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Art et Culture Publié le samedi 14 décembre 2013 | Le Democrate

Littérature : Onuzo, la nouvelle voix nigériane

Chibundu Onuzo, cette jeune nigériane de 22 ans vient de publier son premier roman chez un prestigieux éditeur britannique. Même lorsqu’elle est loin de chez elle, le dimanche matin, elle n’oublie pas la première de ses obligations, aller à l’église. Dès l’âge de 18 ans, Chibundu trouve un agent littéraire. Son premier roman « The Spider king’s daughter » est en course pour de nombreux récompenses littéraires prestigieuses dans le monde anglo-saxon ; notamment le prix Desmond Elliott. Déjà en cours de traduction en français, en espagnol et en turc, sans doute bientôt en italien, il sera publié l’année prochaine en France. Sa lecture est jubilatoire ; il s’agit d’une critique féroce et humoristique de la bourgeoisie. Médecins, ses parents possèdent une clinique à Lagos, la ville la plus peuplée d’Afrique. La cité où elle a grandi dans un milieu très protégé, celui des villas sécurisées où des hommes en armes veillent sur les enfants de la bourgeoisie.

Chibundu Onuzo raconte une histoire d’amour impossible entre une jeune fille riche et un vendeur des rues. En somme, un Roméo et Juliette à la sauce nigériane où l‘humour garde toute sa place. Petite dernière d’une famille très aisée de quatre enfants, elle connaît très bien cette bourgeoisie nigériane en pleine ascension. Sa famille compte pléthore d’ingénieurs, d’avocats, de médecins et d’économistes. Chibundu a été admise au prestigieux King’s college de Londres où elle étudie l’histoire et les sciences politiques. Elle admet se poser parfois des questions : « Mes camarades de promotion au King‘s college qui partent travailler dans la banque gagnent énormément d’argent. Pourquoi écrire ? Forcément on se pose la question c’est beaucoup moins lucratif, mais j’aime ça et j’ai la chance d’avoir une famille qui m’aide ».
Quand elle n’écrit pas, Chibundu joue du piano et chante. Enfant, elle rêvait de devenir concertiste. Mais elle possède désormais une autre ambition : revenir au Nigeria pour faire de la politique. Une tradition dans ce pays qui compte maintes écrivains engagés au premier rang desquels Wolé Soyinka, le premier africain à avoir remporté le prix Nobel de littérature. Même si elle a grandi dans un milieu protégé, elle n’ignore rien des souffrances présentes et passées du Nigeria. Elle ne comprend pas pourquoi la bourgeoisie de Lagos dépense autant pour s’offrir de grandes marques occidentales de voitures, de parfums ou de champagne, alors que la ville la plus peuplée d’Afrique manque encore de l’essentiel que sont l’eau et l’électricité. De Lagos à Londres en passant par Ferrara, Chibundu n’oublie pas de regarder ceux qui sont moins fortunés qu’elle, ceux que le destin a jetés sur le bas-côté de la rue. C’est là sans doute, dans ces rencontres fortuites que naît son inspiration entre deux éclats de rire juvéniles.

Source rfi.fr
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