ABIDJAN - Si les voitures de luxe sont de plus en plus
visibles en Afrique, c'est aussi parce que des milliers de véhicules volés en
Europe y sont acheminés chaque année, le continent africain étant une
destination privilégiée de ce trafic.
Alors que 500.000 autos ont été dérobées à leurs propriétaires sur le Vieux
continent entre 2008 et 2011, dont la moitié a été retrouvée, "une bonne
partie" a migré dans deux zones principales : la Russie et l'Afrique, selon
Interpol.
D'après Sebastian Schmucker, en charge du trafic de véhicules pour l'agence
policière internationale, les voitures volées dans le nord de l'Europe sont
généralement destinées au marché russe, tandis que celles disparaissant dans
le Sud partent traditionnellement en Afrique par voie maritime ou terrestre -
via Gibraltar et Ceuta.
Les ports d'Afrique du sud, où l'on roule à gauche, reçoivent de leur côté
les autos dérobées au Royaume-Uni. Tandis que l'Afrique de l'Est est plutôt
destinataire de véhicules venant d'Asie.
"Le vol à l'unité, juste parce que la voiture est belle, n'existe plus. Le
trafic de véhicules fait partie du crime organisé, il a des liens avec le
trafic de drogue, d'armes et même le terrorisme, qu'il finance. C'est
relativement simple et le risque est faible", explique M. Schmucker.
Si le nombre de vols a baissé ces dernières années, leur valeur s'est à
l'inverse élevée. Les malfrats privilégient les voitures plus haut de gamme.
Les SUV (4X4 urbains) sont "préférés en Afrique à cause de l'état des routes",
constate-t-il.
A Abidjan, un bon connaisseur de ce marché explique les techniques
employées par l'un des trafiquants, bien introduit auprès du pouvoir ivoirien,
dans les années 2000-2010.
"Les acheteurs passaient commande d'une voiture, choisissaient la couleur
des sièges, etc. Le marchand appelait ses équipes, qui épluchaient les petites
annonces en France", raconte-t-il.
"Ils se présentaient chez les vendeurs en leur faisant toujours le même
speech : +n'ayez pas peur de l'arnaque. Nous allons vous payer+. Et de fait
ils payaient... mais avec avec de faux chèques de banque. Dès le lendemain,
les propriétaires, voyant leurs comptes crédités de plusieurs dizaines de
milliers d'euros, cédaient leurs voitures."
"Le temps que les banques se rendent compte que le chèque était faux, les
autos étaient déjà arrivées à Abidjan par conteneur. Elles étaient
immatriculées, avec une nouvelle carte grise", poursuit-il.
Selon cette source, la justice française, qui enquêtait sur le chef de
gang, lui a imputé près de 400 vols. Sans jamais parvenir à le faire arrêter,
l'homme bénéficiant de protections à Abidjan.
Les nouveaux propriétaires pensaient quant à eux avoir acheté "des voitures
d'occasion à bon prix". "Ils ne savaient pas d'où elles venaient", estime-t-il.
Selon Interpol, 160 voitures volées ont été retrouvées depuis 2009 en
Afrique.
En Allemagne, 18.500 voitures ont été volées en 2012, pour un montant
évalué à 250 millions d'euros, de même source.
jf/jlb/emb
visibles en Afrique, c'est aussi parce que des milliers de véhicules volés en
Europe y sont acheminés chaque année, le continent africain étant une
destination privilégiée de ce trafic.
Alors que 500.000 autos ont été dérobées à leurs propriétaires sur le Vieux
continent entre 2008 et 2011, dont la moitié a été retrouvée, "une bonne
partie" a migré dans deux zones principales : la Russie et l'Afrique, selon
Interpol.
D'après Sebastian Schmucker, en charge du trafic de véhicules pour l'agence
policière internationale, les voitures volées dans le nord de l'Europe sont
généralement destinées au marché russe, tandis que celles disparaissant dans
le Sud partent traditionnellement en Afrique par voie maritime ou terrestre -
via Gibraltar et Ceuta.
Les ports d'Afrique du sud, où l'on roule à gauche, reçoivent de leur côté
les autos dérobées au Royaume-Uni. Tandis que l'Afrique de l'Est est plutôt
destinataire de véhicules venant d'Asie.
"Le vol à l'unité, juste parce que la voiture est belle, n'existe plus. Le
trafic de véhicules fait partie du crime organisé, il a des liens avec le
trafic de drogue, d'armes et même le terrorisme, qu'il finance. C'est
relativement simple et le risque est faible", explique M. Schmucker.
Si le nombre de vols a baissé ces dernières années, leur valeur s'est à
l'inverse élevée. Les malfrats privilégient les voitures plus haut de gamme.
Les SUV (4X4 urbains) sont "préférés en Afrique à cause de l'état des routes",
constate-t-il.
A Abidjan, un bon connaisseur de ce marché explique les techniques
employées par l'un des trafiquants, bien introduit auprès du pouvoir ivoirien,
dans les années 2000-2010.
"Les acheteurs passaient commande d'une voiture, choisissaient la couleur
des sièges, etc. Le marchand appelait ses équipes, qui épluchaient les petites
annonces en France", raconte-t-il.
"Ils se présentaient chez les vendeurs en leur faisant toujours le même
speech : +n'ayez pas peur de l'arnaque. Nous allons vous payer+. Et de fait
ils payaient... mais avec avec de faux chèques de banque. Dès le lendemain,
les propriétaires, voyant leurs comptes crédités de plusieurs dizaines de
milliers d'euros, cédaient leurs voitures."
"Le temps que les banques se rendent compte que le chèque était faux, les
autos étaient déjà arrivées à Abidjan par conteneur. Elles étaient
immatriculées, avec une nouvelle carte grise", poursuit-il.
Selon cette source, la justice française, qui enquêtait sur le chef de
gang, lui a imputé près de 400 vols. Sans jamais parvenir à le faire arrêter,
l'homme bénéficiant de protections à Abidjan.
Les nouveaux propriétaires pensaient quant à eux avoir acheté "des voitures
d'occasion à bon prix". "Ils ne savaient pas d'où elles venaient", estime-t-il.
Selon Interpol, 160 voitures volées ont été retrouvées depuis 2009 en
Afrique.
En Allemagne, 18.500 voitures ont été volées en 2012, pour un montant
évalué à 250 millions d'euros, de même source.
jf/jlb/emb