A l’instar du monde entier, Abidjan a célébré le réveillon, mardi. Mais dans les quartiers précaires, on ne sentait pas la fête.
Des ruelles désertes. Pas de musique, un silence de cimetière….Devant les habitations, des eaux usées sont déversées à divers endroits. Difficile de respirer de l’air frais. C’est dans cette ambiance morose que le quartier «Abobo derrière-rails» accueille le réveillon de Noël ce mardi aux environs de 21h30. Ce sous-quartier de la commune d’Adama Toungara est séparé de la mairie et du marché Siaka Koné par le chemin de fer. Dans la pénombre, nous apercevons un kiosque à café mal éclairé. Devant, des jeunes sont assis sur des bancs. On y vend du café noir ‘’serré’’. Habillés en tee-shirt avec des débardeurs pour la plupart, et portant des pantalons jeans et des sandales communément appelés «en entendant», ces personnes devisent tranquillement. Après les civilités, nous constatons qu’ils n’ont pas l’esprit au réveillon de Noël célébré ce soir dans le monde entier. La raison de cette indifférence est fondamentalement liée à la pauvreté. «Nous aimerions être bien dans la fête. Mais comme vous le constatez, nous sommes assis dans cet endroit. Si on ne travaille pas pour avoir de l’argent comment peut-on fêter», s’est plaint Diarra Adama, un mécanicien parmi eux. Watta Coulibaly, son camarade renchérit. «Comme vous pouvez voir, tout est éteint par ici. Pourtant si vous arrivez actuellement dans les quartiers comme Marcory, Yopougon, c’est la fête, j’en suis sûr. Mais ici, nous sommes obligés de dormir à 19 heures en ce grand jour de fête, parce qu’il n’y a pas de quoi fêter», se désole-t-il. Outre l’ambiance terne dans les rues, nous essayons de comprendre celle dans les cours. Aucun enfant visible à l’intérieur des bâtisses que nous visitons. Interrogé, Yves Kouassi, un père de famille, explique avoir acheté des cadeaux pour ses gosses. «Mais Ils dorment déjà. Nous nous sentons hors de la fête. Il n’y a aucun espace de joie, pas de célébration de la Noël», fait-il savoir. Ce chef de famille a du mal à digérer cette situation. Il aurait aimé par exemple que la Première dame organise des festivités dans des quartiers démunis tels qu’ «Abobo dernière-rails» afin d’offrir de la joie aux tout-petits de ces bleds qui se sentent abandonnés parfois. Après la commune d’Abobo, nous mettons le cap sur le «quartier sauvage» dans la commune d’Adjamé. La voie principale menant dans cette zone est déserte. Dans les ruelles, ce sont plutôt des groupes de «grin» autour du thé, là où l’on s’attendait à voir des maquis tonnant la musique. Là aussi, aucun enfant dehors. Oumar Ouattara, un habitant du quartier nous invite dans sa cour. Il s’agit d’une baraque construite en bois. A l’intérieur, un garçonnet habillé en boubou est assis sur un tabouret, l’air triste. Interrogée, sa génitrice, Ouédrago Salimata, explique que l’état de l’enfant est lié au fait qu’elle n’a pu acheter de cadeau cette année pour lui. «Il a pleuré toute la journée parce que je n’ai pas pu lui offrir de jouet. Mon mari est décédé en me laissant trois enfants. Je me débrouille pour leur donner à manger. Alors, acheter un cadeau est une charge difficile pour moi», explique cette veuve. La même scène de tristesse se déroule au quartier «Boribanan», toujours dans la commune d’Adjamé. Aucune liesse. La joie de la Noël est totalement absente ici. Au bord d’une rue, devant sa maison, une dame est assise le regard tourné vers le ciel. Pour elle, les difficultés financières du moment sont inexplicables. «Je n’ai jamais vu une année aussi difficile. Je n’ai pas pu avoir de la nourriture pour mes enfants à plus forte raison des cadeaux», se plaint-elle. Ses enfants auraient voulu célébrer la fête de Noël à l’instar de leurs camarades des quartiers fortunés. Mais la situation économique les en a privés.
DL (stagiaire)
Des ruelles désertes. Pas de musique, un silence de cimetière….Devant les habitations, des eaux usées sont déversées à divers endroits. Difficile de respirer de l’air frais. C’est dans cette ambiance morose que le quartier «Abobo derrière-rails» accueille le réveillon de Noël ce mardi aux environs de 21h30. Ce sous-quartier de la commune d’Adama Toungara est séparé de la mairie et du marché Siaka Koné par le chemin de fer. Dans la pénombre, nous apercevons un kiosque à café mal éclairé. Devant, des jeunes sont assis sur des bancs. On y vend du café noir ‘’serré’’. Habillés en tee-shirt avec des débardeurs pour la plupart, et portant des pantalons jeans et des sandales communément appelés «en entendant», ces personnes devisent tranquillement. Après les civilités, nous constatons qu’ils n’ont pas l’esprit au réveillon de Noël célébré ce soir dans le monde entier. La raison de cette indifférence est fondamentalement liée à la pauvreté. «Nous aimerions être bien dans la fête. Mais comme vous le constatez, nous sommes assis dans cet endroit. Si on ne travaille pas pour avoir de l’argent comment peut-on fêter», s’est plaint Diarra Adama, un mécanicien parmi eux. Watta Coulibaly, son camarade renchérit. «Comme vous pouvez voir, tout est éteint par ici. Pourtant si vous arrivez actuellement dans les quartiers comme Marcory, Yopougon, c’est la fête, j’en suis sûr. Mais ici, nous sommes obligés de dormir à 19 heures en ce grand jour de fête, parce qu’il n’y a pas de quoi fêter», se désole-t-il. Outre l’ambiance terne dans les rues, nous essayons de comprendre celle dans les cours. Aucun enfant visible à l’intérieur des bâtisses que nous visitons. Interrogé, Yves Kouassi, un père de famille, explique avoir acheté des cadeaux pour ses gosses. «Mais Ils dorment déjà. Nous nous sentons hors de la fête. Il n’y a aucun espace de joie, pas de célébration de la Noël», fait-il savoir. Ce chef de famille a du mal à digérer cette situation. Il aurait aimé par exemple que la Première dame organise des festivités dans des quartiers démunis tels qu’ «Abobo dernière-rails» afin d’offrir de la joie aux tout-petits de ces bleds qui se sentent abandonnés parfois. Après la commune d’Abobo, nous mettons le cap sur le «quartier sauvage» dans la commune d’Adjamé. La voie principale menant dans cette zone est déserte. Dans les ruelles, ce sont plutôt des groupes de «grin» autour du thé, là où l’on s’attendait à voir des maquis tonnant la musique. Là aussi, aucun enfant dehors. Oumar Ouattara, un habitant du quartier nous invite dans sa cour. Il s’agit d’une baraque construite en bois. A l’intérieur, un garçonnet habillé en boubou est assis sur un tabouret, l’air triste. Interrogée, sa génitrice, Ouédrago Salimata, explique que l’état de l’enfant est lié au fait qu’elle n’a pu acheter de cadeau cette année pour lui. «Il a pleuré toute la journée parce que je n’ai pas pu lui offrir de jouet. Mon mari est décédé en me laissant trois enfants. Je me débrouille pour leur donner à manger. Alors, acheter un cadeau est une charge difficile pour moi», explique cette veuve. La même scène de tristesse se déroule au quartier «Boribanan», toujours dans la commune d’Adjamé. Aucune liesse. La joie de la Noël est totalement absente ici. Au bord d’une rue, devant sa maison, une dame est assise le regard tourné vers le ciel. Pour elle, les difficultés financières du moment sont inexplicables. «Je n’ai jamais vu une année aussi difficile. Je n’ai pas pu avoir de la nourriture pour mes enfants à plus forte raison des cadeaux», se plaint-elle. Ses enfants auraient voulu célébrer la fête de Noël à l’instar de leurs camarades des quartiers fortunés. Mais la situation économique les en a privés.
DL (stagiaire)
