x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Editorial Publié le samedi 7 décembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Félix Houphouët-Boigny - la légende

Je me souviens, comme hier, de ce 7 décembre 1993. Le matin de ce jour-là, je suis à Dakar dans mon hôtel habituel. Entre la grande poste et le marché Kermel. Pas loin de la BCEAO dont je vois l’immeuble de ma chambre. Je prépare, avec frénésie et impatience, ma valise. Dans moins de deux heures je dois me retrouver à Yoff pour prendre mon avion et retourner à Abidjan. Pour une fois, je n’écoute pas d’information sur la Radio Mondiale. A l’aéroport d’Abidjan tout semble normal. La ville que je traverse n’a aucune atmosphère particulière. Je remarque devant le Stade Félix Houphouët-Boigny des spectateurs qui retournent chez eux avant même l’heure du match. Le chauffeur lui-même ne comprend rien. Il me dit que certainement l’équipe visiteuse a raté son avion et que le match est reporté. J’arrive, à Angré, avant quinze heures. Dès que je pousse le portail je vois ma maman qui m’annonce la mort du Président sans me souhaiter la bienvenue. Non, je ne crois pas. Avant de déposer la valise dans ma chambre j’allume le téléviseur. La première image est celle du Premier ministre qui annonce le décès. Une annonce qui passe et repasse. Non, je ne crois pas. Houphouët ne peut pas mourir. Déjà à Dakar j’avais vu, dans un hebdomadaire africain, l’image du Président sortant de l’avion retournant dans son village sur une civière. C’était le signe d’une mort annoncée mais mon esprit refusait de croire que cet homme puisse mourir maintenant. Il va nous surprendre. Comme il l’a toujours fait. Durant notre enfance le député Foufouet était notre causerie favorite. Chaque enfant venait avec des informations les plus croustillantes sur les miracles qu’il faisait. Presque tous les soirs on se régalait de sa transformation en mouche quand les « Blancs » l’avaient jeté d’un avion. Devant toutes les tentatives de mettre fin à ces jours il parvenait à disparaitre en se transformant en mouche ou en vent. On y croyait fermement. Houphouët c’était notre légende, notre histoire. Au cours d’un de ses anniversaires, l’une des grandes personnalités du pays affirmait que le Président ne pouvait pas mourir car entre Dieu et Jésus, et à équidistance se trouve Félix Houphouët-Boigny. Mon scepticisme sur la mort du Président résidait dans le fait qu’un membre de sa belle famille me disait que le Président affirmait souvent qu’il va atteindre 100 ans ou plus comme son ami Gbon Coulibaly. C’est au cours de soixante dixième anniversaires que je vais toucher de près le Président. J’étais à côté d’un de ses amis proches, auquel il disait qu’il venait d’avoir 7 ans. Enfant, je l’avais souvent vu à Treichville, avant l’indépendance, faire des discours dans un bâtiment qui existe toujours. Notre groupe de gosses ne manquions aucun meeting sur cette place. En plus, j’aimais écouter ses discours et je me souviens encore de sa phrase, plusieurs fois répétée, à savoir la lutte émancipatrice. Nos parents ne parlaient que de politique et du Président du RDA. Il faisait tellement partie de ma vie quotidienne que j’avais du mal à croire à sa fin physique. Pour moi, il était comme un ange. Un génie comme on le croyait enfant. Or, un génie ne meurt pas. Félix Houphouët-Boigny je vais parler avec lui sur le tard. Comme le hasard ou le destin fait bien les choses, un ami intime sera son aide de camp. Souvent il me demandera de venir lui tenir compagnie à la résidence. Le Président, à ma grande surprise, recevait tard les uns et les autres. Ce qui me passionnait c’est sa recherche permanente des citoyens ordinaires qu’il faisait venir, la nuit, pour causer. A le voir blaguer et les taquiner je ne pouvais que comprendre ce qu’il a eu à me dire « Mon fils, restes toujours humble » Certaines parties de mon petit roman pour les adolescents, ADJOBA ET LE PRESIDENT, a été fortement inspiré par certains de mes passages à la Résidence. A ses obsèques que j’ai suivies sur la télévision ivoirienne je ne croyais toujours pas à sa mort. Une légende ne meurt pas. Une grande amie, diplomate, me disait que lorsqu’on prie sur une image de Félix Houphouët-Boigny en lui demandant de l’aide, pour quoique ce soit, il vous exauce. J’avoue n’avoir jamais essayé même quand j’ai souvent des problèmes d’argent. C’est triste que depuis vingt-ans notre pays n’a toujours pas de Mémorial à son nom à l’instar de celui de Kwamé Nkrumah à Accra où on ne peut arriver sans y aller. A voir les écoliers ghanéens venir régulièrement visiter ce musée on coule des larmes. Houphouët mérite mieux et plus. Afin de s’inspirer à chaque visite de son esprit de paix et de dialogue. Comment après vingt ans rien de matériel ne nous rappelle Félix Houphouët-Boigny sauf des discours ? Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Biton Koulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ