Ils ne démordent pas. Les partisans de Laurent Gbagbo remettent sur la table leur projet de réconciliation. «Les états généraux de la République, c’est pour aider Ouattara», a soutenu Pascal Affi N’guessan, lors de sa première conférence de presse, hier au siège de son parti, à Attoban (Cocody). Il revient ainsi sur sa proposition qui avait été rejetée par le chef d’Etat le 29 novembre à Bouaké. Alassane Ouattara, en meeting, avait estimé qu’elle est une perte de temps. Mais, Affi et ses camarades ne désespèrent pas, eux qui estiment que le numéro un ivoirien n’a exprimé que son opinion « personnelle » et non celle du gouvernement. « Il faut saluer l’acte d’humilité du chef de l’Etat parce que ce n’est pas courant. Cela signifie qu’il y a un espace pour continuer le lobbying », a apprécié le conférencier. L’autre argument du président du Front populaire ivoirien (Fpi) est qu’un homme politique n’a « pas de préférence » et ne « choisit pas » ses missions. Elles sont « recommandées » par l’histoire. Et celle de la Côte d’Ivoire «impose» que les Ivoiriens s’asseyent pour discuter. Ces discussions proposées au gouvernement sont, selon lui, un moyen de décrispation du climat social et politique. A part qu’elles permettront d’espérer de nouvelles perspectives, elles sont surtout une alternative pour le chef de l’Etat, a-t-il commenté. Pour l’ex-Premier ministre (2000-2003), le président de la République devrait s’en saisir afin d’atténuer la pression de la justice internationale sur son régime. «Aujourd’hui, il a à choisir entre la voie de la Cpi (Cour pénale internationale, ndlr) et la voie des états généraux. S’il ne fait pas les états généraux de la réconciliation, il fera la Cpi. Parce qu’il ne peut pas tenir entre refus des états généraux et le refus de la Cpi. Il ne peut pas tenir le refus de la Cpi qu’il vient de proclamer, après s’être débarrassé de Gbagbo et celui des états généraux. Ils viennent à son secours pour qu’il puisse se décrocher de la Cpi», a développé M. Affi. La Haye, faut-il rappeler, demande au gouvernement ivoirien de lui remettre l’ex-Première dame Simone, 2ème vice-présidente du Fpi, et Charles Blé Goudé, ex-leader de la jeunesse pro-Gbagbo. Toujours à en croire le patron des frontistes, si les Ivoiriens se rassemblent pour échanger à l’occasion de ces discussions nationales, la communauté internationale lâchera du lest. D’où son insistance. «Quand il y a une crise politique, assure-t-il, il n’y a pas trente six solutions : il faut discuter pour que ceux qui portent la parole d’une opinion l’expriment. Pour savoir comment on peut les contenter, trouver un compromis avec eux, afin qu’on fasse la paix des braves.» Autre sujet, même conviction. Le récent rapport des experts de l’Onu sur des tentatives d’assassinats de pro-Gbagbo exilés au Ghana. Affi N’Guessan juge cette «accusation sérieuse» et invite le gouvernement à «revoir ses méthodes». Il trouve «honteux» que de telles révélations, quelle que soit leur véracité, soient faites sur la Côte d’Ivoire. L’Onu, considère-t-il, est une institution malgré tout sérieuse (…). Elle aurait laissé de côté ces informations si elles étaient dénuées de sens».
Bidi Ignace
Bidi Ignace