Abidjan- Dans les quartiers enclavés des grandes villes ou dans les zones reculées de certains pays d’Afrique subsaharienne, il n’est pas rare de voir une bouteille, une dame-jeanne ou un bidon disposés négligemment sur le côté de la route, comme des objets abandonnés. Ces récipients contiennent souvent un liquide plus ou moins transparent, prévient le site d’information scientifique Scidev.net.
Quelquefois, c’est une longue perche qui est plantée sur le bas-côté, son sommet plongeant dans un entonnoir, dans un bidon ou dans une bouteille retournés.
Bien connus des automobilistes et des motocyclistes, ces signes indiquent les lieux où on peut se ravitailler en carburant, en dehors des stations-services, même si la qualité du produit est sujette à caution.
En effet, les mauvaises conditions de stockage (dans des récipients ayant des résidus d’autres produits comme de l’eau, de l’huile, ou du gasoil) et les manipulations diverses (mélanges avec d’autres produits comme du pétrole lampant pour en augmenter la quantité) en altèrent la qualité.
En dépit des efforts des autorités pour l’éradiquer, la distribution du carburant frelaté demeure une pratique courante dans un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne.
Ainsi, ce carburant se vend comme des cacahuètes, sans aucune précaution particulière, dans la capitale burkinabè, Ouagadougou, où il est appelé "essence par terre", une expression bien calibrée sur celle de « librairie par terre », qui renvoie à l’image de livres usagés peu ou prou recyclés, qu’on peut certes lire en grande partie, mais avec ce risque de tomber sur des pages manquantes ou illisibles.
On le retrouve notamment sur des étalages de fortune en plein soleil, sous l’ombre d’un arbre ou encore à côté d’un poteau électrique…
Ce samedi du mois de septembre 2019, Guelbeogo Abdoul Kader, jeune garçon de 15 ans, prend la relève de son père dans un point de vente d’un quartier populaire de Ouagadougou. Il vient au secours des motocyclistes qui tombent en panne d’essence dans cette zone dépourvue de station-service, où le litre d’essence se vend à 750 FCFA contre 600 FCFA à la station-service…
Un lieu de stockage du carburant frelaté en Côte d’Ivoire - Crédit Photo : SDN.
« Les gens ne se plaignent pas de la qualité de notre carburant, mais, plutôt du coût ou de la quantité », confie l’adolescent, qui assiste ainsi son géniteur depuis deux ans dans cette activité.
Etabli pour sa part sur une grande artère de la ville, Adama Ouédraogo, un autre vendeur de carburant, confie qu’il écoule chaque jour deux à trois bidons de 20 litres de carburant.
« Cela fait trois ans que je mène cette activité et je crois faire œuvre utile, dans la mesure où il n’existe pas de station-service ici pour permettre aux automobilistes et motocyclistes de se ravitailler », dit-il.
A la frontière Burkina-Bénin, le carburant frelaté est stocké pour être distribué à Fada, la grande ville proche Bénin - Crédit Photo : SDN.
La Côte d’Ivoire connaît aussi ce phénomène. A en croire Jules Konan, ingénieur mécanicien, responsable d’un garage près de la zone industrielle de Yopougon à Abidjan, il existe plusieurs types de carburant frelaté.
« D’abord, il y a celui qu’on appelle mélange. Souvent contenu dans des bouteilles d’un litre ou un litre et demi, il se compose d’une mixture d’huile mécanique, voire d’huile de cuisine à de l’essence. Ce carburant est uniquement utilisé pour les motos ».
« Ensuite, il y a le cheval blanc ou carburant Koutcha. Certains sont utilisés tels qu’ils arrivent sur le territoire national, sans être associés à d’autres produits. Enfin, il y a d’autres qui comprennent plusieurs composants en plus du gasoil illicite. »
Un vendeur de ce produit dans la capitale ivoirienne confie qu’il arrive en Côte d’Ivoire par voie maritime et fluviale depuis des pays voisins, en empruntant des circuits frauduleux, surtout à bord d’embarcations artisanales.
« Une fois dans le pays, des grossistes sont servis sur des baies lagunaires, comme au quartier Azito de Yopougon, dans la banlieue ouest d’Abidjan, soit dans des citernes, soit dans des fûts qui sont ensuite acheminés vers des points de vente clandestins », indique cette source, qui a souhaité garder l’anonymat…
Camions-citernes
La partie septentrionale du Cameroun connaît aussi cette pénétration de carburant frelaté, appelé ici "zoua-zoua", à partir de pays voisins, en particulier le Nigeria.
En février 2019 par exemple, 25.700 litres de "zoua-zoua" avaient été saisis par la police dans la ville de Ngaoundéré. Une prise moins importante que celle de mars 2018 qui portait sur 31.800 litres.
Mais, outre la filière étrangère, les vendeurs de ce produit au Cameroun s’approvisionnent auprès de fournisseurs nationaux. En particulier auprès des camions-citernes transportant de l’essence destinée aux stations-service. Ils font des arrêts sur leur chemin pour qu’une partie du carburant soit siphonnée.
« L’opération se fait de nuit. Lorsque le camion arrive, il nous rejoint à notre base, qui n’est pas au bord de la route. Là, nous recueillons la quantité de carburant convenue et le camion continue son voyage », explique Colbert Ngoufang, qui tient un point de vente près de Bafang, dans le sud-ouest du Cameroun.
Pour Ousmane Soudré, expert automobile du Parc automobile de l’Etat au Burkina Faso, le carburant frelaté peut aussi provenir du fond des citernes qui n’ont pu être totalement vidées. « C’est un carburant qui comporte de nombreux résidus », dit-il.
En file indienne, les trafiquants ravitaillent le Burkina en carburant frelaté via le Bénin. - Crédit : SDN.
Cette même source rappelle au passage que le caractère frelaté réside, entre autres, dans l’usage. « Ainsi, les vendeurs prennent des bidons d’huile pour aller stocker du carburant ou alors, ils mélangent simplement le pétrole à l’essence pour en augmenter la quantité ».
Beaucoup d’automobilistes ou de motocyclistes utilisent ces produits altérés pour des raisons économiques ou parce qu’ils ne trouvent pas de station-service dans la zone.
L’ingénieur mécanicien Jules Konan met les utilisateurs en garde : « Le koutcha est un véritable cocktail explosif pour les engins, parce qu’il contient souvent un taux très élevé de soufre, ce qui est sans pitié pour les moteurs ».
L’intéressé ajoute que les résidus de ce carburant, souvent pâteux, endommagent fortement le circuit d’injection ou le filtre à gasoil des véhicules.
D’ailleurs, « il arrive des fois qu’en pleine circulation, vous voyiez des véhicules prendre feu. C’est souvent à cause d’une essence de mauvaise qualité », fait remarquer Ousmane Soudré.
Pour sa part, le chimiste Didier Diomandé de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan indique que pendant la combustion du carburant de mauvaise qualité, le soufre est transformé en dioxyde de soufre (SO2), en plus du gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2), entre autres.
« Contrairement au SO2, le CO2 peut être éliminé dans l’environnement par photosynthèse, tandis que le SO2 va engendrer des pluies acides qui peuvent contribuer à la déforestation », explique l’universitaire.
Système respiratoire
« Par ailleurs, le SO2 est très nocif pour la santé, car il affecte le système respiratoire, le fonctionnement des poumons et il provoque des irritations oculaires », poursuit Didier Diomandé.
Bien plus, ajoute-t-il, si l’huile de moteur utilisée pour réaliser le mélange n’est pas de bonne qualité, il y a des risques que la combustion ne soit pas complète.
« En ce moment-là, on n’a plus affaire à du CO2, mais à du monoxyde de carbone qui est très mortel », prévient le scientifique, qui appelle en conséquence à une solution durable à ce problème.
Bertin Doubi, pneumologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yopougon à Abidjan, va un peu plus loin, en affirmant que le carburant est un produit volatile qui agresse la muqueuse bronchique et les poumons, entraînant une inflammation.
« Quand vous l’inhalez, c’est comme s’il brûlait un peu. Ceux qui manipulent ces produits sans précautions risquent donc de souffrir souvent de l’asthme et de diverses formes d’allergie, sans compter la possibilité de développer un cancer », précise ce médecin.
L’environnement n’est évidemment pas épargné. Les résultats d’une étude menée par le ministère burkinabè de l’environnement, en janvier 2019, montrent que la qualité de l’air dans la ville de Ouagadougou est préoccupante, avec par exemple une teneur en polluants particulaires « largement » supérieure aux normes nationales et à celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Seulement, la part spécifique du carburant frelaté dans cette pollution est difficile à chiffrer. En effet, « la pollution mesurée est globale. Nous ne disposons pas de données spécifiques sur le degré de pollution dû au carburant frelaté », explique Boukary Kaboré, ingénieur en hygiène-qualité-sécurité-environnement au laboratoire qualité de l’environnement, à Ouagadougou.
Toutefois, ajoute-t-il, « il est évident que du carburant de mauvaise qualité a un impact direct sur les concentrations des particules fines dans l’air, notamment les composés soufrés, azotés et les composés organiques volatiles, en général ».
Outre les opérations de saisie de stocks de carburant frelaté, les Etats ont mis sur pied des institutions chargées de veiller au contrôle de la qualité du carburant distribué. C’est le cas de la société Hydrac (Hydrocarbures-analyses-contrôles) dont les dirigeants n’ont cependant pas donné de suite à la sollicitation de SciDev.Net.
Au Burkina Faso, les autorités ont mis en place une direction chargée de la concurrence et de la répression de la fraude, dont le rôle, entre autres, est de lutter contre la vente d’essence frelatée. Le directeur de la concurrence et de la répression des fraudes, Yacouba Bila, a confié à SciDev.Net que ce service a déjà démantelé des réseaux de stockage du carburant frelaté dans les quartiers périphériques de Ouagadougou et dans les autres régions du pays, surtout celles frontalières du Bénin et du Ghana.
Ce dernier indique en outre que « la distribution des hydrocarbures est soumise à un agrément et il est fait obligation aux stations-service de s’approvisionner auprès de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy) ».
Sauf que tel n’est pas toujours le cas et il est déjà arrivé, au Burkina Faso comme ailleurs sur le continent, que du carburant frelaté se retrouve même dans les stations d’essence…
tm
Quelquefois, c’est une longue perche qui est plantée sur le bas-côté, son sommet plongeant dans un entonnoir, dans un bidon ou dans une bouteille retournés.
Bien connus des automobilistes et des motocyclistes, ces signes indiquent les lieux où on peut se ravitailler en carburant, en dehors des stations-services, même si la qualité du produit est sujette à caution.
En effet, les mauvaises conditions de stockage (dans des récipients ayant des résidus d’autres produits comme de l’eau, de l’huile, ou du gasoil) et les manipulations diverses (mélanges avec d’autres produits comme du pétrole lampant pour en augmenter la quantité) en altèrent la qualité.
En dépit des efforts des autorités pour l’éradiquer, la distribution du carburant frelaté demeure une pratique courante dans un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne.
Ainsi, ce carburant se vend comme des cacahuètes, sans aucune précaution particulière, dans la capitale burkinabè, Ouagadougou, où il est appelé "essence par terre", une expression bien calibrée sur celle de « librairie par terre », qui renvoie à l’image de livres usagés peu ou prou recyclés, qu’on peut certes lire en grande partie, mais avec ce risque de tomber sur des pages manquantes ou illisibles.
On le retrouve notamment sur des étalages de fortune en plein soleil, sous l’ombre d’un arbre ou encore à côté d’un poteau électrique…
Ce samedi du mois de septembre 2019, Guelbeogo Abdoul Kader, jeune garçon de 15 ans, prend la relève de son père dans un point de vente d’un quartier populaire de Ouagadougou. Il vient au secours des motocyclistes qui tombent en panne d’essence dans cette zone dépourvue de station-service, où le litre d’essence se vend à 750 FCFA contre 600 FCFA à la station-service…
Un lieu de stockage du carburant frelaté en Côte d’Ivoire - Crédit Photo : SDN.
« Les gens ne se plaignent pas de la qualité de notre carburant, mais, plutôt du coût ou de la quantité », confie l’adolescent, qui assiste ainsi son géniteur depuis deux ans dans cette activité.
Etabli pour sa part sur une grande artère de la ville, Adama Ouédraogo, un autre vendeur de carburant, confie qu’il écoule chaque jour deux à trois bidons de 20 litres de carburant.
« Cela fait trois ans que je mène cette activité et je crois faire œuvre utile, dans la mesure où il n’existe pas de station-service ici pour permettre aux automobilistes et motocyclistes de se ravitailler », dit-il.
A la frontière Burkina-Bénin, le carburant frelaté est stocké pour être distribué à Fada, la grande ville proche Bénin - Crédit Photo : SDN.
La Côte d’Ivoire connaît aussi ce phénomène. A en croire Jules Konan, ingénieur mécanicien, responsable d’un garage près de la zone industrielle de Yopougon à Abidjan, il existe plusieurs types de carburant frelaté.
« D’abord, il y a celui qu’on appelle mélange. Souvent contenu dans des bouteilles d’un litre ou un litre et demi, il se compose d’une mixture d’huile mécanique, voire d’huile de cuisine à de l’essence. Ce carburant est uniquement utilisé pour les motos ».
« Ensuite, il y a le cheval blanc ou carburant Koutcha. Certains sont utilisés tels qu’ils arrivent sur le territoire national, sans être associés à d’autres produits. Enfin, il y a d’autres qui comprennent plusieurs composants en plus du gasoil illicite. »
Un vendeur de ce produit dans la capitale ivoirienne confie qu’il arrive en Côte d’Ivoire par voie maritime et fluviale depuis des pays voisins, en empruntant des circuits frauduleux, surtout à bord d’embarcations artisanales.
« Une fois dans le pays, des grossistes sont servis sur des baies lagunaires, comme au quartier Azito de Yopougon, dans la banlieue ouest d’Abidjan, soit dans des citernes, soit dans des fûts qui sont ensuite acheminés vers des points de vente clandestins », indique cette source, qui a souhaité garder l’anonymat…
Camions-citernes
La partie septentrionale du Cameroun connaît aussi cette pénétration de carburant frelaté, appelé ici "zoua-zoua", à partir de pays voisins, en particulier le Nigeria.
En février 2019 par exemple, 25.700 litres de "zoua-zoua" avaient été saisis par la police dans la ville de Ngaoundéré. Une prise moins importante que celle de mars 2018 qui portait sur 31.800 litres.
Mais, outre la filière étrangère, les vendeurs de ce produit au Cameroun s’approvisionnent auprès de fournisseurs nationaux. En particulier auprès des camions-citernes transportant de l’essence destinée aux stations-service. Ils font des arrêts sur leur chemin pour qu’une partie du carburant soit siphonnée.
« L’opération se fait de nuit. Lorsque le camion arrive, il nous rejoint à notre base, qui n’est pas au bord de la route. Là, nous recueillons la quantité de carburant convenue et le camion continue son voyage », explique Colbert Ngoufang, qui tient un point de vente près de Bafang, dans le sud-ouest du Cameroun.
Pour Ousmane Soudré, expert automobile du Parc automobile de l’Etat au Burkina Faso, le carburant frelaté peut aussi provenir du fond des citernes qui n’ont pu être totalement vidées. « C’est un carburant qui comporte de nombreux résidus », dit-il.
En file indienne, les trafiquants ravitaillent le Burkina en carburant frelaté via le Bénin. - Crédit : SDN.
Cette même source rappelle au passage que le caractère frelaté réside, entre autres, dans l’usage. « Ainsi, les vendeurs prennent des bidons d’huile pour aller stocker du carburant ou alors, ils mélangent simplement le pétrole à l’essence pour en augmenter la quantité ».
Beaucoup d’automobilistes ou de motocyclistes utilisent ces produits altérés pour des raisons économiques ou parce qu’ils ne trouvent pas de station-service dans la zone.
L’ingénieur mécanicien Jules Konan met les utilisateurs en garde : « Le koutcha est un véritable cocktail explosif pour les engins, parce qu’il contient souvent un taux très élevé de soufre, ce qui est sans pitié pour les moteurs ».
L’intéressé ajoute que les résidus de ce carburant, souvent pâteux, endommagent fortement le circuit d’injection ou le filtre à gasoil des véhicules.
D’ailleurs, « il arrive des fois qu’en pleine circulation, vous voyiez des véhicules prendre feu. C’est souvent à cause d’une essence de mauvaise qualité », fait remarquer Ousmane Soudré.
Pour sa part, le chimiste Didier Diomandé de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan indique que pendant la combustion du carburant de mauvaise qualité, le soufre est transformé en dioxyde de soufre (SO2), en plus du gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2), entre autres.
« Contrairement au SO2, le CO2 peut être éliminé dans l’environnement par photosynthèse, tandis que le SO2 va engendrer des pluies acides qui peuvent contribuer à la déforestation », explique l’universitaire.
Système respiratoire
« Par ailleurs, le SO2 est très nocif pour la santé, car il affecte le système respiratoire, le fonctionnement des poumons et il provoque des irritations oculaires », poursuit Didier Diomandé.
Bien plus, ajoute-t-il, si l’huile de moteur utilisée pour réaliser le mélange n’est pas de bonne qualité, il y a des risques que la combustion ne soit pas complète.
« En ce moment-là, on n’a plus affaire à du CO2, mais à du monoxyde de carbone qui est très mortel », prévient le scientifique, qui appelle en conséquence à une solution durable à ce problème.
Bertin Doubi, pneumologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yopougon à Abidjan, va un peu plus loin, en affirmant que le carburant est un produit volatile qui agresse la muqueuse bronchique et les poumons, entraînant une inflammation.
« Quand vous l’inhalez, c’est comme s’il brûlait un peu. Ceux qui manipulent ces produits sans précautions risquent donc de souffrir souvent de l’asthme et de diverses formes d’allergie, sans compter la possibilité de développer un cancer », précise ce médecin.
L’environnement n’est évidemment pas épargné. Les résultats d’une étude menée par le ministère burkinabè de l’environnement, en janvier 2019, montrent que la qualité de l’air dans la ville de Ouagadougou est préoccupante, avec par exemple une teneur en polluants particulaires « largement » supérieure aux normes nationales et à celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Seulement, la part spécifique du carburant frelaté dans cette pollution est difficile à chiffrer. En effet, « la pollution mesurée est globale. Nous ne disposons pas de données spécifiques sur le degré de pollution dû au carburant frelaté », explique Boukary Kaboré, ingénieur en hygiène-qualité-sécurité-environnement au laboratoire qualité de l’environnement, à Ouagadougou.
Toutefois, ajoute-t-il, « il est évident que du carburant de mauvaise qualité a un impact direct sur les concentrations des particules fines dans l’air, notamment les composés soufrés, azotés et les composés organiques volatiles, en général ».
Outre les opérations de saisie de stocks de carburant frelaté, les Etats ont mis sur pied des institutions chargées de veiller au contrôle de la qualité du carburant distribué. C’est le cas de la société Hydrac (Hydrocarbures-analyses-contrôles) dont les dirigeants n’ont cependant pas donné de suite à la sollicitation de SciDev.Net.
Au Burkina Faso, les autorités ont mis en place une direction chargée de la concurrence et de la répression de la fraude, dont le rôle, entre autres, est de lutter contre la vente d’essence frelatée. Le directeur de la concurrence et de la répression des fraudes, Yacouba Bila, a confié à SciDev.Net que ce service a déjà démantelé des réseaux de stockage du carburant frelaté dans les quartiers périphériques de Ouagadougou et dans les autres régions du pays, surtout celles frontalières du Bénin et du Ghana.
Ce dernier indique en outre que « la distribution des hydrocarbures est soumise à un agrément et il est fait obligation aux stations-service de s’approvisionner auprès de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy) ».
Sauf que tel n’est pas toujours le cas et il est déjà arrivé, au Burkina Faso comme ailleurs sur le continent, que du carburant frelaté se retrouve même dans les stations d’essence…
tm