Le réveillon de la Saint-Sylvestre a drainé du monde. Contrairement aux appréhensions des uns et des autres, les fêtards sont sortis massivement pour voir les feux d’artifice.
En venant de Cocody, à l’entrée du boulevard lagunaire, un barrage policier fait obstacle aux automobilistes. Les nombreux usagers, venus admirer les feux d’artifice, sont priés de faire demi-tour. Pour ceux qui veulent forcément passer, il faut garer les véhicules vers la Corniche ou du côté de la Baie de Cocody, et continuer à pied. Les plus impatients grognent avant de faire la marche-arrière pour reprendre la bretelle au niveau de l’Indénié. Mais ils ne tardent pas à comprendre leur erreur. Depuis l’échangeur d’Adjamé, une longue chenille de véhicules agglutinés sur les trottoirs obstrue le passage jusqu’au niveau de la caserne des sapeurs-pompiers militaires. Des grilles de sécurité, des panneaux stop et une escouade de flics flanqués d’un camion de la Brigade anti-émeute (Bae), empêche les automobilistes d’aller plus loin. Pour la horde de fêtards, on scande de part et d’autre, «terminus, tout le monde descend !». Aucun véhicule n’entre au Plateau, ce soir, fait observer un policier, par des signes de main pour demander aux conducteurs de rebrousser chemin. Mais où aller ? Du coup, on met le pied à terre, on parque à côté sans ménagement. Et le trottoir de l’Indénié se retrouve transformé en un gigantesque parking à ciel ouvert. Des "gbaka" (véhicules de transport en commun, ndlr) bondés de passagers, font des embardés brusques sous les encouragements de leurs occupants. Et cherchent une place sur le bord de la chaussée. La flopée de piétons déversés sur l’asphalte vient d’Abobo, de Williamsville, de Yopougon, avec leurs «convois spéciaux». Hommes, femmes et enfants, tous emportés par la fièvre du réveillon, n’ont pas tenu à se faire conter le lancement des feux d’artifice. Il est alors 24h. Dans une demi-heure seulement, le ciel s’illuminera de mille feux. Et chacun veut être sur les bords de la lagune Ebrié, sur des sites où la vue est impeccable. Dès lors, la ruée vers l’entrée du Plateau s’accentue. Et puis, on s’arrête brusquement. Postés au carrefour après le Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm), des éléments de la Bae fouillent les noctambules. Les rangs sont longs, on s’impatiente. Mais on s’interroge surtout. Que signifie tout ceci ? Pourquoi fouille-t-on les gens ? «C’est pour vérifier ceux qui ont le ticket », croit savoir un fêtard. «Quel ticket ? » rectifie un autre, « ils vérifient plutôt les pièces d’identité». Misère ! Ceux qui n’ont pas de papiers sur eux commencent à flipper. Pendant que la polémique continue, deux silhouettes traversent soudain le coin de la rue dans une lutte effrénée. Fugace, un policier tient un jeune par la ceinture de son pantalon et le tire résolument vers le camion de police garé sur le trottoir. L’autre n’a pas l’intention de le suivre. Il se fait traîner comme un malappris. Renseignement pris, le «fauteur de trouble» tiendrait une arme blanche et tenterait de jouer le dur à cuire. C’est également en ce moment qu’on apprend auprès d’un agent de police, le but de cette fouille. Il s’agit d’éviter que des petits "requins" comme ce garçon, aillent gâcher la fête. Une fois le barrage passé, l’entrée du Plateau est libre. Les rues qui descendent vers la lagune sont noires de monde. De l’autre côté du cours d’eau, à Marcory, à Koumassi, à Treichville, quelques personnes sont venues à pied après avoir passé le dispositif de sécurité mis en place à l’entrée des ponts Félix Houphouet-Boigny et De Gaule, pour bloquer les véhicules. Leur présence semble donner tort aux pessimistes qui voyaient un réveillon plutôt terne, depuis le drame du 31 décembre 2012, ici même, au Plateau. «C’était la volonté de Dieu. Ça ne veut pas dire que chaque année, il aura des drames», fait remarquer Bertrand Kouassi, un bambocheur, la face en sueur à force de marcher. Lui et ses camarades sont venus de Yopougon par convoi. Ce qui n’est pas le cas pour Sidibé Ali, mécanicien à Williamsville. «L’année passée, j’étais là, mais je suis parti avant le drame. Et cette année, je suis revenu parce que je pense que les autorités ont renforcé la sécurité», croit-il savoir. Avant même que les aiguilles n’indiquent minuit trente, tout le monde est en position. On compte : «Dix, neuf, …zéro». Et d’un seul coup, le firmament s’embrase de lumières et de couleurs. C’est grandiose ! C’est magistral ! C’est féérique ! Les superlatifs ne manquent pas chez les fêtards. Depuis le pont Félix Houphouet-Boigny jusqu’à l’échangeur d’Adjamé, en passant par De Gaulle, le boulevard lagunaire et la Corniche, les spectateurs acclament les feux d’artifice. Et on pense déjà à ce que sera le réveillon de 2015.
Raphaël Tanoh
En venant de Cocody, à l’entrée du boulevard lagunaire, un barrage policier fait obstacle aux automobilistes. Les nombreux usagers, venus admirer les feux d’artifice, sont priés de faire demi-tour. Pour ceux qui veulent forcément passer, il faut garer les véhicules vers la Corniche ou du côté de la Baie de Cocody, et continuer à pied. Les plus impatients grognent avant de faire la marche-arrière pour reprendre la bretelle au niveau de l’Indénié. Mais ils ne tardent pas à comprendre leur erreur. Depuis l’échangeur d’Adjamé, une longue chenille de véhicules agglutinés sur les trottoirs obstrue le passage jusqu’au niveau de la caserne des sapeurs-pompiers militaires. Des grilles de sécurité, des panneaux stop et une escouade de flics flanqués d’un camion de la Brigade anti-émeute (Bae), empêche les automobilistes d’aller plus loin. Pour la horde de fêtards, on scande de part et d’autre, «terminus, tout le monde descend !». Aucun véhicule n’entre au Plateau, ce soir, fait observer un policier, par des signes de main pour demander aux conducteurs de rebrousser chemin. Mais où aller ? Du coup, on met le pied à terre, on parque à côté sans ménagement. Et le trottoir de l’Indénié se retrouve transformé en un gigantesque parking à ciel ouvert. Des "gbaka" (véhicules de transport en commun, ndlr) bondés de passagers, font des embardés brusques sous les encouragements de leurs occupants. Et cherchent une place sur le bord de la chaussée. La flopée de piétons déversés sur l’asphalte vient d’Abobo, de Williamsville, de Yopougon, avec leurs «convois spéciaux». Hommes, femmes et enfants, tous emportés par la fièvre du réveillon, n’ont pas tenu à se faire conter le lancement des feux d’artifice. Il est alors 24h. Dans une demi-heure seulement, le ciel s’illuminera de mille feux. Et chacun veut être sur les bords de la lagune Ebrié, sur des sites où la vue est impeccable. Dès lors, la ruée vers l’entrée du Plateau s’accentue. Et puis, on s’arrête brusquement. Postés au carrefour après le Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm), des éléments de la Bae fouillent les noctambules. Les rangs sont longs, on s’impatiente. Mais on s’interroge surtout. Que signifie tout ceci ? Pourquoi fouille-t-on les gens ? «C’est pour vérifier ceux qui ont le ticket », croit savoir un fêtard. «Quel ticket ? » rectifie un autre, « ils vérifient plutôt les pièces d’identité». Misère ! Ceux qui n’ont pas de papiers sur eux commencent à flipper. Pendant que la polémique continue, deux silhouettes traversent soudain le coin de la rue dans une lutte effrénée. Fugace, un policier tient un jeune par la ceinture de son pantalon et le tire résolument vers le camion de police garé sur le trottoir. L’autre n’a pas l’intention de le suivre. Il se fait traîner comme un malappris. Renseignement pris, le «fauteur de trouble» tiendrait une arme blanche et tenterait de jouer le dur à cuire. C’est également en ce moment qu’on apprend auprès d’un agent de police, le but de cette fouille. Il s’agit d’éviter que des petits "requins" comme ce garçon, aillent gâcher la fête. Une fois le barrage passé, l’entrée du Plateau est libre. Les rues qui descendent vers la lagune sont noires de monde. De l’autre côté du cours d’eau, à Marcory, à Koumassi, à Treichville, quelques personnes sont venues à pied après avoir passé le dispositif de sécurité mis en place à l’entrée des ponts Félix Houphouet-Boigny et De Gaule, pour bloquer les véhicules. Leur présence semble donner tort aux pessimistes qui voyaient un réveillon plutôt terne, depuis le drame du 31 décembre 2012, ici même, au Plateau. «C’était la volonté de Dieu. Ça ne veut pas dire que chaque année, il aura des drames», fait remarquer Bertrand Kouassi, un bambocheur, la face en sueur à force de marcher. Lui et ses camarades sont venus de Yopougon par convoi. Ce qui n’est pas le cas pour Sidibé Ali, mécanicien à Williamsville. «L’année passée, j’étais là, mais je suis parti avant le drame. Et cette année, je suis revenu parce que je pense que les autorités ont renforcé la sécurité», croit-il savoir. Avant même que les aiguilles n’indiquent minuit trente, tout le monde est en position. On compte : «Dix, neuf, …zéro». Et d’un seul coup, le firmament s’embrase de lumières et de couleurs. C’est grandiose ! C’est magistral ! C’est féérique ! Les superlatifs ne manquent pas chez les fêtards. Depuis le pont Félix Houphouet-Boigny jusqu’à l’échangeur d’Adjamé, en passant par De Gaulle, le boulevard lagunaire et la Corniche, les spectateurs acclament les feux d’artifice. Et on pense déjà à ce que sera le réveillon de 2015.
Raphaël Tanoh