x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 5 décembre 2013 | Le Patriote

Causerie-débat avec la base : le RDR, ce grand malade à Dabou

Divisions, déchirures, querelles de personnes s’entremêlent faisant du RDR à Dabou, un parti profondément perturbé. On peut même dire que dans le Léboutou, le Rassemblement des Républicains (RDR) est sérieusement malade. Il souffre de plusieurs maux révélés hier, au cours des désormais traditionnels échanges de votre quotidien avec la base du parti logé à la rue Lepic, par ses responsables locaux, conduits par le secrétaire départemental, Bamba Siratigui. En effet, dans le cadre de sa rubrique intitulée ‘’causerie-débat avec la base’’, Le Patriote est allé à la rencontre du RDR de Dabou. Pour savoir et surtout comprendre la marche du parti dirigé par le secrétaire général par intérim Amadou Soumahoro dans cette ville.
Comment se porte le RDR dans le département de Dabou après l’accession de ce parti au pouvoir, il y a de cela trois ans ? Les structures du parti fonctionnent-elles normalement ? Quel est l’état d’esprit des militants et qu’est-ce qui est fait pour la remobilisation des troupes en perspective des joutes électorales de 2015 ? Le souci d’élucider ces préoccupations a conduit hier votre quotidien ‘’le Patriote’’ dans la ville de Dabou pour échanger avec ceux qui, au quotidien, guident les pas du parti dans cette ville. Il est 10 h 30 minutes, lorsque notre équipe de reportage, qui a pris rendez-vous depuis quelques semaines avec les responsables locaux du RDR, arrive dans les locaux de la mairie où le secrétaire départemental, par ailleurs premier adjoint au maire, attend ses visiteurs du jour. Nous sommes alors accueillis par le premier responsable du RDR, qui nous conduit à son bureau. Après un débriefing, nous rejoignons la grande salle de réunion. Le président des jeunes, N’guia Arsène Toussaint, la présidente des femmes, Diakité Kani, le commissaire politique et ancien président du RER, Souleymane Diarassouba, le porte-parole des secrétaires de sections, Bamba Moustapha et des militants sont tous heureux de nous recevoir. « Votre visite nous réjouit, car vous nous donnez l’occasion de nous exprimer et nous allons le faire sans faux fuyant. Nous allons vous dire ce qui se passe sur le terrain», lance un jeune militant. Comme promis, ils n’ont pas manié la langue de bois. Ils ont parlé avec le c?ur, mettant à nu les problèmes qui plombent la bonne marche du parti à Dabou.


Le président des jeunes, N’guia Arsène Toussaint, et la présidente des femmes, Diakité Kani ont pris la parole pour dire leur part de vérité. «Ici à Dabou, il faut le dire, le RDR est totalement en lambeaux. Nos problèmes ont commencé depuis les élections départementales en janvier 2007. S’il est vrai que ce genre d’élection laisse toujours des traces à Dabou, les choses vont de mal en pis. Il se trouve que au cours de cette élection, le secrétaire départemental, Bamba Siratigui, a battu largement le candidat présenté par le ministre Lohoues Vincent et depuis ce moment, le RDR de Dabou est entré dans la tournante. Cette division s’est exacerbée au fil du temps et elle a pris sa forme la plus hideuse lors des dernières élections municipales où nous avons soutenu un candidat indépendant face à celui du parti parce que nous n’avions pas été consultés quant au choix de ce candidat. Il n’y a pas une expression plus claire pour dire que plus rien ne va à Dabou », a asséné le président des jeunes. La tête étant affectée, le poisson RDR de Dabou ne pouvait être que putréfié. Aucune concertation, aucun cadre d’échanges, plus de cohésion, l’union et la force du passé ont laissé place au désordre, à la désunion, aux querelles intestines et surtout à la démotivation des troupes. «La division fait que nous ne nous réunissons plus. Même quand vous convoquez des gens pour une réunion, vous vous retrouvez dans une salle vide. Pour peu que l’ordre du jour soit relatif à la vie du parti. C’est dire que la RDR est véritablement au point mort. Car, en ce qui concerne la jeunesse, les militants estiment qu’ils ont été utilisés à un moment donné et rejetés dès que le parti est arrivé au pouvoir. Nous avons tenu la draguée haute durant les heures chaudes de la lutte. Nous avons travaillé sans moyen, parce que le parti ne nous en donnait pas. Nous avons fait le travail avec nos cotisations. Aujourd’hui que le parti est aux affaires, il est inconcevable que nous soyons des laissés pour compte. Aucun d’entre nous, à commencer par moi-même le président, n’a un emploi. Comment dans cette situation de précarité nous pouvons nous engager pour la lutte ? C’est une réalité implacable. C’est pourquoi, je pense que la direction nationale et le pouvoir doivent poser des actes forts pour redonner de l’espoir aux jeunes. J’ai utilisé les enfants des gens, j’ai mobilisé les jeunes et nous avons bravé les balles assassines du pouvoir d’alors. D’autres parmi nous sont tombés. Aujourd’hui, nous sommes là sans rien et toujours dans l’attente pendant que les années passent. Il faut que quelque chose soit fait pour la mobilisation des troupes », a-t-il poursuivi, visiblement irrité par cette situation. Quant à la présidente des femmes, après avoir confirmé le grand malaise ambiant, elle a plaidé pour des emplois pour les jeunes et des fonds d’aide aux femmes. « Je confirme ce que le président des jeunes a dit. Le RDR a souffert à Dabou. Dieu merci, notre candidat a été élu. Cela veut dire que notre combat a porté. Nous attendons les retombées de la lutte. Mais rien ne pointe à l’horizon. Nous souffrons énormément. Le pire est que nos enfants qui ont des diplômes et pour qui nous nous sommes battus sont toujours assis avec nous à la maison à se ronger les pouces. Nous pensons que le parti nous a oubliés. Donc, nous ne faisons plus de réunions. C’est pourquoi, je demande à la direction de venir au secours de nos enfants et des femmes. On ne peut pas être utilisés et jetés après. Les séquelles de la crise sont là. Il y a des victimes qui n’ont toujours pas de moyens pour se soigner. D’autres sont mourantes, faute de moyens. Il faut faire quelque chose pour que nous reprenions la lutte », a-t-elle plaidé. Le commissaire politique a embouché la même trompette en soulignant que la cohésion a foutu le camp depuis belle lurette : «Ici à Dabou, c’est la désunion permanente, l’incompréhension. Rien ne marche. Cette situation est due à la mésentente entre les animateurs que nous sommes ».


Le secrétaire départemental enfonce le clou et accuse
Pour le premier responsable du RDR à Dabou, la situation est chaotique dans son département. «Nous avons donné notre c?ur et notre conviction au RDR. Mais nous sommes aujourd’hui marginalisés par certaines personnes, qui veulent à tout prix nous effacer. Mais, cela n’est pas possible. Je pleure pour le RDR à Dabou. Nous sommes divisés et cela ne date pas d’aujourd’hui. Tout est parti de mon élection en janvier 2007. Le ministre Lohoues Vincent ne voulant pas me voir comme secrétaire départemental a engagé des actions contre moi. Depuis lors, c’est le désordre. J’ai entendu dire qu’ils vont me démettre. Mais il ne faut pas se leurrer. Je suis là à ma place », a-t-il martelé. Avant d’accuser la direction du RDR d’être à la base de ses malheurs à Dabou. «Il faut qu’elle arrête de nous diviser, surtout dans le choix des candidats lors des élections. Car, notre problème ici, c’est cela. En effet, lors des élections municipales passées, elle a voulu nous imposer une candidate transfuge du FPI et qui n’a jamais milité au RDR. Nous avons dit non et nous avons soutenu le candidat indépendant qui a été élu. Depuis lors, on ne se parle plus et c’est la division totale. Je souhaite qu’à l’avenir l’on tienne compte des aspirations de la base, au lieu de faire la part belle à des amis. Par la faute de la direction, le fossé qui était entre nous depuis mon élection s’est agrandi et la crise s’intensifie avec le comportement irresponsable de certains de nos camarades sur le terrain », a-t-il regretté. Tout en estimant que les choses peuvent s’arranger si les responsables du parti à Dabou tournent le dos à l’orgueil, aux intrigues et à la manipulation des militants pour jouer pleinement la carte de la sincérité dans l’intérêt du parti.


Cette réconciliation qui divise
Ayant constaté tous le profond malaise qui mine le parti, les responsables ont décidé de donner une chance à la réconciliation interne. Seulement, ils n’arrivent pas à accorder leurs violons sur la méthode à adopter pour la restauration de l’union et de la confiance afin que le RDR retrouve sa force d’antan dans le Leboutou. En effet, le commissaire politique, lors de son adresse, a dévoilé des démarches auprès des militants dans le but de réconcilier les uns et les autres. «Nous sommes sur le terrain. Nous rencontrons les militants et tout le monde veut aller à la paix et à la réconciliation. Je vous assure que nous sommes très avancés dans notre combat et très bientôt, nous allons vous inviter à la fête de la réconciliation », a-t-il annoncé.
Mal lui en pris, car le secrétaire départemental, surpris par cette information, s’est insurgé contre des « actions solitaires qui n’auront pas d’effets sur le terrain ». «Il faut que nous mettions de l’ordre dans cette histoire de réconciliation. Je ne comprends pas que le premier responsable du parti soit mis à l’écart d’une telle opération. C’est à nous les responsables de faire la paix avant d’aller vers les militants. C’est quand ils nous verront ensemble qu’ils auront confiance. Si nous allons vers eux en rangs dispersés, cela ne donnera rien. En tout cas, moi j’ai mon plan. Et je sais que très bientôt, nous allons fêter la paix retrouvée », a-t-il rassuré. On le voit, la guéguerre est loin d’être terminée et le RDR à Dabou demeure toujours dans la tourmente.


Lacina Ouattara
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ