« Résultats de la 5ème série des enquêtes Afrobaromètre en Côte d’Ivoire : 2ème dissémination » c’est l’intitulé d’un rapport datant du 11 Octobre 2013 et établi par le Centre de recherche et de formation sur le développement intégré (Crefdi) après une enquête en Côte d’Ivoire portant sur plusieurs thématiques. Intéressons-nous ici à la rubrique « intention de vote ». Les enquêteurs ont voulu savoir l’intention des votes des citoyens en l’état actuel de la situation sociopolitique. La question qui leur a été posée est libellée comme suit : ‘’Si une élection présidentielle avait lieu demain, pour quel candidat de quel parti voteriez-vous?’’. Les résultats sont consignés dans le tableau ci-contre.
On peut épiloguer sur la représentativité de l’échantillon pris en compte, les différents biais du sondage, le degré de confiance ou tout autre paramètre pouvant entamer le crédit de ce sondage.
Mais en dépit de la situation de morosité politique qui prévaut avec un repli de chaque camp en présence, ce sondage met en relief le fait que les partis politiques ont encore une certaine emprise sur la société ivoirienne. 58 % exactement des sondés affirment vouloir confier leur destin au candidat d’un parti politique soit (21 + 18 + 11 + 7). La question posée ne personnifie pas le débat et à travers les réponses l’on relève qu’il y a encore un réflexe de vote lié au parti politique. Peut-être que si la question avait été ouverte avec des noms précis, (Ouattara, Gbagbo, Bédié, Soro, Affi, Koulibaly, Bakayoko…) les pourcentages obtenus seraient plus élevés car en Côte d’Ivoire le paramètre ‘’personnalité politique’’ compte. Mais passons.
D’après le sondage, le Rdr arriverait en tête avec 21 % des intentions de vote suivi du Fpi (18 %), le Pdci en 3e position avec 11 % et les autres (participants aux élections) pour 7 %. On est bien loin des résultats du premier tour de la présidentielle d’octobre 2010. Mais il y a tout de même une variante importante : à savoir que le parti au pouvoir arrive en tête comme l’ont été le Fpi et ses alliés en 2010. Si ceci est avéré il y a lieu de s’interroger sur les scores très maigres obtenus par les partis dinosaures de la scène politique ivoirienne. Rdr, Fpi et Pdci pèsent ensemble 51 % de l’électorat ivoirien. Une grande régression par rapport à 2010 où après le premier tour, les mêmes atteignaient un peu plus de 95 % du corps électoral. Entre les deux dates (1er tour 2010 et 2013) la chute est de 44 %. C’est énorme.
Quelle explication ?
Les Ivoiriens dans leur majorité ont désormais en horreur tout ce qui tourne autour de la politique. Alors qu’ils étaient enthousiastes en 2010 et se réclamaient ouvertement de telle ou telle chapelle politique. Aujourd’hui, la méfiance est de mise. La crise postélectorale et ses trois mille morts sont passés par là. Nombreux sont les Ivoiriens qui, dans les quartiers comme dans les transports en commun ne veulent pas entendre parler de politique.
Pour un cadre du Pdci que l’IA a interrogé, ce sondage est tronqué et ne reflète pas du tout la réalité. Les enquêteurs devraient poser la question autrement selon lui, en mettant l’accent sur un ‘’candidat Rhdp’’. ‘’Ce sondage n’est pas en adéquation avec l’actualité politique en Côte d’Ivoire. C’est de la pure fiction’’, relève-t-il, désapprobateur.
Au Fpi si l’organe de presse de ce parti se réjouissait de ce sondage avec un titre flatteur (le Fpi toujours dans le cœur des ivoiriens), un militant interrogé voudrait savoir sur quoi les sondeurs se sont basés pour réaliser leur travail. Il attribue tout de même ces résultats des partis politiques, au boycott opéré et croit en la logique de la ruée vers le parti au pouvoir. Cette logique qui veut que c’est vers celui qui détient les moyens que s’effectue la convergence.
Qu’à cela ne tienne. Il faut prendre en compte l’important taux des indécis. Ceux qui hésitent encore entre les trois grands. Ces indécis comprennent : ceux qui ‘’ne savent pas pour qui voter’’ (17 %), ceux pour qui le choix dépend ‘’du candidat et de ses projets’’ (3%) et enfin ceux qui ‘’ont refusé de répondre’’ (10 %). Ces trois catégories présentent un cumul de 30 %, ce qui n’est pas négligeable. Quand on ajoute à ceux-ci les 12 % de ceux qui ont clairement exprimé leur choix de ne pas voter du tout, on est à 42 % de ceux qui mettent le vote au second plan de leurs préoccupations.
C’est justement sur cette frange qu’il faut se baser pour formuler les politiques de conservation, de conquête ou de reconquête du pouvoir. Si on les rassure, ceux qui refusent de voter pourraient changer d’avis. Ici intervient aussi le choix de la personnalité qui aura à défendre les couleurs de tel ou tel parti. 2015, c’est maintenant !
S. Debailly
On peut épiloguer sur la représentativité de l’échantillon pris en compte, les différents biais du sondage, le degré de confiance ou tout autre paramètre pouvant entamer le crédit de ce sondage.
Mais en dépit de la situation de morosité politique qui prévaut avec un repli de chaque camp en présence, ce sondage met en relief le fait que les partis politiques ont encore une certaine emprise sur la société ivoirienne. 58 % exactement des sondés affirment vouloir confier leur destin au candidat d’un parti politique soit (21 + 18 + 11 + 7). La question posée ne personnifie pas le débat et à travers les réponses l’on relève qu’il y a encore un réflexe de vote lié au parti politique. Peut-être que si la question avait été ouverte avec des noms précis, (Ouattara, Gbagbo, Bédié, Soro, Affi, Koulibaly, Bakayoko…) les pourcentages obtenus seraient plus élevés car en Côte d’Ivoire le paramètre ‘’personnalité politique’’ compte. Mais passons.
D’après le sondage, le Rdr arriverait en tête avec 21 % des intentions de vote suivi du Fpi (18 %), le Pdci en 3e position avec 11 % et les autres (participants aux élections) pour 7 %. On est bien loin des résultats du premier tour de la présidentielle d’octobre 2010. Mais il y a tout de même une variante importante : à savoir que le parti au pouvoir arrive en tête comme l’ont été le Fpi et ses alliés en 2010. Si ceci est avéré il y a lieu de s’interroger sur les scores très maigres obtenus par les partis dinosaures de la scène politique ivoirienne. Rdr, Fpi et Pdci pèsent ensemble 51 % de l’électorat ivoirien. Une grande régression par rapport à 2010 où après le premier tour, les mêmes atteignaient un peu plus de 95 % du corps électoral. Entre les deux dates (1er tour 2010 et 2013) la chute est de 44 %. C’est énorme.
Quelle explication ?
Les Ivoiriens dans leur majorité ont désormais en horreur tout ce qui tourne autour de la politique. Alors qu’ils étaient enthousiastes en 2010 et se réclamaient ouvertement de telle ou telle chapelle politique. Aujourd’hui, la méfiance est de mise. La crise postélectorale et ses trois mille morts sont passés par là. Nombreux sont les Ivoiriens qui, dans les quartiers comme dans les transports en commun ne veulent pas entendre parler de politique.
Pour un cadre du Pdci que l’IA a interrogé, ce sondage est tronqué et ne reflète pas du tout la réalité. Les enquêteurs devraient poser la question autrement selon lui, en mettant l’accent sur un ‘’candidat Rhdp’’. ‘’Ce sondage n’est pas en adéquation avec l’actualité politique en Côte d’Ivoire. C’est de la pure fiction’’, relève-t-il, désapprobateur.
Au Fpi si l’organe de presse de ce parti se réjouissait de ce sondage avec un titre flatteur (le Fpi toujours dans le cœur des ivoiriens), un militant interrogé voudrait savoir sur quoi les sondeurs se sont basés pour réaliser leur travail. Il attribue tout de même ces résultats des partis politiques, au boycott opéré et croit en la logique de la ruée vers le parti au pouvoir. Cette logique qui veut que c’est vers celui qui détient les moyens que s’effectue la convergence.
Qu’à cela ne tienne. Il faut prendre en compte l’important taux des indécis. Ceux qui hésitent encore entre les trois grands. Ces indécis comprennent : ceux qui ‘’ne savent pas pour qui voter’’ (17 %), ceux pour qui le choix dépend ‘’du candidat et de ses projets’’ (3%) et enfin ceux qui ‘’ont refusé de répondre’’ (10 %). Ces trois catégories présentent un cumul de 30 %, ce qui n’est pas négligeable. Quand on ajoute à ceux-ci les 12 % de ceux qui ont clairement exprimé leur choix de ne pas voter du tout, on est à 42 % de ceux qui mettent le vote au second plan de leurs préoccupations.
C’est justement sur cette frange qu’il faut se baser pour formuler les politiques de conservation, de conquête ou de reconquête du pouvoir. Si on les rassure, ceux qui refusent de voter pourraient changer d’avis. Ici intervient aussi le choix de la personnalité qui aura à défendre les couleurs de tel ou tel parti. 2015, c’est maintenant !
S. Debailly