Après la crise postélectorale, de nombreux auteurs ont mis des titres sur le marché ivoirien. C’est cette nouvelle vitalité qui a fait parler de boom de l’édition depuis l’année 2012. A-t-on maintenu le cap depuis lors? Enquête.
La Côte d’Ivoire connaît une floraison de livres depuis 2012. La fin de la crise postélectorale, avec la matière qu’elle a laissée en termes d’histoires, a permis de redynamiser le secteur. Dans le paysage des éditeurs, un nouvel arrivant a bousculé les pronostics. Les Editions Balafons de David Musa Soro ont été sacrées ‘’meilleure maison d’édition’’ en 2012 avec 57 publications. Un record battu en 2013 avec 60 publications. «Nous sortions au moins quatre livres par mois», a indiqué un employé. Et toutes les semaines, il y avait des séances de dédicace. La devise du professeur de philosophie est d’offrir la chance aux personnes qui ont un talent et laisser la possibilité au marché de faire le tri. Selon Inza Bamba, révélé par Balafons, «2012 était l’année de l’édition tous azimuts». «Il fallait se tailler une part du marché et ‘’Balafons’’ a réussi son pari», a-t-il avancé. En 2013, apprend-on, la maison a noté une augmentation de trois titres, soit 60 publications. Ce, grâce à l’introduction de livres spécialisés destinés aux Nations unies. Aux Editions Nei-Ceda, la doyenne des entreprises de production, la fréquence de sortie a été maintenue, malgré l’affluence des manuscrits, a-t-on appris. La direction générale dit enregistrer, comme par le passé, une vingtaine de manuscrits par mois. Mais, une seule œuvre sort chaque mois. C’est la tradition. « Nous ne sommes pas des censeurs. Mais, c’est la qualité qui doit prédominer », a justifié Guy Lambin, directeur général, qui a reçu le 19 décembre 2013, le prix de meilleur éditeur africain, Prix Alioun Diop à Dakar. A Vallesse Editions, on note aussi une petite progression. De deux livres en 2012, l’on est passé à quatre publications en 2013. Pourtant, la bonne santé de l’édition ne semble profiter qu’au maintien des machines de fabrication et aux propriétaires de ces machines. La raison. Selon Michel Alex Kipré, auteur de ‘’Sang pansée’’, les éditeurs locaux gagneraient à mettre en place de vrais comités de lecture. Des équipes qui ont pour tâche de débarrasser les manuscrits des fautes d’orthographe et de syntaxe. Il pense que si toutes les étapes de production du livre sont suivies, ces entreprises auront accompli leurs missions. Surtout qu’elles ont permis la baisse du prix du livre. « Aujourd’hui, on peut acheter un bouquin à 2.000 ou 3.000 FCFA, c’est bon », se satisfait-il. Serges Grah, écrivain et membre de comité de lecture de plusieurs maisons d’édition, note que pour des raisons financières, les entreprises préfèrent travailler avec une seule personne pour toiletter un projet. « Les bouquins sortent avec des fautes monstrueuses. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Aujourd’hui, il n’y a plus de comité de lecture. Les maisons d’édition ont un seul lecteur. Il a beau être un génie, il ne peut pas. Quand il lit un texte, il est méticuleux sur les premières pages. Mais, quand il atteint la centième, il est fatigué », observe-t-il. Pour avoir travaillé dans différentes entreprises de production de livre, il estime que les responsables pensent que faire appel à davantage de personnes pour la correction fait augmenter le coût de la fabrication. «On nous a fait part de nombreuses critiques au niveau de la qualité et du contenu de nos livres. Beaucoup de choses sont à parfaire. Nous sommes de plus en plus exigeants. Aujourd’hui, on retarde certaines sorties pour que les textes soient irréprochables », réagit David Alex, gérant de ‘’Balafons’’, qui dit être ouvert aux critiques. « On produit pour produire. En termes de suivi, après la première dédicace financée par la maison, l’auteur tombe dans l’oubli. Pour qu’un livre vive, il faut le suivre. C’est toujours le même canal de distribution et les canaux additifs sont créés par l’auteur lui-même », fait observer une professionnelle du livre, sous le sceau de l’anonymat. L’écrivain, Inza Bamba, souligne que certains jeunes écrivains, après leur unique séance de dédicace, ne s’intéressent plus aux activités autour du livre. Quant à Serges Grah, auteur de ‘’Passion de soutane’’, il révèle qu’aucun plan de communication ne suit la sortie d’une œuvre. « Il y a des éditeurs qui ne font même pas de dédicace. Alors que c’est un produit particulier. Si on n’en parle pas, les gens ne sauront pas », se plaint-il.
Sanou A.
La Côte d’Ivoire connaît une floraison de livres depuis 2012. La fin de la crise postélectorale, avec la matière qu’elle a laissée en termes d’histoires, a permis de redynamiser le secteur. Dans le paysage des éditeurs, un nouvel arrivant a bousculé les pronostics. Les Editions Balafons de David Musa Soro ont été sacrées ‘’meilleure maison d’édition’’ en 2012 avec 57 publications. Un record battu en 2013 avec 60 publications. «Nous sortions au moins quatre livres par mois», a indiqué un employé. Et toutes les semaines, il y avait des séances de dédicace. La devise du professeur de philosophie est d’offrir la chance aux personnes qui ont un talent et laisser la possibilité au marché de faire le tri. Selon Inza Bamba, révélé par Balafons, «2012 était l’année de l’édition tous azimuts». «Il fallait se tailler une part du marché et ‘’Balafons’’ a réussi son pari», a-t-il avancé. En 2013, apprend-on, la maison a noté une augmentation de trois titres, soit 60 publications. Ce, grâce à l’introduction de livres spécialisés destinés aux Nations unies. Aux Editions Nei-Ceda, la doyenne des entreprises de production, la fréquence de sortie a été maintenue, malgré l’affluence des manuscrits, a-t-on appris. La direction générale dit enregistrer, comme par le passé, une vingtaine de manuscrits par mois. Mais, une seule œuvre sort chaque mois. C’est la tradition. « Nous ne sommes pas des censeurs. Mais, c’est la qualité qui doit prédominer », a justifié Guy Lambin, directeur général, qui a reçu le 19 décembre 2013, le prix de meilleur éditeur africain, Prix Alioun Diop à Dakar. A Vallesse Editions, on note aussi une petite progression. De deux livres en 2012, l’on est passé à quatre publications en 2013. Pourtant, la bonne santé de l’édition ne semble profiter qu’au maintien des machines de fabrication et aux propriétaires de ces machines. La raison. Selon Michel Alex Kipré, auteur de ‘’Sang pansée’’, les éditeurs locaux gagneraient à mettre en place de vrais comités de lecture. Des équipes qui ont pour tâche de débarrasser les manuscrits des fautes d’orthographe et de syntaxe. Il pense que si toutes les étapes de production du livre sont suivies, ces entreprises auront accompli leurs missions. Surtout qu’elles ont permis la baisse du prix du livre. « Aujourd’hui, on peut acheter un bouquin à 2.000 ou 3.000 FCFA, c’est bon », se satisfait-il. Serges Grah, écrivain et membre de comité de lecture de plusieurs maisons d’édition, note que pour des raisons financières, les entreprises préfèrent travailler avec une seule personne pour toiletter un projet. « Les bouquins sortent avec des fautes monstrueuses. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Aujourd’hui, il n’y a plus de comité de lecture. Les maisons d’édition ont un seul lecteur. Il a beau être un génie, il ne peut pas. Quand il lit un texte, il est méticuleux sur les premières pages. Mais, quand il atteint la centième, il est fatigué », observe-t-il. Pour avoir travaillé dans différentes entreprises de production de livre, il estime que les responsables pensent que faire appel à davantage de personnes pour la correction fait augmenter le coût de la fabrication. «On nous a fait part de nombreuses critiques au niveau de la qualité et du contenu de nos livres. Beaucoup de choses sont à parfaire. Nous sommes de plus en plus exigeants. Aujourd’hui, on retarde certaines sorties pour que les textes soient irréprochables », réagit David Alex, gérant de ‘’Balafons’’, qui dit être ouvert aux critiques. « On produit pour produire. En termes de suivi, après la première dédicace financée par la maison, l’auteur tombe dans l’oubli. Pour qu’un livre vive, il faut le suivre. C’est toujours le même canal de distribution et les canaux additifs sont créés par l’auteur lui-même », fait observer une professionnelle du livre, sous le sceau de l’anonymat. L’écrivain, Inza Bamba, souligne que certains jeunes écrivains, après leur unique séance de dédicace, ne s’intéressent plus aux activités autour du livre. Quant à Serges Grah, auteur de ‘’Passion de soutane’’, il révèle qu’aucun plan de communication ne suit la sortie d’une œuvre. « Il y a des éditeurs qui ne font même pas de dédicace. Alors que c’est un produit particulier. Si on n’en parle pas, les gens ne sauront pas », se plaint-il.
Sanou A.