Le maestro du ‘’Chœur Attoungblan’’, Boni Gnahoré, séjourne en Côte d’Ivoire présentement. L’artiste qui s’est installé en France parle de ses activités dans l’Hexagone et jette un regard sur la musique ivoirienne actuelle.
Vous êtes l’une des personnes ayant contribué à l’émergence du village Kiyi-M’bock d’Abidjan. Depuis un moment, on ne vous voit plus. Où résidez-vous ?
Je réside en France, précisément dans l’est, à Strasbourg, en Alsace. Et de façon spécifique, dans la banlieue strasbourgeoise, à Illkirch-Graffenstaden. C’est là que je continue de faire mes activités artistiques, de vivre mon art. J’enseigne aussi comme je l’ai toujours fait au village Kiyi, pour transmettre le savoir aux plus jeunes, pour perpétuer le patrimoine culturel africain dans le monde.
Qu’est-ce qui peut bien retenir un artiste africain de votre trempe dans une telle contrée ?
J’ai eu pas mal d’amis là-bas au départ. En 1989, une compagnie avait sollicité quatre membres du village Kiyi dont Bomou Mamadou, Nserel Njock, Lobognon Godé et moi-même pour une création avec le théâtre d’Ombre, la compagnie ‘’Amoros et Augustin’’. Et chaque fois que j’arrive dans une ville, que ce soit en Afrique ou en Europe, j’organise des stages de formation, de transmission de mon savoir-faire aux autres. A partir de là, de bouche à oreille, je me suis fais une place.
Qu’est-ce que vous enseignez là-bas ?
J’enseigne la percussion. Je suis rythmicien. D’abord le rythme africain et ensuite le rythme ivoirien, c’est-à-dire les percussions et les tambours ivoiriens, les rythmes comme le Gbégbé, l’Aloukou, le Ziglibity et tout le reste. Je fais partie de ceux qui veulent faire connaître leur culture dans le monde.
Cette connaissance n’est-elle pas plus utile aux Africains qu’aux Européens ?
J’ai commencé à enseigner ici. Parmi mes élèves, il y a ma fille Dobet. J’ai même créé un sous-groupe et un module d’enfants au village Kiyi. Et ce n’est pas tout. Je reviendrai, car je ne fuis pas mon pays. Je veux que les enfants de la Côte d’Ivoire puissent s’imprégner, à partir de ma connaissance, de l’art ivoirien et africain. Ce n’est pas une fuite. C’est un moment de transmission dans le monde de ce que je connais. Sinon, on a été formé au village Kiyi et aujourd’hui, en tant que formateur, nous continuons le travail avec les enfants et les adultes.
Ne pensez- vous pas que le pédagogue est en train de prendre le dessus sur l’artiste ?
Non. J’ai commencé par l’enseignement avant d’être l’artiste que vous avez connu. Mes albums suivent leur cours. J’ai toujours gardé mon rythme. On a Boni Gnahoré un peu plus tard. Depuis 1987, j’enseignais la percussion, la chanson et la danse, en sillonnant les écoles d’Abidjan. C’est de là que j’ai été remarqué et que j’ai intégré le village Kiyi. Le disque m’a rattrapé dans l’enseignement. Je ne suis pas sur la scène ici en Côte d’Ivoire, mais je la tiens toujours.
Vous avez dit récemment et je cite : « je n’aime pas trop le mot commercial, car cela me donne l’impression de liquider ma tradition ». A quoi faites-vous allusion ?
L’album pour moi, c’est le symbole d’un travail fait qui se fait et qui s’exporte. Celui qui ne peut pas voir l’artiste sur scène peut continuer de l’écouter. C’est pourquoi, j’estime que ce que je crée qui est atypique, propre à mon pays, aucun producteur ne viendra me dire de faire des modifications pour que ce que je fais soit acheté. Je veux vendre les différents rythmes tels qu’ils sont.
Par contre, on constate que le titre Gbazanam (Ndlr : en duo avec Dobet Gnahoré) a été revisité sur votre nouvel album ‘’Kumbélé Kumbélé’’. Pourquoi cette cure de jouvence ?
Nous y avons travaillé en famille avec ma fille et son époux Colin Laroche de Féline, qui est aussi mon musicien. Je tiens aux origines de mes créations. Quand vous écoutez Gbazanam, la base est restée. Je ne l’ai pas changée. Le petit changement se situe au niveau du chant qui est plus doux.
Comment se fait une collaboration entre père et fille ?
C’est facilement, surtout quand on est toujours ensemble. On est restés père et fille, collègue, maître et élève. Il n’y a pas de surplus. J’ai arrangé quatre titres de son premier album. Sur le deuxième, j’ai fait deux ou trois chansons. Pour la prochaine sortie, on a chanté un morceau ensemble. On a toujours travaillé comme cela. On échange beaucoup. Dobet est une complémentarité à l’artiste que je suis.
Est-il fréquent de vous voir ensemble sur scène ?
Oui. On l’a récemment fait à l’Acoustic. On est toujours prêts à travailler ensemble. C’est un grand plaisir, quand je suis avec ma fille sur scène.
Vous avez vu la musique ivoirienne évoluer avec le coupé-décalé et ses acrobaties. Quel est votre regard sur cette musique ?
C’est une version que j’aime bien. Parce que ça rejoint un peu ma musicalité qui est l’homme de la percussion. Quand j’entends toute la rythmique, j’aime bien. Les acrobates, c’est l’expression corporelle. J’apprécie le côté percussion chantée et chant percuté comme le fait Arafat et bien d’autres.
Réalisée par Sanou A. coll EG (stagiaire)
Vous êtes l’une des personnes ayant contribué à l’émergence du village Kiyi-M’bock d’Abidjan. Depuis un moment, on ne vous voit plus. Où résidez-vous ?
Je réside en France, précisément dans l’est, à Strasbourg, en Alsace. Et de façon spécifique, dans la banlieue strasbourgeoise, à Illkirch-Graffenstaden. C’est là que je continue de faire mes activités artistiques, de vivre mon art. J’enseigne aussi comme je l’ai toujours fait au village Kiyi, pour transmettre le savoir aux plus jeunes, pour perpétuer le patrimoine culturel africain dans le monde.
Qu’est-ce qui peut bien retenir un artiste africain de votre trempe dans une telle contrée ?
J’ai eu pas mal d’amis là-bas au départ. En 1989, une compagnie avait sollicité quatre membres du village Kiyi dont Bomou Mamadou, Nserel Njock, Lobognon Godé et moi-même pour une création avec le théâtre d’Ombre, la compagnie ‘’Amoros et Augustin’’. Et chaque fois que j’arrive dans une ville, que ce soit en Afrique ou en Europe, j’organise des stages de formation, de transmission de mon savoir-faire aux autres. A partir de là, de bouche à oreille, je me suis fais une place.
Qu’est-ce que vous enseignez là-bas ?
J’enseigne la percussion. Je suis rythmicien. D’abord le rythme africain et ensuite le rythme ivoirien, c’est-à-dire les percussions et les tambours ivoiriens, les rythmes comme le Gbégbé, l’Aloukou, le Ziglibity et tout le reste. Je fais partie de ceux qui veulent faire connaître leur culture dans le monde.
Cette connaissance n’est-elle pas plus utile aux Africains qu’aux Européens ?
J’ai commencé à enseigner ici. Parmi mes élèves, il y a ma fille Dobet. J’ai même créé un sous-groupe et un module d’enfants au village Kiyi. Et ce n’est pas tout. Je reviendrai, car je ne fuis pas mon pays. Je veux que les enfants de la Côte d’Ivoire puissent s’imprégner, à partir de ma connaissance, de l’art ivoirien et africain. Ce n’est pas une fuite. C’est un moment de transmission dans le monde de ce que je connais. Sinon, on a été formé au village Kiyi et aujourd’hui, en tant que formateur, nous continuons le travail avec les enfants et les adultes.
Ne pensez- vous pas que le pédagogue est en train de prendre le dessus sur l’artiste ?
Non. J’ai commencé par l’enseignement avant d’être l’artiste que vous avez connu. Mes albums suivent leur cours. J’ai toujours gardé mon rythme. On a Boni Gnahoré un peu plus tard. Depuis 1987, j’enseignais la percussion, la chanson et la danse, en sillonnant les écoles d’Abidjan. C’est de là que j’ai été remarqué et que j’ai intégré le village Kiyi. Le disque m’a rattrapé dans l’enseignement. Je ne suis pas sur la scène ici en Côte d’Ivoire, mais je la tiens toujours.
Vous avez dit récemment et je cite : « je n’aime pas trop le mot commercial, car cela me donne l’impression de liquider ma tradition ». A quoi faites-vous allusion ?
L’album pour moi, c’est le symbole d’un travail fait qui se fait et qui s’exporte. Celui qui ne peut pas voir l’artiste sur scène peut continuer de l’écouter. C’est pourquoi, j’estime que ce que je crée qui est atypique, propre à mon pays, aucun producteur ne viendra me dire de faire des modifications pour que ce que je fais soit acheté. Je veux vendre les différents rythmes tels qu’ils sont.
Par contre, on constate que le titre Gbazanam (Ndlr : en duo avec Dobet Gnahoré) a été revisité sur votre nouvel album ‘’Kumbélé Kumbélé’’. Pourquoi cette cure de jouvence ?
Nous y avons travaillé en famille avec ma fille et son époux Colin Laroche de Féline, qui est aussi mon musicien. Je tiens aux origines de mes créations. Quand vous écoutez Gbazanam, la base est restée. Je ne l’ai pas changée. Le petit changement se situe au niveau du chant qui est plus doux.
Comment se fait une collaboration entre père et fille ?
C’est facilement, surtout quand on est toujours ensemble. On est restés père et fille, collègue, maître et élève. Il n’y a pas de surplus. J’ai arrangé quatre titres de son premier album. Sur le deuxième, j’ai fait deux ou trois chansons. Pour la prochaine sortie, on a chanté un morceau ensemble. On a toujours travaillé comme cela. On échange beaucoup. Dobet est une complémentarité à l’artiste que je suis.
Est-il fréquent de vous voir ensemble sur scène ?
Oui. On l’a récemment fait à l’Acoustic. On est toujours prêts à travailler ensemble. C’est un grand plaisir, quand je suis avec ma fille sur scène.
Vous avez vu la musique ivoirienne évoluer avec le coupé-décalé et ses acrobaties. Quel est votre regard sur cette musique ?
C’est une version que j’aime bien. Parce que ça rejoint un peu ma musicalité qui est l’homme de la percussion. Quand j’entends toute la rythmique, j’aime bien. Les acrobates, c’est l’expression corporelle. J’apprécie le côté percussion chantée et chant percuté comme le fait Arafat et bien d’autres.
Réalisée par Sanou A. coll EG (stagiaire)