C’est maintenant une tradition. La veille des fêtes de fin d’année est l’occasion pour certains esprits malins de faire courir de folles rumeurs. Des acteurs et animateurs des mass média prennent eux-aussi le malin plaisir de relayer ces informations aussi saugrenues qu’ubuesques. Depuis la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, nombreux sont ses partisans qui ne rêvent que d’un coup d’Etat qui viendrait balayer l’actuel régime. Les adeptes du « match retour » à Abidjan le veulent en guise de cadeau de Noël et de bonne année. Pour voir réaliser ce rêve fou, les nostalgiques de l’ancien ordre sont prêts à tout. Fausses informations sur l’armée dans la presse, rumeurs d’atteinte à la sureté de l’Etat, incitation à la révolte, SMS séditieux, discours xénophobes et extrémistes, etc. Tout y passe. La fausse nouvelle de l’interpellation du colonel Konan Boniface va dans la droite ligne de cette stratégie loufoque. L’objectif de toute cette agitation est de salir le régime du président Ouattara dans l’espoir de braquer une partie de l’opinion et les militaires qui ont compris qu’il ne sert à rien de s’éterniser dans un exil qui n’a plus sa raison d’être. «Pour tuer un homme, il faut d’abord tuer son nom », aimaient à répéter les sénateurs de la plèbe dans la Rome antique. Peindre Ouattara en noir pour mieux en faire la cible privilégiée des forces obscures. Voilà la stratégie toute trouvée par le camp Gbagbo. Mais aujourd’hui un tel scénario est-il encore possible ? Il y a fort à en douter. Car la Côte d’Ivoire actuelle n’est pas celle de 2000 ou de 2002. Depuis 2002, la communauté internationale veille au grain. Avec ce qui est arrivé lors de la crise postélectorale, elle n’est plus prête à laisser la chienlit s’installer dans ce pays. Lors de la crise postélectorale, cette communauté internationale a lancé un message clair à tous les fauteurs de trouble. Plus jamais les choses ne seront faciles pour les apprentis putschistes. Celui qui veut le pouvoir doit nécessairement passer par la voie des urnes. L’intervention de cette communauté internationale en faveur du président élu, au plus fort de la crise, montre toute sa détermination à montrer le droit chemin à tous les aventuriers. Comment cette communauté internationale qui n’a pas accepter le déni de démocratie que voulait imposer Laurent Gbagbo au peuple de Côte d’Ivoire, peut laisser faire des individus qui ont pour seul objectif de renverser par les armes un président de la République dont elle a certifié la victoire en 2010 ? Croire qu’un remake de décembre 1999 ou de septembre 2002 peut toujours se jouer en Côte d’Ivoire est totalement illusoire. Car le même dispositif militaire mis en place par la communauté internationale n’a pas changé. La Côte d’Ivoire continue de bénéficier de l’assistance militaire et sécuritaire des Nations à travers l’ONUCI. Sa force de frappe qui est la Licorne, si elle se fait actuellement discrète, n’en garde pas moins sa puissance. Certes, le dispositif de l’armée française en Côte d’Ivoire est aujourd’hui allégé. Mais tout le monde sait qu’elle peut en l’espace de quelques heures retrouver toute sa puissance de feu. En outre, au plan interne, les autorités ont pris des dispositions pour pallier toutes les éventualités de déstabilisation. Chaque jour, l’armée, la gendarmerie et la police reçoivent des équipements. Malgré l’embargo sur les armes qui frappe la Côte d’Ivoire, les autorités essayent de rendre le plus efficace possible les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. La création de nouvelles brigades de gendarmerie, de commissariats de police, l’avènement du Centre de Coordination des décisions opérationnelles (CCDO) et la mise en place des forces spéciales entrent dans cette volonté farouche du Gouvernement d’assurer l’intégrité territoriale et la sécurité des Ivoiriens. En l’état actuel des choses, les coups d’éclats, il peut en avoir. Puisque le risque zéro, en matière de sécurité, n’existe pas. Mais pour les coups d’Etat, il ne faut pas rêver. Le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Hamed Bakayoko, lors de sa dernière intervention radiotélévisée le 29 juin 2013, a été catégorique : « Une catégorie de personnes continue de rêver que c’est possible de déstabiliser l’Etat. Que le temps des coups d’Etat, c’est encore possible. Nous nous évertuons tous les jours à leur dire que ça ne peut pas prospérer. Le temps des coups d’Etat est révolu. C’est vrai, ça et là, des gens peuvent agir. Ils sont conscients qu’ils ne peuvent pas altérer la situation profondément. Mais c’est juste pour montrer qu’il y a une instabilité chronique. Mais nos forces sont en place ». Cette déclaration du patron de la sécurité en Côte d’Ivoire n’est ni une profession de foi ni du verbiage creux. Elle traduit toute la détermination du Gouvernement à faire face à toutes les velléités de déstabilisation. Sans transiger ni rechigner. Le chef de l’Etat lui-même y veille personnellement. C’est la raison pour laquelle il a décidé de prendre la tête de la défense nationale. Toutes les semaines, le président Alassane Ouattara préside le Conseil national de Sécurité qui s’attèle à ne rien laisser au hasard pour garantir la sécurité des citoyens et de leurs biens. Aujourd’hui, les résultats sont probants. Il y a de moins en moins de braquages dans les rues d’Abidjan. De moins en moins d’hommes en arme dans les rues. Le fléau des coupeurs de routes est en passe d’être enrayé. Les attaques contre les positions des FRCI sont un vieux souvenir. Et tous les corps de défense et de sécurité sont à la tâche pour maintenir la stabilité retrouvée. Dans ce contexte, penser à un pronunciamiento est vraiment chimérique. A tous ceux donc qui prennent encore leurs lubies pour la réalité, il est temps de se réveiller. Car le rêve est certes permis, mais rêver éveillé relève de l’inconséquence suprême.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly