartes consulaires n’a pas de rapport avec les élections de 2015. L’objectif premier est de disposer de statistiques et de données fiables de ces populations partout où elles se trouvent. Maintenant la banque de données dont nous disposerons à la suite de cette opération pourrait être judicieusement, techniquement et rationnellement exploitable par les structures de l’administration burkinabé à des fins de stratégie de développement ou pour toute autre opération. Tant mieux si on peut faire d’une pierre plusieurs coups. Quant au vote des burkinabé de l’étranger en 2015, celui- ci est une disposition de notre constitution et il appartient à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), avec laquelle un travail a été fait, de voir les possibles applications à but électif. Si jamais elle va servir à cet effet, je lance un appel à ceux de nos compatriotes en Côte d’ivoire qui voudraient accomplir leur devoir civique en 2015, de faire leur nouvelle carte consulaire biométrique et sécurisée. Il vaut mieux, par précaution, se la procurer pour être au rendez vous de cette histoire importante de notre vie politique.
LP : L’autre projet tant attendu par la diaspora burkinabé en Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie, c’est la construction de la Maison du Burkina dont les travaux sont officiellement annoncés pour janvier 2014. Combien va coûter l’édifice et combien la communauté a t- elle cotisé à ce jour?
JK : Je peux vous donner une certitude et vous rassurer ; c’est que la première pierre de la Maison du Burkina va être posée dans le mois de Janvier 2014. Ce rêve vieux de deux décennies sera enfin une réalité pour notre communauté qui a contribué et continue de contribuer mais qui, à force d’attendre s’en inquiète et se pose beaucoup de questions. Combien elle va coûter? L’offre financière et technique est sur la voie de la finalisation à Ouagadougou. Elle coûtera certainement plus que les prévisions de sa conception en 1994 car les contextes des prix des matériaux ne sont plus les mêmes et nous avions revu nos ambitions à la hausse pour que cette maison tant attendue réponde à nos attentes et fasse la fierté des burkinabè en Côte d’Ivoire. Les cotisations de la communauté depuis l’idée du projet jusqu’à sa réalisation seront mises à contribution pour offrir une Maison digne des burkinabé.
LP : À votre prise de fonction, vous affichiez l’ambition de mieux organiser votre communauté, peut- on savoir ce qui a déjà été fait dans ce sens deux ans après, quant on sait que le chantier est si vaste?
JK: La force d’une communauté, animale ou humaine, économique ou politique, c’est son organisation. Notre communauté est la plus grande, la plus historique, la plus intégrée, mais apparemment la moins organisée. Plus on est organisé, plus on est fort et solidaire. Le chantier est si vaste, je vous le concède mais cela ne saurait être un frein à notre volonté de nous organiser. Toute la communauté dans ses composantes, en est consciente et s’active à en faire une réalité. Nous avions commencé par les chefs de communautés et les conseillers au Conseil Supérieur des Burkinabé de l’Etranger (CSBE), nous avons aussi demandé aux multiples associations de femmes et de jeunes de se regrouper en fédération pour être des interlocuteurs crédibles.
LP : Aux côtés des délégués CSBE, on a assisté à l’avènement du conseil national des chefs et notables burkinabé en Côte d’Ivoire, puis dernièrement, au renouvellement des instances du Conseil National des Burkinabè en Côte d’Ivoire (CNB-CI). Des leviers importants dans cette organisation?
JK: Oui, tous ces acteurs sont des partenaires plus ou moins proches et sont en lien permanent avec notre communauté dans son ensemble. Il est donc important qu’ils soient bien organisés afin que chacun sache le rôle qu’il a à jouer et les responsabilités qui sont les siennes.
LP : Vous avez été longtemps ministre de la jeunesse et de l’emploi au Burkina Faso, comment comptez vous aider la jeunesse de la diaspora à s’occuper sainement, vu le grand nombre de chômeurs en son sein?
JK : Les jeunes c’est l’avenir et l’avenir c’est les jeunes. Mais des jeunes conscients de leur rôle, informés des réalités, formés pour une meilleure insertion socioprofessionnelle. Une bonne organisation et une formation professionnelle sont la première clé de réussite d’une jeunesse. Les jeunes de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire ont un potentiel énorme car ils ont le plus souvent évolué dans un environnement pas trop facile. Ils ont développé un esprit de battant, de débrouillard, de gagneur. Ils ont une force de créativité admirable. Je voudrais mettre à profit et à leur profit la petite connaissance que j’ai des enjeux de jeunesse et d’emploi pour les amener à se donner une valeur ajoutée. C’est pourquoi je les invite à positiver et à être réceptifs à nos efforts pour les organiser dans des cadres sains et porteurs. Je leur fais entièrement confiance, je compte sur eux et ils peuvent compter sur moi.
LP : On ne saurait évoquer les questions liées à la communauté sans parler des relations bilatérales entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Quels commentaires ces relations vous inspirent aujourd’hui?
JK : Je me réjouis de l’état de nos relations qui sont au beau fixe. Des relations séculaires lient nos deux pays et il est de notre devoir de les préserver et de les consolider pour le bonheur de nos populations qui forment d’ailleurs un même peuple par l’histoire et par le destin. L’histoire ne me démentira pas, et nos deux Chefs d’Etats, le Président Blaise Compaoré et le Président Alassane Ouattara sont sur la même longueur d’onde et ont la même vision de ces relations. Le TAC, le Traité d’Amitié et de Coopération Cote d’Ivoire/Burkina Faso est aujourd’hui l’instrument de cette volonté de nos dirigeants à vouloir cheminer ensemble pour le développement de nos pays.
LP : Effectivement, le Traité d’Amitié et de Coopération Ivoiro-Burkinabé met en chantier plusieurs réalisations notamment la réhabilitation du chemin de fer, la construction d’une autoroute reliant les deux pays. Une dynamique de développement?
JK: Vous le dites si bien, une dynamique de développement! Ne dit-on pas que la route du développement passe par le développement de la route? Ce sont en, effet, deux projets phares du TAC qui, en plus de rapprocher davantage nos populations, vont leur offrir de nouvelles opportunités de développer leurs affaires. Et en cela, il faut féliciter nos deux Chefs d’ État pour leur clairvoyance et leur volonté commune d’œuvrer dans la formulation des politiques de développement conjointes et profitables à tout l’espace CEDEAO.
LP : Le gouvernement ivoirien a dernièrement clarifié la loi sur le foncier qui n’autorise pas des non nationaux à être des propriétaires terriens en Côte d’Ivoire. Or vous avez le plus de compatriotes qui se sont investis dans la terre. On est bien curieux de savoir votre réaction à cette loi?
JK: L’avantage de cette loi sur le foncier est qu’elle offre des repères juridiques et règlementaires claires qui apportent un plus dans le règlement des conflits fonciers porteurs de tous les maux et générateurs de toutes les crises abjectes et absurdes. Nous sommes respectueux des lois de tous les pays. Et cette loi sur le foncier relève du domaine de l’Etat de Côte d’Ivoire. Tous ceux qui travaillent la terre et qui produisent le font pour le bien être et la santé économique de la Côte d’Ivoire. C’est en cela qu’il faut saluer l’avènement de cet instrument juridique qui, à mon avis, va permettre à tous ceux qui se sentent lésés de faire recours à la loi et non à l’arbitraire et au subjectivisme. Et une de nos missions justement est de veiller aux intérêts de notre communauté, de les protéger et de les défendre selon les lois en vigueur.
LP : Il y’a aussi cette loi prise par l’assemblée nationale qui consacre la régularisation de la nationalité des personnes nées sur le sol ivoirien avant 1972. Une recommandation des accords de Linas Marcoussis. Là aussi l’on pense que cette mesure bénéficierait le plus aux burkinabè au regard de leur grand nombre en Côte d’Ivoire. Quel commentaire faites-vous?
JK: Pourquoi voyez vous en premier des burkinabè à qui profiterait cette loi? Est-ce qu’il y a un enthousiasme particulier et apparent des burkinabè à changer de nationalité? C’est d’abord une loi ivoirienne prise par l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. S’il y’a profit, il en sera pour toutes les nationalités qui répondraient aux critères d’éligibilité et qui voudraient bien en jouir, puisque c’est un droit et non un devoir. Et puis, je suis de ceux qui pensent que toutes les nationalités se valent et qu’une nationalité n’est pas supérieure à une autre. Il y eu la Basse Côte d’Ivoire et la Haute Côte d’Ivoire. Demain la nationalité sera celle des compétences et celle de la CEDEAO.
LP : Comment appréciez vous l’action du gouvernement du président Ouattara, ces deux dernières années?
JK: Positivement et objectivement! Il n’y a qu’à regarder autour de soi pour voir que le Pays avance par le travail et présente un autre visage, celui de la reconstruction portée par une vraie vision, un visage plus radieux, signe de sa marche vers le développement comme voulu par le Président Alassane Ouattara, un vrai chef, un vrai leader. Le pays est en chantier, la réconciliation est en marche, je crois que toutes les conditions sont réunies pour un deuxième miracle et pour faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent, une locomotive sous-régionale. Et je ne peux que saluer cet engagement du Chef de l’Etat et partager la joie des ivoiriens qui renouent ainsi avec la paix et la stabilité qui ont forgé son hospitalité légendaire.
réalisée par Alexandre Lebel Ilboudo
Le Patriote : Excellence, l’actualité dominante au sein de votre communauté, c’est bien la réforme de la carte consulaire, dont le lancement a eu lieu le samedi 2 novembre dernier à Abidjan. Qu’est ce qui a motivé le passage au biométrique?
Justin Koutaba : Disons que depuis 2004, notre pays est engagé dans une dynamique de recherche de la certitude et de la modernisation dans l’identification et l’authentification de ses populations, à travers les technologies biométriques d’identification. Cela s’est traduit au plan national par l’émission de cartes nationales d’identité burkinabé et de passeports biométriques. Convaincu du caractère sécurisé et fiable de ces documents de dernière technologie, voulant disposer de statistiques claires et efficaces, d’une base de données de référence sûre, pérenne et durable, sur laquelle les services publics et privés peuvent s’appuyer pour les projets de développement et la maîtrise du flux migratoire, le Gouvernement du Burkina Faso a décidé, par un décret pris en conseil des ministres le mercredi 22 octobre 2013, de la mise en ?uvre d’une nouvelle carte d’identité consulaire biométrique et sécurisée pour ses citoyens partout dans le monde. Et la Côte d’Ivoire est le premier pays choisi pour lancer cette opération en direction de la diaspora burkinabé.
Le Patriote : Concrètement, quels sont les avantages que la nouvelle carte biométrique présente pour les requérants?
JK : Je vous citerai quelques uns : Fiabilité-Sécurité-Respectabilité. De la fiabilité, comme je vous le disais, le premier souci dans cette démarche est la certitude dans l’identification et l’authentification des détenteurs de la carte. Aujourd’hui, la méthode biométrique est celle qui répond sur le plan technologique à cette préoccupation. Elle renferme le maximum d’informations sur l’identité du détenteur de la carte. De la sécurité, il faut retenir que la carte biométrique sécurisée est difficilement falsifiable. Je ne vous apprends rien en disant que l’ancienne carte consulaire en papier simple était falsifiable à volonté et qu’il y a aujourd’hui, en Côte d’ivoire, plus de fausses cartes en circulation que de vraies, et qu’en plus elles sont détenues par des non-burkinabè qui se l’approprient à moins de 1.000 FCFA à travers des réseaux de faussaires. C’est dire que l’ancienne carte consulaire était entourée de trafic de toute sorte, de faux, de fraude et de corruption, et perdait du coup toute sa crédibilité. La nouvelle carte consulaire biométrique vient mettre fin à tout cela en corrigeant cette fraude à l’identité et en protégeant son détenteur en lui assurant une identité sans équivoque. De la respectabilité, parce que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies et il faut s’y conformer et s’inscrire dans la modernité. Sur le plan de la matière et de la forme, de l’esthétique et de l’aisance à la porter, la nouvelle carte inspire du respect par celui qui la contrôle, de la fierté à celui qui la porte, de l’aisance à celui qui l’utilise. Elle est plus jolie, plus résistante, plus facile, procure plus de plaisir à l’emporter et exclue tout complexe ou frustration. En clair et au delà du visuel, la nouvelle carte confère plus de respectabilité au détenteur qui va éprouver une certaine fierté à la porter et la présenter en cas de contrôle. Sa fiabilité impose aussi du respect et de la considération. Donc ce triptyque se mue en triangle dont les contours sont liés pour donner plus de crédit à la carte et à son détenteur.
LP : On note un accueil favorable de cette reforme au sein de votre communauté mais le coût de 7.000 FCFA pour une validité de 3 ans, suscite quelques grincements de dents. Êtes-vous conscient de cette situation?
JK : Je crois que l’honnêteté intellectuelle voudrait que j’en sois conscient. Mais je comprends surtout ces grincements de dents. En effet, je comprends que 7.000 FCFA soit relativement cher pour quelqu’un qui est complètement démuni, pauvre sans revenu constant et substantiel. Mais je comprends aussi que 7.000 FCFA soit cher et dérangeant pour quelqu’un qui pouvait se procurer d’une fausse carte fabriquée et vendue par un faussaire à moins de 1.000 FCFA. En réalité, l’ancienne carte ne coûtait pas moins chère comme on veut le faire croire. Tenez par exemple, dans la juridiction consulaire d’Abidjan, le coût de la carte est actuellement de 4.900 FCFA, la photo à 2.000 FCFA, la prise en charge du délégué consulaire varie de 100F à 700 F CFA en raison de la distance parcourue par celui-ci. Donc toute somme faite, la carte consulaire actuelle coûte environ 8.000 FCFA à Abidjan. A l’intérieur du pays, dans les juridictions de Bouaké et de Soubré, le prix de la carte consulaire varie entre 8.000 et 18. 000 FCFA, selon les distances et des frais annexes variables. Vous comprenez maintenant que la nouvelle carte dont le coût est de 7.000 FCFA tous frais confondus est en réalité moins chère. Il faut donc chercher les raisons profondes des grincements de dents dont vous parlez ailleurs. Je ne m’attarderai pas sur ceux qui sont en manque de popularité et en mal d’existence qui s’opposent à tout et qui font de l’agitation autour de la carte avec des arguties politiciennes pour embrouiller et intoxiquer la communauté burkinabè. Je voudrais rappeler que le coût et la validité de la nouvelle carte, valables dans tous les consulats du Burkina dans le monde et pour tous les burkinabè, ont été fixés par un décret pris en conseil des ministres qui a défini en même temps les caractéristiques et les conditions de délivrance de la carte. Je voudrais aussi préciser que la validité de 3 ans n’est pas relative au coût de la carte mais au temps que le Gouvernement du Burkina se donne pour avoir des données exactes et fiables sur sa population de la diaspora.
Cela dit, si nous sommes dans un cadre de vérité et de bonne foi, l’ambassadeur que je suis fera ce qui est en mon possible pour porter la voix et les préoccupations de mes compatriotes auprès du gouvernement. D’ailleurs, le ministre des affaires étrangères qui était ici le 2 novembre pour le lancement de la nouvelle carte biométrique a bien dit à l’occasion, que ni le prix ni la validité ne sauraient être un obstacle. Il a aussi noté qu’il était ouvert au dialogue pour donner plus de chance au maximum de burkinabé d’avoir accès à cette carte.
LP : Déjà, avec les anciens prix, beaucoup de burkinabé en Côte d’Ivoire n’arrivaient pas à s’établir la carte. Ne craignez-vous pas que la carte biométrique creuse davantage ce handicap?
JK : La nouvelle carte est une innovation qui porte en elle la sécurité, la fiabilité et la respectabilité. Sa production nécessite l’acquisition et l’utilisation d’outils technologiques modernes. En réalité, l’ancienne carte qui a perdu beaucoup de sa crédibilité et de sa fiabilité et qui ne contenait pas de données exploitables rationnellement, coûtait comme je l’ai dit plus haut, entre 1.000 FCFA et 18000 FCFA selon qu’elle est vraie ou fausse, et selon le mécanisme et les intermédiaires par lesquels vous vous en procurez. Elle est souvent rejetée ou refusée par des prestataires qui doutent de sa fiabilité, rendant du coup suspect et douteux son détenteur. La nouvelle carte protège de tous ces désagréments et épargne de toutes formes d’abus ou de suspicions. Son coût me semble convenable et supportable.
LP : On a assisté avant le lancement à une timide campagne qui n’a réuni que quelques responsables de structures associatives, cette campagne va-t-elle se poursuivre pendant l’opération quant on sait que l’intérieur du pays profond regorge l’essentiel de votre communauté?
JK : Une initiative innovante nécessite une campagne d’explication, de présentation, d’information et de sensibilisation, notamment pour une communauté comme la nôtre en Côte d’Ivoire qui a ses spécificités. Nous avons une stratégie de communication qui va impliquer toutes les composantes de notre communauté et qui va couvrir tout le territoire ivoirien, partout où il y a des burkinabè. Nous avions commencé la campagne par les chefs de communautés et les notables parce que nous sommes un peuple organisé qui a ses traditions, ses coutumes. Celles-ci voudraient que nous leur accordions la place qui est la leur, ils sont nos guides donc l’honneur leur revient en premier d’avoir l’information qui concerne la vie de notre communauté et de demander leurs bénédictions. Ensuite nous avons rencontré les délégués consulaires et les délégués au Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger (CSBE) qui sont les relais, voire l’interface entre l’administration diplomatique et nos compatriotes. Leur rôle est très déterminant dans la réussite de l’opération car comme vous le savez, la majorité de nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire ne savent ni lire ni écrire. Donc c’est à ces délégués de les aider, les assister depuis l’enrôlement jusqu’à la délivrance de la nouvelle carte. Nous avons également rencontré quelques associations de femmes et de jeunes ici à Abidjan mais nous comptons rencontrer tous les burkinabè où qu’ils soient. Très bientôt nous allons entreprendre des tournées dans nos consulats à l’intérieur du pays notamment à Bouaké et à Soubré et nous irons partout où des burkinabè sont susceptibles d’y être à savoir dans le pays profond pour emprunter vos termes.
LP : Excellence, avec l’introduction de cette nouvelle carte qui a, du reste, été concédée à la société Snedei/Burkina, que deviendront les agents du consulat qui étaient affectés à l’établissement des anciennes cartes?
JK: Snedei/ Burkina n’a pas été choisie par le gouvernement burkinabé pour la beauté ou la laideur de son PDG. Elle a été choisie pour la qualité, la technicité de son dossier, son expérience, son professionnalisme, sa connaissance du terrain. Pour l’opérationnalisation, elle va développer son expertise et travailler avec d’autres acteurs pour atteindre de bons résultats. Parmi ceux-ci, les agents du consulat qui étaient affectés à l’établissement des anciennes cartes et qui font partie du personnel local du consulat. Donc leur poste est préservé et ils seront formés sur l’utilisation des systèmes biométriques par snedei afin de prendre la relève car à la fin de l’opération, Snedei va rétrocéder ce matériel aux consulats afin que ce soit le personnel des consulats qui remplisse cette mission.
LP : Est-ce juste de considérer que son établissement constitue de facto le recensement des burkinabè en Côte d’Ivoire dans la perspective du vote de 2015 auquel ils prendront part pour la toute première fois?
JK : A priori l’établissement des nouvelles cartes consulaires n’a pas de rapport avec les élections de 2015. L’objectif premier est de disposer de statistiques et de données fiables de ces populations partout où elles se trouvent. Maintenant la banque de données dont nous disposerons à la suite de cette opération pourrait être judicieusement, techniquement et rationnellement exploitable par les structures de l’administration burkinabé à des fins de stratégie de développement ou pour toute autre opération. Tant mieux si on peut faire d’une pierre plusieurs coups. Quant au vote des burkinabé de l’étranger en 2015, celui- ci est une disposition de notre constitution et il appartient à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), avec laquelle un travail a été fait, de voir les possibles applications à but électif. Si jamais elle va servir à cet effet, je lance un appel à ceux de nos compatriotes en Côte d’ivoire qui voudraient accomplir leur devoir civique en 2015, de faire leur nouvelle carte consulaire biométrique et sécurisée. Il vaut mieux, par précaution, se la procurer pour être au rendez vous de cette histoire importante de notre vie politique.
LP : L’autre projet tant attendu par la diaspora burkinabé en Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie, c’est la construction de la Maison du Burkina dont les travaux sont officiellement annoncés pour janvier 2014. Combien va coûter l’édifice et combien la communauté a t- elle cotisé à ce jour?
JK : Je peux vous donner une certitude et vous rassurer ; c’est que la première pierre de la Maison du Burkina va être posée dans le mois de Janvier 2014. Ce rêve vieux de deux décennies sera enfin une réalité pour notre communauté qui a contribué et continue de contribuer mais qui, à force d’attendre s’en inquiète et se pose beaucoup de questions. Combien elle va coûter? L’offre financière et technique est sur la voie de la finalisation à Ouagadougou. Elle coûtera certainement plus que les prévisions de sa conception en 1994 car les contextes des prix des matériaux ne sont plus les mêmes et nous avions revu nos ambitions à la hausse pour que cette maison tant attendue réponde à nos attentes et fasse la fierté des burkinabè en Côte d’Ivoire. Les cotisations de la communauté depuis l’idée du projet jusqu’à sa réalisation seront mises à contribution pour offrir une Maison digne des burkinabé.
LP : À votre prise de fonction, vous affichiez l’ambition de mieux organiser votre communauté, peut- on savoir ce qui a déjà été fait dans ce sens deux ans après, quant on sait que le chantier est si vaste?
JK: La force d’une communauté, animale ou humaine, économique ou politique, c’est son organisation. Notre communauté est la plus grande, la plus historique, la plus intégrée, mais apparemment la moins organisée. Plus on est organisé, plus on est fort et solidaire. Le chantier est si vaste, je vous le concède mais cela ne saurait être un frein à notre volonté de nous organiser. Toute la communauté dans ses composantes, en est consciente et s’active à en faire une réalité. Nous avions commencé par les chefs de communautés et les conseillers au Conseil Supérieur des Burkinabé de l’Etranger (CSBE), nous avons aussi demandé aux multiples associations de femmes et de jeunes de se regrouper en fédération pour être des interlocuteurs crédibles.
LP : Aux côtés des délégués CSBE, on a assisté à l’avènement du conseil national des chefs et notables burkinabé en Côte d’Ivoire, puis dernièrement, au renouvellement des instances du Conseil National des Burkinabè en Côte d’Ivoire (CNB-CI). Des leviers importants dans cette organisation?
JK: Oui, tous ces acteurs sont des partenaires plus ou moins proches et sont en lien permanent avec notre communauté dans son ensemble. Il est donc important qu’ils soient bien organisés afin que chacun sache le rôle qu’il a à jouer et les responsabilités qui sont les siennes.
LP : Vous avez été longtemps ministre de la jeunesse et de l’emploi au Burkina Faso, comment comptez vous aider la jeunesse de la diaspora à s’occuper sainement, vu le grand nombre de chômeurs en son sein?
JK : Les jeunes c’est l’avenir et l’avenir c’est les jeunes. Mais des jeunes conscients de leur rôle, informés des réalités, formés pour une meilleure insertion socioprofessionnelle. Une bonne organisation et une formation professionnelle sont la première clé de réussite d’une jeunesse. Les jeunes de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire ont un potentiel énorme car ils ont le plus souvent évolué dans un environnement pas trop facile. Ils ont développé un esprit de battant, de débrouillard, de gagneur. Ils ont une force de créativité admirable. Je voudrais mettre à profit et à leur profit la petite connaissance que j’ai des enjeux de jeunesse et d’emploi pour les amener à se donner une valeur ajoutée. C’est pourquoi je les invite à positiver et à être réceptifs à nos efforts pour les organiser dans des cadres sains et porteurs. Je leur fais entièrement confiance, je compte sur eux et ils peuvent compter sur moi.
LP : On ne saurait évoquer les questions liées à la communauté sans parler des relations bilatérales entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Quels commentaires ces relations vous inspirent aujourd’hui?
JK : Je me réjouis de l’état de nos relations qui sont au beau fixe. Des relations séculaires lient nos deux pays et il est de notre devoir de les préserver et de les consolider pour le bonheur de nos populations qui forment d’ailleurs un même peuple par l’histoire et par le destin. L’histoire ne me démentira pas, et nos deux Chefs d’Etats, le Président Blaise Compaoré et le Président Alassane Ouattara sont sur la même longueur d’onde et ont la même vision de ces relations. Le TAC, le Traité d’Amitié et de Coopération Cote d’Ivoire/Burkina Faso est aujourd’hui l’instrument de cette volonté de nos dirigeants à vouloir cheminer ensemble pour le développement de nos pays.
LP : Effectivement, le Traité d’Amitié et de Coopération Ivoiro-Burkinabé met en chantier plusieurs réalisations notamment la réhabilitation du chemin de fer, la construction d’une autoroute reliant les deux pays. Une dynamique de développement?
JK: Vous le dites si bien, une dynamique de développement! Ne dit-on pas que la route du développement passe par le développement de la route? Ce sont en, effet, deux projets phares du TAC qui, en plus de rapprocher davantage nos populations, vont leur offrir de nouvelles opportunités de développer leurs affaires. Et en cela, il faut féliciter nos deux Chefs d’ État pour leur clairvoyance et leur volonté commune d’œuvrer dans la formulation des politiques de développement conjointes et profitables à tout l’espace CEDEAO.
LP : Le gouvernement ivoirien a dernièrement clarifié la loi sur le foncier qui n’autorise pas des non nationaux à être des propriétaires terriens en Côte d’Ivoire. Or vous avez le plus de compatriotes qui se sont investis dans la terre. On est bien curieux de savoir votre réaction à cette loi?
JK: L’avantage de cette loi sur le foncier est qu’elle offre des repères juridiques et règlementaires claires qui apportent un plus dans le règlement des conflits fonciers porteurs de tous les maux et générateurs de toutes les crises abjectes et absurdes. Nous sommes respectueux des lois de tous les pays. Et cette loi sur le foncier relève du domaine de l’Etat de Côte d’Ivoire. Tous ceux qui travaillent la terre et qui produisent le font pour le bien être et la santé économique de la Côte d’Ivoire. C’est en cela qu’il faut saluer l’avènement de cet instrument juridique qui, à mon avis, va permettre à tous ceux qui se sentent lésés de faire recours à la loi et non à l’arbitraire et au subjectivisme. Et une de nos missions justement est de veiller aux intérêts de notre communauté, de les protéger et de les défendre selon les lois en vigueur.
LP : Il y’a aussi cette loi prise par l’assemblée nationale qui consacre la régularisation de la nationalité des personnes nées sur le sol ivoirien avant 1972. Une recommandation des accords de Linas Marcoussis. Là aussi l’on pense que cette mesure bénéficierait le plus aux burkinabè au regard de leur grand nombre en Côte d’Ivoire. Quel commentaire faites-vous?
JK: Pourquoi voyez vous en premier des burkinabè à qui profiterait cette loi? Est-ce qu’il y a un enthousiasme particulier et apparent des burkinabè à changer de nationalité? C’est d’abord une loi ivoirienne prise par l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. S’il y’a profit, il en sera pour toutes les nationalités qui répondraient aux critères d’éligibilité et qui voudraient bien en jouir, puisque c’est un droit et non un devoir. Et puis, je suis de ceux qui pensent que toutes les nationalités se valent et qu’une nationalité n’est pas supérieure à une autre. Il y eu la Basse Côte d’Ivoire et la Haute Côte d’Ivoire. Demain la nationalité sera celle des compétences et celle de la CEDEAO.
LP : Comment appréciez vous l’action du gouvernement du président Ouattara, ces deux dernières années?
JK: Positivement et objectivement! Il n’y a qu’à regarder autour de soi pour voir que le Pays avance par le travail et présente un autre visage, celui de la reconstruction portée par une vraie vision, un visage plus radieux, signe de sa marche vers le développement comme voulu par le Président Alassane Ouattara, un vrai chef, un vrai leader. Le pays est en chantier, la réconciliation est en marche, je crois que toutes les conditions sont réunies pour un deuxième miracle et pour faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent, une locomotive sous-régionale. Et je ne peux que saluer cet engagement du Chef de l’Etat et partager la joie des ivoiriens qui renouent ainsi avec la paix et la stabilité qui ont forgé son hospitalité légendaire.
réalisée par Alexandre Lebel Ilboudo