Après une tournée dans les corridors d’Abidjan, nous avons tendu notre micro au commissaire du gouvernement Ange Kessi Bernard. Dans cet entretient le procureur militaire dévoile le mobile de sa tournée et se prononce sur les procès de la crise postélectorale.
Le Patriote : Monsieur le commissaire du gouvernement, vous venez de boucler une tournée dans les corridors d’Abidjan. Peut-on savoir le message que vous avez porté aux Forces de l’Ordre ?
Ange Kessi : Le message est que nos Forces de l’ordre sont confrontées à un véritable dilemme dans l’exercice de leur fonction, qui les expose à d’éventuelles fautes pénales, disciplinaires. Nous savons tous que le métier des armes n’est pas un métier facile. Nos hommes doivent très souvent concilier la nécessaire vigilance sécuritaire au respect strict des droits de l’Homme, c’est-à-dire, au moment où on vous demande de veiller à ce que la sécurité soit évidente et une réalité, au moment où on vous demande de veiller à la sécurité des biens et des personnes, on vous demande en même temps de respecter les droits de l’Homme. Certes, c’est compliqué, mais ce n’est pas impossible. Comment faire en sorte que les Forces de l’ordre soient efficaces sur les deux tableaux, à savoir la vigilance sécuritaire et le respect des droits de l’homme? Je suis donc venu laisser des consignes. Je voudrais vous dire que j’ai été très heureux de constater une situation fluide à cette période de fête au corridor d’Anyama. Auparavant, à la veille des fêtes, nous voyions beaucoup d’embouteillages dans les corridors qui sont surchargés. Mais là, j’ai constaté une situation quasi normale. J’ai constaté des cars qui passent avec des contrôles tels que nous souhaitons les voir. Je peux dire qu’à ce corridor, les Forces de l’ordre sont suffisamment sensibilisées sur la vigilance et le respect des droits de l’Homme.
LP : Dans les autres corridors où vous êtes passés, ce n’est pas le cas comme Anyama. Y a-t-il des sanctions au cas où vos consignes laissées ne sont pas respectées ?
AK : Au moment où je leur remettais les consignes rédigées sur papier, j’ai dit ceci : «aujourd’hui, nous sommes le 26 décembre 2013, vous prenez les notes qu’on vient de vous donner comme consignes fermes. Si dans trois mois, je reviens et que je constate que ces consignes ne sont pas respectées et plus grave, que les notes ont disparu, je ne chercherai pas à savoir qui est responsable, c’est l’ensemble des Forces de l’ordre qui sont au corridor qui seront épinglés. C’est l’ensemble du groupe qui sera responsable et il y a des sanctions qui sont prévues. Parce que les consignes données doivent être absolument appliquées.
LP : il paraît que le Commandant Konan Boniface a été convoqué et d’autres Officiers de l’Armée ont été mis aux arrêts. Etes-vous au courant de tout ceci ?
AK : Je voudrais vous dire que je ne suis pas au courant de cette situation. C’est dans un journal que j’ai lu l’information. Je sais que Konan Boniface m’avait envoyé un message un jour, mais il était en mission en Chine et moi, j’étais aux Etats-Unis. Depuis lors, j’ai perdu ses traces. C’est pour vous dire que je ne suis pas au courant de son interpellation, s’il a été vraiment interpellé. Mais je pense que si c’est le cas, je le saurai dans les heures qui suivent.
LP : Monsieur le commissaire, il a été mentionné que c’est le Général Vagondo qui l’a interpellé. Est-ce qu’il est possible qu’il interpelle les militaires à votre insu ?
AK : Oui, c’est un Général. Il peut convoquer un Officier pour l’entendre dans le cadre d’une affaire militaire. Je ne pense pas qu’il y ait une faute commise si ces informations sont avérées. Je ne voudrais pas vous en dire plus.
LP : Vous avez annoncé le procès de Jean Noël Abehi pour la fin de l’année. L’année est presque finie et le procès n’a pas eu lieu. Qu’est ce qui n’a pas marché ?
AK : Vous savez très bien que le Commandant Abéhi est trempé dans plusieurs affaires. Désertion, atteinte à la sûreté d’Etat, tueries à Abobo, etc. Compte tenu de cette situation, le juge d’instruction m’a dit qu’il vaut mieux mener toutes les procédures en même temps pour ne pas que le suspect revienne cinq ou dix fois. S’il est cité dans cinq procédures, on finit les cinq procédures et on les juge à la fois, avec toutes les personnes impliquées, c’est-à-dire, s’il y a 19 personnes et qu’il est la 20ème, elles seront donc 20 à comparaître, plutôt que d’appeler Abehi aujourd’hui, demain ou dans trois jours après. C’est ce qui explique le fait qu’on a rejeté son procès à la date où les autres avec qui il est impliqué dans certaines procédures vont comparaitre. Le prochain procès va se tenir le 09 janvier. Ce sera le procès des commissaires de Police impliqués dans la répression de la marche sur la RTI en décembre 2010. On a mis en cause, des Officiers supérieurs et Généraux de la Police Nationale qui vont comparaître. Après cela, il y a le groupe des militaires et gendarmes dont Abehi Jean Noël qui eux vont comparaître pour les faits de tueries à Abobo, de désertion, d’atteinte à la sûreté de l’Etat, etc. Il y a aussi quatre gendarmes qui sont poursuivis parce qu’ils ont tué un monsieur qui s’appelait Cissé pensant avoir affaire à l’oncle de l’actuel, président de la République, Alassane Ouattara. Ils ont assassiné ce monsieur à Yopougon Wassakara. C’est un cas parmi tant d’autres. Le premier procès devrait avoir lieu le 15 novembre passé, mais on l’a reporté pour le 24 décembre et finalement nos juges ont demandé de leur laisser le temps de fêter. Car, les dossiers qu’ils ont en mains ne sont pas de petits dossiers et ça demande beaucoup de concentration. Ils m’ont dit que ce ne sont pas des dossiers qu’il faut gérer à la va-vite. Donc, ils m’ont demandé du temps pour mener à bien toutes les procédures dans la tranquillité. De sorte que dès qu’on commence, on ne s’arrête plus jusqu’à la fin de tous les procès de la crise postélectorale. On va laisser un peu les procès sur les rackets pour nous concentrer sur la crise postélectorale. Je suis certain que jusqu’à la fin de janvier, on aura fini avec tous ces procès. Tous les militaires, les gendarmes et les policiers suspectés de commettre des crimes seront jugés.
Réalisé par Lacina Ouattara
Le Patriote : Monsieur le commissaire du gouvernement, vous venez de boucler une tournée dans les corridors d’Abidjan. Peut-on savoir le message que vous avez porté aux Forces de l’Ordre ?
Ange Kessi : Le message est que nos Forces de l’ordre sont confrontées à un véritable dilemme dans l’exercice de leur fonction, qui les expose à d’éventuelles fautes pénales, disciplinaires. Nous savons tous que le métier des armes n’est pas un métier facile. Nos hommes doivent très souvent concilier la nécessaire vigilance sécuritaire au respect strict des droits de l’Homme, c’est-à-dire, au moment où on vous demande de veiller à ce que la sécurité soit évidente et une réalité, au moment où on vous demande de veiller à la sécurité des biens et des personnes, on vous demande en même temps de respecter les droits de l’Homme. Certes, c’est compliqué, mais ce n’est pas impossible. Comment faire en sorte que les Forces de l’ordre soient efficaces sur les deux tableaux, à savoir la vigilance sécuritaire et le respect des droits de l’homme? Je suis donc venu laisser des consignes. Je voudrais vous dire que j’ai été très heureux de constater une situation fluide à cette période de fête au corridor d’Anyama. Auparavant, à la veille des fêtes, nous voyions beaucoup d’embouteillages dans les corridors qui sont surchargés. Mais là, j’ai constaté une situation quasi normale. J’ai constaté des cars qui passent avec des contrôles tels que nous souhaitons les voir. Je peux dire qu’à ce corridor, les Forces de l’ordre sont suffisamment sensibilisées sur la vigilance et le respect des droits de l’Homme.
LP : Dans les autres corridors où vous êtes passés, ce n’est pas le cas comme Anyama. Y a-t-il des sanctions au cas où vos consignes laissées ne sont pas respectées ?
AK : Au moment où je leur remettais les consignes rédigées sur papier, j’ai dit ceci : «aujourd’hui, nous sommes le 26 décembre 2013, vous prenez les notes qu’on vient de vous donner comme consignes fermes. Si dans trois mois, je reviens et que je constate que ces consignes ne sont pas respectées et plus grave, que les notes ont disparu, je ne chercherai pas à savoir qui est responsable, c’est l’ensemble des Forces de l’ordre qui sont au corridor qui seront épinglés. C’est l’ensemble du groupe qui sera responsable et il y a des sanctions qui sont prévues. Parce que les consignes données doivent être absolument appliquées.
LP : il paraît que le Commandant Konan Boniface a été convoqué et d’autres Officiers de l’Armée ont été mis aux arrêts. Etes-vous au courant de tout ceci ?
AK : Je voudrais vous dire que je ne suis pas au courant de cette situation. C’est dans un journal que j’ai lu l’information. Je sais que Konan Boniface m’avait envoyé un message un jour, mais il était en mission en Chine et moi, j’étais aux Etats-Unis. Depuis lors, j’ai perdu ses traces. C’est pour vous dire que je ne suis pas au courant de son interpellation, s’il a été vraiment interpellé. Mais je pense que si c’est le cas, je le saurai dans les heures qui suivent.
LP : Monsieur le commissaire, il a été mentionné que c’est le Général Vagondo qui l’a interpellé. Est-ce qu’il est possible qu’il interpelle les militaires à votre insu ?
AK : Oui, c’est un Général. Il peut convoquer un Officier pour l’entendre dans le cadre d’une affaire militaire. Je ne pense pas qu’il y ait une faute commise si ces informations sont avérées. Je ne voudrais pas vous en dire plus.
LP : Vous avez annoncé le procès de Jean Noël Abehi pour la fin de l’année. L’année est presque finie et le procès n’a pas eu lieu. Qu’est ce qui n’a pas marché ?
AK : Vous savez très bien que le Commandant Abéhi est trempé dans plusieurs affaires. Désertion, atteinte à la sûreté d’Etat, tueries à Abobo, etc. Compte tenu de cette situation, le juge d’instruction m’a dit qu’il vaut mieux mener toutes les procédures en même temps pour ne pas que le suspect revienne cinq ou dix fois. S’il est cité dans cinq procédures, on finit les cinq procédures et on les juge à la fois, avec toutes les personnes impliquées, c’est-à-dire, s’il y a 19 personnes et qu’il est la 20ème, elles seront donc 20 à comparaître, plutôt que d’appeler Abehi aujourd’hui, demain ou dans trois jours après. C’est ce qui explique le fait qu’on a rejeté son procès à la date où les autres avec qui il est impliqué dans certaines procédures vont comparaitre. Le prochain procès va se tenir le 09 janvier. Ce sera le procès des commissaires de Police impliqués dans la répression de la marche sur la RTI en décembre 2010. On a mis en cause, des Officiers supérieurs et Généraux de la Police Nationale qui vont comparaître. Après cela, il y a le groupe des militaires et gendarmes dont Abehi Jean Noël qui eux vont comparaître pour les faits de tueries à Abobo, de désertion, d’atteinte à la sûreté de l’Etat, etc. Il y a aussi quatre gendarmes qui sont poursuivis parce qu’ils ont tué un monsieur qui s’appelait Cissé pensant avoir affaire à l’oncle de l’actuel, président de la République, Alassane Ouattara. Ils ont assassiné ce monsieur à Yopougon Wassakara. C’est un cas parmi tant d’autres. Le premier procès devrait avoir lieu le 15 novembre passé, mais on l’a reporté pour le 24 décembre et finalement nos juges ont demandé de leur laisser le temps de fêter. Car, les dossiers qu’ils ont en mains ne sont pas de petits dossiers et ça demande beaucoup de concentration. Ils m’ont dit que ce ne sont pas des dossiers qu’il faut gérer à la va-vite. Donc, ils m’ont demandé du temps pour mener à bien toutes les procédures dans la tranquillité. De sorte que dès qu’on commence, on ne s’arrête plus jusqu’à la fin de tous les procès de la crise postélectorale. On va laisser un peu les procès sur les rackets pour nous concentrer sur la crise postélectorale. Je suis certain que jusqu’à la fin de janvier, on aura fini avec tous ces procès. Tous les militaires, les gendarmes et les policiers suspectés de commettre des crimes seront jugés.
Réalisé par Lacina Ouattara