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Économie Publié le jeudi 26 décembre 2013 | Le Patriote

Bouaké/ Zone industrielle : Vers la relance du secteur industriel dans le Gbêkê

Donner à la capitale de la région de Gbêkê la place qui est la sienne, la deuxième ville économique après Abidjan dans la zone UEMOA. C’est l’un des v?ux chers au chef de l’état Alassane Ouattara et au gouvernement Kablan Duncan. Cette volonté a été une fois de plus exprimée lors du Conseil des ministres extraordinaire tenu dans les locaux rénovés de la préfecture de Bouaké le 26 novembre 2013. C’était à l’occasion de la visite d’état effectuée par le premier des Ivoiriens du 25 au 29 novembre dernier. Les unités industrielles, notamment la CIDT, Olhéol (ex-Trituraf) Gonfreville qui ont toutes fait, chacune à son niveau, la fierté de la ville vont connaître un coup d’accélérateur. Cela fait suite à l’intervention du préfet de région Konin Aka qui a saisi l’occasion de peindre en noir le tableau de la région. Objectif visé, permettre aux habitants de la région et même au-delà des frontières régionales de se familiariser à nouveau avec la gaieté par l’acquisition d’emplois bien rémunérés.

« Dans le passé, Bouaké était la 2ème ville économique dans la zone UEMOA après la capitale économique. Il s’agit pour le gouvernement de redonner à cette cité son lustre d’antan par la réouverture de ses usines. Ce qui va permettre la création de nombreux emplois pour les jeunes» avait annoncé le porte-parole du gouvernement Bruno Nabagné Koné à la presse. Mais un mois après cette déclaration, quel visage présentent ces unités industrielles que sont Gonfreville, Olhéol et la Compagnie ivoirienne des textiles (CIDT) ?

Les difficultés qui entravent le fonctionnement unités industrielles

Sinistrées, elles le sont. Les entreprises de Bouaké sont pour la plupart en l’état actuel, résiduelles. Il faut précisément compter les établissements Robert Gonfreville, la CIDT, l’ex-Trituraf et bien d’autres. Elles connaissent des kyrielles de problèmes qui entravent leur bon fonctionnement. Ces difficultés auxquelles elles sont confrontées ont pour nom en général la vétusté du matériel pour les unes, le manque d’approvisionnement en matière première pour les autres. Une incursion dans ces entités industrielles nous a permis de nous rendre compte des difficultés qui les minent. Si à la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles, les employés rencontrés nous ont tous renvoyés vers la hiérarchie, ce ne fut pas le cas à Gonfreville et Olhéol. Aux Etablissements Robert Gonfreville, une visite guidée a permis de toucher du doigt les réalités de l’entreprise. Après avoir fait ses beaux jours, l’usine traverse des difficultés. Les raisons. Selon le premier secrétaire général du SYNTRATEXCI, la vétusté des machines et le problème d’approvisionnement sont les deux plaies de l’entreprise. En effet, avant la crise militaro-politique de 2002, Gonfreville avait une capacité de production de 10 tonnes de coton par jour pour environ 1500 employés en plein temps. Aujourd’hui, elle produit à peine 500 à 600 Kilogrammes par jour avec 300 employés qui se relaient, faute de matières premières suffisante et de l’état des machines. Plusieurs d’entre elles sont en panne et attendent d’être remises en état de fonctionnement. « Nos difficultés sont l’approvisionnement en matière première, le coton que nous n’avons pas. Nous sommes obligés de faire partir des employés au Nord pour acheter ne serait-ce que 5 à 10 tonnes et quand ils sont de retour, nous travaillons juste quelques jours et nous repartons nous asseoir à la maison en attendant d’avoir encore un peu de coton. C’est une situation difficile que nous vivons. Et même s’il y a en quantité suffisante la matière première, les machines ne peuvent pas supporter car elles sont pour la plupart en panne. Elles ont besoin d’être remplacées ou d’avoir de nouvelles pièces de rechange pour que nous puissions travailler véritablement », fait savoir Kouassi Yao Blaise, avant d’appeler les autorités gouvernementales à accélérer le processus de réouverture afin que soit mis fin à la souffrance des employés qui « tirent le diable par la queue». Même son de cloche du côté de Ouattara Moussa, lui aussi un autre employé de l’usine. Il dit avoir salué la décision de la réouverture mais attend cela avec impatience car ce sera une bouffée d’oxygène pour lui et ses collègues pour qui le chef de l’Etat est un messie grâce à qui ils connaitront à nouveau la joie de travailler et de vivre. « Avant la crise de 2002, les travailleurs de Gonfreville ne se connaissaient même pas compte tenu de notre nombre d’important mais aujourd’hui, c’est pratiquement comme une cour commune où nous nous connaissons tous. Cela ne ressemble pas à cette entreprise. Nous sommes impatients de voir la réouverture effective» se réjouit-il.

Concurrence déloyale des produits de la contrebande

La prolifération sur les marchés des pagnes et tissus issus de la contrebande constitue une cause des problèmes l’usine Gonfreville. Les pagnes en provenance des pays limitrophes ou des pays asiatiques sont présents abondamment sur les marchés. Face à leurs prix bas du fait de la contrebande, les produits par les usines textiles locaux, sont lésés par les usagers.
A Olhéol, la difficulté majeure réside dans le manque d’approvisionnement en matière première, singulièrement la graine de coton. A en croire le secrétaire général de l’UGTCI (Union Générale des Travailleurs de Côte d’ivoire) Centre Nord, Olhéol n’a subi aucun dommage du fait de la crise car, souligne t-il «aucune aiguille n’a été volée». Hormis quelques indélicats employés qui se sont illustrés négativement en soutirant quelques pièces des machines. Les machines sont donc prêtes pour la réouverture officielle. C’est pourquoi, Kouassi Konan Anderson, secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’Olhéol, dit ne pas comprendre les raisons pour lesquelles les égreneurs exportent les graines vers le sud au détriment de sa société qui en fait sa matière première. Avec la réouverture annoncée, l’entretien des machines a déjà été fait dans ce cadre et les banquiers qui accompagnent Olhéol ont demandé aux égreneurs de mettre à la disposition de l’unité industrielle les graines qui leur seront directement payées en vue de permettre à l’entreprise de connaître sa vitesse de croisière avec la création d’autres emplois en vue de résorber l’épineux problème du chômage. Pour Kouassi Konan Anderson, si cette équation de matière première est résolue, le nombre d’employés pourraient connaître une augmentation de 325 employés pour la première campagne, et 400 pour cette année, le nombre pourrait être revu jusqu’à 500. Encore des emplois créés. De plus, plusieurs prestataires de services, éleveurs, transporteurs et autres pourront se frotter les mains dans le cadre des emplois indirects.

Les attentes des employés…

Tout naturellement, les employés attendent des « solutions ADO » à leurs différentes préoccupations en vue d’une réouverture dans les brefs délais des différentes unités industrielles. A Olhéol comme aux établissements Robert Gonfreville, le problème de l’approvisionnement en matière première doit être résolu. Pour ce faire, Kouassi Konan Anderson propose que les égreneurs mettent à la disposition d’Olhéol les graines et que soit mis fin à leur exportation vers d’autres cieux. Et cela permettra à l’usine de produire en quantité suffisante de l’huile à la cuisson et le tourteau de coton qui garantit la santé et le développement physique des animaux pour le bonheur des éleveurs et des consommateurs. Du côté de Gonfreville, les employés par la voix de Kouassi Yao Blaise souhaitent « l’accélération du processus de réouverture avec en ligne de mire la fourniture de pièces de rechange pour la réparation des machines à défaut de leur renouvellement et l’approvisionnement de façon régulière et en quantité suffisante de la matière première qu’est le coton». C’est à ce prix que ces usines atteindront leur vitesse de croisière avec pour conséquence, la création de plusieurs emplois.

Coulibaly Souleymane, correspondant
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