Tout le monde a encore en mémoire la bousculade meurtrière à l’aube du mardi 31 décembre, au Plateau. On a déploré ce jour-là 63 morts et une cinquantaine de blessés parmi les fêtards qui venaient d’assister aux feux d’artifices. Ainsi 63 familles ont été endeuillées. Dans le point de la situation présenté à la télévision nationale, la ministre de la Santé et de la lutte contre le sida, avait annoncé une prise en charge gratuite par le gouvernement de la cinquantaine de personnes blessées au cours du drame. « Nous sommes satisfaits de la riposte sanitaire apportée aux blessés », avait salué Raymonde Goudou Coffie, réitérant la compassion du gouvernement aux familles des victimes. Le président de la République, Alassane Ouattara avait décrété trois jours de deuil national. Une enquête a été ordonnée pour faire la lumière sur la tragédie. « L'enquête sera bouclée dans les 72 heures », avait assuré à son tour le Premier ministre Daniel Kablan Duncan au terme d’une réunion de crise au lendemain du drame. Dans une déclaration sur les antennes de la télévision, Simplice Koffi Kouadio, procureur de la république à l’époque des faits, a souligné que quatre facteurs déterminants étaient à l’origine de la tragédie. A savoir : le rétrécissement de la voie lié à une clôture en tôle sur les lieux du drame ; la présence de troncs d’arbres sur le trottoir; l’absence d’éclairage suffisant ; l’insuffisance des forces de l’ordre. La bousculade, après le spectacle des feux d’artifices édition 2012, suscite toujours des interrogations sur la politique de sécurisation des rassemblements festifs. L’élément déclencheur de l’incident, selon l’enquête, a été attribué à un groupe de personnes venant dans le sens opposé à celui de la foule qui scandait : libérez ! Abobo arrive ! «Après la vague de compassion, comme d’habitude, et l’arrestation de quelques personnes qui avaient improvisé l’organisation de secours et de prise en charge des victimes, on a tourné la page… », analyse Dr. Ballo Yacouba. Selon l’enseignant-chercheur à l’Unité de formation et de recherche (Ufr) de criminologie à l’université Félix Houphouet-Boigny. Selon lui, si la 3ème édition des feux d’artifices devait avoir lieu, il faudrait, au-delà de l’aspect technique de cette manifestation, « mettre à jour nos pratiques en observant les principes élémentaires de prévention et de gestion des rassemblements festifs. Autrement dit, avant la mise en œuvre des opérations de sécurisation, il faut en amont penser et planifier », recommande-t-il. Le spécialiste explique que cela passe par l’identification des risques, la prévoyance en matière de secours, et de prise en charge des victimes. « Il n’y a pas de risque zéro en matière de sécurisation des foules. Toutefois, sans l’identification des risques, c’est mener les foules à l’abattoir. Si les zones à risques avaient été identifiées par exemple, l’on n’aurait pas permis aux populations d’emprunter "la voie du drame", rétrécie par une clôture en tôle, parsemée de troncs d’arbres et insuffisamment éclairée », a déploré le criminologue.
Ouattara Moussa
Ouattara Moussa