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Editorial Publié le lundi 16 décembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique du Lundi : Pyssicologie

Nous aimons les histoires et le bruit, il conviendrait d’en comprendre l’origine et que nos sociologues se penchent sur notre sujet plutôt que son expression « titrologesque ».
Il ne se passe pas une journée sans qu’on ne soit exposé à des « bavardages de première main », dans la rue, au bureau, sur Facebook, dans les cérémonies et les journaux.
Les « racontages » se transforment parfois en rumeurs, qui peuvent enfler très vite.
Au royaume du pouvoir de la « soi-disant » information, l’ignorance et la jalousie feront le reste. On aime ça, « c’est notre comme ça », « la subtilité connaît pas ».
La rumeur retombe, on change de sujet, on passe au prochain et ça continue. Parler des autres et critiquer sans savoir, sans comprendre, commenter, juger, sont devenus notre sport national. Dans l’hypocrisie la plus totale, empruntant les habits de la forme, on se travestit dans le fond inexistant et on en fait commerce. « Il paraît que, on m’a dit que, mais moi tu me connais j’en fais rien hein. » On trahit ses amis, sa famille, son voisin, on invente des histoires, on se ment à longueur de journées, on ne vit que de division et de « gomboïte » aigüe, seul médicament qui ferait passer cette maladie fatale, car bien sûr, ce n’est pas de notre faute et « puis y’a foye ». Le « Vieux » connaissait cela par cœur, les mots « Union et Discipline » venant faire écho au mot « Travail » que le Président Ouattara appelle de plus en plus de ses vœux. On se connaît ici, il y a les uns et il y avait les autres.
La forme centrifuge
A croire que le contenu importe peu et que l’essentiel est d’entretenir le mouvement.
A croire que l’ennui caractérise notre société à moins que notre « Enfant libre » soit plus développé que notre «Adulte » comme diraient les psychologues. Notre « Parent » quant à lui étant un peu occupé. En général deux sujets tiennent le haut du pavé : les personnes et la politique. Ce qui explique certainement le fait que les « Unes » de nos journaux comportent plus d’alertes, de questions, de sensations que d’informations et de réponses. On ne s’étendra pas sur le contenu qui correspond rarement à l’annonce, ni sur la force des images et les commentaires préenregistrés à la RTI, le Off légendaire des interviews à côté de la plante verte que l’on salue au passage pour services rendus à la nation depuiiiiissss fatigué !
A force d’entretenir la rumeur on en vient à ne plus considérer l’information. Tout est information, donc tout est rumeur, et distinguer le vrai du faux pose alors problème, on se prend à douter de tout et à croire à tout, un paradoxe « schizophrénique » dont on peut légitimement se poser la question de savoir s’il ne serait pas entretenu.
Rappelons-nous, récemment, car notre mémoire vive est tellement encombrée, que l’on se surprend à redécouvrir des images et des événements oubliés et pourtant récents, la « fausse vraie » attaque de Cocody, ou la « fausse vraie » du début de mois…
Nous avons tendance à utiliser les médias publics comme un relais de l’information dite « Institutionnelle », celle qui touche à la communication présidentielle et couvre les déplacements du chef de l’état et (ou) de la « Première Dame ». Il est vrai qu’on peut s’interroger sur la séparation des communications ou non du couple présidentiel et des fonctions et cumuls des mandats sociaux en la matière, mais nous sommes dans le paragraphe de la forme, alors un peu de concentration cher lecteur. Le corpus médiatique observe actuellement le « qui gère quoi » entre la communication gouvernementale du CICG, celle de la Présidence avec le retour de Miss Masséré et la montée récente au créneau de notre Ministre de la Communication. Les premiers « couacs » ne sauraient tarder.
Du fonds centripète
Nous avons tendance à ne pas considérer qu’une redevance existe et représente le pouvoir d’un consommateur, de millions de consommateurs à exprimer ce qu’ils veulent comme grille des programmes. Le même constat est valable pour nos impôts, la notion de « contribuable » étant encore rare dans le paysage médiatique et l’espace public, alors qu’elle n’est que le synonyme de la citoyenneté, la politique ayant été inventée chez les grecs pour gérer l’impôt de la cité.
Même si des progrès contre la propagande et le culte de la personnalité, ont été réalisés, Fraternité Matin et la RTI offrent toujours une image désuète, au contenu dépendant ; d’un intérêt, d’une tonalité, et d’une couleur inversement proportionnels à l’air du temps. Passons sous silence, le même silence et l’inertie notoire d’une HACA (Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle) morte née sur les cendres de feu le CNCA qui continue à dormir a coup d’excuses improbables à l’ère du numérique et des TIC. Un peu gênant, car dans le monde de l’Audiovisuel cela se voit beaucoup. La libéralisation du secteur, consacrée à l’article 1 de la loi de 2004, attendra une décade de plus. Nous sommes fâchés avec les chiffres comme nous sommes fâchés avec le temps. Cela nous arrange car cela favorise la « banalité » ; celle qui encourage à ne pas changer, car « tout le monde fait pareil » et à enrichir et conforter la « normalité ». En l’absence de chiffres, on ne compare pas, on n’analyse pas, on ne mesure pas, on ne progresse pas. Tout est au même niveau, rien ne dépasse, rien ne bouge vraiment. C’est ainsi que l’on forge un peuple de moutons, dociles et sans perspectives, motivés uniquement par une pause tant que le pâturage est bien gras et les responsabilités absentes. La CIE nous coupe le courant ? On attend que cela passe sans mot dire. Le prix de la Tomate grimpe ? Jean-Louis Billon va s’en occuper. 50 morts sur l’autoroute ? Le ministre des transports apprend le colombien. Vous complèterez la liste de nos vraies priorités quotidiennes. Nous aimons aussi les « faux-types » car notre hypocrisie et le sens des intérêts sont plus forts que tout au pays des Gaous. Notre morale et nos valeurs font désormais partie du passé, ce sont les « gens d’avant là » qui continuent à les défendre sous les quolibets de la génération d’envahisseurs venus occuper notre pays depuis 1990 et qui les regarde en se moquant. Ils ont pris le pouvoir, chewing-gum à la bouche, courant après les « grotos » et se reconnaissent à leur superficielle existence, aucun fond, tout dans l’apparat et rien dans le cerveau. Mais ils sont rusés, ils ne s’habillent pas en vert. Ouvrez l’œil ils sont foison et font partie d’une communauté de plus en plus nombreuse, même ceux qui ont appris « désapprennent », et c’est plus grave, car c’est un choix. Les anciens, les parents, ont démissionné, on ne peut que leur en vouloir et ne pas s’étonner du résultat. Le courage et la franchise ont leurs vertus. En Afrique, on nous apprend à ne pas dire non et à ne pas dire ce que l’on pense. Mais face à l’inacceptable et face à des codes de rue, il n’y a qu’une solution : on tape du pied, on tape sur la table et on corrige le tir. On ne peut adorer FHB et confondre notre référentiel en se contentant de ce petit niveau d’affairés et d’opportuniste inconscients. L’ambivalence est caractérisée, la confiance rare, des façades entières de mensonges se déroulent avec sourire et mains tendues, l’autre derrière le dos, tenant une fourchette. Cela favorise, bien sûr, à une autre échelle, des escroqueries en tout genre, des intrigues, des complots, et conduit des familles entières, des communautés entières, une société entière à jouer avec des alliances aux équilibres fragiles et changeants. Cela favorise le marketing des croyances, où la foi devient publique et le lavage de cerveau, collectif. Les couards ont maigri. Le mensonge et l’immoralité continuent, mais l’illusion de la fin de la semaine est sauve. On ne s’étonne même plus de celles et ceux qui publiquement vont alors se vanter de voler et profiter du système, présentant la chose comme des « djez », du business, de l’intelligence voire des faits de guerre. On ne s’étonnera pas non plus que les mêmes pratiques perdurent quels que soient les régimes, et s’amplifient. On ne s’étonnera pas non plus que les auteurs de pillages, de viols, de meurtres, ne soient toujours pas jugés, on ne s’étonnera pas non plus que les débordements et comportements illégitimes et illicites des entourages prennent des proportions juste indécentes. On ne s’étonnera pas non plus que les vrais cerveaux ne rentrent pas au pays, continuant de briller à l’international, à multiplier les succès et à collectionner les prix dans des environnements sains et d’un autre niveau. On ne s’étonnera pas non plus qu’on ne soit plus étonné des rapports de l’ONU et de HRW, ni d’une résistance passive à la CPI. Alors on s’amusera, de voir et d’entendre dans une allocution bancale, une usurpatrice, venir soutenir publiquement à la place Jean Paul II de Yamoussoukro, le Président Alassane Ouattara alors qu’elle battait, certains ont de la mémoire, campagne pour Laurent Gbagbo il y a peu, insultant des publications soit disant « RDR » sur Facebook et traitant la nouvelle Icône de « Mossi ». Manquer à sa parole, vivre d’intrigues et de faux semblants, mener une double voire triple vie, utiliser tous les moyens pour « être devant », être née avant la honte sans que cela pose le moindre problème de conscience est devenu la norme. S’en étonner est être « le fou ». Ainsi donc et indépendamment de la vision présidentielle et des progrès en cours en matière de développement, de sécurité et d’infrastructures, l’opinion publique est en mesure de savoir, ce qui se passe en Côte d’Ivoire et dans les coulisses gouvernementales. La moralisation de la vie publique et la professionnalisation des équipes sont la priorité. Car autant la communication va dans un sens, autant elle revient tel un boomerang. Certes les journalistes d’investigation ne sont pas légion et sur les 800 journalistes et assimilés, une dizaine tout au plus est guidée en priorité par le souci d’une information « vraie », la meute préférant agir comme des communicants qui reproduisent des communiqués et surfent sur le présent. Les causes sont connues, les conditions de l’exercice et la formation dans cette corporation n’échappant pas au constat dans d’autres secteurs. Seule la conséquence est différente pour la démocratie et ses contre pouvoirs.Cependant la discrétion des auteurs du racket d’état est telle, leur besoin de briller par leurs exploits est tel, que les informations circulent rapidement, elles n’ont besoin que d’être captées au bon endroit et vérifiées. Ainsi donc, de nombreux dossiers sortent de plus en plus dans la Presse grâce, notamment à une récente prise de conscience à plusieurs niveaux de la société, et il faut le dire, à l’approche des prochaines échéances.
De la cinétique réactive
L’Eléphant Déchaîné est une initiative à encourager et à suivre, l’origine de sa création est un symbole de liberté d’expression à lui tout seul, 12 mois de prison pour avoir dénoncé le scandale de l’ENA sous le précédent régime, et l’envie de prolonger l’expérience et d’ajuster sa réponse par un canal d’information approprié est louable. L’arroseur arrosé. L’exercice est difficile et l’environnement fera tout pour encenser d’un côté et arroser de l’autre…La résistance devra être totale, la tête froide et haute et l’humilité droit devant. Le renfort technique et journalistique sera essentiel et il faudra durer. Certains dossiers mériteront plus de « double check » et d’autres plus d’abnégation, les récents scandales dénoncés sur les 522 appartements d’un ministre en activité, ceux des transports et la vérité sur la réelle valeur ajoutée de Kaba Nialé, sont autant de faits mesurables que l’équipe présidentielle semble prendre en considération. Il faudra simplement s’assurer de l’équilibre de l’information et de ce que tout soit soumis à vérification sans tomber dans le syndrome de la chasse aux sorcières (basée sur des raisons subjectives) et de ne céder en aucun cas. Ce n’est que le début, la nature a horreur du vide et le peuple souffre de ces dérapages contrôlés. Des questions simples sont à poser aux membres du gouvernement, aux dirigeants des régies financières et aux députés : quelle était votre déclaration patrimoniale avant, pendant et après ? Pourquoi seuls ceux qui travaillent devraient-ils payer l’impôt de ceux qui détournent le fruit collectif pour s’enrichir personnellement ? Pourquoi sommes-nous le seul pays à reculer au classement des pays corrompus alors que des pays africains ont montré la voie et fait acte de courage ? A quoi sert de dédoubler les institutions chargées de ce mal et de notre réconciliation ? Que fait-on contre l’impunité ? Restons cohérents et assumons. Pourquoi ne pas créer un « Ministère d’Etat à l’Impunité », un « Sous-secrétariat d’Etat du Bruit et des Fêtes », une « Haute Autorité à la Jalousie et de l’Usurpation » et une « Commission Nationale des Impolis et des Gnatas »? Le Président de la République s’est physiquement engagé dans un marathon de 10 jours, qu’il en soit félicité et remercié, son dernier parcours fût dense et l’exemplarité est la grandeur des chefs. Evidemment certaines étapes avaient des allures électorales et certains des jeunes suiveurs reprenaient en cœur le dernier tube de notre Antoinette nationale, oubliant cependant qu’Alassane Ouattara est le Président actuel de toute une Nation et qu’un parti politique n’a rien à faire « dans ça ». Pour le respect du protocole et de la bienséance en public, les affaires d’éducation et de codes s’apprennent avant dix ans, on dira que ce n’est pas de leur faute. Persuadés de leur victoire en 2015, si cette date est maintenue, cette variable ayant par le passé été gommée sans que personne ne trouve à y redire ou à l’éviter, on n’est plus, malheureusement, surpris de rien dans notre pays. D’autres variables politiques et stratégiques sont à appréhender même si quand on est aux affaires, il est plus facile, sauf ras le bol de la population, de faire un second mandat. Les moyens disponibles, la connaissance des circuits, le découpage du territoire, de la mobilisation, les effets d’annonces ou parti au pouvoir et moyens de l’état se confondent et la gestion des listes électorales, en l’absence, dans le jeu politique, de la troisième force politique du pays, sont autant d’avantages. Certes. Cependant on sous-estime souvent les effets des variables tactiques et psychologiques. En l’absence de sondages, même s’ils commencent, discrètement, à circuler, le pouls des populations repose sur des interprétations subjectives pour ne pas effrayer le chef. (L’entourage n’a aucun intérêt à quitter ses privilèges et autres avantages collatéraux). L’opinion est une variable capricieuse et en politique, comme en stratégie, tout est une question d’alignement et de management des lignes, des positions et des alliances. Il faut bien sûr avoir un objectif et surtout une équipe réduite et efficace et une organisation parfaite. Chaque campagne est différente. Chacun le sait, pour être Président il faut respecter 5 conditions : dépasser 50%, avoir un Parti, raconter une Histoire, avoir des alliés sûrs et des moyens. Cet axiome changera peut-être lors des prochaines élections, car pour la première fois nous n’aurons pas un homme contre un autre. Trois facteurs changeront l’équation : La sortie probable de Laurent Gbagbo de la Haye, la santé du PDCI et de son Président, l’agenda de Guillaume Soro, seul stratège en présence de tacticiens. Seul capable de placer et déplacer le curseur. Alors nous reprendrons la route pour battre campagne à la campagne, avec la même équation, le même bruit, le même cheptel, les mêmes attentes, les mêmes suiveurs, et toujours pas de projet de société, toujours pas de moralité, pas de sens civique, toujours pas de résilience. La continuité de l’Etat doit demeurer avec l’intérêt général, notre priorité, en attendant la République du creux donne de l’Echo au vide.Des moutons, du bruits et des campagnes, Circulez Y’a rien à voir !

Blofouê Fernand
chroniqueivoirienne@gmail.com
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